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sur 271 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une affaire triste et banale. Une jeune fille de quinze ans a été assassinée, presque par malchance, elle rêvait de devenir institutrice. Issue de «  trois générations de gueux, trois générations de sans-grade, de laissés-pour-compte, de ces gens sans existence parce qu'ils n'avaient pas d'histoire, puisque aussi bien l'histoire n'avait pas eu la moindre raison d'en retenir le destin et les noms, le grand et triste charroi de l'humanité silencieuse, opiniâtre, de ce grand fleuve puissant et taciturne, sur lequel caracolait, futile et arrogante, l'écume grise et mousseuse des prédateurs, des possédants et des parvenus, ceux qui eux seuls comptaient pour de bon . »

Rien de somptueux ni de grandiloquent dans ce crime à élucider. Juste la banalité du crime. Une histoire de gueux, donc, qui ne suscite qu'un intérêt passager, sauf pour l'inspecteur Schneider qui lui éprouve une profonde tendresse pour ceux qui ne comptent pas. Magnifique personnage de flic qui va prendre de plein fouet la douleur d'un père. Atypique et excellent enquêteur qui se distingue par son refus de recourir à la brutalité de la meute policière. Esquinté par la guerre d'Algérie dont il revient couvert de médailles mais écoeuré par le napalm déversé sur des villages entiers de civils.

Hugues Pagan a l'art de la caractérisation . Ces personnages sont décrits superbement en quelques phrases qui disent tout de leur être sans nécessité d'user de psychologie lourdaude. Schneider bien sûr, mais surtout les femmes, à commencer par la journaliste Laura qui possède une épaisseur plutôt rare dans ce type de roman. Dans ce polar de traverse, tous évoluent dans un décor urbain très sombre, très nuiteux. Polar d'atmosphère de la morose France pompidolienne fin de règne où on craint une insurrection communiste et où les flics hésitent dans leur mission, justice ou ordre, peuple ou notables, dirigé par une hiérarchie composée d'anciens résistants comme d'ex-collabos.

Le roman réinterprète brillamment les standards du roman noir américain en y insufflant un désenchantement humaniste saisissant qui tire vers le politique. Pas de héros, pas de transcendance, pas d'horizon de rédemption, juste des personnages brûlés jusqu'à la consomption. Pourtant, jamais le roman ne sombre dans le nihilisme, la prose est celle d'un moraliste intransigeant qui a perdu ses illusions sur l'espèce humaine, tout sanglot rentré, mais ne veut négocier avec son idéalisme. Et quelle prose ! Hugues Pagan est un styliste, un vrai et son lyrisme mat emplit le lecteur de sensations et d'échos. Chaque page recèle des phrases qui laissent une empreinte puissante. J'ai juste été quelque peu décontenancée par l'épilogue qui rajoute une surcouche d'ultranoir et de fatalisme pessimiste.

