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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici le deuxième volet de l'ambitieux triptyque de Frédéric Paulin, sur la matrice du terrorisme islamiste qui sévit actuellement. Arguant du fait qu'on ne peut comprendre le présent qu'en se référant au passé, La Guerre est une ruse était formidable dans sa façon de présenter la décennie noire algérienne des années 1990 comme préfigurant une nouvelle ère. Prémices de la chute l'est tout autant.

Cette fois, si l'Algérie est toujours au menu avec l'épisode de l'assassinat des moines de Tibhirine, la focale se déplace vers d'autres territoires pour couvrir la période 1996 – 2001 avec en point d'orgue final, les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Cette plongée au coeur de la naissance d'al-Qaida comme franchise du djihadisme mondialisé s'ouvre par la porte d'entrée de l'ex-Yougoslavie, en pleine guerre de Bosnie et du siège de Sarajevo où combattent les brigades el-Moudjahidim, composées d'étrangers djihadistes. C'est là que la nébuleuse al-Qaida apparait pour la première fois. Al-Qaida met le feu à différents foyers. Direction le Pakistan et les grottes de Tora Bora en Afghanistan.

Une nouvelle fois, Frédéric Paulin maitrise avec brio et rigueur un matériau documentaire d'une rare densité et complexité. Et pourtant, jamais le lecteur ne se perd dans ce compte à rebours captivant dont on connait l'issue. Il entremêle personnages réels ( par exemple, Zacarias Moussaoui, Français lié aux attentats du 11 septembre, condamné à perpétuité après son arrestation en août 2001, dont on suit le parcours ) et fictifs parfaitement crédibles. Ce sont ces derniers qui nous guident dans les méandres tortueux de l'Histoire. On retrouve l'agent de la DGSE Tedj Salazar mais c'est le journaliste Réif Arnotovic, tuyauté par Tedj, qui nous entraîne dans ses investigations de terrain, notamment au Pakistan et d'Afghanistan lorsqu'il parvient à infiltrer un camp d'entrainement djihadiste dans l'espoir d'interviewer Oussama Ben Laden .

L'auteur fait le choix de plus aérer son récit, notamment avec le personnage de Vanessa, fille de Tedj et compagne de Réif. Pas forcément nécessaire, j'ai tendance à préférer le récit pur et dur centré sur les faits d'actualité, mais ce procédé est très malin pour injecter du romanesque aux côtés de ses deux anti-héros masculins, victimes des circonstances mais têtus pour témoigner de la violence et de l'absurdité des hommes qui font la guerre. le récit est brillant du début à la fin, mettant en lumière, sans complotisme, la cécité des gouvernements occidentaux et l'arrogance de leurs services secrets, CIA en tête, les empêchant de saisir la portée de ce qui est en train de se tramer.

Prémices de la chute peut se lire indépendamment de la Guerre est une ruse, mais il me semble préférable de lire dans l'ordre chronologique pour avoir une idée complète de la période décrite. N'importe comment, c'est tellement passionnant que ce serait dommage de se priver d'une lecture aussi intelligente et puissante, surtout qui permet d'appréhender les enjeux géopolitiques actuels. Je compte bien poursuivre avec le dernier volet du triptyque, La Fabrique de la terreur qui couvre la période 2010-2015

