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EAN : 9782343179599
228 pages
Editions L'Harmattan (05/07/2019)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Illustration de couverture : Pauline Núñez

Orphelin de père, né dans le Berry, Marc Montaine vit avec sa mère à Bourges, dans les nouveaux quartiers de la ville. La guerre, finie depuis depuis plus de vingt ans, marque encore les esprits. La situation s'améliore tout de même peu à peu, permettant l'accès à un meilleur confort, au travers de la consommation de masse.
Cette aisance matérielle ne comble pas les aspirations de Marc. Avec son amie ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mon dernier roman Hors de portée vient d'être publié aux éditions L Harmattan.
Le billet qui suit n'est pas une critique mais une présentation du roman, de la façon dont je l'ai écrit et du ressenti des premiers lecteurs.
Hors de Portée raconte l'histoire de Marc Montaine et Jean Esposito, deux adolescents qui se retrouvent aux alentours de 1966 en classe de 4ème au Lycée Alain Fournier de Bourges.
Marc et sa mère Micheline, issus d'une famille d'agriculteurs ont quittés le sud du Cher pour la capitale du département. Jean et sa famille sont des rapatriés d'Algérie échoués à Bourges.
La ville connait un développement sans précédent. Entre 1954 et 1975, sa population passe de soixante à soixante-dix-sept mille habitants.
Au nord de la commune, sur d'anciens terrains agricoles, de nouveaux quartiers accueillent des employés de la nouvelle usine Michelin, des fonctionnaires, des employés de la SNCF, des artisans, mais aussi des immigrés d'origine portugaise, polonaise, italienne, espagnole, des rapatriés d'Algérie. Une véritable petite ville de plus de dix-mille habitants, émerge au milieu des champs, avec son Église, son centre commercial, ses logements vastes et bien éclairés, ses zones de parkings, ses rues rectilignes faites pour la voiture.
Le centre historique de la ville est déserté, jugé peu fonctionnel comparé aux nouveaux quartiers. le vieux lycée Alain Fournier hébergé dans l'Hôtel des Echevins, un bâtiment de la fin du XVème siècle, déménage au Nord consacrant la vocation centrale de ces quartiers excentrés.
Marc et Jean vivront à leur façon cette période d'euphorie où tout semble possible. Au lycée, Marc plutôt rebelle, subit les avanies d'un prof revanchard au passé peu clair sous l'occupation, Rodolphe Courchamps. Heureusement, Julien Ménitré, le censeur et le surgé Mulot, d'anciens résistants, s'ils ne renoncent pas à exercer leur autorité veillent au grain. Jean, bon élève, lui, amènera Marc à prendre plus de recul sur l'école et l'éducation.
Mais c'est en dehors du lycée qu'ils s'épanouiront. La MJC qui est aussi le lieu où répète un groupe de rock local, les Médiator's devient très vite leur quartier général. Avec le centre social et la troupe de scouts dont l'aumônier est l'abbé Henri Boursay, la MJC constitue l'ossature des loisirs offerts aux jeunes du quartier.
Régine Denizard et Marc Montaine vivent en couple, avec Jean, ils forment un trio dont la réputation n'est plus à faire dans la cité.
Amelia la mère de Jean et Micheline se rencontrent, deviennent amies et jouent un rôle important pour l'évolution de la relation de leurs enfants. Marc a travaillé durant l'été aux côtés de José le père de Jean, maçon dans l'entreprise le Palestel qui construit la majeure partie des immeubles du nouveau quartier. Ces liens croisés renforcent l'amitié des deux garçons.
Déterminés à suivre l'exemple des Mediator's, Marc et Jean vont suivre des voies différentes pour parvenir à réaliser leur rêve. Jean en poursuivant des études universitaires et en publiant trois ouvrages fondateurs du courant de l'electro rock. Marc en devenant leader des Mediator's, puis après leur dissolution, en formant deux groupes devenus cultes, Protocole à Rome et Détente Politique.
La séparation des deux jeunes hommes est vécue comme une trahison par Jean comme un simple avatar de la vie par Marc.
A la mort de Jean, Marc revient à Bourges pour recueillir les témoignages des survivants de l'épopée du groupe les Médiator's, notamment ceux du batteur Ludovic Simon et décide d'écrire Hors de Portée, le musicien silencieux ou la véritable histoire de Jean Esposito. La boucle est ainsi bouclée.

Livre de souvenirs, plus biographique qu'autobiographique, l'écriture de Hors de Portée renonce à la chronologie des faits et à l'utilisation du « Je ».
La construction du roman peut sembler décousue voire artificielle et le lecteur peut parfois se retrouver perdu dans ce labyrinthe de témoignages sans parvenir à recoller les morceaux.
Les lecteurs du manuscrit original ont toutefois souligné la justesse et la précision de certains chapitres comme ceux consacrés à José Esposito et au travail des maçons, à l'histoire de Rose Lecoigneux et de sa lutte pour acquérir son indépendance, à l'histoire de la création de l'entreprise le Palestel.
Un roman témoignant d'une époque passée, à découvrir.