Un roman noir majuscule à la hauteur des grands Hervé le Corre.
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Et bien , chers amis et amies amateurs de ce genre qu'on appelle " roman noir " , je vous l'affirme sans aucune restriction , c'est un excellent bouquin que mon épouse m'a offert , bien aidée dans son choix , une fois encore , par les incontestables compétences de mon ami libraire Nicolas . Au vu de la note attribuée par les babeliotes , ce n'est pas une surprise , certes , mais attendez vous à passer un très bon moment dans ces quelques 430 pages . Enfin , bon moment , tout dépend du point de vue , bien sûr , mais vous êtes bien lecteurs et lectrices comme moi , non ?
L'intrigue , elle est malheureusement , tristement .... La jeune Betty est retrouvée morte , près de son solex , renversée par un individu qui a pris la fuite ...Fait divers terrible mais pas de nature à aller à l'encontre des directives , d'autres chats à fouetter ( oui , c'est pas bien , mais pas de panique , ce n'est qu'une expression ...) , pas de vague , refrain bien connu .Tout va bien , cette jeune fille appartient au " club des gens du bas " , ceux qui , un jour ont pu se voir affubler du titre explicite de " sans dents " ....Donc ...Circulez ...
Ah oui , la politique , le pouvoir , les promotions ...Pas de tsunami si l'on veut placer ses cartes maîtresses au moment où Pompidou s'apprête à quitter la place et , hélas pour lui , le monde des vivants .....
Seulement voilà, il va y avoir un problème et ...un gros . L'inspecteur Claude Schneider vient de débouler dans le service , nommé patron du Groupe Criminel .Marqué par la guerre d'Algérie et les atrocités auxquelles il a assisté, c'est un personnage " à part " , impossible à cerner mais vif d'esprit et prompt à affronter sans sourciller , ceux qui visent le " Graal " dont lui se contrefiche . Si j'osais , je dirais bien que " le père Schneider , il rit quand il se brûle " mais la gamine outre le fait qu'elle lui rappelle des souvenirs , il veut en savoir plus ....Rigide , " la loi , c'est la loi " .
Dès lors , on va cheminer en compagnie d'un drôle de type qui , à défaut d'être un type drôle, va révéler au grand jour tout le talent de l'auteur à sonder l'âme d'un personnage . Incroyablement fouillé, suggèré plus que montré, Hugues Pagnan ciséle un personnage que l'on ne risque pas d'oublier . de l'émotion, de l'adoration à la détestation en passant par la compassion , ce personnage devient l'objet même du roman et c'est royalement dépeint . Si j'ajoute que d'autres figures du roman sont pas mal du tout non plus ..... Tout ce petit monde va évoluer dans un grand monde plutôt "nauséabond " mais hélas pas si rare et on ne peut jamais se sortir de ce filet qui nous maintient la tête sous l'eau du début à la fin ...Pas de poursuites , pas de grandes envolées, pas de suspense de nature à vous obliger à tourner les pages , non , rien de tout ça mais tellement mieux . Ne vous inquiétez pas , vous ne trainerez pas en route car la société décrite, c'est bel et bien la nôtre, pleine d'envies , d'hypocrisies , de mensonges , de " trains ratés " . L'écriture est au diapason de cette " fausse lenteur " , très belle ....
Tout pour plaire ce Schneider ...Enfin , tout pour plaire mais pour qui sait y faire ...On le voit bien sourire au moins ...oui , c'est ça, au moins deux fois . Je sais pas , moi , s'il fallait désigner un acteur pour l'interpréter, je verrais bien Lino Ventura , tiens , vous savez cet acteur extraordinaire . Mais si . Moi , je le surnomme ( avec respect et admiration ) , MICHOKO . Vous savez , ce bonbon " dur à l'extérieur et tendre à l'intérieur " . Allez j'arrête, avec mes comparaisons douteuses , je vais bien me retrouver au tribunal avec des plaintes ....Pourtant , si vous en prenez un en lisant ce roman , un Michoko , vous verrez que ça vous " adoucira le contexte " et ce ne sera pas du luxe .
Contrairement à la prudence dont j'aime toujours à m'entourer lorsque je vous parle d'un livre , celui là ,je ne vous le conseille pas , je vous ordonne de le lire .....avec un paquet de Michoko , bien entendu . ( Pas certain que le libraire vous l'offre , le paquet )
À bientôt les amies et amis . Je me demande ce que je vais bien pouvoir lire maintenant ....La barre est haute .
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Hugues Pagan était encore flic lui-même lorsqu'il créa Schneider, son personnage récurrent présentant suffisamment de points communs avec lui pour que certains y voient, au moins en partie, une sorte de lointain alter ego. Ce nouvel opus nous ramène en 1973, quand, « après un passage par l'armée et la guerre d'Algérie dont il ne s'est pas remis », l'inspecteur principal Schneider choisit de revenir s'enterrer dans sa petite ville de province, plutôt que de faire carrière à Paris. Là, entre certains policiers aux pratiques plus que borderline héritées de leur expérience sous l'Occupation ou pendant la guerre d'Algérie, et une population modestement industrieuse qui subit en silence les crimes dont les autorités se soucient davantage pour des raisons politiques et carriéristes que par réel souci de justice, il tente d'accomplir imperturbablement ses missions.