Lu dans le cadre du jury Prix Bureau des lecteurs Folio policier RTL 2021 #6
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Seconde lecture de Frédéric Paulin .
J'avais beaucoup aimé La guerre est une ruse
Je reste aussi enthousiaste avec Prémices de la chute
Pour faire simple, le livre raconte la montée en puissance d' al Qaida entre 1996 et 2001
Vous croyez avoir tout vu ou tout lu sur le sujet
Détrompez vous.Avec Frédéric Paulin, vous allez parcourir le monde pour découvrir une tentaculaire organisation
J' ai repensé à l'extraordinaire enquête, en 4 gros tomes , de Yves Courrière sur La guerre d'Algérie et sur la structure, l'organisation et le financement du FLN lors de la lutte pour l' indépendance
Frédéric Paulin a fait un travail de recherche colossal et complexe
Ce travail impressionnant aurait pu aboutir à un livre assez indigeste pour ceux qui ne maîtrisent la géopolitique
Mais Frédéric Paulin considère que son lectorat est intelligent et qu'il lui doit un livre de qualité tout en étant facile et fluide
Le pari est parfaitement tenu
Il a l'intelligence d' aérer son texte au point d'en faire un véritable thriller
Immersion totale dans ce monde pourtant opaque
Tout le livre est basé sur une documentation sans faille ( on pense à DOA ,Cédric Bannel ou Olivier Norek)
Il y'a de beaux moments de suspens et de tension notamment quand nous nous retrouvons dans les grottes de Tora Bora, l'antre de Ben Laden
C'est aussi un livre qui met en perpective la réalité du terrorisme islamique qui a sa propre structure très éloignée des univers maffieux ou militaires
Ce qui peut donner froid dans le dos , c'est la minutie dans la préparation d' un attentat et l'intelligence stratégique des leaders
Vous avez compris .C'est formidable,intelligent , irréprochable dans les détails historiques
Malgré la complexité du propos , le lecture s'est fait avec une grande aisance
Il me reste à lire la suite , 3° tome d' une trilogie ambitieuse mais ce livre, Prémices de la chute peut se lire sans connaître le premier tome
Un livre que je vous conseille vivement
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Dans ce roman qui couvre la période allant de 1996 à 2001 – c'est à dire la période pendant laquelle se met en place la machine de guerre qui aboutira aux attentats du 11 septembre 2001, autrement dit les prémices, littéralement, de la chute de cinq avions -, celles et ceux qui ont vécu cette période redécouvrent tout ce qu'ils n'ont pas compris alors. Et le sinistre aveuglement de ceux qui étaient censés éviter que l'on en arrive là… Dans le premier tome, on avait déjà découvert – ou redécouvert – la coupable naïveté de ceux qui ne voulaient pas croire aux liens étroits entre les services secrets algériens et les islamistes ; ici c'est toute la montée d'Al-Qaïda qui nous est décrite. Côté américain, la CIA ne transmet pas ses informations au FBI, alors qu'ils savent que des terroristes sont arrivés dans le pays. En France, la DGSE ne prête pas foi aux informations que Tedj Benlazar envoie depuis Sarajevo ; la DST n'autorise pas le commissaire Fell à pousser l'enquête…

C'est une faillite en millefeuille qui nous est présentée, alors que Réif, Tedj et quelques rares autres essayent de faire entendre leur voix. Mais les Pasqua, Marchiani et consorts occupent le devant de la scène et préfèrent faire de la petite politique dans leur coin.

Pour ceux qui étaient déjà nés à cette période et en âge de suivre l'actualité, tout cela vous rappellera des souvenirs : la guerre en ex-Yougoslavie, les moines de Tibhirine, et, pour terminer le roman, le tragique décompte de cinq avions qui s'écrasent un certain 11 septembre. Vous ne pourrez pas ne pas être saisis par ce moment quasi-unique dont chacun se souvient : impossible d'oublier où et quand vous avez appris ces attentats…

Le premier tome était déjà très réussi. Mais celui-ci m'a semblé encore plus abouti, au point que je l'ai dévoré en à peine 48h. La tension est permanente, on sent bien que l'on avance progressivement vers l'inévitable, ce qui contribue à renforcer le sentiment d'urgence que l'on ressent en lisant.

Les personnages qui étaient déjà présents dans le premier tome sont encore creusés ; ceux qui apparaissent prennent leur place. Dans le rôle du journaliste aigri, Réif Arno est tout à fait crédible ; la façon dont il accepte d'être « manipulé » en échange d'un scoop dont il espère qu'il relancera sa carrière l'est tout autant…

