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Mai Beck (Traducteur)Dominique Sylvain (Traducteur)
EAN : 9782379271403
346 pages
Atelier Akatombo (06/10/2022)
3.83/5   18 notes
Résumé :
Durant un été caniculaire, les Aosawa organisent une fête d'anniversaire dans leur luxueuse villa. La fête vire au drame. Dix-sept personnes meurent empoisonnées, la famille est quasiment éradiquée. La survivante est une adolescente aveugle, Hisako. Arrivés en retard, Makiko, 11 ans, et ses frères, découvrent la scène. Un mystérieux poème est le seul indice dont disposent les enquêteurs. Lorsqu'un jeune homme se suicide après avoir revendiqué les meurtres, l'affaire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Du noir à la japonaise.

C'est la fête ce jour-là dans la ville de K. chez les Aosawa, avec tout le faste qu'autorise la réussite de la clinique familiale qui a amené fortune et respect. Mais sitôt le repas terminé, une quinzaine de personnes s'écroulent, empoisonnées. Seule rescapée, la jeune Hisako, fille aveugle de la famille.

Arrivés sur les lieux peu de temps après, son amie Makiko découvre l'horreur et n'aura dès lors de cesse que de comprendre ce qu'il s'est passé. Car même si un suspect retrouvé suicidé quelques années plus tard devient un coupable opportun, Makiko n'y croit pas et mène l'enquête en écrivant un livre et en retournant à la rencontre des protagonistes.

Dans Eugenia, Riku Onda – traduite par Mai Beck et Dominique Sylvain – nous plonge dans un roman noir atypique, déroutant, mais aussi confus. Roman choral faisant intervenir chapitre après chapitre les acteurs proches ou lointains du drame, elle brouille les pistes et amène le lecteur à perdre progressivement les repères de l'histoire qu'il croyait pourtant acquis.

Une manière de s'interroger sur la vérité et ses différentes facettes selon le prisme que l'on choisit pour tenter de l'appréhender, sur la force du témoignage, du ressenti ou du souvenir. Un roman comme un puzzle dont les pièces s'ajouteraient une à une, sans toujours parfaitement rentrer l'une dans l'autre.

Sauf qu'à force, le procédé finit par devenir confusant pour le lecteur cartésien que je suis, vite lassé par ce flou artistique voulu et assumé par l'auteure, mais poussé à l'extrême, donc contre-productif pour moi.

Reste au final un livre plus poétique que noir, dont le style naturaliste est particulièrement agréable à suivre et qui laissera son lecteur avec des interrogations, des pistes, et le choix de choisir sa vérité. Si tant est qu'il y en ait une…
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Franchement, il aurait été dommage de passer l'année sans lire un roman policier en provenance d'Asie et plus particulièrement du Japon, ce d'autant plus qu'une nouvelle fois, la maison d'éditions Atelier Akatombo nous propose de découvrir une première traduction en français d'un ouvrage de Riku Onda, un pseudonyme qu'emprunte la romancière Nanae Kumagai qui s'est lancée dans l'écriture depuis 1991 tout en travaillant comme scénariste pour le cinéma et la télévision. Avec une oeuvre auréolée de multiples distinctions et faisant également l'objet de nombreuses adaptations, Riku Onda se distingue notamment dans la littérature noire avec Eugenia qui obtint en 2006 le 59ème Mystère Writers of Japan Award qui célèbre le genre depuis 1948. Débutant sur un poème aux connotations mystérieuses, Eugnia rassemble ce qui fait la particularité de la littérature noire japonaise imprégnée de nuances subtiles et d'étrangetés déconcertantes.

La chaleur est accablante et tout laisse présager l'arrivée d'un typhon sur cette ville côtière du Japon où malgré tout, la fête bat son plein dans le magnifique domaine de la famille Aosawa, ces notables propriétaires d'une clinique réputée qui célèbrent plusieurs anniversaires. Mais ce qui devait être une réception joyeuse, vire à la tragédie lorsque l'on découvre un nombre invraisemblable de personnes agonisantes qui semblent avoir été empoisonnées au cyanure. Malgré les soins apportés, dix-sept participants succomberont dans d'atroces souffrances. Rescapée, la jeune Hisako a assisté à la mort de ses proches sans pour autant donner d'indications à la police puisqu'elle est aveugle. le meurtrier ne semble avoir laissé pour unique indice que ce poème étrange abandonné sur les lieux du crime. Bien des années plus tard, l'affaire reste encore marquante, nimbée d'un certain mystère comme en témoignent les proches, les enquêteurs et les voisins qui reviennent sur leurs perceptions des événements au gré de leurs souvenirs qui s'étiolent. On entame ainsi une narration aux voix discordantes semant le trouble autour d'une vérité émergente qui projette davantage d'interrogations que de réponses.