Elles ne sont à vrai dire en rien spectaculaires et s'enchaînent tristement, au rythme des faits divers marquant le morne quotidien de cette France invisible qui joint laborieusement les deux bouts. Ainsi, Betty, une adolescente de quinze ans dont le projet de devenir institutrice faisait toute la fierté d'un père usé par une vie de labeur ouvrier comme tant de générations avant lui, a disparu entre son domicile et la bibliothèque dont elle revenait en solex. Son corps sans vie ne tarde pas à être retrouvé. Commence, pour l'équipe de Schneider, un méthodique travail de fourmi, destiné à mettre au jour les pitoyables circonstances qui ont abouti à l'effacement de cette pauvre vie et au désespoir d'un père voué au malheur. En même temps qu'il s'efforce de faire toute la lumière sur cette affaire, avant que, vite oubliée, elle ne cède la place à la suivante pour non plus guère que quelques lignes dans les journaux, Schneider, le flic taciturne et intègre, se retrouve aux premières loges d'une réalité sociale qu'il observe sans illusion, avec autant de tristesse que de colère rentrée.


C'est précisément cet aspect de la narration qui la rend si particulière et remarquable. Peu importent ici suspense et péripéties. L'essentiel est dans l'atmosphère et le rendu désenchanté d'un quotidien insignifiant où l'on meurt invisible. Et si le rythme, lent et lancinant, finit par envoûter, c'est aussi parce que l'inimitable rugosité de l'écriture d'Hugues Pagan donne à sa narration d'indubitables accents de vérité, et que le réalisme de son texte finit par vous pénétrer et vous habiter durablement.


Ce roman noir et social cultive, jusque dans son style, une authenticité sans concession qui en fait un coup de gueule en même temps qu'un hommage aux anonymes de la France d'en bas. Un très bon cru.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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J'ai découvert Hugues Pagan en 1998 lors de la parution de « Dernière station avant l'autoroute », un roman à la noirceur ineffable, dont le titre est emprunté à une chanson d'Hubert-Felix Thiéfaine. Une révélation, une claque, une surprise aussi dans la mesure où je pensais naïvement que le genre du roman noir était l'apanage exclusif de mes auteurs anglo-américains favoris, Lawrence Block, James Lee Burke, John Harvey et tant d'autres.

Passé le choc de la découverte, je me suis plongé dans l'oeuvre antérieure de l'auteur, qui, pour avoir été flic pendant vingt-cinq ans connaît son sujet, et cette plongée dans les ténèbres a confirmé mon intuition : il existe un James Ellroy français et il s'appelle Hugues Pagan.

Amateur de romans à énigmes, de thrillers haletants, de « page turner », passe ton chemin. Pagan écrit des romans noirs, des vrais. Son oeuvre s'inscrit dans une époque, dans un contexte social, ses héros multiplient les failles, carburent au désespoir et tentent de garder la tête hors de l'eau en fumant comme des sapeurs, en buvant plus que de raison ou en ramenant à l'occasion une demoiselle au coeur pur et aux jambes interminables dans leur lit. Lire un roman de Pagan est une expérience presque musicale, une plongée dans un monde gangréné par l'hypocrisie, les ambitions dévorantes, les faux-semblants, dans lequel un héros aussi intègre que désabusé, noie son tourment au Jack Daniels, et tente d'éloigner ses démons intérieurs en écoutant Charlie Parker.

J'étais loin de m'imaginer devoir attendre vingt ans pour lire un nouvel opus de Pagan, et la parution de « Profil perdu » qui marquait enfin un retour réussi sur la scène littéraire de l'un des héros récurrents de l'auteur, l'inspecteur principal Claude Schneider et se déroulait à la charnière des années soixante-dix et des années quatre-vingts.

L'idée lumineuse du dernier roman de l'auteur, « Le carré des indigents », est d'effectuer un retour aux sources en situant son intrigue en 1973, dans une ville indéfinie du nord est de la France, évoquant Besançon où Schneider fait un retour inattendu après un passage par l'armée et la guerre d'Algérie dont il ne s'est pas remis. Il prend la tête du Groupe criminel et doit aussitôt faire face à la disparition de Betty, une adolescente de quinze ans au visage de chaton ébouriffé, élevée par un père célibataire aussi modeste qu'honnête.

Dès les premières pages, on se rappelle que Pagan c'est avant tout un style, une manière nonchalante de poser le décor, de dérouler son intrigue, de s'attarder sans complaisance ni nostalgie sur la fin du mandat pompidolien, sur laquelle plane encore l'ombre de la guerre d'Algérie.