Bref, ces Prémices de la chute constituent vraiment un excellent livre, pour toutes celles et ceux qui veulent mieux comprendre comment on en est arrivés à la situation qui prévaut aujourd'hui…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Franchement, je crois qu'il y aura chez moi un avant et un après Prémices de la chute. En effet, ce livre m'a vraiment ouvert les yeux sur les rouages des réseaux djihadistes, leurs origines, leurs modes opératoires, l'itinéraire des hommes qui les composent.
Il permet aussi de mieux comprendre le rôle des différents services comme ceux de la DST ou de la DGSE, la façon dont ils fonctionnent, leurs prérogatives, leurs dissensions.
Frédéric Paulin se sert donc de l'histoire récente pour nous plonger dans ce qu'on peut imaginer de pire et vraiment, ÇA-FOUT-LES-JETONS !!!
1996. Réif Arnotovic, dit Arno, journaliste à La Voix du Nord, a bien du mal à percer dans le métier et rêve d'un article dans Libé ou le Nouvel Obs. Une nuit, son patron le réveille et lui demande de filer à Roubaix où des policiers se font descendre à la Kalachnikov. A priori, ce sont les mêmes malfrats qui ont braqué une supérette la semaine d'avant à Wattrelos. Arno se rend sur place, prend quelques photos, mais en termes d'infos, la récolte reste maigre. Alors, il tente une visite à un petit truand qu'il connaît un peu, un certain Saïd Ben Arfa qui est en lien avec certains milieux de la banlieue lilloise. Après la fermeture du Macumba où il travaille, ledit Saïd invite Arno à faire un petit tour dans sa BM. Ce qu'Arno va apprendre est pour le moins incroyable : les gars qui s'attaquent aux supérettes de la région reviennent d'ex-Yougoslavie. Ce sont des petits Français, convertis à l'Islam, qui ont appartenu à la brigade El Moudjahidin constituée d'étrangers musulmans en provenance de différents pays. Ils ont en effet aidé l'armée bosniaque à combattre les Serbes puis, après les accords de Dayton, sont rentrés chez eux, avec leurs armes de guerre. Maintenant, ils amassent de l'argent en braquant des commerces. Leur but ? Faire leur djihad. Des noms ? Oui, Saïd en connaît : Lionel Dumont, Christophe Caze et d'autres encore.
Soudain, notre petit journaleux prend peur : et si Saïd avait trop parlé ? Et s'il allait maintenant, en pleine nuit, le zigouiller et le laisser mort sur l'autoroute ? Soudain, Saïd arrête sa BM, fait descendre Arno et l'assomme...
Si notre journaliste local a de toute évidence de quoi faire un très bel article sur ce gang de Roubaix qu'on va vite surnommer les Ch'tis d'Allah, il a le sentiment qu'il doit aussi prévenir le commandant Laureline Fell qui bosse à la DST et s'intéresse de près à ce qui se trame dans le milieu islamiste lillois. Elle-même est en contact avec un certain Tedj Benlazar qui, de Sarajevo, lui transmet des infos sur les liens entre ces gars et Al-Qaïda.
Réif Arno ne sait pas qu'il vient de mettre le doigt dans un terrible engrenage qui va le mener aux portes de l'enfer, de la Bosnie aux grottes de Tora Bora, dans les montagnes d'Afghanistan où se cache un certain Ben Laden, et ce qu'il va découvrir alors est à peine croyable, oui, à peine croyable…
Et c'est peut-être ça, au fond, le problème : qui va accepter d'accorder un peu de crédit à ce petit journaleux qui commence à avoir de très très inquiétants pressentiments ?
Comme je le disais au début de l'article, ce roman m'a fait prendre conscience de la façon dont ont émergé les réseaux islamistes. J'avoue que ma lecture des premières pages s'est accompagnée de quelques recherches complémentaires qui m'ont permis de faire des mises au points historiques et de réaliser - à ma grande stupeur parfois !- que tel fait évoqué par l'auteur N'ÉTAIT PAS de la fiction!!! Sachez aussi que le lecteur dispose d'un glossaire à la fin du roman. C'est précisé au début mais je ne l'avais pas vu !
En tout cas, ce qui m'a frappée, c'est l'immense naïveté ou l'inquiétant aveuglement des gouvernements qui - et malgré les informations abondantes dont ils disposaient - semblent n'avoir pas vu ( ou voulu voir) le pire qui se profilait à l'horizon tandis que, d'après l'auteur en tout cas, certains avaient parfaitement tout prévu. Vous me direz : comment peut-on imaginer l'impensable ? Oui, bien sûr… Néanmoins, je m'étonne de cette cécité générale, les États-Unis (la CIA) en tête d'ailleurs, certainement à cause de stupides rivalités entre services secrets (rivalités qui apparaissent bien dérisoires quand on en connaît les terribles conséquences, à savoir les attentats du 11 septembre !) La citation placée en épigraphe : « Seuls les gens normaux ne savent pas que tout est possible » de David Rousset laisse penser qu'au fond, malgré leurs agences de renseignement et leurs armées suréquipées, les grandes puissances occidentales peinent à empêcher le pire.
Et c'est bien là tout l'enjeu du roman : comment, avec les informations dont ils disposent, les états peuvent-ils agir efficacement face à un mal protéiforme, complexe et du coup presque insaisissable ?
Un roman d'actualité extrêmement documenté qui mêle habilement fiction et faits réels : une lecture passionnante, terrible, qui fait froid dans le dos...

