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EAN : 9782362791703
298 pages
Alma Editeur (04/02/2016)
3.65/5   48 notes
Résumé :
Une jeune femme, jeune cadre dynamique, toujours pressée d'en faire plus, voit les catastrophes s'enchaîner.
Avec l’alacrité d’un Almodóvar et le réalisme magique d’un Boulgakov, voici le récit d’une jeune femme moderne au bord de la crise de nerfs.
Où va-t-on ? Telle est la grande question que se posent Marguerite et Mirabelle. Voici trente ans que ces deux jambes portent A., jeune cadre pressée d’en faire toujours plus. Mais plus de quoi ? Travail, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a des expressions auxquelles on est tellement habitué que l'on n'y prête même plus attention au point d'en oublier le sens. Tiens par exemple : "Tu devrais écouter ton corps". Plus rabâchée, on ne fait pas. Eh bien Julie Moulin a tout simplement décidé de s'y intéresser et de la prendre au pied de la lettre pour nous livrer un premier roman original, aussi drôle qu'émouvant. Et dont on ressort porteur d'une extrême tendresse pour les pièces qui composent notre corps et qui ont si peu droit à la parole...

Car ce sont elles les vedettes. Marguerite et Mirabelle les jambes, Brice et Boris les bras, Babette la paire de fesses et puis Camille le cerveau au prénom aussi masculin que féminin, chargé d'orchestrer toute cette machinerie qui permet de faire avancer A., jeune superwoman de trente ans qui court partout. Grâce à cette première partie hautement maîtrisée, à mille lieux du procédé gadget qu'elle aurait pu être, nous faisons connaissance avec A., par la voix de Marguerite, la jambe gauche, l'élément le plus fragile du corps de la jeune femme et peut-être le plus sensible. La rivalité de Brice et Boris dans l'apprentissage de l'écriture, les émois de Babette, les velléités de liberté de Mirabelle, la blessure de Marguerite, l'efficacité de Camille... Tout ceci est drôle, charmant et étonnamment juste. Jusqu'à ce que la machinerie se mette à coincer, faisant vaciller tout l'édifice lorsque Camille craque.

Agathe est à terre, son corps dit stop. Car le sujet est bien là : le burn out d'une héroïne ordinaire qui jongle avec ses différentes casquettes, veut tout assumer et surtout tout bien faire. Un petit soldat qui lutte au boulot pour ne pas être mise au placard après ses deux congés maternité, assume les charges ménagères pendant que son mari lit le journal, et se persuade que c'est normal. Il va donc lui falloir se réconcilier avec ce corps dont elle a trop ignoré les signaux d'alerte et qui la constitue, elle, Agathe, en tant que femme...

Le sujet a beau être sérieux, l'auteure ne se départit jamais de la légèreté qui lui permet de gagner la sympathie du lecteur. Il faut dire qu'on s'y est attaché à Mirabelle, Boris et à tous les autres. Au point, dans la seconde partie, lorsqu'il est mentionné qu'Agathe agite un bras ou une jambe, de lui attribuer tout de suite son prénom et de se demander ce qu'il ressent. Sacré talent !

Pas facile d'être une femme, pas facile de revendiquer de porter à la fois une jupe et un pantalon, pas facile de lâcher prise... Mais lire ce livre est un joyeux moment et peut-être aussi l'occasion de se résoudre, de temps en temps à écouter son corps.

Un premier roman étonnant, qui mérite vraiment d'être découvert !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Jupe et pantalon Julie Moulin Alma éditions ( 298 pages 18€)

Si Amélie Nothomb est connue pour les prénoms tarabiscotés de ses personnages, l'originalité de Julie Moulin réside dans l'attribution de prénoms aux parties de son corps. C'est donc avec les jumelles Marguerite et Mirabelle que débute le roman.

Originalité double car Marguerite nous relate sa venue au monde, une naissance traumatisante, on le devine, pour les parents. Sans être «  un atterrissage brutal » comme chez Amélie Nothomb. Julie Moulin nous offre un dialogue savoureux entre jambes et bras, prêts à s 'associer, à tenter l'impossible,vu leur retard à marcher . Suspense.Comment va se passer la 1ère séance de stabilisation ? Rendez-vous donné au parc ( à barreaux) d'A. Mais que s'est -il passé pour que le parc soit au rebut dans un placard ?!

