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A 16 ans, Ursula est mal dans sa peau. Dans sa tête elle se surnomme «la nulle ». Pourtant c'est une ado athlétique, au caractère fort et indépendant. Attaquante vedette du club de basket, elle impressionne dans le petit lycée de la tranquille et très huppée bourgade de Rocky River.
Matt, lui, est plutôt du genre «grande gueule», il distribue les blagues et les bons mots, écrit pour le journal du lycée et pour le festival de théâtre, figure en bonne place parmi les élèves populaires.
Mais un après-midi de janvier, sa vie bascule soudainement quand des policiers viennent l'arrêter au beau milieu d'un cours, pour une plaisanterie indélicate et mal interprétée sur un sujet sensible : La pose d'une bombe dans le lycée.
Accusé à tort, mis au ban et montré du doigt, Matt sombre. Seule la « grande Ursula » prendra sa défense. C'est le début d'une relation amicale inattendue…

Panique dans l'établissement, couverture médiatique disproportionnée, procès pour diffamation, lettres anonymes de menaces…
Joyce Carol Oates décortique la psychose générale qui s'est emparée de Rocky River pour en faire ressortir toute la noirceur et le ridicule. Tournant autour de ses thèmes de prédilection : le mal être adolescent, l'ambivalence des sentiments, l'hypocrisie d'une bourgeoisie de province coincée dans un conformisme de classe, l'emballement médiatique, la psychologie des foules, le harcèlement, etc., elle dissèque les réactions de la petite communauté avec subtilité.
Et si ces sujets donnent une impression de déjà vu, déjà lu chez l'autrice (on pense à Sexy, Zarbie les yeux verts, Carthage…) ils sont toujours renouvelés, traités sous un autre angle, un même prétexte pour un propos différent.

Pas la plus connue de l'autrice, cette lecture m'a néanmoins happé tant cette ambivalence dans les pensées et les sentiments des personnages m'a semblé vraie. Un effet miroir pas toujours flatteur qui continue pourtant de me surprendre et de m'interroger dans l'écriture de JC Oates.
Un roman pour adolescents qui revient sur l'inquiétude qui gagna l'Amérique après le massacre de Columbine (le roman est publié deux ans après le drame) avec une certaine finesse, et qui m'a agréablement surprise.
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Big Mouth & Ugly Girl
Traduction : Claude Seban

J'ai acheté ce roman dans la collection Folio et rien, sur la jaquette, ne précisait qu'il s'agissait là d'un roman écrit pour un public d'adolescents. Gallimard l'a d'ailleurs édité également dans sa collection Folio-Jeunesse, c'est tout dire. (Merci, Julie, pour le renseignement. Wink )

A quinze ans déjà, je ne me sentais guère en adéquation avec mes contemporains. Alors, le fait de me retrouver précipitée, fût-ce par la grande Joyce Carol Oates, dans cet univers si spécial qu'est l'adolescence, ne m'a pas vraiment séduite. Si encore Oates, fidèle à elle-même, s'était attachée à des adolescents glauques, vénéneux, leur imposant un destin du même style et clôturant son roman sur l'une de ces chutes dont elle a le secret ! ... Quelque chose comme "Délicieuses pourritures", vous voyez ...

Mais non. Peut-être surveillée par quelque censeur éditorial soucieux de convaincre les adolescents américains que, finalement, ils auraient bien tort de croire que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, la romancière, après une première partie remarquable, s'enlise dans les conventions habituelles du genre et, tenez-vous bien, il y a même une happy end.

A la limite, c'est de l'anti-Oates.

En tous cas, ce roman, je l'ai ressenti comme tel.

Puis, je me suis posé la question : ayant une pré-ado à la maison, quel livre lui conseillerais-je plutôt de lire ? "Nulle & Grande Gueule" ou "Délicieuses Pourritures" ? ... Bon, le premier, bien sûr, pour l'instant parce que "Délicieuses Pourritures", c'est plutôt gratiné. Mais tout en lui disant qu'il s'agit là d'un roman mineur au sein de l'exubérante jungle oatesienne, un roman gentillet mais utopiste, avec un parfum fleur bleue qui charme quand on a quinze ans mais déconcerte lorsqu'on en a vingt de plus - quand encore il ne fait pas ricaner. Un roman surtout qui ne restitue en rien le génie authentique de son auteur.

