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EAN : 9782507004729
219 pages
La Renaissance du Livre (13/11/2009)
4.5/5   7 notes
Résumé :
" Sans pays, sans famille, des projets réduits à néant, un avenir laminé par les tanks et mouliné par les rotors, que me reste-t-il ? Le vide que je ressens est absolu, terrifiant. Je n'ai que vingt-deux ans ", ainsi parle Tuyêt ce 30 avril 1975, date de la victoire communiste clôturant vingt ans de lutte fratricide au Viêt-Nam. Une semaine plus tard, le pays sombre dans la dictature. Entre révolutions sanglantes et histoires d'amour sublimes, Soleil fané dit la dou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un très beau texte, témoignage tendre et poignant , lu d'une traite sur les vies brisées, le chagrin de la guerre, celui des corps mutilés , des âmes meurtries à jamais , la cruauté aveugle , la barbarie , le chaos , la misère du peuple, l'espace de souffrance , où Tuyêt , dans ce récit largement autobiographique exprime avec ses mots sobres, le désarroi d'un peuple abandonné alors qu'il vivait en guerre depuis 1946 et que le mot LIBERTÉ ne prenait aucune consistance malgré le prix des sacrifices et du sang versé, le 30 avril 1975 , jour de la fin de la guerre du Vietnam ( clôturant 20 ans de lutte fratricide ) , caractère foudroyant de la victoire communiste , climat apocalyptique et spectacle hallucinant ...



Une semaine plus tard , le Pays sombre dans la dictature ...


«  Les rêveurs ne rêvent plus.
L'HISTOIRE se répète
Et les Vietnamiens pleurent »

Après la gueule de bois, Tuyêt , 22 ans , se ramasse un coup de vieux : derrière les frontières fermées les CAMPS de concentration ont commencé à sortir du sol : «  Rééduquer » Qui ? Les intellectuels, les ex- militaires et «  tous les ennemis du peuple » , rééducation présentée comme passage obligé pour mériter sa place dans la Nouvelle Société ...

Dans un style lyrique , scandé parfois de strophes poétiques Tuyêt conte , inquiète , les circonstances à la fois tragiques et rocambolesques du départ de sa mère, farouchement anticommuniste , vers les États - Unis ...

Une tranche de vie émouvante qui dit la douleur des illusions perdues et le chagrin de la guerre , posant la question de l'utopie égalitaire , où certains mots reviennent comme une litanie : absence ,silence, violence, feu, flammes , sacrifice, disparition, réapparition, morts et tant d'autres sur la guerre et sa violence, la révolution sanglante , les histoires d'amour sublimes, la place des absents , son père, Luân, Lâp, Manh, , tous différents, tous unis par le destin des héros ...
Mais ces mots sauront - ils jamais dire ce chagrin ?

«  Nuages affligés
Où avez- vous caché le soleil ? . »
«  Les illusions sont comme des fleurs : tôt ou tard , elles meurent ... » .

L'auteure , arrivée en Belgique à l'âge de dix - huit ans , a habité aux États - Unis et en Afrique .
Elle vit aujourd'hui à Bruxelles.
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Soleil fané c'est le titre d'une chanson vietnamienne .
Ce livre fait suite au journaliste français mais peut être lu séparément
Tyuet nous raconte comment elle a définitivement perdu son pays en 1975 , juste au moment où elle termine ses études en sciences politique à l'université libre de Bruxelles , où elle devait retourner dans son pays retrouver sa mère , les accords de paix mettant fin à l'interminable guerre du Viêt Nam sont signés , le sud réunifié devient alors communiste , et les représailles , les règlements de compte qui suivent hélas toute guerre commencent .
Les camps de rééducation font leur apparition , la délation est largement encouragée par les ' vainqueurs ' , c'est l'exode massif connu sous le nom de
Boat peoples .
Tuyet est inquiète pour sa mère , farouche anticommuniste , ennemie du régime vainqueur car elle vient d'une famille aisée , Tyuet nous raconte les circonstances à la fois tragiques et rocambolesques du départ de sa mère vers les États Unis .
J'ai beaucoup aimé les pages où l'auteur oppose les deux camps ennemis , chacun croyant servir la bonne cause , la liberté de son pays
Qui a raison , qui a tort dans une guerre fratricide , les souffrances sont les mêmes , les jeunes gens mutilés , les enfants qui garderont des séquelles psychologiques toute leur vie pour avoir été bombardés pendant leur enfance , les veuves , les orphelins ont le même chagrin
Un témoignage poignant sur ses vies brisées , sur la culpabilité du gouvernement américain qui va aider la diaspora vietnamienne sur son sol , dans d'autres pays et même au Viêt Nam , la vie qui recommence doucement pour les réfugiés .
Une petite note personnelle , l'évocation de madame Leroy qui propose une chambre d'étudiante à Tyuet et lui fait découvrir les speculoos m'a émue ....
Une belle lecture .

