Que dire de ce livre sinon que c'est une petite pépite d'écriture, de finesse, d'analyse de sentiments. Ce livre est un hommage à sa grand-mère « qui s'est battue contre Alzheimer » mais pas que.
En tant que lecteur, on est happé par l'amour indicible du père pour sa fille, ce père trop tôt veuf, qui sera à la fois le père et la mère de cette petite Gabrielle.
« Alors que toi…toi, tu as été mon père et ma mère, et puis tous les frères et soeurs que je n'ai pas eus. Tu m'as offert la première danse à mon mariage. Ma première boite de tampons. Mon premier vélo.Tu as été mon
Père Noël, ma petite souris, mon confident, mon meilleur ami, mon partenaire de boxe, mon pri,ce charmant, mon pilote, mon héros, ma bonne fée… »
Et des années plus tard, la petite Gabrielle qui a fait son chemin, va entreprendre un merveilleux voyage avec son père pendant que celui-ci possède encore quelques lueurs de lucidité, ce voyage à la fois compliqué mais tellement bienfaisant.
« Gabrielle ne l'avait jamais vu pleurer ainsi, au point de ne plus tenir debout, même quand elle a eu son bac avec mention, même quand elle a décroché polytechnique, même quand elle s'est mariée, il ne pleurait pas ainsi, et pour ces seules larmes, elle se dit qu'elle a eu raison d'écouter son instinct, et d'entreprendre avec lui cette folle bifurcation. »
Entre ces deux épisodes nous suivons l'évolution de Gabrielle et de son père, la réussite professionnelle pour elle et la dure réalité d'ouvrier pour l'autre, les amours de l'une et le difficile veuvage de l'autre. Nous touchons du doigt la réalité des différences de classe que ce soit pendant les études ou dans la vie professionnelle.
Enfin, ce récit, dans la droite ligne de son précédent et premier roman « je ne m'attendais pas ça », (que je n'ai pas lu) met en exergue le rôle dédié au père et tous les clichés véhiculés dans la société qui lui donne un second rôle.
Ce livre qui n'est pas larmoyant je vous rassure, mais touchant, est donc une magnifique ode à la paternité.