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Johan Frederik Hel Guedj (Traducteur)
EAN : 9782383611509
352 pages
Globe (13/10/2022)
4/5   7 notes
Résumé :
Julia Keith est en train de déballer un lot de décoration acheté 5 dollars chez Kmart - une affaire - lorsqu'une lettre tombe du paquet ? : "? Ce produit est fabriqué par l'Unité 8, Département 2, Camp de travail Masanjia, Shenyang, Liaoning, Chine. ? " Le lanceur de cette bouteille à la mer ?? Sun Yi, un ingénieur détenu à Masanjia, l'un de ces milliers de laogais - camps de rééducation par le travail forcé - qui quadrillent la Chine et où sont emprisonnés quelque ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La lecture étant avant tout pour moi un loisir, et un moyen de me détendre, je ne lis qu'occasionnellement des témoignages, enquêtes ou récits de vie, préférant, de loin, la fiction. Mais, de temps à autre, j'aime aussi me documenter sur des sujets qui m'intéressent ou m'interpellent. Et la masse critique non fiction de Babelio est idéale pour cela, il faut le dire. Et ce livre est l'un des très rares qui avaient attiré mon attention lors de la MC de février.

Imaginez que vous venez d'aller faire quelques courses dans votre supermarché et que vous en avez profité pour acheter deux ou trois décorations de fête pour l'anniversaire de votre enfant.

Imaginez qu'en ouvrant l'un des sachets contenant des petits chapeaux pointus, une feuille mêlant notre alphabet et quelques idéogrammes chinois, tombe du sac.

Imaginez que vous la ramassez. Dans la plupart des cas pour la jeter à la poubelle sans l'ouvrir, cette feuille étant sans doute un avertissement écrit dans plusieurs langues et indiquant d'où vient le produit (de Chine bien souvent) et que les éléments que contient le sachet ne conviennent pas aux jeunes enfants.
Mais là, non, vous l'ouvrez et remarquez qu'il s'agit en réalité d'un appel au secours, écrit aux risques et périls de son auteur, un homme ou une femme étant interné dans un laogai (entendez par là un camp de travail forcé chinois, l'équivalent des goulags soviétiques) pour des raisons idéologiques, politiques ou religieuses.

Et bien cette histoire n'est pas une fiction, elle est arrivée en 2012 à Julia Keith, une ménagère américaine qui venait de déballer un lot de décoration d'Halloween acheté pour quelques dollars deux ans auparavant. Et au lieu de faire l'autruche, de glisser cette information sous le tapis, elle a décidé de faire connaître cette missive, point de départ d'une enquête menée par Amelia Pang, journaliste d'investigation d'origine ouïghoure et chinoise. Et je dois dire que ce que révèle ce livre fait froid dans le dos mais n'est aussi, malheureusement, ni nouveau ni rare.
Nous, consommateurs occidentaux, savons bien que ce que nous achetons à bas prix ne provient pas d'usines où les personnels sont correctement traités ou payés, et nous doutons aussi, dans une certaine mesure, que ces produits peuvent être confectionnés dans des prisons situés à l'autre bout du monde. Mais nous préférons nous taire, fermer les yeux (et je m'inclus dedans bien entendu).
Et je trouve, justement, que c'est l'une des grandes forces de ce livre : Amelia Pang ne se cantonne pas de raconter l'histoire de ces camps de travail (qui peuvent s'assimiler à des camps de la mort) mais balaie toutes les étapes et tous les acteurs participant, bien souvent à leur corps défendant et sans le savoir, au fonctionnement de ce système. du « travailleur » obligé au consommateur, elle détaille minutieusement chaque partie grâce à un travail d'enquête fouillé, documenté et précis. Il n'y a qu'à voir le glossaire en fin d'ouvrage pour se rendre compte à quel point cette enquête fut menée sérieusement, en vérifiant les sources.

Et puis, aussi, elle parvient à captiver son lecteur en alternant les chapitres sur les laogais, ses dérives, leur conception, le rôle (actuel et futur) du consommateur dans cette chaîne avec des chapitres consacrés à Sun Yi, l'auteur du message trouvé dans le kit de décoration de Julia Keith.

Avec ce livre, vous avez entre les mains une enquête foutrement bien menée, passionnante, foisonnante, qui ne peut que vous faire vous poser des questions sur vos propres façons de consommer.
Samedi dernier, je suis rentrée dans un magasin où j'avais repéré une veste. J'avoue avoir réfléchi à deux fois avant de l'acheter, j'avais encore ce livre en tête. Et je dois bien admettre que, désormais, je ne jetterai plus les petits papiers avec des idéogrammes chinois sans les avoir à minima ouverts et parcourus avant.