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Tome 2 de la trilogie dédiée aux origines du terrorisme islamiste. On y retrouve bien sûr Tedj Benlazar, agent de la DGSE, qui a l'air de s'être réconcilié avec son passé et qui opère depuis cette fois la Bosnie en pleine guerre et il s'avère que sa connaissance du terrorisme algérien l'aidera ici à remonter les filières islamistes installées en Bosnie pour faire reculer les Serbes. Et puis un nouveau personnage fait son entrée, Reif Arno, français d'origine bosniaque, journaliste pour des gazettes régionales et qui aspire à faire le reportage de toute une vie alors qu'un gang d'islamistes français sévit à Roubaix et qu'il gagnera des informations précieuses sur cette affaire et son instant de gloire avant ses voyages en Bosnie, Pakistan ou Afghanistan. On retrouve aussi la fille de Benlazar : Vanessa, étudiante en journalisme justement. On sent que le 11 septembre se rapproche et qu'il en a eu de nombreux signes avant-coureurs souvent négligés par les autorités compétentes.

Encore une fois, des pages qui se tournent très vite, un roman dont la lecture est à cent à l'heure, avec du suspense et des personnages principaux attachants. Les chapitres défilent et on est plongé dans la genèse du terrorisme islamiste, ça en est même passionnant d'autant plus que l'auteur se base sur de nombreux faits et personnes réels, c'est presque un roman historique agrémenté d'une part de fiction.

Une lecture addictive dont je vais m'empresser de lire le dernier tome !
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Premier romancier français à intégrer le catalogue de la maison d'éditions Agullo, on peut dire que Frédéric Paulin a marqué les esprits avec La Guerre Est Une Ruse (Agullo 2018), premier opus d'un triptyque annoncé s'attachant à dépeindre la trajectoire des mouvances de groupuscules terroristes djihadistes qui ont frappé les pays occidentaux durant ces trois dernières décennies. Posant un regard éclairé sur la période trouble de la guerre civile en Algérie, durant les années 90, Frédéric Paulin mettait en lumière les curieuses accointances entre le GIA et les colonels "janvieristes" jusqu'au point de bascule où le combat s'exportait sur le territoire français en suivant la trajectoire d'un certain Kaled Khelkal alors que le roman s'achevait le 25 juillet 1995 avec l'attentat du RER B à Saint-Michel. Encensé autant par la critique que les lecteurs qui ne se sont pas trompés en lui attribuant de nombreuses récompenses dont le prix des lecteur Quai du Polar ou le Grand Prix du Roman noir français du festival de Beaune, c'est peu dire que l'on attendait la suite d'un roman exceptionnel qui nous laissait sur le carreau. Deuxième tome qui peut se lire indépendamment du premier, Prémices de la Chute débute en 1996 avec les attaques d'un curieux gang sévissant du côté de Roubaix en braquant des supermarchés et des fourgons blindés à coup de Kalachnikov et de lance-roquettes.



