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En réalisant cette étude, Laure Murat, professeur de littérature à l'Université de Californie-Los Angeles, a voulu répondre à plusieurs questions. Pour quelle raison les enfants veulent-ils entendre chaque soir la même histoire ? Que nous apprend une deuxième lecture que la première n'avait pas révélée ? Au fond, pourquoi relit-on ?

Après un examen de la littérature scientifique, Laure Murat livre une analyse qualitative des réponses données par 200 grands lecteurs sur leur pratique de la relecture. On y apprend par exemple que la relecture est envisagée par beaucoup comme un refuge, devenant ainsi une lecture-doudou réconfortante. Mais relire peut aussi être un moyen de se retrouver soi-même et de se souvenir du lecteur que nous étions alors.

Les éditeurs et libraires conçoivent plutôt la relecture comme un retour aux sources face à la déferlante de nouveautés qui les assaille chaque année. Certains prévoyant d'ailleurs des plages horaires précises dédiées aux relectures même si, pour la plupart, la lecture de nouveautés occupe la plus grande part de leur temps « lecture ».

Parmi les livres les plus souvent relus, on retrouve surtout des classiques dont la lecture a été imposée à l'école mais que l'on relit par plaisir à l'âge adulte, avec une autre vision de l'histoire et une meilleure compréhension du contexte historique. L'auteur le plus souvent cité est Proust et son roman A la recherche du temps perdu, qui fait d'ailleurs l'objet d'un chapitre entier de l'analyse de Laure Murat. Personnellement, j'ai été étonnée de découvrir ce livre en première position. Avec ses sept tomes, ce n'est pas une petite affaire que de le relire !

La seconde partie de Relire consiste en une retranscription de certains entretiens réalisés par l'auteure, présentés bruts, sans analyse.

La structure et le style de l'ouvrage ont tout du mémoire universitaire, ce qui est un peu dommage car cela rend la lecture rébarbative et lourde là où il aurait été possible de rendre cette enquête plus vivante. Néanmoins, il s'agit d'un livre intéressant pour qui s'intéresse aux moeurs en matière de relecture.
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M'étant récemment mise à relire certains livres découverts dans ma jeunesse, j'étais curieuse de découvrir cet essai.
La première partie est très intéressante. A partir des réponses reçues à son questionnaire, l'auteur analyse les motivations, plus ou moins conscientes, qui poussent à se replonger dans une lecture déjà effectuée. Certains cherchent à « retrouver leur émotion première », à ressentir à nouveau le « choc de la première lecture ». Parfois même, on va « ressusciter la mémoire corporelle », lorsque la lecture est associée à un lieu ou une sensation. La relecture est alors une sorte de « parcours intérieur », qui permet de « revenir sur soi et en soi ». Cependant la réminiscence ne fonctionne pas toujours, car « cherche-t-on dans la relecture la personne qu'on était, ou celle qu'on est devenue ? »... Dès lors c'est la déception : « Lâcher un livre en cours, même déjà lu, laisse toujours un goût de défaite ».

Et puis il y a ceux qui aiment « la répétition et son pouvoir de griserie », allant jusqu'à relire plusieurs fois un livre au cours de leur vie, parfois toujours le même. La relecture devient alors une sorte de refuge rassurant. Comme les enfants qui réclament en boucle la même histoire, on apprécie d'être en territoire connu, ressentant une certaine délectation à anticiper certains passages voire certaines phrases entièrement mémorisées. Là encore, on est dans une relation à la lecture relevant de l'intime. L'impact d'un livre sur une vie dépend de critères tout personnels.
Cette répétition rassurante se double souvent d'une « redécouverte stimulante » : la « plasticité » de certains textes, notamment les grands classiques, fait que non seulement ils sont « indéfiniment recontextualisables », mais aussi qu'ils permettent de nouvelles interprétations. D'ailleurs, « c'est à la relecture qu'on reconnaît le vrai génie littéraire ».

L'ensemble de cette réflexion s'appuie sur de nombreuses données chiffrées issues du décorticage de l'enquête. L'auteur présente également les auteurs les plus relus, par siècle, par nationalité et par genre littéraire. On n'échappe pas à quelques digressions, au jargon universitaire par-ci par-là, et aussi à un passage sur Proust jugé un peu long quand on n'est jamais venu à bout de « A la recherche du temps perdu » (alors le relire !..). Mais c'est globalement pertinent, et l'on se retrouve forcément dans l'un des profils évoqués.