En bref, une lecture très intéressante, très instructive. Je loue, encore une fois, le travail minutieux de l'auteure. Ne vous fiez pas à sa couverture colorée qui attire le regard, ce qui y est raconté est bien plus sombre, je dois aussi mettre en garde sur certains passages de torture (et oui, pour ceux qui en douteraient encore, on n'est pas aux pays des licornes magiques ici) qui ont été pour ma part assez difficiles à lire (mais, lorsqu'il ne s'agit pas de fiction, je suis assez sensible aux scènes pénibles, arrivant parfaitement à les imaginer, allant jusqu'à ressentir parfois physiquement de la douleur).

Un grand merci à Babelio pour la masse critique ainsi qu'aux éditions du Globe pour l'envoi de ce livre.

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« C'est en 2013 que j'ai appris l'existence de cette lettre de détresse trouvée dans un article de Kmart par la presse américaine. Sun Yi n'était pas le premier à envoyer un message depuis un goulag chinois, mais le fait qu'il ait été un dissident religieux emprisonné pour ses convictions et son militantisme, et non un criminel violent, rendait cette missive plus difficile à oublier. »
Tout commence lorsqu'une consommatrice américaine, une mère de famille déballant des décorations d'Halloween, trouve un message rédigé en anglais et en chinois, faisant état de travail forcé dans l'usine qui a produit ces objets bon marché. le texte est précis, nommant l'unité de production et signalant que les ouvriers travaillent 15 heures par jour, subissent coups et tortures, et ne sont emprisonnés qu'en raison de leurs convictions religieuses. Ce sont en effet des adeptes du Falun Gong. La consommatrice va alerter la presse, et une journaliste se mettre en quête de Sun Yi, l'auteur de la lettre.
Le texte de ce documentaire est très dense et contient énormément d'informations parfaitement étayées sur les usines qui ont recours au travail forcé en Chine, et sur les entreprises qui profitent de cette marchandise à bas prix, et pour cause : les travailleurs ne sont pratiquement pas payés et poussés à des cadences inhumaines. L'autrice montre bien comment la consommation effrénée, la « fast fashion », pousse les industriels à sous-traiter vers des sites de production qui sont des camps de travail, sans le savoir, ou en ne voulant pas le savoir ; le système est de toute façon très opaque. Les individus emprisonnés actuellement dans les laogai sont soit issus de les minorités ethniques, soit de communautés religieuses, soit des pétitionnaires ou des opposants politiques.
Ce document éclaire vraiment sur ces pratiques honteuses, et sur tout ce qui est mis en oeuvre pour que les pays occidentaux ne fassent plus appel à de tels sous-traitants. Evidemment, un livre ne peut tout régler d'un coup, mais il y contribue un tant soit peu. Certains passages sont très durs à lire, et le destin de Sun Yi brise le coeur, mais le livre se termine sur une légère note d'espoir : « Tout cela commence par de modestes changements émanant de chacun d'entre nous. »
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Malgré une couverture colorée et une quatrième de couverture digne d'un roman, ce livre - qui n'est pas une oeuvre de fiction - décrit une réalité bien sombre. Avec « Made in China », paru en français à l'occasion de la rentrée littéraire 2022, la journaliste américaine Amelia Pang, dont les origines sont ouïghours et chinoises, propose un essai fort bien documenté sur le travail forcé des prisonniers d'opinion et des minorités ethniques en Chine.

Le livre débute en 2012 avec Julia Keith, une ménagère américaine qui découvre dans un paquet de décorations d'Halloween bas de gamme - produit évidemment importé de Chine - une lettre écrite trois ans plus tôt dans un mélange de mauvais anglais et d'idéogrammes chinois. Son auteur, Sun Yi, est un ingénieur détenu depuis 2008 dans un camp de travailleurs forcés à Masanjia (province du Liaoning) qui tente tant bien que mal d'interpeller le consommateur étranger sur ses conditions de vie. L'affaire devient très rapidement médiatique. Est ainsi révélé au grand public, l'existence de ces camps de rééducation par le travail forcé qui quadrillent la Chine.

Cet appel à l'aide est le point de départ d'une minutieuse enquête sur la violence du quotidien et les conditions d'hygiène déplorables de ces milliers détenus dans ces « goulags chinois » qui participent aux exportations économiques florissantes du pays. Ils sont brutalisés, mal nourris et travaillent plus de quinze heures par jour - sans repos hebdomadaire - pour fabriquer des produits d'exportation à vil prix (jouets, vêtements, composants électroniques, etc.).

Le point de départ et le travail éditorial laissent à penser qu'il s'agit d'une oeuvre de fiction mais il s'agit bien malheureusement de faits réels, comme expliqué dans l'épilogue. Chaque chiffre, témoignage ou affirmation est d'ailleurs documenté dans un glossaire très complet en fin d'ouvrage.