Toute le première partie,le corps avachi d' A semble être une marionnette téléguidée par Camille, «  le cerveau », qui donnent ses ordres à Boris et Brice «  les bras », Babette, «  les fesses ». Quand on est bien portant, on oublie ce qu'est le handicap. Mais le douloureux accident de Marguerite prive sa soeur jumelle de mouvement. Avoir été hospitalisées, condamnées à souffrir explique qu'elles prennent leur revanche, cavalent,skient, nagent, pédalent, courent et poussent «  leur corps à outrance ».

Si Marguerite «  se poile » au salon de beauté, elle nous divertit aussi lors de cette séance d'épilation. A. affiche ses choix : «  Je porte la barbe, moi ! Je suis un sexe moderne », sur un ton quelque peu provocateur.

Mais pour qui «  trottinent » - elles ? Elles portent A, business woman hyperactive, qui rappelle tout à fait Aurore, l'héroïne de Serge Joncour dans Repose-toi sur moi.Elle aussi mariée à un homme qui ne semble pas partager les tâches et lui laisse le fardeau des enfants. Toutes les deux sont proches du burn-out. Leur couple ne peut qu'accuser le coup à force de faire passer leur carrière avant la vie privée.
Mais quand le boss vous met la pression, confisque tout votre temps, pour Agathe, cela se traduit par des chutes, évanouissement, le Big Bang, l'implosiosn. Ses jambes ne réagissent plus. Tout le corps en surchauffe se rebelle,alerte sur l'épuisement de «  son propriétaire ».

Dans la seconde partie, Agathe réagit, entend le message envoyé par son corps.
Mais sur qui peut-elle compter ? Fabien, l'inconnu providentiel de l'aéroport ? Claire, l'amie et collègue ? Sa mère pour la soulager des enfants, qui très vite lui manquent ? Agathe jongle avec les mensonges. Comment va-t-elle pouvoir se relever ? Reconquérir son mari ? A moins qu'elle cherche à renouer avec Fabien, son flirt de jeunesse ? A l'instar du héros de Serge Joncour, Fabien a deviné Agathe, compris qu' elle devait s'aérer l'esprit. Stupéfiante sa métamorphose après cette soirée à l'Opéra Garnier : « Agathe irradie. Elle évolue en apesanteur ». En transe, tout son corps vibre devant la grâce, la souplesse des deux danseurs. Magnifique tableau sur scène et au plafond: Agathe en extase.
L'auteure met en parallèle la vie de deux femmes. Claire, célibataire,sans enfants, valse avec ses amants de passage, mais connaît la solitude en soirée. Agathe, mère, épouse, business woman, dévorée par son travail et cette vie trépidante, trop «  speed ».
Qui envier ? Qui est la plus heureuse ? Comment concilier tous les rôles sans sacrifier mari, enfants et sa liberté ? Sont évoquées les questions de la maternité, de l'allaitement. Julie Moulin s'interroge sur la place de la femme dans le couple, au travail. Comment être épanouie, trouver l'équilibre entre travail et famille , rester désirable? Comment ne pas se faire «  bouffer » ?
Les héros de Repose-toi sur moi » de Serge Joncour en ont fait les frais : «  le business, c'est soit tu bouffes les autres, soit tu te fais bouffer ».
L'auteur nous immerge dans l'univers implacable des «  open spaces », «  prison insidieuse », «  à la promiscuité intolérable » où le stress gagne le personnel.


Julie Moulin dépeint avec réalisme ce Paris vorace qui absorbe Agathe, « la bouche de métro qui engloutit, broie ». Comme Ludovic dans Repose-toi sur moi de Serge Joncour, Agathe, qui suffoque dans cette foule hostile,cette «  agitation délétère », arpente les rues de Paris. On se croirait dans le Paris de Modiano.

En fin de roman, la canne, indispensable à Agathe, impose sa cadence saccadée.


Agathe découvre les bienfaits de la marche , en silence («  colmater les plaies ») décuplés lorsqu'elle est effectuée en communion avec la nature. La marche décante, purifie permet de s'extraire du tumulte urbain, de s'approprier les paysages, de «  goûter à l'espace ». le corps se réaccorde à l'esprit et au monde. Moments salvateurs qu'elle partage avec Claire et d'autres jusqu 'à ce que leurs routes les éloignent.
La fin de leur amitié hors du commun, si précieuse surprend.

Autre source d'évasion et sas de décompression : la lecture, «  plaisir jouissif » pour Agathe qui aiguise notre curiosité à retrouver avec avidité ce roman de Mikhaïl Boulgakov ! Une vie démultipliée. Parenthèse poétique quand elle traverse le parc Monceau que « le brouillard couvre d'une écharpe de mousseline blanche ».

