Profitant de la cohue des derniers achats avant Noël, Andreï fait glisser ses doigts dans les poches des nombreux clients. Alors qu'il se faufile au milieu de la foule à la recherche d'une nouvelle victime, le sans-papier russe reconverti en pickpocket s'apprête à faire la plus mauvaise pioche de sa jeune carrière. L'homme qu'il vient de dérober n'est pas seulement un compatriote, mais également un tueur à gages de renom. La sentence de Mathias Bernkoff, dit le boucher, est sans merci et condamne Andreï à une mort certaine. En souvenir du bon vieux temps, l'ex-ami de son père lui octroie cependant un délai de vingt-quatre heures. Plus qu'une journée à vivre !
Près de dix années après la parution de son roman,
Gani Jakupi adapte son oeuvre en bande dessinée. Derrière cette couverture qui annonce immédiatement le genre et un pitch qui n'est pas sans rappeler le concept d'"Ikigami" se cache pourtant un polar psychologique assez étrange. Entre les errances et le mutisme de la victime et les monologues sinueux du bourreau, l'histoire met beaucoup de temps à se profiler et se veut finalement assez confuse. de plus, ce personnage qui survit tant bien que mal en attendant d'obtenir des papiers n'a rien de vraiment attachant et les diverses rencontres qu'il fait en attendant l'ultimatum ne sont pas pleinement exploitées.
Même si le scénario est assez déroutant, le trait nerveux et maîtrisé de N'Guessan ("Aberzen", "Petit d'Homme"), rehaussé par une mise en couleur tout en aplats, confère une ambiance pesante et sombre très réussie à l'ensemble. Et au final, cette approche plus psychologique du polar ne manque somme toute pas d'originalité.