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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans son essai, « L'Art d'être français », paru en mai 2021, Michel Onfray s'attaque aux idées fausses et à la bêtise. Comme d'habitude il est mordant et ne mâche pas ses mots pour tenter d'analyser les enjeux de quelques grands thèmes (la moraline, le décolonialisme, l'islamo-gauchisme, l'écologisme, l'antispécisme…), chacun faisant l'objet d'un court chapitre, ce qui rend la lecture facile. Toutefois Onfray fait du Onfray, celui de ces 15 dernières années, hargneux et arrogant, toujours polémiste irascible et dans l'outrance, ce qui nuit souvent à sa réflexion, donc à sa crédibilité. Une fois de plus sa soif de reconnaissance et son ressentiment prennent trop de place dans son discours. Ainsi, certains thèmes sont abordés avec recul et objectivité, mais d'autres, pour lesquels il veut donner son avis, et qu'il aborde sans nuance alors qu'il ne les maitrise pas, sont également présents, c'est dommage !
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Douze lettres destinés aux jeunes.
Il y a de bons conseils : « Je lui ai répondu que lire les oeuvres majeures, plume à la main, d'un philosophe majeur remplaçait avantageusement le cours magistral d'un enseignant laborieux. ».
Mais qui est ce « lui » auquel ces conseils s'adressent ?
Et bien à « l'un qui me demandait si, en plus de ses études à Sciences Po, il devait s'inscrire en philo ».
Premier paradoxe et pas des moindres pour quelqu'un qui s'est érigé en défenseur (enfin je crois, je n'ai pas suivi toute l'évolution de sa pensée) des gilets jaunes. Et en effet, ces chapitres ne sont pas d'une accessibilité immédiate, comme on aurait été en droit de l'espérer de la part de quelqu'un qui a promu l'université pour tous (et gratuite! ).
L'essentiel du moteur Onfray peut être résumé à ce passage de la lettre 6 :
« L'islamo-gauchisme a pour grand-père le Sartre qui faisait feu de tout bois pourvu que flambe l'Occident judéo-chrétien. »
Associer dans cette seule phrase ces deux expressions apparues dans le grand public au début du vingt-et-unième siècle dénote le glissement sémantique et conceptuel opéré par le médiatique et infatigable commentateur qu'est devenu M. Onfray.
Tout passe à grande vitesse dans la moulinette à penser du philosophe-journaliste qui s'est rendu en Arménie en plein confinement pour faire ce qu'il critique chez M. B. H. Levy qui se rend en Libye pour poser et fabriquer un article de presse... ou chez M. Foucault en Iran:
« il arrive à Téhéran pour faire un travail de journaliste – il fera en effet un travail de journaliste, c'est-à-dire le contraire d'un travail de philosophe… »
Jusqu'à frôler le comique lorsqu'il s'essaye à redorer l'image des dictateurs pour peu qu'ils appartiennent plus ou moins à la sphère du « Judéo-Christianisme » ou de ses vassaux cher à son coeur d'athée sans doute nostalgique repenti.
« le régime du shah n'est bien sûr pas un modèle démocratique, mais il se propose d'occidentaliser, de moderniser, de laïciser, d'industrialiser l'Iran profond qui vit dans un monde traditionnel, coutumier et conservateur. Sa police politique est brutale, son armée tire à vue et fait couler le sang. »...
Lorsqu'il s'aventure sur des sujets scientifiques, là encore il surprend :
« Il existe également un langage des plantes qui communiquent par l'éthanol, ...Conscience, mémoire, souvenir du passé, capacité à se projeter dans l'avenir, volonté de construire un présent, articulation d'un franc langage avec signifiant et signifié : il semble qu'un chêne dispose parfois de plus de vertus que tel ou tel humain… »
Voilà, c'est un essai plein de contradictions, qui voue pas mal d'intellectuels, et pas des moindres (Glissant, Debré, Foucault déjà cité...) aux gémonies, mais qui recèle également quelques pépites intéressantes à creuser et à discuter : .