Pourquoi ce titre  Jupe et pantalon? On y entend la voix d'une militante féministe, disciple de George Sand. Julie Moulin revendique son statut de femme, «  les femmes étant des hommes comme les autres » et dénonce le sexisme.

Si Julie Moulin confie avoir eu besoin de quitter le «  franglais » lié au monde de la finance, consciente de ses ravages, elle en a distillé quelques miettes dans ce roman ou expressions. Judicieux, ce jeu de mots «  I am pulling your leg » de Mirabelle !

En mettant en scène une héroïne qui vit avec ce traumatisme de la brûlure et de cette greffe, l'auteur montre les dégâts collatéraux indélébiles causés par cet accident.Elle aborde la question du handicap et de la résilience. L'auteure , elle-même, n'a-t-elle pas eu à subir un coup dur de la vie ?
D'où ce pacte et cette conversation avec ses jambes. A chacun de ménager sa monture. le corps, comme le rappelle Isabelle Kauffmann dans Les corps fragiles, «  n'est pas un havre de paix mais un monde frémissant en perpétuel remaniement ». «  La vie est un cercle » conclut Agathe, au crépuscule de sa vie, atteinte par la déliquescence de son corps ( «  Mirabelle est prostrée », Boris et Brice «  ont la peau fripée ») et la voici «  traitée comme un enfant ». Et de s'interroger sur le devenir de son âme.
Le ton léger, nourri d'autodérision, cède sa place au grave.

A noter la présence d'une table des matières grandement appréciable.

Julie Moulin signe un premier roman pétri d'humour, dynamique, kinésique, ce qui est paradoxal vu les périodes d'immobilité forcée et le destin tragique de Marguerite.
Ainsi elle entraîne le lecteur dans un tourbillon endiablé, véloce à en perdre haleine, mais pas de crainte, lui ne chute pas, et reste arrimé au roman.
A lire en marchant  !




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Quand on ouvre "Jupe et pantalon", le premier roman de Julie Moulin, tout d'abord il y a un instant de flottement, pendant quelques pages le lecteur s'interroge… Mais qui est Marguerite, mais qui est Mirabelle ? Qui sont Brice, Boris, Babette, et enfin qui est Camille ? Camille le bien nommé puisque ce prénom, aussi bien féminin que masculin, c'est le cerveau, celui qui commande, qui ordonne, qui hésite, et qui conjugue justement ce masculin et ce féminin qui sont en chacun de nous.
Ensuite il y a A., qui pendant toute la première partie du roman n'est pas nommée, mais que l'on suit à travers les aventures de chacun de ses membres, comme une équipe soudée (ou pas !) comme une fratrie, avec ses colères, ses désaccords, son entraide, sa solidarité… Car A. comme toute super businesswoman qui se respecte, se croit capable de tout concilier. Sa famille d‘abord, avec son mari et ses deux enfants, son travail ensuite, avec la rivalité entre collègues, ces hommes qui profiteraient bien d'un instant de faiblesse pour prendre sa place, avec Étienne, ce boss, qui sous couvert d'entre-aide placerait bien un autre à sa place, A. qui pense qu'elle va arriver à s'occuper d'elle aussi parfois.
Et cette vie, cette lassitude du couple, ce rythme effréné de chaque jour, nous sont racontés par chacun des membres du corps d'A., par Marguerite essentiellement, la jambe fragile, malade, blessée mais si vaillante… Qu'il est étrange de voir la vie par ce prisme, de changer de point de vue, pour mieux comprendre, arriver à s'identifier à une paire de jambes, à une paire de fesses et pourquoi pas à un cerveau tellement sollicité, poussé à bout et si fatigué qu'il tarde à se réveiller. Tout ce stress va faire disjoncter la jolie machine qu'est le "corps composé" d'Agathe… Elle s'évanouit à l'aéroport, au moment où elle doit partir pour un rendez-vous clients important, rentre chez elle dans un semi brouillard, et réalise enfin que sa vie va exploser devant elle. Elle qui n'a rien vu venir !
Julie Moulin nous parle à travers elle de ces femmes modernes qui veulent gagner un combat pour l'égalité souvent perdu d'avance… Car comment lutter quand on rentre de congés maternité et qu'on vous fait comprendre que "Vous n'étiez pas là alors que le collègue lui … " ! Comment y arriver quand en rentrant il faut préparer le repas, coucher les enfants, préparer les cartables, faire la vaisselle, pendant que Paul est devant la télé ou lit son journal ? Comment jongler avec la nounou malade, avec l'école qui appelle pour le petit qu'il faut venir chercher de toute urgence alors qu'on est en pleine présentation stratégique avec le client, le seul, l'unique qu'il faut absolument chouchouter pour ne pas le perdre, avec les rendez-vous chez le médecin, les activités extra scolaires, et tout le reste, sans s'épuiser, s'oublier, se perdre ? Comment exister quand le poids sur vos épaules est de plus en plus lourd, les missions que vous vous assignez vous-même de plus en plus complexes, la solitude à deux de plus en plus présente pour affronter le quotidien ?
Eh bien, c'est tout simple, on ne peut pas ! Julie Moulin nous le démontre avec beaucoup d'humour pour un sujet grave traité tout en finesse. Il y a un rythme fou dans toute la première partie, comme cette vie intrépide qu'A. essaie de mener, malgré ce corps qui crie à l'aide et qu'elle oublie d'écouter… J'ai aimé justement cet intéressant parti pris dans l'écriture : dans toute la première partie, les différents membres de ce corps prennent vie et prénom pour s'exprimer, exister à la place d'A., puis Agathe apparait enfin, ses membres redeviennent des jambes, des fesses, un sexe, et elle s'éveille alors à une vie nouvelle, plus responsable, plus intime, plus évidente : elle existe, s'écoute et se révèle. Nous montrant sans doute que pour bien vivre avec les autres il faut d'abord mieux vivre avec soi-même. C'est à la fois signifiant et drôle, empreint d'humour et de réflexion, un véritable régal de lecture. A lire puis à conseiller d'urgence à toutes les copines qui tentent désespérément de se prouver qu'elles vont y arriver, avant qu'elles ne se perdent !