En janvier 1996, il ne fait pas bon se promener dans les rues de la banlieue de Roubaix où un bande de malfrats sévit en n'hésitant pas à tirer sur les forces de l'ordre au moyen d'armes longues automatiques. Journaliste local, Réif Arno va rapidement prendre conscience qu'il ne s'agit pas de braqueurs ordinaires en découvrant que certains d'entre eux ont combattu en ex-Yougoslavie au sein de la brigade El-Moujahidin, une milice extrémiste de l'armée bosniaque. Même si les autorités semblent minimiser l'importance du phénomène, la commandante Laureline Fell va s'intéresser à ce groupuscule djihadiste que l'on surnomme les « Ch'tis d'Allah » et trouvera pour cette quête solitaire un appui en la personne de Teij Benlazar, agent de la DGSE, stationné à Sarajevo. Dans les décombres de la capitale bosniaque Teij va rapidement mettre à jour les liens qui unissent les anciens combattants de la brigade avec Al-Qaïda, une organisation terroriste encore méconnue dirigée par un certain Ben-Laden qui se terre dans les montagnes d'Afghanistan. Pour le journaliste et les deux agents français, il ne fait aucun doute que quelque chose se trame dans les grottes de Tora Bora. Probablement un attentat d'une autre ampleur qui impactera le monde occidental de manière définitive.



Puiser dans la masse de documentation pour décortiquer les pans de l'histoire contemporaine du terrorisme djihadiste afin de l'insérer dans une veine romanesque c'est tout le talent de Frédéric Paulin qui nous entraine dans les méandres de l'organisation Al-Qaida qui prend de plus en plus d'importance tandis que le GIA continue à sévir en Algérie. En se focalisant sur l'enlèvement des moines de Tibhirine en 1996 et sur la mise en oeuvre des attentats du 11 septembre 2001, l'auteur s'attache surtout à dépeindre les rivalités entre les différents services secrets des pays occidentaux. Au gré des dissenssions et des défiances misent en exergue, on percoit ainsi le désarroi de ces agents de terrain à l'instar de Laureline Fell ou de Teij Benlazar dont les initiatives et autres prises de risque déplaisent à sa hiérarchie mais surtout aux instances politiques qui vont jusqu'à demander son exclusion de la DGSE. Fragilisé, marginalisé, ce personnage central du premier opus laisse davantage de place à d'autres protagonistes comme sa fille Vanessa entretenant une relation avec le journaliste Réif Arnotovic qui s'intéresse au profil des membres du gang de Roubaix pour ensuite entreprendre un reportage en Afghanistan du côté des grottes de Tora Bora, même si les médias ne manifeste encore que très peu d'intérêt pour le sujet. du côté de la police, confrontée à cette violence d'une tout autre nature, on suit donc l'enquête menée par le lieutenant Riva Hocq et le commandant Joël Attia qui semblent dépassés par l'ampleur du phénomène. Ainsi, au gré des parcours de ces personnages s'intégrant dans une habile mise en scène mêlant fiction et faits d'actualité on croise quelques individus inquiétants comme Lionel Dumont et Christophe Caze formant le noyau dur du gang de Roubaix, ou Khalid Cheikh Mohammed l'un des leaders de l'organisation al Qaïda. Mais comme Khaled Kelkal dans La Guerre Est Une Ruse, c'est autour de la trajectoire de Zararias Moussaoui que se met en place la trame de Prémices de la Chute où l'auteur nous présente ce jeune jeune homme plutôt intriguant qui prend des cours de pilotage aux Etats-Unis en négligeant tout ce qui à trait au décollage et à l'atterissage.



S'inscrivant dans la même veine que le premier volet du tryptique, Prémices de la Chute égrène donc avec une redoutable efficacité toute une série d'événements annonciateurs du terrible cataclysme du 11 septembre 2001 qui va conclure le roman. Peu importe d'en connaître la finalité, puisque Frédéric Paulin s'attache surtout à décortiquer les faits d'actualité en les insérant dans la trame romancée du récit avec un texte captivant et dynamique qui ne peut fonctionner sans l'aide de quelques hasards circonstanciés que l'on ne saurait reprocher à l'auteur, tant l'ensemble fonctionne parfaitement pour nous entrainer dans ce sillage mortel et dramatique nous laissant le souffle coupé en attendant la suite qui concluera ce tryptique saisissant.



Frédéric Paulin : Prémices de la Chute. Agullo Editions 2019.



A lire en écoutant : Lazarus Man de Terry Callier. Album : Welcome Home (Live at the Jazz Cafe, London). 2008 Mr Bongo Worldwild Ltd.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Bureau des lecteurs.
Bilan 6 : Il s'agit du tome 2 d'une trilogie qui emmène le lecteur dans les souterrains des réseaux djihadistes, Frédéric Paulin a déjà gagné quelques prix avec le tome 1. C'est une découverte totale pour moi !