Lien : https://camalonga.wordpress...
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Je remercie Babelio et les éditions L'Harmattan pour ce livre reçu dans cadre de Masse Critique et qui m'a permis de découvrir Denis Núñez, auteur et babeliote.

Contrairement à d'autres avis, j'ai personnellement éprouvé quelques difficultés à entrer dans ce roman à la construction particulière.
Le fait que l'auteur ait renoncé à la chronologie a rendu ma lecture incertaine me laissant comme au bord du chemin.
J'ai vu défiler devant moi beaucoup de personnages sans parvenir à leur emboiter le pas.
Et pourtant l'histoire de ces jeunes gens des années '60-'70 qui, pour trouver leur identité dans une ville de Bourges en pleine essor, se tournent vers la musique rock, nous apprend beaucoup de choses sur l'époque tout en réveillant quelques souvenirs.
De nombreux sujets sont abordés, tels l'enseignement, l'immigration, l'urbanisation, le compagnonnage ou la contraception.
L'amitié improbable entre Jean Esposito et Marc Montaine est le reflet d'une génération qui se cherche et veut renverser les codes.
L'auteur fait preuve d'une grande justesse lorsqu'il aborde des sujets comme la maçonnerie, l'actualité ou la variété de l'époque.
Un beau travail de documentation qui fait de ce livre la chronique d'un passé pas si lointain pour certains d'entre nous.