La seconde partie, je l'ai par contre vite abandonnée. L'auteur y propose l'intégralité des réponses d'une vingtaine de grands lecteurs interrogés : des témoignages intimes, qui plus est de personnes inconnues... c'est un peu fastidieux à lire ! J'aurais préféré que l'auteur en dégage les grandes idées. Les enquêtes n'ont d'intérêt que pour les analyses qu'on en tire. Cette deuxième moitié donne une impression de « remplissage » et laisse au lecteur un sentiment de superficialité alors qu'il y avait matière à approfondir le sujet. C'est dommage.
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Pourquoi relit-on ? A quoi s’apparente la relecture : « répétition, reprise, réinterprétation, redécouverte, refuge » ? Aiguise-t-elle le sens critique, y a t’il du re-plaisir ? Est-ce pour retrouver la personne que l’on était à la première lecture ? La relecture peut être « une opportunité unique pour prendre la mesure de l’écoulement du temps, de la vivacité et de l’obsolescence du souvenir » ou « relire, c’est élire, se créer son propre univers. On relit comme on se construit une personnalité, à l’aide d’identifications répétées, raison pour laquelle, entre autres, l’enfant pratique la relecture avec tant de passion ». Relire est-ce picorer dans un livre déjà lu ou alors le lire encore de la première à la dernière page ?
Pour son enquête sur la relecture, Laure Murat a adressé un questionnaire à deux cent personnes qui baignent qui baignent dans le milieu : des auteurs, des traducteurs, des éditeurs, des comédiens, des universitaires, .... . Dans un premier temps et à partir des réponses, Laure Murat nous livre sa synthèse. Entre autres, on apprend que Proust (à qui une question du questionnaire est consacrée) figure en haut du palmarès de l’auteur le plus relu suivi de Flaubert. Montaigne, Nietzsche et Wool se partagent la troisième position.
Mais Laure Murat ne nous fournit pas que des noms, des chiffres et des proportions. Car elle donne les réponses complètes de son questionnaire de quelques uns des interviewés: Annie Ernaux, Celine Minard, Jean Echenoz, Agnès Desarthe et d’autres. On entre dans l’intimité du rapport à la lecture et c’est un pur régal ! De l’enfance et des livres qui y sont associés , du parcours aux habitudes de lecteur, les interviewés ont souvent apporté des anecdotes et se sont prêtés au jeu des réponses avec franchise. Sans oublier de l’humour avec Philippe Forest ou Eric Chevillard qui à la question se relire répond : « Faire l’archéologie de soi-même ? ». Et une mention spéciale au traducteur Bernard Hoepffner qui m’a décomplexée car comme lui je n’ai jamais lu (et donc relu ) Proust.
Cet essai est ultra passionnant et enrichissant car relire englobe plusieurs facettes (et on peut se retrouver par « fragments » dans certaines des réponses). Un essai à lire par tous ceux pour qui « La littérature, c’est vivre intensément » (que l’on soit relecteur ou non )!



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Il s'agit d'un essai sur l'expérience de la relecture. L'auteur Laure Murat se demande : Pourquoi relit-on un livre ? Les hypothèses sont multiples à savoir que ceci est une lubie, une passion ; que cela permet de retrouver une sensation éprouvée à la première lecture ; ou encore que la relecture serait une sorte de rempart, de refuge quant à la déception qui peut provenir des auteurs contemporains. En ce sens, la relecture serait-il un acte conservateur qui s'oppose à la lecture ?

Cette dernière envoie alors un questionnaire composé d'une dizaine de questions relatives à l'expérience de la relecture afin de faire un sondage. Les personnes sont choisies minutieusement selon leur catégorie socioprofessionnelle (écrivain, éditeur, traducteur) et linguistique (tous sont Français, habitant en France ce qui permet d'interroger des gens qui ont eu les mêmes lectures d'enfance, la même formation scolaire… Cela établit une cohérence culturelle).

Le but étant de comparer les expériences, les usages pour cerner la question. Dès lors, la somme des expériences singulières de ces (re)lecteurs permet-elle de dégager des lois, de comprendre un principe et d'approfondir le sujet ?

Le terme de relire est polysémique : interpréter un livre, l'étudier, vérifier une information, l'analyser, consolider un savoir, jouir à nouveau d'un texte… En général, l'expérience de la relecture est promesse de déchiffrement.

Pourtant, à l'heure actuelle où les réseaux sociaux accélèrent le monde, que les librairies indépendantes disparaissent, que le lectorat s'émiette ; un essai sur l'expérience de la relecture peut paraître provocateur, effronté.

Laure Murat pose alors une question des plus cocasse : pourquoi garde-t-on les livres si ce n'est pour les relire un jour ? Une bibliothèque serait donc un réservoir à la relecture potentielle ?
C'est un essai des plus intéressant qui confronte le point de vue des gens du livre, bourré d'anecdotes, et doté d'une bibliographie spectaculaire.

Relisez-vous des livres ? Pourquoi ? Selon quels critères ? Que relit-on ? Autant de questions intéressantes auxquelles on n'avait pas pensé et qui nous font réfléchir. Entre refuge et redécouverte ; régression et progression ; répétition et reprise ; la relecture est un acte plus commun qu'il n'y parait.

Proust avait-il déjà tout compris des mécanismes, des envies, du besoin de relecture avec A la recherche du temps perdu ?
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L'expérience d'un faux souvenir à propos d'une représentation de l'Atys de Lully et sa déception lors de la relecture de Vie et opinions de Tristram Shandy, gentleman de Laurence Sterne ont conduit Laure Murat à s'interroger sur la relecture. Est-ce que relire un livre est à rapprocher de réécouter un disque ou revoir un spectacle ? Que cherche-t-on dans la relecture ? Que relit-on ?