Difficile de distinguer l'identité du témoin ainsi que celle de l'interlocuteur auquel il s'adresse dans cette succession de déclarations qui s'enchaînent pour former une narration aussi nébuleuse que fragile qui traduit de manière très habile toute la délicatesse du témoignage au travers de l'interprétation forcément orientée, donc subjective, ceci en fonction de la personnalité de celui qui l'incarne. Il en résulte un récit génial aux contours chaotiques que Riku Onda ramène subtilement dans son cadre imprégné de doutes et d'incertitudes et qu'elle traduit dans un texte nimbé d'une certaine poésie morbide qui achève de décontenancer le lecteur. S'il s'agit d'identifier le meurtrier dans la première partie du roman, l'intrigue bascule soudainement vers d'autres enjeux comme celui de connaître les mobiles qui l'on poussé à commettre un tel forfait avec la certitude d'obtenir des réponses incertaines ou partiellement biaisées. II émane ainsi de cet ensemble bancal une atmosphère trouble et dérangeante ce d'autant plus lorsque l'on se plonge dans le récit d'un des enquêteurs qui identifie l'auteur du crime sans en apporter les éléments de preuve en faisant d'ailleurs référence, sans le nommer, aux enquêtes du lieutenant Colombo ce qui est d'ailleurs amusant de retrouver dans un roman policier asiatique. Dans le domaine des références, Riku Onda fait également allusion l'affaire de l'empoisonnement de l'affaire Teigin que David Peace avait évoqué dans Tokyo, Ville Occupée (Rivages/Noir 2012). La comparaison n'est pas anodine puisque Eugenia ne nous fournit pas une intrigue avec des réponses clé en main pour nous laisser dériver dans une incertitude à la fois salutaire et déconcertante tout comme l'ensemble de ses personnages subtilement incarnés qui donnent davantage de réalisme à ce fait divers sordide que la romancière décline avec une intelligence redoutable.


Riku Onda : Eugenia (Yujinia ユージニア). Editions Atelier Akatombo 2022. Traduit du japonais par Mai Beck et Dominique Maison.

A lire en écoutant : 初恋 de Hikaru Utada. Single. 2018 Sony Music Entertainment (Japan) Inc.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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1 soirée chez des notables lors d'un été caniculaire au Japon.
17 morts empoisonnés.
1 témoin aveugle.
1 poème énigmatique laissé sur les lieux.
x possibilités.

Spontanément, j'ai pensé à "L'équation de plein été" de Keigo Higashino.

Et à Hercule Poirot. Eh bien en fait, non. Rien à voir.

Ce livre est assez unique en son genre, particulièrement original. En alternant de chapitre en chapitre entre la narration des faits par différents protagonistes liés de près, de très près ou de loin à l'affaire ; en alternant ces mêmes récits recueillis à l'époque des faits par la police, quelques années après par une étudiante ayant échappé au drame lorqu'elle était enfant, puis encore après par un journaliste, écrivain ou blogger revenant sur la tragédie, l'auteure reconstitue cette soirée fatale et les mécanismes sous-jacents y ayant conduit.

Je ne le cache pas, au début, j'étais perdue. de plus, la narration se fait à la 2e personne du singulier, sans qu'on sache à qui s'adressent les personnages. Puis tout s'enclenche après 1/3 du livre, notamment via la vision des faits du policier en charge de l'enquête, qui à mes yeux, est le personnage "pivot" du livre.

Dans le tiers suivant, tout se met en place, on commence à comprendre la sombre mécanique de l'assassin.

Puis lors du dernier tiers, les pièces sont assemblées, les engrenages bien huilés, et on comprend horrifiés ce qui s'est joué cette fameuse soirée.

La fin, à la fois brutale et ouverte, est déroutante et brillante à la fois.

J'ai donc vraiment beaucoup apprécié ce livre, très bien construit, écrit et traduit. Comme tous les livres japonais que j'ai pu lire, la Nature, les éléments, y tiennent une place importante, quasi mystique. L'ambiance y est toujours spéciale, l'aspect "contemplatif" est présent également, tout comme l'aspect sociétal.

Je rajouterai que l'objet livre est également très beau. le papier épais, la couverture veloutée... Un grand merci donc à Babelio Masse Critique et aux éditions Atelier akatombo me m'avoir permis de lire ce livre et de découvrir cette auteure, dont je vais m'empresser d'aller découvrir les autres livres.