A la manière d'Ellroy, l'auteur dissèque au scalpel une bourgeoisie provinciale qui s'apprête à élire Giscard, ses ambitions, ses compromissions et sa face sombre. Il plonge son lecteur dans une époque à la fois proche et lointaine, où régnait une forme d'insouciance, quand midi moins dix sonnait l'heure du pastis, et que les cigarettes s'allumaient à la chaîne. Il s'attarde longuement sur son héros, un flic poursuivi par ses propres fantômes, un trentenaire aux yeux clairs, au visage anguleux, au physique élancé et à la mise toujours impeccable, un homme qui ne laisse jamais la gent féminine insensible et a perdu ses dernières illusions dans une guerre qui n'en était pas une.

« Le carré des indigents » explore le conflit entre un policier aussi intègre que désenchanté et une hiérarchie plus carriériste qu'éprise de justice. le roman s'attarde sur le regard ironique et narquois que celui-ci porte sur des édiles locaux indifférents à la cruauté du sort qui s'abat sur les paumés, les clochards, en bref tous ceux qui ont lâché la rampe. Il revient surtout sur l'obsession pour la disparition de la petite Betty qui menace d'emporter Schneider, un flic à l'ancienne pour qui chaque vie compte, surtout celle des plus faibles, un homme qui marche sur un fil mais qui n'abandonne jamais.

« Le carré des indigents » est un écrin noir dans lequel la magie de la plume déploie avec une forme de grâce délicate les obsessions récurrentes de son auteur et confirme cette fulgurance ressentie il y a plus de vingt ans, lors de la découverte de Monsieur Pagan, l'écrivain qui a redonné ses lettres de noblesse au roman noir « à la française ».
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Dix ans qu'il n'était pas revenu dans la Ville, après avoir gonflé les rangs de l'armée et combattu en Algérie, une guerre dont il ne s'est jamais remis. En ce matin froid de novembre, l'inspecteur principal Claude Schneider pousse les portes du Bunker, dorénavant patron du Groupe Criminel. Accueilli plutôt froidement par le Contrôleur Général Toussaint Mariani, dont il n'en a que peu faire. D'autant qu'un certain André Hoffmann vient lui signaler que sa fille, Élisabeth, âgée de 15 ans, n'est pas rentrée, après s'être rendue à la bibliothèque en milieu d'après-midi. Étonnamment, il sait, de même que Schneider, qu'elle est morte. Et la découverte d'un cadavre, le lendemain matin, ne fera que confirmer ses soupçons. D'après les premières constatations, morte d'un coup fatal porté à la gorge à l'aide d'un fer de bêche...

Au-delà d'une triste enquête policière, à savoir retrouver le ou les assassins de la jeune Betty, frappée, violée et décapitée, ce roman policier est avant tout une magnifique peinture de la France pompidolienne, d'une France des couches sociales, d'une police au sein de laquelle certains, au sortir de la guerre d'Algérie, n'hésitent pas à tabasser. Lire un roman d'Hugues Pagan, c'est observer la vie du quotidien, c'est contempler la Ville et ses habitants, c'est plonger dans une ambiance sombre, parfois pesante, presque mélancolique ou fataliste. C'est suivre, pas à pas, l'inspecteur Schneider, un homme peu bavard, glacial, minutieux, désenchanté, spectateur de la détresse humaine, indifférent devant les hommes de pouvoir mais ébranlé par la mort de Betty. C'est évoluer dans une ville où suintent le noir, le désespoir, la souffrance. C'est entrapercevoir une faible lueur d'espoir et d'humanité. Et c'est admirer cette plume saisissante, immersive, raffinée, léchée, puissante.
Un roman socialo-policier intense, tragique et émouvant...
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Je ne suis pas spécialiste des polars et tout a été dit déjà mais alors quel livre, je suis admirative !

Un petit côté Claude-Chabrol: roman noir , pour le versant social de ce récit celui où les notables ne se mêlent pas avec le bas peuple——-porté surtout par son style inimitable , une écriture envoûtante , sublime , entre élégance , noirceur, crudité , véracité , une profondeur d'analyse rarement atteinte , le rythme est lent, abouti avec en fil rouge , en novembre 1973, le meurtre sordide d'une petite jeune fille de quinze ans assassinée , elle qui rêvait de devenir institutrice ……

Ce livre est grand aussi par ses personnages , leurs postures , leur lassitude ,les rapports de force entre policiers ,résolutions de crimes , délits , petites tragédies réglées sur place par le biais de mains courantes expéditives ,escroqueries ,différents entre voisins , disparitions sans lendemain , braquage de boutiques

……
L'atmosphère est poisseuse à souhait , pétrie d'un blues royal, que l'équipe très soudée du Groupe Criminel est prête à relever.