Pourtant, Oates dépeint admirablement la hantise des parents et des autorités depuis le massacre de Colombine. Tout comme elle fustige, implacable, les mille petites lâchetés des parents et des élèves lorsqu'ils se trouvent confrontés à la prétendue dangerosité de Matt (surnommé Grande Gueule). Ses obsédés religieux, on y croit aussi : haineux, obtus, naturels, quoi !

Mais justement, sur de telles vérités, on ne peut tenter de fixer par la suite le masque étroit et ridicule d'un amour adolescent qui grandit au mépris de tout, de la récompense accordée aux "gentils" tandis que les "méchants" subissent leur châtiment, de la fin idyllique s'ouvrant sur un avenir de rêve (ou presque).

Parce que la vie, ça n'est pas ça du tout. La vie, elle est toujours plus proche de "Délicieuses Pourritures" que de "Nulle & Grande gueule" : c'est cynique de le dire et de l'écrire, mais c'est vrai.

Enfin, un peu de rêve ne fait pas de mal. Dommage que Oates donne l'impression de s'être réveillée à la moitié du livre. ;o(
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Ursula et Matt (aka Nulle et Grande Gueule) sont deux ados qui pourraient être "normaux" si leur quotidien n'était pas bouleversé par des accusations graves dont Matt fait l'objet et un flot de conséquences qui s'en suit.

En apparence Matt est un ado plus épanoui qu'Ursula qui se cache derrière un masque et une attitude de type "personne ne m'approche". En tenant les autres à l'écart, elle pense se protéger et ne pas montrer à quel point elle se dévalorise. Et pourtant... Les apparences sont trompeuses et grâce à l'amitié et le soutien entre les deux ados, les deux peuvent espérer une certaine résilience.

Du fait que j'ai lu plusieurs romans de Joyce Carol Oates et que les romans ados ne me gênent pas, cela paraissait normal qu'on me conseille cette lecture, mais la rencontre ne s'est pas faite.
Écrit au début des années 2000, on comprend (quand on a les connaissances adéquates) que le récit a été fortement influencé par la tuerie de Colombine et son traitement médiatique ainsi que toutes les affaires de harcèlement qui ont malheureusement court dans les lycées (américains ou d'ailleurs).
Ce sont en effet deux thématiques fortes du roman, en plus du regard des autres, des rumeurs, mesquineries de meutes ados et de la difficile acceptation de soi qui en font un roman adapté aux ados, mais pour ma part le manque de dynamisme du récit m'a ennuyée. Si certains romanciers ados sont coutumiers de la technique qui consiste à dépeindre des ados mal dans leur peau, ici, J. C. Oates en fait trop, c'est trop redondant et peu crédible (à mon goût). Les portraits psychologiques sont bien superficiels par rapport à ce que la romancière a pu faire avant, et je ressors peu (pour ne pas dire pas du tout) convaincue par cet exercice de style.
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Si tous les romans s'adressant aux adolescents étaient de cette trempe, j'en lirais plus souvent ! Car le monde créé par l'autrice est parfaitement crédible, le récit tout en nuances et pas moralisateur pour deux sous. Au fil des lectures de cette auteure j'ai trouvé qu'une de ses grandes forces était justement de refléter plusieurs points de vue autour des sujets clivants. Ici elle illustre les aléas de l'adolescence et les réactions parfois excessive des adultes face à des phénomènes d'une actualité brûlante. J'ai aimé suivre les errements des deux protagonistes, leurs coups de gueule autant que leurs doutes et leurs craintes. L'aspect social est aussi bien exploité que les cotés psychologiques, le tout par une écriture aussi juste que fluide. Une réussite.
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D'un côté il y a Nulle, fille mal dans sa peau d'adolescente trop grande, décalée, pas trop féminine. Elle ne rentre pas dans le stéréotype de la pom pom girl américaine.
De l'autre il y a Grande gueule, un garçon populaire mais avec un humour bizarre qui le mènera à être accusé de terrorisme.
Une description au vitriol d'une Amérique superficielle et parano.
J'ai passé un excellent moment avec ces 2 là !
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Encore un excellent livre de cette auteure que j'aime beaucoup car elle décrit réellement le monde dans lequel on vit. Joyce Carol Oates arrive à décrire avec un réel réalisme notre société actuelle qui est fortement hypocrite et beaucoup trop conformiste. le côté conformiste se ressent surtout avec le personnage de la Nulle qui est seulement une jeune adolescente de grande taille qui est " rejeté inconsciemment " par sa famille car elle ne correspond pas à leur norme, contrairement à sa petite soeur. le côté hypocrite et haîneux se ressent avec le personnage de la Grande Gueule : suite à une blague de mauvaise goût, Matt va être entendu par la police qui craint qu'il soit un poseur de bombes. Même s'il sera assez rapidement disculpé, les personnes agiront avec lui comme s'il était vraiment coupable. Il en souffrira énormément et ses parents ne l'aideront pas en rejettant la faute sur lui. Ce livre doit être lu afin de comprendre qu'une simple rumeur peut facilement foutre en l'air une vie et qu'il faut accepter les personnes différentes de nous et non les rejetter car elles ne sont pas conformes à ce que l'ont souhaite.
Lien : http://dreamsakura.canalblog..
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Au lycée Rocky River dans le comté de Westchester, la police vient chercher un élève de première, Matt Donaghy. On l'accuse d'avoir menacé de déposer une bombe dans le lycée. Des personnes sont allées rapporter ses propos au proviseur Mr. Parrish et le voilà menotté, embarqué dans une voiture de police et mené au commissariat pour subir un interrogatoire.

