Il y a pas mal de coquilles. Au moins deux par romans, et ça peut aller jusqu'à oublier une négation. le bouquin, malgré ses 950 pages, sait conserver son dos sans pliures si on fait un minimum attention et c'est un soulagement.
Sur La Comédie Inhumaine proprement dite, je suis un peu déçu de la direction prise. J'étais tombé sous le charme du village du premier roman, La Rougemûrière. Rien que le nom déjà. Mais jamais on n'y retourne. Ensuite, les personnages récurrents qu'il conserve ne sont pas ceux qui m'intéressent le plus. Enfin, on verse un peu trop facilement dans le grotesque et Pagel oublie qu'il peut écrire autre chose comme dans Nuées ardentes. D'ailleurs, voici les critiques des romans qui composent ce volume.
Sylvana: Une histoire d'amour sanglante mièvrasse.
Mais que je n'ai pas lue ailleurs. Mais peut-être est-ce parce que j'évite consciencieusement ce genre d'histoire... Enfin, celle-ci a le mérite d'être brève puisqu'on est dans un le court roman ou la longue nouvelle. Egalement, la vision d'un trope horrifique est assez originale.
Je vais même passer sur ce "deux frères aiment la même fille" pour ne causer que de ce qui m'a plu, c'est-à-dire les à-côtés.
C'est la description du village de Rougemûrière qui a retenu mon attention. Déjà, rien que le nom. Ensuite, on a la présentation de ses habitants. Ils sont peu, c'est un avantage. Alors que les protagonistes vivent leur dramounet, le village continue de vivre et on a donc le droit à des événements glauques vus par bribes. On assiste à la décadence de certains, de loin. Et ça, c'était bien !
Nuées Ardentes: Rape & Revenge.
Heureusement que c'est bien écrit. Car un bouquin sur le viol de deux lesbiennes écrit par un homme, ça peut très rapidement tomber dans le sordide.
L'histoire est très classique pour le genre: après s'être faite violer (ainsi que sa compagne) par un trio aviné, une femme va construire et exécuter sa vengeance. Toutefois, on n'est pas aux USA et donc elle ne va pas passer par les armes. Son plan est tout autre et se servir d'innocents pour aboutir ne la dérange pas.
On est sous la France de Giscard d'Estaing et oui, ça a son importance, surtout dans les moeurs. le trio de violeurs fait partie de la bonne société, et la place de la femme est toute relative. Ce climat est essentiel à l'intrigue.
Des éléments fantastiques mineurs apparaissent et n'ont pas réellement d'explication*. J'aime bien.
Tout comme la narration à la première personne pour celle qui se venge et au narrateur omniscient pour le reste. Quoique ce n'est peut-être pas aussi simple qu'il n'y parait.
Jeux sur l'écriture, jeux de faux semblants, une lecture intéressante.
*ou alors si et j'ai raté des choses !
Le Diable à Quatre: Suspension d'incrédulité ratée.
Je n'ai jamais réussi à dépasser le grotesque de la situation. Jamais je n'ai pu prendre cette histoire au sérieux. Pourtant, je suis fan de slasher mais ici, le côté totalement fantastique ne fonctionne pas.
On retrouve ici des personnages de Nuées ardentes et pour le moins qu'on puisse dire, ils ne se sont pas améliorés. D'ailleurs, aucun des personnages de ce roman n'est appréciable en tant qu'être humain. Pour le genre d'horreur développée, ce n'est pas vraiment un problème puisque le plaisir vient de la façon dont ils passent ad patres. Et, sur ce point, l'auteur fait bien son boulot.
Il est donc très dommage que cette histoire de cadavre vengeur n'a pas de base assez forte pour qu'on y croit réellement. le comment fait vraiment prétexte et manque singulièrement de travail.
Le roman est heureusement assez court pour conserver une certaine efficacité dans l'action.
Désirs Cruels et Autres Récits: Les Contes des Mille et j'ai plus envie en fait...
Personnellement, je n'ai pas besoin de prétexte pour lire des nouvelles. En fait, je les trouve même trop invasifs et ça m'empêche de profiter correctement des histoires. Mais bon, si l'auteur trouve ça nécessaire, pourquoi pas d'autant plus que ça forme une histoire supplémentaire. Mais dans ce cas, il faut le faire jusqu'au bout. Pas s'arrêter en chemin comme c'est le cas ici.
Le prétexte des nouvelles racontées est une voleuse qui a été capturée et qui doit raconter des histoires originales sous peine d'exécution. Outre le fait que c'est inutile, Pagel place la barre plutôt haute en nous promettant du jamais lu ailleurs.
La diversité des thèmes et des tons des nouvelles est ce qu'il y a de meilleur dans ce recueil. On a du surnaturel soft, du body-horror, des fantômes sur le ton de la comédie, du drame ou du récit intime. Il y en a pour tous les goûts.
Et c'est aussi sa limite car le lecteur peut avoir ses préférences et donc trouver que telle ou telle nouvelle est trop longue car ni le thème ni le ton ne lui conviennent. Il y a eu de ça pour ma part, les nouvelles les plus longues n'ayant pas été celles qui m'ont le plus intéressées.
Ce qui m'a le plus gêné, c'est l'arrêt du fil rouge Mille et Une Nuits à trois nouvelles de la fin, d'autant plus qu'il n'est absolument pas résolu. le pourquoi reste un entier mystère.
Les Antipodes: Ils vont naître, les divins enfants...
Voici le roman qui est incompréhensible si on n'a pas lu les précédents.
Pagel reprend des personnages et des événements des tomes 2 à 4 pour une histoire de Jésus 2 le retour et l'Antéchrist. On a le droit à la conception des deux enfants et au combat que mènent leurs parents. Et on est très clairement dans la première partie d'une histoire qui se poursuivra dans d'autres romans. Enfin j'espère. Parce que sinon, je ne comprends pas trop le projet.
C'est du pur roman fantastique/horreur, avec des démons et des meurtres. le côté du Bien fait un peu pâlot en comparaison même si Pagel lui adjoint des personnages particuliers. On s'amuse raisonnablement, on rigole plus qu'on frémit, tout ça ne prête pas trop à conséquence. J'aurais aimé être plus impliqué mais je pensais plus au jeu de rôles In Nomine Satanis/Magna Veritas qu'à La Malédiction ou L'Exorciste lors de ma lecture.
Donc on verra où nous mènera cette histoire et si le fait qu'un des protagonistes s'appelle Arthur, a une soeur qui s'appelle Morgane et le père Pendrague a un quelconque intérêt.