L'inspecteur Claude Schneider , tout tourne autour de sa personnalité ,——un personnage fétiche choyé par l'auteur ——et de son passé , flic cabossé après un passage par l'armée et la guerre d'Algerie dont il ne s'est jamais remis , il ne parvient toujours pas à accepter la mort , engagé volontaire en Algérie en 1959, faculté de droit , concours d'officier de police ,puis affecté dans une brigade territoriale des quartiers Est Parisien , une mère pianiste ,décontracté avec une touche d'insolence tranquille , c'est un procédurier hors pair , sévère mais juste. au regard gris , taciturne ô combien', infatigable ,indéfinissable , parfois trop dur, trop lointain ,trop cassant , rien ne semblait avoir de prise sur lui .

Quelquefois : inhabité , vacant ,capable d'une immobilité de pierre et d'un silence de mort ——-mais ——éprouvant un profond attachement pour ceux qui ne sont rien , les gueux , les sans - grade, les gens de peu …

Une population oubliée et mise au ban…

L'auteur réussit à ciseler , disséquer au scalpel , minutieusement, un personnage attachant , anti- héros , cernant les maux de la société ——drôle de type que les lecteurs n'oublieront pas de sitôt ——-celui à qui est destiné tout le roman …
Il ne parvient pas à oublier cette adolescente de quinze ans , au petit visage ébouriffé ….
En fait faire la lumière sur cette affaire , en 1973, affaire triste , d'une banalité confondante permet à l'auteur de nous livrer une vraie pépite noire …Mais ce n'est que mon avis , bien sûr ! Une fois de plus !


«  Ainsi , nos vies sont - elles comme un long sommeil éveillé, où les rêves seuls tiennent lieu de mémoire » …
Merci à Rémi mon libraire.

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Il y a des auteurs dont tu entends parler depuis longtemps ; tu sais que tu dois absolument les lire, parce que tu sais que tu vas les aimer ; et va savoir pourquoi, tu ne les lis pas. Hughes Pagan est de ceux-là.

Et puis un jour tu passes le pas et tu te jettes dans le Carré des indigents. 444 pages plus tard, tu as la confirmation de ton intuition. Et le regret d'avoir tant tardé à découvrir ce maître français du noir.

Plongée dans la France pompidolienne, ces années 70 où la France des 30 glorieuses vit ses derniers jours en même temps que les derniers souffles de son président. Une France dont la police est aux ordres du pouvoir, mais aussi des puissants et des notables. Surtout dans cette province que Pagan ne situe pas.

Une ville que l'inspecteur Schneider retrouve des années après l'avoir quittée, muté à la brigade criminelle au sein du Bunker, le siège de la police où les rivalités internes et les jeux de pouvoir agitent plus le quotidien que la banalité des affaires à régler. Jusqu'à ce que la jeune Betty Hoffmann disparaisse…

Une fois retrouvée sauvagement assassinée après avoir été violée, Schneider et son groupe lancent une enquête que d'aucuns souhaiteraient clore au plus vite. Les équilibres locaux et douteux vacillent, la part d'ombre des politicards du cru et des flics ripoux - parfois les mêmes - se révèle. Schneider dérange mais ne rompt pas.

Le Carré des indigents est un modèle de roman noir, de polar d'ambiance et d'excellence dans le travail de ses personnages. On est à la fois dans un noir digne des grands maîtres américains, dans une atmosphère que Manchette n'aurait pas reniée et dans une approche des hommes et des âmes qui crée une immédiate empathie.

Schneider bien sûr, complexe et tourmenté par son passé algérien ; mais aussi les fidèles de son groupe à la dévotion d'un autre temps ; ou ces petites gens de province, invisibilisés dans une société dont ils n'occupent que les rangs du fond et quotidiennement humiliés par l'indifférence de ceux censés les protéger.