Quant à celui-ci, il est déjà réservé par ma fille de 16 ans, particulièrement intriguée par ce que je lui en ai raconté ^^

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Bonjour les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture. En lisant la 4eme page je me suis dit tien pourquoi pas même si j'ai du mal avec les auteurs Asiatiques. Et la encore beaucoup de mal avec ce livre. Déjà au premières pages déjà ça commence on ne connais pas les personnages au début au fil des pages oui mais ça été un peu long à mon sens. Ensuite l'arrivée du flic enfin!!!! Et la fin qui me semble la plus réussie dans mais frznchement ca ne me suffit pas . Au final encore une lecture décevante,je ne désespère pas trouver un jour une lecture de ces auteurs qui pourrait me plaire.Mais bon comme je dis toujours ceci n'est que personnel.
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Comment expliquer l'inexplicable? comment donner du sens à ce qui peut paraître comme insensé? Certains faits divers relèvent de ce sentiment. En France on peut citer le mystère Dupont de Ligonesse avec ce quintuple meurtre de cette famille catho tradi nantaise de la disparition du chef de famille dont nous n'avons plus de trace, encore moins de témoignages pour comprendre les raisons d'un tel massacre. Il y en a pléthores de ces histoires incomprises dans la frise temporelle des faits divers inexpliqués. Et malheureusement, c'est quelque chose de bien partagé à travers le monde. Comme au Japon où Riku Onda nous raconte une mystérieuse histoire dans "Eugénia", paru aux éditions Atelier Akatombo.

La scène se situe à N, une ville japonaise de province en bord de mer. C'est jour de fête chez la famille Aosawa qui organise une grande fête d'anniversaire dans leur magnifique villa, savant mélange architectural d'Orient et d'Occident. Mais la fête vire au cauchemar avec l'empoisonnement au cyanure de 17 convives. La fille Hisako en a réchappé mais ne peut témoigner car elle est aveugle. Seul un poème a été laissé sur les lieux du massacre. le mystère reste entier des années plus tard malgré le livre "la fête oubliée" écrite par la soeur d'un des protagonistes.

Si vous voulez de la surprise au niveau de la construction du livre, alors "Eugenia" est le roman que vous devez lire. Pour ce récit écrit en 2006, l'autrice japonaise ne choisit pas de traiter l'histoire de manière linéaire mais par des chapitres qui pourraient faire penser à des nouvelles autonomes et revenant chacune sur la tragédie à leur manière. Par petites touches, les témoins dévoilent les contours de personnages comme le principal suspect, qui s'est donné la mort , ou encore la fille de la famille rescapée qui revient sur les lieux. C'est subtil, intelligent, déstabilisant tout en étant prenant. "Eugenia" place le coeur du roman dans ce kaléidoscope de regards. Et puis se dégage de ce roman une ambiance à la fois malaisante et douce, sans aspérité, avec ce souci de toujours se contenir malgré le degré d'horreur de la tragédie. Riku Onda livre un roman noir très singulier qui mérite la lecture, avec ses touches poétiques, voire oniriques. "Eugenia" vous emballera autant qu'il vous questionnera.
Lien : http://www.rcv99fm.org
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ecouter plusieurs personnes relater un meme événement était intéressant.
D'un autre côté, ça m'a fait réfléchir à ce qu'est la vérité.
Chacun s'exprime en étant persuadé qu'il s'agit de faits, mais il est difficile de décrire un événement. Ou plutôt, c'est impossible, à cause des idées préconçues, des erreurs de compréhension et des souvenirs erronés. Quand diverses personnes parlent de la même chose, leurs récits diffèrent toujours légèrement; ils dépendent des connaissances, de l'éducation et de la personnalité de chacun, vous voyez ?
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Ce que j'ai pensé quand ce livre a été publié ?
J'ai été surpris.
Je n'aurais jamais cru que ma soeur se préoccupait autant de l'affaire. C'était derrière nous. J'ai eu du mal à me persuader qu'elle en était l'auteure.
Son contenu ? Euh, il est difficile de lire posément un texte écrit par un membre de sa famille.
Même après que le livre a fait sensation, je n'ai révélé à personne que ma soeur en était l'auteure. Mon frère a gardé son calme, mis à part le fait qu'il s'est vanté auprès de ses amis d'être un des persoonages du livre. D'après moi, il n'avait pas envie de repenser à cette affaire.
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Eugenia, mon Eugenia,
c’est pour avoir la chance de te rencontrer
que j’ai poursuivi mon long voyage solitaire.
Aujourd’hui, prennent fin
ces jours où l’attente de l’aube lointaine me faisait trembler.
Désormais, nous sommes ensemble pour toujours.
Les chansons flottant au bord de mes lèvres,
les petites bêtes écrasées sous mes semelles
au matin dans la forêt,
mon petit cœur pompant mon sang
sans discontinuer,
tout cela, je te le dédie.
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