« - Ecoutez, c'est de la folie. Je n'ai jamais… ce que vous dites.
– Nous avons été avertis. Par deux personnes. Deux témoins. Ils t'ont entendu.
– Ils m'ont entendu… dire quoi ?
– Menacer de « faire sauter le lycée ».
Matt dévisagea les policiers, abasourdi.
– Menacer de « massacrer » le plus de gens possible. Dans la cafétéria du lycée, aujourd'hui, il y a quelques heures à peine. Tu le nies ?
– Ou… oui ! Je le nie.
– Tu le nies.
– Je trouve ça complètement délirant. »

Matt est le genre de garçon qu'on appelle « grande gueule ». Sûr de lui, très bon élève, populaire, beau, il charme ses amis avec ses réparties et pitreries. Toujours un bon mot, une finesse, de l'humour, de la théâtralité, il joue son rôle avec beaucoup d'aisance.
A cet instant, devant les regards froids et accusateurs, il se sent liquéfié, étranger à son corps, absent du monde, petit et misérable. L'iniquité de la diffamation n'a de sens que pour lui. Sait-il déjà que la calomnie serpente les couloirs du lycée, les rues de la ville, rendant sa sentence et faisant de lui un criminel ?

De son côté, Ursula, une adolescente de seize ans, étudiante au lycée, perçoit cette situation avec beaucoup d'injustice car, lors de la regrettable plaisanterie, elle était présente avec son amie. Sans être une copine, ni même une relation, elle connaît Matt depuis le primaire et sait qu'il est innocent. Cette délation et cette inculpation la révoltent. Soucieuse de la vérité, elle certifie et rétablit la réalité auprès du proviseur.
Ursula est capitaine de l'équipe de basket, sportive, intelligente, indépendante, sardonique et grande. Trop grande, trop musclée, trop « garçonne ». La grande UR fait peur. Dans sa tête, cette jeune fille se nomme « La Nulle ». Sa vraie personnalité, celle intérieure, est complexée, timide et solitaire. Elle gomme toute part de féminité, se bandant les seins, s'habillant de vêtements amples et masculins, tout le contraire de sa mère et de sa soeur Lisa, une petite danseuse éthérée.

Matt n'est plus le même. Il a grandit en une semaine. Désabusé, aigri, il fait le vide et s'isole. Il aimerait bien parler à Ursula. Il voudrait se rapprocher d'elle et lui écrit de longs mails où il jette sa souffrance et sa colère. Mais ses confidences passent par la touche « supprimer »…
Ursula n'est plus la même. Elle est incomprise, elle traîne son corps, elle se cuirasse et elle fuit Matt. Dès qu'elle le voit, son pouls s'emballe, elle reçoit un coup de masse dans le ventre et elle a la sensation d'étouffer. C'est nouveau et ça l'effraie.