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Tuyêt-Nga Nguyên nous offre à travers "Soleil fané" un oeuvre magnifique empreinte d'un lyrisme rare. Cette caractéristique lisse les arêtes trop vives des épreuves de la vie qui ont blessés à jamais les personnages principaux de cette autobiographie.

La lecture de cet ouvrage m'a ramené à mon adolescence, au début des années 70, lorsque je découvrais avec tristesse le sort cruel des Sud-Vietnamiens lors de la chute de Saïgon. Je me suis remémoré les images terribles qui passaient en noir et blanc à la télévision montrant les derniers combats, le dernier hélicoptère quittant l'Ambassade des Etats-Unis alors que la foule se pressait au portail pour fuir un destin qu'elle savait funeste. Très loin des vues utopistes des pacifistes américain et européens qui voyaient dans cette guerre une guerre révolutionnaire dont l'issue amènerait la paix et la réconciliation. L'histoire nous a montré combien cette paix pouvait être marquée par l'horreur. Car comme l'écrit l'auteur "Il n'y a pas que la guerre qui tue , ma chérie , certaines paix tuent aussi , en silence".

J'ai particulièrement apprécié la démarche de l'auteur qui s'est attachée à expliquer le désarroi d'un peuple abandonné alors qu'il vivait en guerre depuis 1946 et que le mot "liberté" ne prenait aucune consistance malgré le prix des sacrifices consentis et du sang versé.

En parallèle, elle a inscrit le parcours individuel de sa famille empreint de la dimension tragique du parcours de vie des sacrifiés de l'histoire. Une somme de destins d'hommes et de femmes fiers, conservant la tête haute face à la barbarie communiste et refusant de se soumettre face au totalitarisme. Jusqu'à l'impératif de l'exil.

Et là, dans le récit de Tuyêt-Nga Nguyen, j'ai retrouvé des portraits semblables à ceux d'amis vietnamiens que j'ai connus lors de leur arrivée en France en 1975. Amis dotés d'un courage extraordinaire et d'une phénoménale résilience qui leur a permis de réussir en partant de rien dans un pays qu'ils ne connaissaient pas. Conscient de leurs droits et devoirs au sein de leur pays d'accueil. A l'instar de ceux-ci, l'auteur et sa famille forcent l'admiration à travers leurs parcours individuels.

Ce roman prend place dans une série d'ouvrages. Sa lecture, tant dans le fond de l'oeuvre que dans sa forme profondément empreinte de poésie, donne véritablement envie d'acquérir les autres volumes.