+ : L'auteur est présenté comme un grand raconteur d'histoires, je confirme… La fiction mêlée à la réalité est ici parfaitement maîtrisée, ce thriller politique est un page turner. On sent évidemment que c'est hyper documenté et précis mais que ça coule aussi comme n'importe quel roman noir…

- : Au départ ça parait abscons… et ça ne ressemble pas forcément à un thriller… les lieux, les évènements, les personnages sont parfois difficiles à identifier, c'est complexe et riche. Et puis un thriller sur un sujet aussi délicat et malheureusement d'actualité ne fait pas forcément envie…

Au final, un récit impressionnant, maîtrisé et dynamique sur un sujet dramatique qui a marqué chacun de nous, le 11 septembre 2001.
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Je commence la sélection du Prix du bureau des lecteurs Folio RTL 2021 avec ce roman noir historique. Ce genre, que je connais moins, m'a permis de mieux comprendre l'organisation terroriste islamiste Al-Qaïda et comment réagissent les services secrets occidentaux. J'ai senti qu'il me manquait des connaissances en histoire et géopolitique notamment sur les conflits en ex-Yougoslavie et les tensions liées à l'islamisme. J'ai pourtant trouvé le roman grandiose. Une histoire poignante basée sur l'histoire contemporaine et sur de nombreux faits réels. Ce livre est très instructif pour mieux discerner le terrorisme, ses origines et ses idéologies ainsi que la difficulté en France et aux Etats-Unis à lutter efficacement contre. Cette fois-ci pas de Happy-End mais un récit loin d'être ennuyeux. Enquêtes, espionnage et frisson sont au rendez-vous. Même s'il n'est pas très rassurant je le recommande à tout le monde. Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, il est le deuxième tome d'une trilogie consacrée à l'exploration des origines de la terreur contemporaine.
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Après l'excellentissime La guerre est une ruse, j'étais impatiente de lire la suite.

Tedj Benlazar n'est plus en Algérie mais en ex-Yougoslavie ou la guerre fait rage. Sa fille Vanessa s'éprend d'un journaliste de la Voix du Nord qui couvre les faits divers.

En janvier 1996, dans la banlieue de Roubaix, à Croix, deux malfrats tirent à l'arme automatique sur des policiers lors d'un banal contrôle routier. Reif Arno, le journaliste remonte leur piste et découvre derrière ces deux braqueurs une entreprise terroriste qui échappe encore aux radars du renseignement français.

Au fil des années, jusqu'en 2001, la petite organisation Al-Kaïda va prendre de l'ampleur.

J'ai aimé suivre Reif Arno, journaliste un peu pataud que son beau-père Tedj envoie en Afghanistan, son amour torride avec Vanessa.

J'ai découvert Zacarias Moussaoui, petit gars de Narbonne qui n'a pu aller au bout de sa mission du 11 septembre, son parcours à Londres dans le Londonistan, et sa préparation en Afghanistan.

Gh'zala, dont Tedj était amoureux en Algérie, y vit toujours et lutte contre le Code la famille imposée aux femmes par le régime Bouteflika.

Benlazar se fait plus discret, qui disparait dans la France profonde en Haute-Loire, mais qui continue, à sa façon et grâce à Reif, d'alerter ses anciens camarades sur le nouveau terrorisme.

Un récit mené tambour battant, alternant les personnages et faisant défiler les années jusqu'au bouquet final tragique.

Ce second volet, plus proche de moi dans le temps, m'a aidé à mieux comprendre le conflit en ex-Yougoslavie et ses répercussions actuelles, mais aussi le mode de préparation des attentats et l'inertie des services secrets américains.

Un roman fort riche et documenté qui se lit comme un polar.

J'ai hâte de découvrir le dernier tome de cette trilogie : se déroulera-t-il en 2020 ou plus tard ? Quels seront les réseaux terroristes à l'oeuvre ?

L'image que je retiendrai :

Celle des grottes de Tora-Bora où Reif se retrouve retenue, attendant une hypothétique interview. L'hiver, il y fait très froid, le climat servant de rempart naturel à toute intrusion ou tentative de fuite.