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Un premier roman drôle, original et sensible.
J'ai été immédiatement séduite tant par le thème abordé que par l'angle proposé par l'auteure. le thème abordé celui de la place des femmes a été maintes fois abordé, pourtant Julie Moulin sait l'aborder avec une finesse et une originalité toutes particulières.
Le roman est subtilement composé de deux parties : dans la première nous avons affaire à des narratrices bien particulières : des jambes. Les jambes d'A. s'appellent Marguerite et Mirabelle et elles supportent, soutiennent et entraînent A. jeune mère, épouse et working-girl pressée. Elles la portent vers toujours plus de performance au travail, en famille. Injonction des temps modernes faite aux femmes : il faut atteindre la perfection en tous points. Etre l'égal de l'Homme au travail malgré les réunions à 18h30 alors qu'on doit aller chercher les enfants à la crèche, être sur le pont dès 8h malgré la nuit passée à donner le biberon, nettoyer le vomi du petit dernier qui a eu la gastro. Accepter des déplacements professionnels pour maintenir sa carrière professionnelle à flot tout en gérant l'agenda familial. Bien sur votre maison doit être parfaitement propre, les enfants nourris aux purées bios faites maison. Et il va de soi que la femme doit continuer à être séduisante, désirable et disponible !
Vous l'aurez compris toutes ces injonctions finissent par amener A. au point de rupture. Les premières à craquer et à le lui signifier sont ses jambes. le corps abdique devant tout ce « trop » et perd pied. C'est seulement lorsque son corps lui fait bond qu'A. semble surgir dans ce roman et enfin réagir. On aborde ainsi la deuxième partie du roman de Julie Moulin. A. reprend corps, se rassemble enfin. Elle apprend à ne plus seulement être un corps en mouvement obéissant aux injonctions mais à ressentir, à prendre le temps, à s'écouter et à se faire plaisir. A. apprend à se respecter tant physiquement que moralement. Elle lâche enfin prise au gré de ses pérégrinations au coeur de Paris.
La construction du roman en deux parties est très intelligente car elle correspond parfaitement à l'évolution d'A.: d'abord un corps en mouvement déconnecté de lui-même puis une femme rassemblée à l'écoute de son corps et de ses envies. Mais elle permet également à l'auteur de nous montrer différentes facettes de son écriture. Une écriture tantôt facétieuse, drôle et originale et tantôt plus introspective, plus sensible, plus profonde.
Car Julie Moulin est une femme mais c'est aussi une plume. Elle sait en jouer, s'en amuser. Cette plume sait nous faire rire, nous émouvoir, nous surprendre, nous interroger. C'est tout ce que j'aime et que je demande à un auteur. J'ai donc adoré ce premier roman plein de finesse, de références et de sensibilité qui pour un coup d'essai est un coup de maître.
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Il faut certes un peu de temps pour s'habituer à ces personnages qui n'en sont pas, à Marguerite, Boris, Babette et les autres… Mais une fois enregistré le fait que les prénoms désignent les parties du corps de A., alors on s'amuse beaucoup avec ce concept. Voici donc Marguerite et Mirabelle (les jambes), Brice et Boris (les bras), Babette (les fesses) et Camille (le cerveau) qui s'invectivent, échangent des informations, tentent de se coordonner quand il ne se livrent pas des luttes de pouvoir. Ce qui nous vaut des interpellations du genre : «Camille, je t'en supplie, passe-moi Brice et Boris.»
Mais peut-être serait-il temps d'en venir à la «propriétaire» de ce corps. A., l'héroïne de ce livre, est une trentenaire au bord de la crise de nerfs. Cadre – très – dynamique, elle est toujours pressée, veut en faire en faire encore plus : «carrière brillante, mère accomplie ! Il y a tout de même un tablier qu'elle a rendu, celui de femme.» Encore quelques symptômes physiques, des poussées dépressives et un complexe de culpabilité plus loin et A. devient Agathe.
Nous voilà arrivés à ce moment de la vie où il faut rebondir pour ne pas s'enfoncer irrémédiablement, où il faut prendre conscience que Camille ne peut tout régenter et que sans le soutien de Marguerite et Mirabelle, de Brise et Boris et même de Babette, il devient impossible d'avancer.
Julie Moulin a trouvé une manière très originale de nous faire comprendre qu'il est essentiel de prendre conscience du corps avec lequel on vit et qu'il ne faut pas oublier de dialoguer avec lui, d'écouter ce qu'il nous dit. On peut aussi y lire une critique implicite des codes qui ont cours dans nombre d'entreprises, à commencer par les plus grandes, et qui imposent aux femmes bien davantage de règles et de diktats qu'à leurs collègues masculins. Dans ce milieu, il faut être parfaite faute de n'être rien du tout.
On est cependant plus dans la fable joyeuse que dans le réquisitoire et du coup, on prend un plaisir certain à suivre Agathe. Comme on prendra, j'en suis persuadé, le même plaisir en suivant le prochain roman de Julie Moulin. Une belle plume comme ça a sûrement plus d'un tour dans son sac !