Un livre magnifique, beau et cruel à la fois, que je recommande sans hésiter.
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Ce roman auto biographique s'intercale entre « le journaliste français » et « les guetteurs de vent ».
Rappelons qu'il s'agit de la vie de l'auteure, l'enfance dans la Saïgon des années 60, l'exil avant la défaite du Sud et les poignantes retrouvailles avec le père dans sa seconde vie en Belgique.
Dans ce second volet, on suit l'auteure dans le début de sa nouvelle vie de jeune femme en exil, Vivre coupé(e) de ses racines ou pire ne pas les connaître est un vrai défi pour se construire.
Mais Tuyet a la force en elle et a la double chance d'une part d'avoir obtenu un pays d'adoption juste à temps, la sympathique Belgique, et d'autre part de pouvoir ponctuellement retrouver en Floride une partie de sa famille exilée dans cette diaspora vietnamienne envers laquelle les gouvernements des USA assument une prise en charge.
Commence une angoissante attente des retrouvailles avec Kieu, la maman de Tuyet, attente qui apparaît de plus en plus chimérique.
Car le pays est devenu un immense espace de souffrance, misère matérielle avec un sabotage organisé par le régime des conditions matérielles d'existence du peuple, doublé d'une prison envers les populations « libérées ».
Les ennemis du peuple perdent tout et doivent faire l'objet d'une « rééducation » dans des camps de concentration.
Kieu réussit à survivre dans des conditions effroyables réservées aux adversaires désignés comme étant irrécupérables, autrement dit condamnés à mort de facto.
Le lecteur retrouvera dans ce livre les qualités des deux autres opus : un style sobre, qui n'exclut pas la grande profondeur et le lyrisme et même la joie. Un hymne à la vie, pas avec grand orchestre mais une immense tendresse à la sauce aigre douce comme il se doit.
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"Soleil fané" est son deuxième roman.Toujours largement autobiographique elle y raconte la fin de la guerre du Viêt-Nam tel qu'elle l'a vécue avec d'autres compatriotes qui comme elle sont loin de la mère patrie. Ce livre paraît être ainsi un exutoire pour l'auteure, en transmettant cette part d'elle-même qui contribue à sa douloureuse construction. Elle offre un éclairage personnel sur cette partie de l'histoire du Viêt Nam en même temps qu'elle évoque quelques pensées intimes.Le titre du roman évoque une chanson vietnamienne qui exhorte l'auditeur à ne pas désespérer. Dans un style simple et efficace, Tuyêt Nga Nguyên livre un récit empreint d'une délicate fougue. C'est une tranche de vie émouvante et poétique..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
«  C’était à l’époque de mes vingt ans, cet âge doré où tout est concevable et rien n’est impossible. Je souriais aux oiseaux et cueillais des étoiles.Violent comme une bourrasque , dévastateur comme un ouragan, le vent s’était levé, dispersant mes oiseaux, éteignant mes étoiles .Et j’ai dû me débrouiller. Comme j’ai pu. »
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«  Qui suis- je, suis - je, suis- je
Pour cacher mes larmes ?
Qui suis - je, suis-je , suis- je
Pour être encore là ?
Pour aimer tant cette vie ?
Ne désespère pas, ô moi, ne désespère pas
Le soleil se fane, comme une blessure secrète
Ne désespère pas, âme amie , ne désespère pas
Tu es moi er je suis toi. »
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Mais il n'y a pas que les années perdues qui nous séparent :alors que tu baignes toujours dans la culture de l'Asie confucéenne où l'individu se fond dans la collectivité, se dissout dans l'Entité (à tel point que le terme je n'existe pas dans notre langue où les pronoms personnels sont remplacés pas Père, Mère, Fils, Fille, Oncle etc...selon les circonstances), j'ai du très tôt la partager avec une autre où ce je a toute sa place, et je crains que cela ne soit une source de tension entre nous parce que, sans renier la culture innée, j'apprécie également la culture acquise, parce que quoi que je fasse, toutes les eux font partie d e moi, et qu'il en sera toujours ainsi.
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J'ai regardé dehors. Le soleil se retirait pour la nuit. Demain matin, il reviendrait, dans son indifférence éternelle. Des larmes et des rires, il en avait vu, depuis qu'il existait, et il en verrait encore, alors que j'aurais depuis longtemps disparu.

Qui étais-je pour m'en prendre à l'ordre des choses? à l'ordre du monde?

A cette loi qui voulait qu'il n'y ait pas de bonheur sans chagrin, de rires sans larmes, de vie sans mort?

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Dans le jour qui se levait, elle a savouré le thé brulant, le xhi moelleux, la liberté retrouvé.
Elle a regardé se découper sur la peau bleue du ciel le profil de celui à qui devait tout cela.

Ils avaient été jeunes, ils avaient été insouciants. Puis la guerre avait irruption dans leur vie et ils avaient pris les armes comme on entre dans les ordres, comme on embrasse une vocation, comme on reçoit un héritage. Le ciel s'était embrasé, la forêt avait brulé, l'air s'était plombé.
Aujourd’hui si les feux étaient éteints, les larmes brulaient toujours.

Elle a pensé à son père. il disait :

"Toute la souffrance de l'homme provient de sa conscience du parfait, de son désir de l'atteindre, de son incapacité d'y arriver et de son impossibilité y renoncer."

Il appelait cela thân-phân loai ngoi, la condition humaine
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