Le travail de documentation est colossal et il faut bien avouer que le lecteur a parfois l'impression de lire une thèse sur le sujet. Reste que la thématique y est passionnante et, surtout, la journaliste américaine Amélia Pang ne se contente pas de constater l'existence de ces camps. Elle en explique les raisons et envisage des solutions pour encourager une évolution de la part des autorités Chinoises à ce sujet.

Amelia Pang considère notamment que les consommateurs doivent agir à leur niveau pour dénoncer et boycotter les entreprises chinoises utilisant de véritables esclaves modernes. Elle propose également la création d'un label « sans Laogai » pour promouvoir les entreprises et les marques vertueuses.

Cette « consommation éthique » pourrait ne pas être si dérisoire qu'elle le paraît à première vue car la Chine, pays fortement exportateur, n'est évidemment pas insensible à la perspective de moindres débouchés commerciaux en Occident.

Une prise de conscience des consommateurs s'impose d'autant plus que les Chinois se sont jusqu'ici adaptés sans trop de difficultés à une législation occidentale peu regardante, dans les faits, sur les conditions de production des marchandises.

Ce travail de sensibilisation d'Amelia Pang mérite donc d'être amplement diffusé afin que les consommateurs occidentaux s'interrogent en conscience sur l'origine réelle des produits « made in China » qui leur sont proposés.

Une enquête journalistique passionnante qui allie à la fois la force romanesque d'un roman et la pédagogie de haut niveau, caractéristique d'un essai. Malheureusement, ce livre est injustement passé inaperçu malgré un sujet plus que jamais d'actualité.
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Les éditions globe publient un ouvrage percutant. Une enquête vertigineuse et documentée dans laquelle le lecteur se trouve impliqué grâce à la naïveté des premières pages. Comment réagir lorsqu'en ouvrant un lot de décorations d'Halloween vous découvrez un mot rédigé par un ouvrier d'un camp de travail ? L'autrice nous fera découvrir la vie de Sun Yi, l'auteur du mot. Elle reprend l'histoire du camp de Masanjia
Ce livre dénonce l'emprisonnement, la torture. le livre s'achève sur ce que nous pouvons faire. Après une démonstration comme celle-ci, on doit surtout ne pas rien faire. Se renseigner, consommer moins ou autrement, mais agir! Ce livre n'est malheureusement pas une fiction. Vous êtes avertis.
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Nous commençons avec une jeune femme qui découvre un petit papier ou on y mit une demande d'aide rédigé en anglais et en chinois.
Ceci pourrait être le début d'un thriller mais c'est malheureusement un témoignage ! Cette jeune femme va alors alerter la presse et nous allons alors avoir ici un documentaire très complet et bien rédigé.
Nous allons y découvrir les conditions de travail dans une usine en Chine, on se doute de certaines choses mais pas de tout ce qu'on va lire !
Un documentaire très bien refuge avec certains passages assez durs...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
C'est en 2013 que j'ai appris l'existence de cette lettre de détresse trouvée dans un article de Kmart par la presse américaine. Sun Yi n'était pas le premier à envoyer un message depuis un goulag chinois, mais le fait qu'il ait été un dissident religieux emprisonné pour ses convictions et son militantisme, et non un criminel violent, rendait cette missive plus difficile à oublier. 
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Les individus emprisonnés à l'heure actuelle dans les camps du laogai peuvent être grosso modo répartis en sept catégories: prisonniers politiques ; pratiquants de religions interdites; minorités ethniques; pétitionnaires; travailleurs migrants; délinquants juvéniles et criminels d'âge adulte, catégorie qui inclut les petits délinquants ou les prostitué(e)s.
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En d'autres termes, les raisons pour lesquelles des fournisseurs chinois sous-traitent à une main-d'oeuvre composé de travailleurs forcés nous mènent tout droit vers la masse des consommateurs de la planète: c'est-à-dire vers nous, tous, et nos comportement d'achat. Dans notre recherche insatiable du design, de la technologie, de la version ou de l'appareil le moins cher et le plus récent, nous avantageons les entreprises qui proposent les prix les plus bas et vendent les derniers modèles.
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En 2008, la fondation examina des listings chez Dun & Bradstreet, une société qui communique des données commerciales et financières pour aider les marques à établir des relations avec leur fournisseurs, et elle découvrit que plus de deux cent cinquante camps de travail figuraient sur plus de trois cent listings commerciaux.
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Les marques H & M compte à peu près dix-neuf usines à Shanghai et près de cent quarante autres dans les provinces avoisinantes. La quasi-totalité de ces usines sont à une heure et demie de route (ou même moins) de prisons, de centres de détention préventive ou de 'centres de désintoxication'.
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