Emilien est servi entre sa mère qui a un petit ami qu'il n'aime pas, son meilleur ami qui se moque de lui et le nouveau de la classe, Jocelyn, qui le colle...
Un nouveau épisode d'Emilien notre râleur professionnel, qui a sa philosophie de vie mais qui dans le fond est bien gentil. Il trouve Jocelyn un peu bizarre mais il voit bien qu'il ne va pas bien et l'aide quand il faut. Un moment privilégié avec Marie-Martine, un autre avec sa mère... On rit doucement avec Emilien et on veut bien le suivre de nouveau.
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"Vous venez donc d'échapper à Marouk le Venimeux, mais votre corps est couvert de plaies."
Je tournai la page en murmurant :
- Sale affaire, et le pus va s'y mettre. Après, c'est la gangrène. Je vais perdre au moins cinq points d'enduro.
"Vous apercevez au fond de la grotte une fiole couverte de toiles d'araignée. Vous la prenez et vous cherchez à lire l'inscription sur l'étiquette. Hélas, c'est du Vanoulouk !"
J'aurais dû mettre le paquet sur les langues étrangères, cette année. Là, je suis coincé.
"Vous mourez de soif. D'un trait, vous buvez le liquide que contient la fiole. C'est une huile amère que vous recrachez."
- Que des emmerdes ! m'exclamai-je. Je n'ai que des emmerdes. Et il paraît que je suis Xériak, le Prince de la Ténèbre. Je ferais mieux d'être Gogol, le roi des Ploucs.
Un chef d'entreprise qui obtiendrait des résultats semblables à mes résultats scolaires sur les trois derniers mois commencerait sûrement à s'alarmer. Pour tout dire, je frise la faillite et le découvert bancaire.
Mme Grandjean, notre bien-aimée professeure de français, m'a même fait signe de venir lui parler à l'interclasse.
- Cela ne va pas du tout, Émilien. 10, 8, 6...
- C'est le déclin de l'Empire romain, dis-je pensivement.
Jusqu'à présent, je tenais la tête de classe en dissertation.
- Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-elle.
- C'est la question que nous nous posons tous.
J'ai déjà cru remarquer que les profs n'aiment pas beaucoup ma façon de les esquiver.
- Tu es libre, samedi ?
- Pas vraiment. Je vois Martine-Marie.
- Pas possible ! Tu sors toujours avec elle ?
- Et puis ?
Xavier secoue la tête. Je lui fais pitié.
- Les filles, il faut en changer aussi souvent que de chaussettes.
- Je ne savais pas que tu gardais les tiennes pendant un an.
- Si tu t'imagines que je suis toujours avec Bella, tu te trompes, mon vieux. J'ai une autre copine, mais je sors encore un peu avec Bella pour pas faire d'histoires.
- Eh bien, je vais te dire un bon truc : deux paires de chaussettes à la fois, je ne trouverai pas ça confortable.
- C'est pour tout le monde pareil. Le mariage, ça tue les individus. Le couple, c'est la mort de l'individu.
Il lit trop, ce type. Je n'aime pas les intellos. Souvent, quand je discute avec Richard, j'ai comme une envie de pleurer dans la gorge. La vie a l'air tellement moche, tout d'un coup. Je vais retourner au clocher d'Abgall où je suis attendu.
Il faudra vraiment que je le dise à Xavier. Et puis que j'essaie de ne plus l'oublier : Martine-Marie, c'est quelqu'un.
Alors bon. Même si le chemin est un peu long, j'irai à Abgall. Et si Martine-Marie n'est pas sous le clocher, c'est moi qui l'attendrai.
Lauréate du prix Hans-Christian-Andersen, Marie-Aude Murail est notamment l'autrice du succès Oh, boy ! (école des loisirs), mais aussi de la série Sauveur & Fils.
Des confidences sensibles de créatrices et créateurs jeunesse sur leurs souvenirs de lecture et leurs sources d'inspiration.
La pause Kibookin est une production du Salon du livre et de la presse jeunesse avec le soutien de la Sofia et du Centre Français d'exploitation du droit de Copie.