Quelques citations :

Un peu comme en Algérie, il faut suivre l'argent. (p.61)

Les militaires sont derrière toute chose en Algérie, capitaine. On dit « le GIA », mais c'est les militaires, en fait. p.126)

Il songe que celui qui cesse d'être ton ami ne l'a jamais été. C'est Shakespeare ou Aristote qui l'a dit. Les Algériens et les Français n'ont jamais été amis, c'est vrai. (p.127)
Lien : https://alexmotamots.fr/prem..
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Ce roman est la suite de "la guerre est une ruse" qui traitait de la naissance du terrorisme islamiste en Algérie dans les années 1990. Il vaut mieux respecter la chronologie de la trilogie, donc. La Concorde instaurée lors de la victoire de Bouteflika, sorte de pardon, remet de l'ordre dans le pays et les combattants islamistes, plus en odeur de sainteté, vont aller s'entraîner et se battre ailleurs, en Bosnie, contre les Serbes. Tedj Benlazar est envoyé à Sarajevo de la DGSE pour surveiller ces mouvements qui peuvent avoir des incidences sur le territoire français. Il surveille donc la brigade El Moudjahidin, composés de 10000 combattants, veritable internationale du Djihadisme.
En France, de janvier à mars 1996, "le gang de Roubaix" sévit dans le nord de la France, devalisant les supérettes discount. Francais de souche, pour la plupart, leur but est de financer le Djihadisme. Lorsqu'une fusillade éclate avec la police, Reif Arnotovic, journaliste est envoyé sur les lieux pour faire un article sur les "ch'tis d'Allah".
A partir de là, il va s'intéresser avec l'aide "lointaine" de Benlazar aux liens entre ces islamistes français qui se sont formés en Bosnie et l'organisation al Qaïda, qui se structure depuis le Pakistan. Il va, un peu malgré lui (il ne se sent pas l'âme d'un héros), se retrouver dans des hauts lieux du Djihadisme : à Sarajavo en Bosnie, où s'entraînent les djihadistes les plus durs, dans les montagnes de Tora Bora au Pakistan l'antre de Ben Laden et ses lieutenants, à Londres (Londonistan) où sévit la faction européenne islamiste. Petit à petit, dans cette enquête dangereuse, que personne (DST, DGSE, CIA ou FBI) ne prendra assez au sérieux, il découvre ce qui deviendra une opération islamiste d'envergure mondiale : l'objectif de Ben Laden est d'attaquer les U.S.A.
On en connaît l'histoire : le 11 septembre 2001, les terroristes enverront des avions s'écraser sur le World Trade Center, le Pentagone, la Maison Blanche, et le Capitole (cet avion, le vol A93 n'y arrivera pas car des passagers avaient repris son contrôle avant que les terroristes l'écrase en rase campagne).
Le roman retrace donc l'histoire de ces terroristes français (gang de Roubaix), saoudiens pour la plupart, emirati, libanais, égyptien (attentats du 11 septembre). L'enquête décrit les étapes de cette catasphophe mondiale, et l'émergence d'al Qaïda. C'est évidemment noir, très noir. Mais il y a aussi une belle histoire entre Reif et Vanessa, la fille de Benlazar. Un peu d'amour dans ce tourbillon de haine de fanatiques islamistes radicalisés ne fait pas de mal. C'est très bien écrit, sans temps mort, un concentré historique clair et vivant, et qui nous amène à réfléchir sur l'(in)action politique des États, bien renseignés pourtant par leurs services secrets.
Ce roman historique est à lire, pour l'excellente qualité narrative. Il constitue aussi un excellent rappel de ces années 90, de la naissance d'Al-Qaïda. Les attentats du 11 septembre justifieront la déclaration de guerre des USA à l'Afghanistan en 2001. Ironie du sort : le gouvernement US avait financé les Seigneurs de Guerre talibans pour lutter contre les Soviétiques en 1979. Les islamistes qui s'y étaient battus ont, par la suite, voyagé d'Asie vers l'Europe, en l'Afrique jusqu'aux Etats Unis. C'est une suite d'attentats, de victimes, de malheur qu'à essaimé cet islamisme fondamentaliste. Frédéric Paulin écorne aussi la géopolitique des puissants, celle qui construit l'ordre (ou le désordre) mondial.
Passionnant !
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