J'ai quitté
Amélie Nothomb sur son vingt-cinquième roman,
Frappe-toi le coeur, un moment d'oenologie merveilleux, une cuvée millésimée, sans comprendre la finalité, depuis 2017, je n'ai pas voulu reprendre une gorgée de ce vin toujours aussi fruité, distillé d'amour, d'une sensibilité rare, ce jardin Nothombien cultive chaque année une fleur littéraire nouvelle, une orchidée issue de mondes parallèles, aux frontières des contes, à la magie presque enfantine que les adultes ont oubliée à la force d'une maturité orgueilleuse et égoïste, j'aime être cet enfant Nothombien qu'un adulte cancérisé par une société consommatrice, matérialiste et surtout vampirisante. Me voilà avec le trente et unième roman de notre romancière du plat pays comme le dit si bien
Jacques Brel, notre Baronne a su me faire sourire et faire battre mon coeur de quinquagénaire comme l'enfant innocent que je ne suis plus, je me suis senti léger comme la plume légère de mon amoureuse, Amélie a ce secret de réveiller en nous des émotions berçant nos coeurs solitaires d'une magie enfantine, celle de vivre sans y penser !
Cet opus fut comme une aurore automnale qui flamboie un ciel embrumé, une ode de plaisir à la lecture où se parsème au coeur de mon âme une envie trouble de sourire, de vagabonder dans les sentiers de mon être pour cristalliser cette allégresse, j'ai aimé retrouver cet univers Nothombien si réconfortant. Entrons dans l'intrigue de ce conte moderne, où deux êtres, Florent et Nora, vont vivre un amour d'étincelles et de vertige, une passion égoïste, ne vivant que pour cet amour unique, se mariant, voguant sur les nuages durant trois ans, enfantant par complaisance de la définition de l'amour, une jeune fille prénommée Tristane, l'Éden amoureux des parents va se poursuivre en délaissant leur petite fille, qui va connaitre un désert affectif durant cinq ans avant la naissance d'une soeur Laëtitia qu'elle devra s'occuper, laissant Florent et Nora vivre leur amour sans interruption. le titre
le livre des soeurs est cette bulle d'amour qui unit l'ainée Tristane et sa soeur cadette Laëtitia, ce mariage de deux âmes fusionnelle hors norme à la limite des codes établit par la famille traductionnelle, l'ainée aura la dure tâche d'aimer, d'éduquer et de recevoir enfin de l'amour de sa soeur cadette Laëtitia, la seule éclaircit sera sa tante utérine Bobette, une femme perdue dans une vie de mère isolée avec quatre enfants, trois garçons et une jeune fille Cosette, la filleule de la lumineuse Tristane au prénom révélateur, en secret la petite fille semble avoir une malédiction, celle d'avoir un regard terne, d'être une fille fade que l'on ne remarque pas, cette tristitude du regard lui pèse énormément, cette tare va la poursuivre longtemps, elle aura même des lunettes suite à une remontrance de son papa, comme celle reçue à seulement deux semaines pour qu'elle arrête de pleurer, Tristane ne pleura plus, appris toute seule à lire et écrire et devint une fille fortement intelligente sans l'amour de ces parents qui l'aimait sans trop lui montrer, elle n'avait pas la place dans ce couple qui à chaque instant cultivait leur amour, encore et encore, sans cesse, laissant leur fille, Tristane va devoir vivre dans la clandestinité, ces parents sont assez limités dans la perception de connaitre leur unique fille, ils vivent dans l'oeillère de leur amour trou noir, qui aspire tout autour d'eux. J'ai presque retrouvé l'ambiance de
Métaphysique des tubes, l'enfant apprend de son enseignement solitaire à l'insu des parents, Tristane nous enchante de sa perception des choses, adorant sa tante Bobette, en secret désirant qu'elle soit la mère, sa cousine Cosette deux ans plus jeune sera l'un des angles de la trinité formée par Laëtitia, Cosette et Tristane, formant un groupe de rock Les Pneus, petite facétie d'
Amélie Nothomb, adorant ce mot.
Je ne fais trop résumer ce roman assez court comme tous ceux de notre auteure, le thème de l'amour est le coeur de ce livre, l'amour que l'on conjugue de différentes façons, comme les parents Nora et Florent, une passion immuable, dévorante, ne laissant pas la place aux enfants, l'amour de Tristane pour sa filleule Cosette, un amour de coeur et de responsabilité, étant sa marraine, malgré le si peu différence d'âge, l'amour des deux soeurs, restent celui de deux soeurs jumelles, incassable puis des amours satellites comme celui de Bobette et de sa nièce Tristane, presque utérine entre une mère et son enfant, Bobette dans ce leitmotiv, perçoit le potentiel de sa protégée pour lui prédire l'avenir de devenir Présidente de la République, puis ceux vagabonds de Tristane avec des autres personnes, garçons ou filles, ce n'est pas important pour elle, c'est la personne qui prime au-delà du sexe, il n'y avait pas de nom à cette époque désormais un mot précis résume cette particularité, mais je préfère l'ignorer comme la fait
Amélie Nothomb, et je n'oublie pas l'amour de Laetitia pour Marin, batteur du groupe Les pneus, cet amour débuta à l'âge de 11 ans.
Il y a aussi le rapport mère-fille, Nora va finir par être jalouse de sa fille Tristane, elle va lui en vouloir d'être intelligente, comme un affront, elle se sent humilier, il y a cette amertume maternelle, qui durera jusqu'à sa mort. Cosette pense que sa maman préfère sa Marraine, elle va devenir anorexique pour ne pas ressembler à sa génitrice, mais à Tristane pour ensuite se perdre et devenir l'ange de celle-ci. La jalousie est beaucoup présente dans ce roman, mais elle se diffuse moins chez certaine personne, car il suffit de la laisser passer sans la retenir, pour qu'elle parte d'elle-même, ce que Nora ne peut pas faire, comme Cosette, au contraire de Laëtitia et de sa grande soeur Tristane.
La musique, le rock semble avoir une part belle aussi dans cet opus comme la littérature, les deux soeurs ont des passions dévorantes que sèment
Amélie Nothomb avec sa grâce prosaïque, ce roman est une petite ritournelle légère, un conte moderne dramatique où la poésie cristallise l'amour.