Ses recherches dans la bibliographie existante la laissent insatisfaite, aussi rédige-t-elle un questionnaire et l'envoie-t-elle à 200 « grands lecteurs », écrivains, traducteurs, professeurs, éditeurs. Elle a reçu presque 50% de réponses, par écrit ou de vive voix à l'occasion d'entretiens.

Ce livre se compose de deux grandes parties : la genèse de cette initiative et l'analyse des réponses reçues, dans un premier temps, puis l'auteur rapporte en détail les propos de vingt personnes interrogées. Je dois dire que c'est passionnant de découvrir les pratiques de lecture de gens comme Christine Angot, Agnès Desarthe, Jean Echenoz ou Olivier Rolin, et encore bien d'autres.

Ce qui est formidable dans ce livre, c'est qu'on se retrouve forcément dans ce qui est dit, aussi bien dans l'analyse de Laure Murat que dans les expériences de ceux qui ont répondu.

Ainsi, la pratique de la relecture dans l'enfance m'a-t-elle rappelé des souvenirs personnels. Avant de fréquenter assidument une bibliothèque, je relisais en boucle les livres qui m'appartenaient, en attendant les nouveautés qui arrivaient pour Noël ou les anniversaires.
La question de savoir pourquoi les jeunes enfants sont si friands de relecture m'a rappelé ces moments passés avec mes enfants, à lire et relire toujours les mêmes histoires, jusqu'à ce qu'ils connaissent le texte par coeur. Et pas question de changer un mot ou d'expédier l'histoire, afin d'en finir plus vite, les soirs de grosse fatigue ou d'envie de passer à autre chose !
En revanche, je n'ai pas de souvenirs de ma mère nous faisant la lecture. Est-ce qu'elle n'aimait pas nous lire d'histoires et que c'est pour cela qu'elle m'a appris à lire très tôt ?

Dans leurs réponses, Agnès Desarthe et Jean Echenoz évoquent les Impromptus de Schubert. Agnès Desarthe en parle à propos d'un livre-disque qui racontait Alice au pays des merveilles, sur fond de musique de Schubert. J'avais ce livre-disque et c'est ainsi que j'ai découvert ce texte et cette musique, que je ne peux réécouter sans entendre, venus de ma mémoire, les appels d'Alice à Monsieur Lapin !

Certains font de la relecture à l'envers, c'est-à-dire qu'ils ont découvert une oeuvre par morceaux, avant de la lire par la suite dans son intégralité, tel Jean Echenoz à propos de la recherche du temps perdu. personnellement, c'est ce qui m'arrivera un jour avec Les Misérables, de Victor Hugo. Je n'en ai lu que des extraits, dans des éditions pour enfants dans la bibliothèque Rouge et Or, comme Cosette ou Gavroche. le jour viendra où je découvrirai l'oeuvre dans son ensemble.

Marcel Proust se place en tête des auteurs qui font l'objet de relecture, ce qui n'est pas étonnant, suivi par Flaubert, cité par de nombreux écrivains comme un moteur d'inspiration pour leur propre travail.

Quelques citations extraites des réponses des personnes interrogées :

A la question « Relisez-vous parce que vous avez oublié un livre, ou parce que vous vous en souvenez ? », Philippe Forest, dont les propos sont particulièrement intéressants et remplis d'humour, répond « Parce que je me rappelle l'avoir oublié. ». (page 184)

Linda Lê : Relire, à mon sens, permet aussi de mettre en parallèle plusieurs textes d'un même auteur, et d'avoir une vue d'ensemble de l'oeuvre. (page 229)

J'ai expérimenté moi-même ce phénomène avec les livres d'Alison Lurie, qui au fil de son oeuvre, met en scène les mêmes personnages, à différentes époques de leur vie, à travers leur filiation. C'est la relecture qui m'a permis de découvrir cela, car j'avais lu ses romans à des moments trop éloignés les uns des autres pour m'en apercevoir d'emblée.

A noter que les habitudes de relecture s'expriment aussi vis-à-vis des traductions. Certains vont toujours relire la même traduction d'un roman étranger alors que pour d'autres, au contraire, il n'y a qu'une nouvelle traduction qui pourraient les inciter à relire une oeuvre étrangère.

Vous l'aurez compris, j'ai été passionnée par ce livre de Laure Murat, plein de ressources pour qui aime relire, et c'est mon cas. Il y a quelques années, je me programmais tous les ans un challenge Relectures. Je l'ai abandonné à tort et la lecture de ce livre m'a donné envie de renouer avec cette pratique, maintenant que j'ai davantage de temps libre !

J'ai juste un bémol à exprimer par rapport à l'index des noms, fourni à la fin du livre. le roman Jane Eyre est attribué à tort à Jane Austen au lieu de Charlotte Brontë. Comment cette erreur a-t-elle pu échapper à l'oeil de plusieurs personnes impliquées dans la réalisation de ce livre ?
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