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
A. se presse, comme d'habitude. Elle se moque bien de mes interrogations. Pas question d'arriver en retard. Elle revient de congé maternité ; il y a tout à prouver, encore. Babette se plaint : la valeur économique de sa contribution à l'effort nationale n'est pas reconnue. A. doit travailler au centuple et même se faire pardonner. Depuis deux mois, nous sommes tous en ordre de bataille derrière Camille, deux mois déjà que nous battons le pavé, de la maison au bureau, du bureau à la crèche, de la crèche à la maison... Et tout au pas de course ! À peine une affaire résolue, Camille nous assigne une nouvelle tâche. Interdiction de flancher. Seulement, moi, j'en ai assez, je suis déjà sur les rotules.
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Mirabelle écarte ses orteils. Elle n’est pas d’accord. Elle veut leur montrer, à ces petites pointures, ce qu’on a dans le mollet. Malgré une nuit passée debout à bercer des enfants, nous pouvons encore fouler de jour la moquette de ce bureau avec détermination…
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Les seins tremblent. Les Mam'zelles sont arrivées sur le tard, en même temps que les poils de Babette et ceux des aisselles. Il a fallu qu'elles se fassent une place. Elles se sont plutôt bien intégrées ; pas comme les poils, qu'A. s'ingénie à épiler. Cela dit, A. les exhibe peu, ces seins. Jamais elle ne court ou ne nage torse nu comme le ferait Paul. Les Mam'zelles rêvent de rejoindre les Femen, ce groupe de folles dingues qu'admire aussi Mirabelle. Elle peuvent rêver. A. ne pratique ni seins nus ni décolleté. Que de sages cols roulés sur un bonnet B.
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Elle se dirige lentement vers l’évier, vide le fond de sa tasse et ce qui lui restait d’estime de soi.
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A. se presse, comme d'habitude. Elle se moque bien de mes interrogations. Pas question d'arriver en retard. Elle revient de congé maternité ; il y a tout à prouver, encore. Babette se plaint : la valeur économique de sa contribution à l'effort nationale n'est pas reconnue. A. doit travailler au centuple et même se faire pardonner. Depuis deux mois, nous sommes tous en ordre de bataille derrière Camille, deux mois déjà que nous battons le pavé, de la maison au bureau, du bureau à la crèche, de la crèche à la maison... Et tout au pas de course ! À peine une affaire résolue, Camille nous assigne une nouvelle tâche. Interdiction de flancher. Seulement, moi, j'en ai assez, je suis déjà sur les rotules.
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