« En même temps, tout à son bellicisme, le pays participe à toutes les expéditions punitives de la planète, au côté des Américains, depuis des décennies – sauf parenthèse chiraquienne. Afghanistan, Irak, Libye, Mali, Syrie, la France se montre d'autant plus islamophobe dans le monde qu'elle se montre éhontément islamophile sur son territoire ! »
Pour qui roule M. Onfray ? Difficile à dire, pas pour les transhumanistes en tout cas :
« Musk affirme également que ses équipes travaillent à perfectionner l'intelligence artificielle. Pour qui a lu 1984 d'Orwell, on imagine bien que cette « intelligence artificielle » nomme le projet d'un crétinisme artificiel. On voit mal que Musk ait d'autre projet que de réaliser le transhumanisme qui suppose l'abolition de l'homme de l'humanisme au profit d'un univers de microprocesseurs dont la maîtrise lui reviendrait, à lui et aux patrons des GAFAM qui travaillent déjà en ce sens en instaurant une société de contrôle des plus idéologiques »
Finalement, c'est un pamphlet et même si on peut se reconnaître dans certaines critiques des travers de notre société (qui sérieusement peut dire aujourd'hui qu'elle se porte bien ?) cette impression qu'il fait feu de tout bois dans toutes les directions laisse un sentiment bizarre.
Mais c'est brillamment écrit.
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Le philosophe est d'autant plus abordable qu'il ne ménage pas ceux avec lesquels il est en désaccord en relevant des traits de leur biographie qui les accablent. Comme je n'ai pas les outils conceptuels les plus affutés, je ne peux que savourer ces traits qui me semblent assez loin du débat d'idées pures, mais rendent vivantes les 392 pages. de plus l'indifférence éditoriale que rencontre son livre m'attirerait plutôt quand il va à l'encontre des conformismes idéologiques bien que je réprouve son positionnement envers le chef de l'état, le « en même temps » n'est pas pour lui.
La méthode du fondateur de l'université populaire de Caen est efficace lorsqu'il partage chaque chapitre entre ce qui relève des paroles et ce qui est prouvé par les actes.
Sa France est celle de la finesse de Montaigne, de la « gaieté libre et truculente » de Rabelais, du doute de Descartes, de l'ironie voltairienne, de la galanterie de Marivaux et celle d'Hugo pour l'attachement au peuple et à la justice.
Après des années de pédagogie auxquelles j'ai contribué, je partage son constat sombre sur la nature humaine:
« Cet être égotique revendique tous les droits et ne reconnaît aucun devoir : tout lui est dû, il ne doit jamais rien à personne. Il prend mais ne donne pas. Il exige mais veut qu'on lui fiche la paix. Il se sert mais ne sert jamais. »
Il n'y va pas avec le dos de la cuillère et si je l'accompagne dans sa vision d'un effondrement de la société et de l'inversion des valeurs, je ne suis pas d'accord avec son obsession anti européenne.
« … dès qu'un ancien maori ignore les généalogies de son peuple et reste muet un jour de leur déclamation rituelle, l'acte de mort de la civilisation est dressé. »
Les titres des chapitres désignent les problèmes :
la moraline, l'infantilisation, la déresponsabilisation, l'art contemporain,
et les réponses qui veulent « faire l'ange » mais font « la bête » :
l'écologisme, la créolisation, le néo féminisme, le décolonialisme, l'islamo-gauchisme, l'antifascisme, l'antispécisme.
Il remonte aux sources mais évite par exemple de dénoncer Marcel Duchamp pour mieux critiquer ses successeurs. Sa verve est efficace pour dénoncer le freudo-marxisme et le déconstructivisme, Sartre et Houria Bouteldja, Foucault et Edwy Plenel, Glissant et Mélenchon
La conclusion intitulée « le sublime de la catastrophe » laisse entrevoir un avenir transhumaniste avec lequel devra composer l'Islam à la suite la civilisation judéo chrétienne, bien que « la technique fasse mauvais ménage avec une pensée féodale. »
« On peut dire non à la Divine comédie de Dante […] aux films de Charlie Chaplin, mais peut-on vivre sans électricité, sans informatique, sans pénicilline, sans moteur, sans la chirurgie contemporaine ? »

Lien : https://blog-de-guy.blogspot..
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Michel philosophe de noir vêtu, écrit des lettres à un jeune (pas forcément poète), il lui explique comment c'est bien d'être français (en oubliant de parler de notre chauvinisme, alcoolisme, racisme... Liste non-exhaustive)...
On peut éventuellement être d'accord sur certains sujets et d'autre part trouver que ça sent quand même un peu la chaussette... C'est en tout cas mon cas.
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