Pour avoir aidé Bavette à avoir mis bas son veau, Robert Peck, douze ans, se voit remettre par son voisin Mr Tanner, un petit cochon. Il l'appelle Rosy et s'adapte très vite au porcelet qui devient vite, une belle truie.
Vie et mort d'un cochon, ce n'est pas seulement la vie d'un cochon mais aussi celle De Robert. Nous sommes dans le Vermont, au début du XXe siècle (années 20 le président du moment est Calvin Cooleridge), sa famille fait partie des derniers Shakers, une branche aujourd'hui disparus des chrétiens américains. Les préceptes sont assez précis comme la disposition des animaux de la ferme, ou la simplicité de leur habitat. L'adolescence de Robert n'est pas de tout repos, il peut aller à l'école mais en rentrant, il aide son père à la ferme. Il connait bien la vie des animaux de la nature ainsi que celles de leur ferme. Avec Rosy, il vit la fin de son enfance et des moments magiques... On le sent vraiment très proche de l'animal.
J'ai beaucoup aimé ce roman jeunesse, il est très dur, manque parfois un peu de descriptions, de détails temporels pour aider à se repérer mais il sonne vrai. Il a sans doute des accents autobiographiques, le narrateur s'appelle Robert Peck comme l'auteur. Je ne sais pas s'il existe une suite à son enfance en tout cas, c'est une belle lecture !
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- [...] Je suppose que les humains sont les seuls créatures qui protègent ainsi tout ce qu’elles possèdent.
- Tu te trompes.
- Les animaux ne dressent pas de barrière.
- Mais si. Au printemps, un rouge-gorge femelle ne volera vers un mâle que s’il possède un territoire dans les bois. Il faut qu’il le protège.
- Tiens, je ne savais pas ça.
- Sais-tu ce que dit le rouge-gorge quand tu l’entends chanter ? « Cet arbre est mon domaine. Défense d’approcher. » Ce chant est sa barrière.
- Ça alors !
Nous remplacions un poteau de la clôture qui séparait le terrain de Mr. Tanner du nôtre.
- C’est drôle qu’il y ait des clôtures, tu ne trouves pas ? dis-je soudain.
- Pourquoi ?
- Eh bien, vous êtes amis, Mr. Tanner et toi. Voisins et tout. Pourtant, nous maintenons cette barrière comme si c’était la guerre. [...]
- C’est une guerre pacifique. Tel que je connais Benjamin Tanner, il se fera plus de mauvais sang que moi si ses vaches viennent brouter mon maïs en herbe. Il sera plus embêté que si c’était le contraire.
- C’est un bon voisin, papa.
- Et, comme moi, il veut une clôture entre nous. Il sait bien qu’une clôture unit les hommes et ne les sépare pas.
- Je n’avais jamais vu les choses de cette façon.
- Il est temps de le faire.
Mr. Tanner sortit une petite boule soyeuse de sous sa veste : un petit cochon tout blanc, avec un groin et des oreilles roses. Il y avait même une mince raie rose dans la fourche de ses pattes.
- Vous voulez dire que ce cochon est à moi ?
- A toi, mon garçon. Et c’est bien peu de chose pour le service que tu m’as rendu.
- Mon Dieu, mon Dieu ! Merci, oh merci, Mr. Tanner.
Je le regardais de tous mes yeux. Il était magnifique, mon petit cochon, bien plus beau que Bavette et que ses deux veaux ; plus beau que Salomon, notre bœuf, que Daisy, notre vache laitière. Plus beau que tous les chiens, chats, poulets ou poissons du monde. On aurait dit un bonbon rose et blanc.