La plume est belle, précise; les chapitres sont courts, la lecture aisée.
La volonte de l'auteur de s'attarder sur le contexte social provoque quelques longueurs dont je me suis parfois impatientée.
Denis Núñez signe ici un roman-témoin non dénué d'intérêt, bien écrit mais où il manque, selon moi, un peu d'émotion.
Je souhaite bonne continuation à cet auteur talentueux !
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Merci une nouvelle fois à Babelio, l'opération Masse Critique et les éditions L'Harmattan de m'avoir fait découvrir cet auteur et ce livre.
J'ai été séduite par l'écriture en particulier sa densité et son style, à la fois précis et riche d'un vocabulaire rare.
J'ai aussi aimé les anecdotes et l'impression de rentrer dans l'intimité des personnages.
J'avoue en revanche m'être sentie perdue au fil du roman. Les chapitres semblent s'enchaîner sans chronologie précise, les personnages défilent sans faciliter la clarification des liens qui les unissent.
C'est assez déroutant du coup et difficile à suivre, ce qui est assez frustrant vue la qualité de l'écriture.
L'approche de l'auteur est intrigante et peu habituelle, mais pour embarquer le lecteur, il manque à mon sens ce fil conducteur qui l'aurait guidé et pris par la main.
Faute de m'être sentie à l'aise avec l'histoire, j'avoue avoir lâché et subi la fin de la lecture.
Je n'exclue toutefois pas de lire un autre livre de cet auteur.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
19 mai 1974 : Le poète et le financier
La France avait changé, ou du moins comme le laissait entendre le jeune énarque de quarante-huit ans que les Français avaient porté au pouvoir suprême, elle allait changer, elle devait changer et lui se chargerait de la faire changer.
Il prenait une succession difficile. Celle d’un ancien banquier de la banque Rothschild, introduit dans le milieu des affaires, riche d’une expérience réussie de Premier Ministre.
« Un juif » disaient certains contempteurs du Pompidolisme renouant avec un courant de pensée que l’on croyait à jamais disparu après le 8 mai 1945. Parodiant le nom du village de naissance de l’infortuné Président prématurément disparu, Montboudif, ils l’avaient rebaptisé « Mon bout d’juif», illustrant s’il en était besoin le caractère nauséabond de leur humour.
Cet homme à l’allure de Français moyen, le crâne dégarni, lesté d’un honorable embonpoint, avait l’air d’un pingouin endimanché.
Une éternelle cigarette au coin de la bouche lui donnait ce sourire ambigu des fumeurs compulsifs, l’obligeait à garder son œil droit à demi clos comme celui d’un vieux matou toujours à l’affut.
Les Français l’aimaient bien, même si quelques-uns lui reprochaient son anthologie de la poésie française qui déparait dans le paysage politique, de même que la silhouette filiforme de son épouse, une grande perche blonde au sourire de madone.
Après le slogan « Charlot, des sous ! » les syndicalistes avaient entonné sur l’air d’Il était un petit navire « Ohé ! Ohé ! Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous ! » Ce qui dénotait un sens rare de l’à-propos et une reconnaissance courageuse des qualités de « l’ennemi ».
Giscard avait poussé Charlot dehors avec son « Oui, mais ! » et attendait son tour dans l’ombre, justifiant le surnom de Christopher Lee de la politique qu’on lui donnait dans certains bars populaires acquis à la Gauche qui montait dans le pays.
La disparition de l’homme de Montboudif lui apparut comme un signe du destin qu’il ne refuserait pas.
Il parvint au pouvoir en réussissant le mariage politique de la carpe et du lapin, lui dans le rôle du lapin, Chirac dans celui de la carpe. Ou l’inverse selon les opinions politiques des analystes.
Le destin lui fut cruel. Son concept pourtant audacieux et attractif de Société Libérale Avancée se fracassa sur un premier choc pétrolier. Choc que les pays producteurs prirent un malin plaisir à répéter.
Son septennat fut celui des plans de relance dont aucun ne produisit les effets escomptés.
De la Société Libérale Avancée supposée apporter l’aisance économique aux Français il ne restait que les apparences. Plus de queue de pie, col roulé sous la veste, accordéon et dîner impromptu chez le citoyen moyen. Les mauvaises langues ajoutent retour à l’heure du laitier par les portes dérobées du palais.
Une autre réforme majeure du septennat fut, pour rester dans le domaine musical, le ralentissement du tempo de la Marseillaise passant de 9 à 7 temps par minute, laissant ainsi aux oreilles et aux yeux des Français, le loisir de s’imprégner de la majesté de la marche présidentielle.
Son gros coup fut le passage de la majorité de vingt-et-un à dix-huit ans. Mais il recula devant l’obstacle en refusant la demande de grâce de Buffet et Bontemps qui aurait pu préfigurer une abolition de la peine de mort. C’est aussi derrière Simone Veil qu’il s’est abrité pour légaliser le droit à l’avortement.
La France de VGE vivait d’espoirs déçus alors qu’elle voyait se profiler la fin des années de vaches grasses. Toute une génération avait pourtant cru au projet de société libérale avancée qui allait propulser le pays aux avants postes des nations qui se préparaient à entrer dans le XXIème siècle.
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Dans des circonstances qu’il appartiendra au narrateur de dévoiler, Edmond Le Palestel décida de s’établir à Bourges, avant dernière étape de son tour de France de compagnon maçon vers Paris.
Ce cadet d’une famille d’éleveurs de bovins viande à Commentry dans l’Allier se vit contraint de quitter la ferme familiale pour tenter sa chance à Bourganeuf puis à Guéret, ville dans laquelle un compagnon maçon du nom de Charles Rochard l’initia au métier de bâtisseur.
Le garçon était taciturne, autiste dirait-on maintenant. Il déclaraun jour à son tuteur : « Mon père fait pousser de l’orge et de l’avoine, moi je me contenterai de faire sortir des maisons de terre ! ».
Le compagnon Rochard et son épouse Ninette virent en lui le rejeton qu’ils n’avaient pu concevoir. Charles la Sagesse, réputé pour la justesse de ses sentences, n’eut alors de cesse de faire d’Edmond son digne successeur. La recommandation de son maître en poche, Edmond partit faire son tour de France. Un séjour profitable auprès des compagnons du devoir sur les bords de Loire à Tours, rue des Trois Ecritoires aux bons soins de la mère Jacob, le décida de monter sur Paris, fort de son savoir tout neuf et de son patronyme d’Edmond la Constance. Il aurait préféré Edmond la Conscience ou Edmond la Technique, mais les assemblées de compagnons du devoir plaisantent rarement avec les patronymes et ne goûtent guère les mystères de Paris, leurs énigmes mystérieuses et leurs personnages ombrageux.
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Nous sommes passés au travers du printemps de mai, sans nous soucier de ce qui agitait le pays. Trop jeunes, peut-être. Il faut dire aussi qu'à Bourges, l'encéphalogramme de la ville est resté plat comme d'habitude. En y repensant, je dirai que nous avons créé notre révolution à nous. Profitant de la fermeture du lycée, nous restions des journées entières à parler, parler, parler. Sans la contrainte du temps minuté des emplois du temps, des repas familiaux, des heures de rentrée obligatoires. Finalement c'est cela que je retiendrai de cette période agitée, le temps libre. Le temps defaire ce que nous avions envie de faire.
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L'harmonie pathétique d'accords sortis des caisses en bois vernis de guitares accoustiques, voyageant au bras des héros incertains, exprime leurs espoirs déçus, leur foi dans les amis, les mères et les fiancés, les bars où ils se retrouvent comme au premier jour malgré la proximité de la mort.
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