Puis un jour, La Nulle et Grande Gueule vont se rencontrer et affronter le monde entier. A deux, c'est quand même mieux !

Comme La Nulle le précise, entre « faits cruciaux » et « faits barbants », le livre se construit. D'un grief imputé partialement, JC. Oates démontre l'engrenage hypocrite de la société. Un murmure peut devenir un bruit assourdissant et la surdité, contagieuse.
Outre le débat de la diffamation, c'est un roman qui parle de l'adolescence, d'amitié, d'honneur, de courage et d'amour.
J'ai trouvé ma lecture plaisante, elle séduira certainement les jeunes…
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Quel plaisir pour moi de suivre l'amitié naissante entre ces deux personnages que sont Ursula et Matt. Une belle solidarité entre deux jeunes adolescents dont la maturité dépasse souvent celle des adultes. Une belle leçon de vie!

C'est en lisant certains commentaires que je découvre qu'il s'agit d'un roman classé dans la « littérature de jeunesse » (àpd 13 ans). Alors effectivement, l'écriture est accessible mais on n'est jamais trop vieux pour le lire. On y découvre les fins fonds du harcèlement scolaire, sujet dont nous devrions tous nous inquiéter.

Joyce Carol Oates marque encore un point avec moi.
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Encore une histoire de harcèlement dans un lycée américain. Mais celle-ci date (déjà) de 2002 ! Ici, point d'héroïne pom-pom girls blondissante cachant un lourd secret ou de geek faisant de la tachycardie dès que le garçon de ses rêves s'approche. Point non plus de bad boys mystérieux ou ensorcelant. En guise d'héroïne, nous avons Ursula Riggs : 1,80 m d'humeur Rouge Feu ou Noire d'Encre. Les autres ne l'aiment pas ? Tant pis, elle, elle les méprise. Elle avance droit devant elle, la tête haute, jouant des coudes et ne se laissant pas marcher sur les pieds. Ursula s'est elle-même baptisée "la Nulle" et elle assume. Pourtant, elle est loin d'être nulle, surtout au basket où elle excelle. Elle est loin d'être nulle, aussi, lorsqu'elle prend la défense d'un garçon qu'elle connaît à peine parce qu'il est accusé d'avoir voulu poser une bombe dans le lycée. Car Ursula est quelqu'un de profondément intègre, avec un sens aigu de la justice. Matt, le garçon diffamé, n'est pas comme la Nulle. Bon élève, bien intégré, bien accepté, il n'a qu'un défaut : un humour limite. Il ne peut pas s'empêcher de faire le malin. C'est ce défaut qui va lui jouer le plus vilain tour. Même disculpé, il devient un paria dans son établissement : ses amis l'évitent et certains vont jusqu'à le harceler. Seul face à lui-même, il va devoir se poser la question de qui il est vraiment. Va-t-il continuer à se fondre dans la masse ou revendiquer sa singularité, comme Ursula ?

Ce roman écrit dans un style agréable met surtout l'accent sur la façon dont les rumeurs naissent et se développent. le personnage d'Ursula est un peu déconcertant au départ mais on s'y attache rapidement car c'est un personnage "noble". Sous son apparence brut de décoffrage, elle cache un coeur sensible et généreux. L'évolution de sa relation avec Matt est lente et progressive, ce qui, loin d'être un défaut, est plutôt réaliste. On voit peu à peu Ursula s'ouvrir à l'amitié puis à un sentiment plus doux et plus fort. Cette progression finement présentée permet de maintenir l'intérêt du lecteur car, par ailleurs, l'intrigue contient peu de rebondissements et de péripéties.

Un bon roman, à recommander aux lecteurs à partir de 13-14 ans.
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Pour une fois le titre français est meilleur ou plus adéquat que le titre original. (A peu de choses près.)
Une histoire assez simple, avec un ton qui plaira aux jeunes de moins de 15 ans.
Je n'avais aucune idée ou souvenir que Joyce Carol Oates écrivait des livres pour la jeunesse, et elle est plutôt bonne pour ça.
Lisant ce livre en même temps qu'un livre complètement excessif (La Maison des feuilles), je l'ai trouvé rafraîchissant, qui a coulé dans ma tête smoothly.
Mais, "objectivement", c'est un livre conventionnel voire banal.
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