Je ne suis fille de personne. En ce sens que la société, quand je naquis, n’existait pas, ou n’existait pas pour tous les fils de l’homme. Et naissant moi-même sans société ou bonté, en un certain sens je ne naquis pas non plus, tout ce que je vis et sus fut illusoire, comme les songes de la nuit qui à l’aube s’évanouissent, et ainsi en fut-il pour ceux qui vivaient autour de moi. Peu importe, donc, où je naquis, et comment je vécus jusqu’à treize ans, âge auquel remontent ces écrits et ces compositions confuses. Je sais qu’un certain jour je regardai autour de moi, et vis que le monde aussi naissait ; naissaient montagnes, eaux, nuages, formes livides.