Les pendus du Val-sans retour

Un enquêteur perturbé comme on en trouve dans tous les bons (enfin, bons...) romans policiers, spécialement français, empêtré dans son passé douloureux, et, en prime, trafiquant de drogue, poursuivi à ce titre par l'inspection Générale des Services et par des truands vengeurs jusque dans la forêt de Brocéliande où ils mettent l'enquête sur une série de crimes inquiétants mêlés de légendes bretonnes.
Ça n'est pas mal raconté, l'écriture est alerte et le protagoniste si méchant qu'on finit par s'attacher à lui. Mais une fin escamotée, on pourrait même dire une absence de fin, où la plupart des fils de l'intrigue ne sont pas dénoués.
Je sais bien que dans la vie il n'y a jamais de vraie fin, mais nous entendons d'un livre qu'il aille tout droit comme un train et nous amène à une destination, pas qu'il nous largue en rase campagne.
On regrettera aussi une présentation caricaturale de la Bretagne, qui a quand-même un peu changé depuis le dix neuvième siècle.
Quant aux légendes évoquées, on aimerait bien savoir où l'auteur en a trouvé trace
On lui signalera aussi que le breton n'a jamais été parlé à Paimpont, même au Moyen-âge, qu'il est donc improbable que le capitaine de police soit affublé d'un sobriquet breton par les autochtones, que Paimpont est à l'intérieur des terres et que les anciens marins y sont rares (*)
En revanche on apprend beaucoup de choses sur l'argot gitan (quoique si l'auteur connait les gitans aussi bien que les Bretons..)
En revanche la misère et l'abandon où on laisse agoniser la France périphérique sont assez bien vus
Je pointerai aussi la présentation caricaturale de l'extrême droite.Enfin il est vrai que sur ce point on a le droit et même le devoir de raconter n'importe quoi, à condition que ce soit défavorable bien sûr.
Une qualité cependant : le livre est bref, d'autant qu'un quart environ consiste en extraits d'autres livres de l'auteur ou du même éditeur.
En me relisant, je me dis que je suis un peu injuste. Après tout j'ai lu le livre sans déplaisir C'est comme pour la cuisine, un peu de junkfood n'est pas désagréable de temps en temps (non,pas McDo, quand même!)
(*) Dans la Bretagne traditionnelle, les relations entre Armor (les côtes) et Argoat (l'intérieur) étaient très limitées.'Les choses ont bien sûr changé

Il me prend de plus en plus régulièrement l'envie de découvrir soit le fond d'une maison d'édition, soit d'une collection ou encore les prémices (oui, elle était facile) de la bibliographie d'un auteur que j'apprécie plus que d'autres.
J'ai découvert le talent de Frédéric Paulin grâce aux Editions Agullo qui ont publié son époustouflante trilogie sur le terrorisme et qu'on nomme souvent la trilogie Benlazar.
Toujours chez Agullo, Frédéric Paulin nous faisait retourner à Gênes en juillet 2001 lors du sommet du G8.
L'auteur sait comme personne retranscrire des morceaux de notre Histoire et créer des personnages qu'on n'oublie pas tant il leur a donné de la substance et une place dans cette Histoire qu'on a parfois côtoyé sans réaliser la trace indélébile que le moment laissera.
Bref, c'est du travail, du talent.
J'ai donc voulu voir ce que ces prémices donnaient et j'ai commencé par ce roman policier de 2012 se passant dans la Bretagne magique, dans et autour de la mystérieuse forêt de Brocéliande. Là-bas est réaffecté un flic qui est sous le coup d'une enquête de l'IGS. Ni le personnage, ni la trame policière en elle-même n'est originale, soyons honnête. Mais l'auteur aborde aussi des thèmes plus intéressants.
Tous ceux qui vivent et gravitent autour d'un lieu touristique ou emblématique le savent : tout n'est que poudre aux yeux et attrape couillons (pardon, attrape touristes). Derrière ce rideau de légendes, mystères, se cachent la pauvreté, le racisme omniprésent, les malversations des élus locaux, régionaux et parfois encore plus haut. Cela dissimule aussi l'ennui, les jeunes n'ont rien à faire, pensent n'avoir aucune opportunité et la drogue, l'alcool et l'attrait de l'argent facile font gonfler les stats de la petite délinquance.
Commettre des meurtres, des agressions, peut ne relever finalement que d'un passe-temps ou d'un moyen pour attirer plus de touristes avides souvent de tourisme « morbide », en quête de montées d'adrénaline et peu importe si en face il y a eu de vraies victimes.
Ça ne vous a jamais choqué vous de voir que des bus remplis de touristes allaient sur des lieux où ont eu lieu des massacres, allaient visiter des camps de concentration ou des villages cimetières ?
A Brocéliande c'est comme ailleurs, la Bretagne mystique souffre aussi de tous les maux dont tous les pays souffrent aujourd'hui.
Frédéric Paulin nous l'écrit avec certes une écriture qui manquait un peu de caractère propre mais qui donne à ce roman une qualité qui fait que vous le lisez avec un réel plaisir.
J'en ai d'autres en réserves… je me réjouis d'avance.
Difficile, voir quasiment impossible à trouver en papier, existe en numérique.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..

Petit polar, un policier ripoux (trafic de drogue, meurtres) est nommé à Rennes pendant l'enquête de l'IGS à son sujet. La forêt de Brocéliande est le théâtre de meurtres étranges, voire irrationnels.
Le livre mélange tous les genres (flic ripoux aux méthodes violentes, politique avec l'extrême droite, mythologie ...), l'écriture est assez simpliste, bourrée de clichés éculés, heureusement le livre est court, ce qui permet de s'accrocher à l'histoire et de le finir vite.
La fin est abrégée et n'apporte pas d'explications. Dommage !
Dernier détail, dans ce coin de la forêt de Brocéliande, tout le monde semble comprendre le breton gaélique (dans une région qui ne l'a jamais parlé dans l'histoire), je vis dans une région bretonnante et peu de gens le comprennent encore.
Encore un détail, le nombre de chargeurs et de balles du capitaine ripoux est impressionnant, il doit se promener avec une valise de munitions.

Un très bon polar, du moins au début, car le livre est très court et la fin nous laisse sur notre "faim". J'ai beaucoup aimé l'histoire, mais le dénouement est particulier et gâche ce livre à mon gout.