Vous l'aurez compris, le Carré des indigents est un grand livre, du genre à faire aimer le noir et le polar à quiconque a juré ne plus vouloir en lire. Quant à moi, j'ai maintenant quelques Pagan à rattraper…
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1973. L'inspecteur Schneider, vétéran de la guerre d'Algérie et flic ingérable pour sa hiérarchie, cultive l'art des investigations menées selon les règles et son intégrité n'a d'égale que son mépris pour les carriéristes.
Revenu dans la ville de sa jeunesse, il enquête sur le meurtre sans mobile apparent d'une gentille adolescente.
Meurtri dans sa chair et dans sa tête, Schneider doit affronter les démons d'un passé douloureux mais avance avec détermination.
Ancien policier lui-même, scénariste à succès et romancier hors pair, Hugues Pagan promène son flic désenchanté au coeur d'une sombre histoire dans une France pompidolienne et autoritaire.
Esthète de l'écriture noire et poétique, il parsème son récit de bouleversants moments d'émotion pure. Un roman noir de très belle facture !
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Novembre 1973. L'inspecteur principal Schneider revient dans la ville de sa jeunesse après un passage par l'armée et la guerre d'Algérie dont il ne s'est pas remis.

Nommé patron du Groupe criminel, il ne tarde pas à être confronté à une douloureuse affaire : la fille d'un modeste cheminot n'est pas rentrée. Son père est convaincu qu'elle est morte.

Schneider par contre n'arrive toujours pas à accepter la mort. Surtout celle d'une adolescente de quinze ans.

Faire la lumière sur cette affaire ne l'empêchera pas de demeurer au pays des ombres...Très mérité prix Landerneau du Polar 2022, le carré des indigents de Hugues Pagan, nous permet de retrouver l'inspecteur principal Claude Schneider, protagoniste récurrent des romans d'Hugues Pagan.

Nous sommes dans les années 1970, peu avant la mort de Pompidou et l'accession de Giscard au pouvoir.

Un polar à l'atmosphère poisseuse, très musical, le blues est partout dans ces pages avec des crimes ou des braquages que l'équipe très soudée du Groupe criminel est prête à relever. Pagan est un véritable orfèvre de l'écriture, sans doute l'un des précurseurs français des flics devenus romanciers.

Il livre ici un récit particulièrement fluide qui nous fait entrer dans une autre dimension, pas loin des romanciers US élégants entre Jim Thompson et James Lee Burke, en tout cas très loin des polars actuels gore et trashs.

Hugues Pagan sait finement nous plonger dans une ambiance unique portée par une écriture assez sublime et des personnages que l'on n'oublie pas …
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Comme la forme géométrique, le carré des indigents a quatre côtés, le froid, la faim, la maladie, l'usure, qui assemblés, conduisent à la pauvreté.

On entre dans ce roman d'Hugues Pagan pour son ambiance, celle des années 1970, où tout le monde fume et boit, une époque antérieure à la loi Evin, où les politiques de santé publique et de circulation routière étaient traitées différemment.

On y reste pour le Bunker, ce commissariat auquel le restaurant d'en face, les Abattoirs, sert d'annexe. Son groupe criminel qui résout des enquêtes qui s'entrechoquent ou restent indépendantes, est emblématique, notamment avec son jeune étalon, son photographe, son méthodique et son invisible, avec tous ceux qui gravitent autour, magistrats, journalistes, policiers d'autres services plus ou moins véreux, avec des chefs trop politiques.

On en redemande pour l'humanité de Claude Schneider, le chef de ce groupe criminel qui réussit toujours à avoir un coup d'avance dans sa vie professionnelle, mais ne cesse de regarder les trains passer dans sa vie personnelle.

On y repense, car décidément on ne pourra pas oublier de sitôt Betty et son petit visage aigu de chaton ébouriffé qui n'aura pas eu le temps de vivre sa vie.

Hugues Pagan a travaillé dans la police une vingtaine d'années avant d'écrire ses romans policiers et des scénarios de films et de séries télévisées. Cette expérience donne un réalisme et un rythme de roman noir à la française dont les atouts ne se restreignent pas à l'intrigue.

Le prix Landerneau polar qui lui a été attribué début 2022 me paraît largement mérité !
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