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sur 773 notes
Simon Muchat est un auteur de bandes dessinées. En mal d'inspiration depuis plusieurs mois, il n'arrive pas à faire quoi que ce soit et, en plus, il trouve mauvais tout ce qu'il a fait jusqu'ici. Sa vie est bancale aussi, il se demande s'il doit continuer à vivre avec Claire, d'autant plus que celle-ci le bouscule un peu pour qu'ils achètent une maison ensemble. Mais, pour ce faire, Simon doit demander de l'argent à son père qu'il ne voit qu'occasionnellement, ce qui ne sera pas chose facile. Pour occuper son temps, Simon donne des cours de dessin dans les écoles, ce qui ne l'enchante pas plus que ça. Invité au mariage de sa cousine qu'il n'a pas vu depuis 20 ans et n'ayant plus aucun contact avec sa famille, il explique à Claire qu'il ne compte pas s'y rendre. Chez sa psy, qu'il voit depuis deux ans, il lui explique qu'il sent comme un vide en lui, qu'il ne se sent nulle part chez lui et n'arrive pas à s'attacher aux gens. C'est alors que Simon se rend au Portugal, son pays natal, pour un festival de BD où il doit dédicacer son dernier album...

C'est lors d'un festival de BD au Portugal que Pedrosa imagine la genèse de cet album. Autobiographique, l'auteur nous présente Simon Muchat, un dessinateur d'origine portugaise mais vivant en France. Même si une certaine part de fiction semble de mise, ceci ne fait que romancer un peu plus ce one-shot. Ce sera lors du mariage de cette cousine puis de son voyage au Portugal que notre héros commencera à s'intéresser à sa propre famille. Pourquoi a-t-elle quitté le Portugal ? Dans quelles circonstances ? Qu'est devenue sa famille restée au pays ? Notre héros va alors commencer un long chemin vers le passé et vers ses origines.
Le dessin, quant à lui, est tout simplement magnifique: des palettes de couleurs tantôt sombres tantôt lumineuses, un trait fin et délicat, des superpositions incroyables, un cadrage subtil, une mise en page originale... bref, pas moins de 260 pages de pure merveille ! Pedrosa a su se renouveler au fil des planches et on en prend plein les mirettes !
Il nous offre un récit introspectif passionnant, efficace, réconfortant, chaleureux et profondément humain.

Portugal... retour aux sources...
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Trentenaire auteur de bandes-dessinées, Simon mène une existence sans saveur. Il semble avoir perdu le goût de ces petits riens qui font le sel de la vie. Il n'a plus envie de faire d'autres bouquins, il n'a pas vraiment envie d'acheter une maison avec sa petite amie, il n'a pas vraiment envie de se fixer, il n'a pas vraiment envie, il n'a pas vraiment d'envies… de quoi a-t-il envie ? Il ne le sait pas lui-même… Invité à se rendre au Portugal, terre de ses ancêtres, à la faveur d'un festival, il va, sur place, se trouver comme submergé par une vague de bien être, une sorte de plénitude inattendue…

Une langue et des accents chantants, des odeurs enivrantes, des couleurs chatoyantes et soudain, c'est toute son existence qui reprend des couleurs, les couleurs du soleil, du sable et de la terre, les couleurs chaudes de son Portugal

« J'étais fasciné et heureux. Un vrai crétin. Et je me demandais bien d'où venaient cette étrange colère, puis cette douce mélancolie qui m'étaient tombées dessus sans crier gare en moins de vingt-quatre heures. »

Le mariage d'une cousine en Bourgogne va le conforter dans son envie, lui apporter un regard nouveau, une foultitude de questions sur la famille, le passé, ses racines et le conduire à nouveau au Portugal.

« C'est vrai… C'est des vielles histoires. Mais ce sont les nôtres… »

« Tu sens cette odeur ? [..] Ça sent la rivière. J'avais oublié comme ça sentait bon... »

Des personnages forts, attachants, auxquelles on ne peut que croire et qui emportent facilement notre affection. En ce qui me concerne, j'ai particulièrement apprécié le cousin Alessandro dont j'ai immédiatement entendu, et pour longtemps, résonner à mes oreilles le verbe haut et l'accent chantant.

« - Je fais le cours de philo pour mes étudiants le matin, mais après c'est bon.
- Tu travailles pas dans un vidéo-club ??
- Sim. Les deux, mon cousin, les deux… Professeur de philosophie et le vidéo-club, le fin de semaine… Hé… C'est le Portugal. »

D'inspiration autobiographique, toute ressemblance avec l'histoire de Cyril Pedrosa, l'auteur, n'est pas purement fortuite… Douces réminiscences, saveurs oubliées qui ressurgissent, travail sur la création, la famille, les racines, l'histoire d'un peuple, Portugal, c'est tout ça et beaucoup d'autres choses encore à côté desquelles il serait vraiment dommage de passer. du concentré de bonheur et à la deuxième lecture, c'est encore meilleur !

Portugal, un vrai régal !


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Dessinateur de BD en mal d'inspiration et en pleine crise existentielle, Simon est un trentenaire incapable de s'engager, de s'investir émotionnellement. C'est au cours d'un voyage au Portugal, le pays de ses grands-parents, que celui qui n'a plus goût à rien va peu à peu commencer à se retrouver lui-même.

Avec ce récit en partie autobiographique, Cyril Pedrosa a voulu mettre en images un choc émotionnel (la découverte du pays dont il est originaire) et les conséquences qui en ont découlées. L'exercice n'est pas aisé tant cet album traitent de sentiments difficiles à retranscrire en dessins. Comment en effet décrire le cheminement d'un homme en quête de sens, en rupture, qui n'arrive pas à entretenir des relations stables avec les gens qui l'entourent ? Comment illustrer les silences, les non-dits et la solitude ? Tout simplement en ne se posant pas trop de questions, en laissant aller son imagination et son pinceau. le résultat est assez bluffant, ressemblant à bien des égards à un morceau de jazz qui laisse libre court à l'improvisation tout en s'appuyant sur une ligne mélodique des plus solides. Mais Portugal n'est pas qu'un album introspectif. C'est aussi une réflexion sur les liens familiaux, le rapport au père et le rapport à ses racines, la vie de couple, la carrière. Il y est aussi question d'immigration, du fait que derrière les chiffres du ministère se cachent des destins d'hommes ou de femmes. Une histoire finalement universelle dont de nombreux aspects m'ont rappelés l'excellentissime Daytripper découvert il y quelques semaines.

Quelques mots sur le dessin. Les planches ont été réalisée sur deux A3 superposées l'une au dessus de l'autre, ce qui a permis à Cyril Pedrosa de se sentir à l'aise dans chaque case. le trait est relâché, souvent proche du crayonné. L'auteur reconnaît et assume, selon ses propres mots, des « proportions foireuses » et des « perspectives merdiques ». Au final, on retient une certaine élégance graphique, une réelle liberté de création et le besoin de s'affranchir de la tendance actuelle obligeant à faire en sorte qu'il se passe toujours quelque chose sur chaque planche. Dernière petite précision, alors que les couleurs ne sont pas ma tasse de thé, je dois reconnaître qu'elles tiennent ici un vrai rôle dans la narration.

Portugal est donc un roman graphique dense, très construit malgré son apparente nonchalance. Il installe définitivement Cyril Pedrosa dans mon panthéon personnel des auteurs contemporains incontournables auprès de Chabouté, Rabaté, Tardi, Davodeau, Lax ou encore Michel Plessix.

Un dernier mot pour féliciter l'éditeur qui a choisi de publier ce récit en un seul tome plutôt que de le découper en tranches afin, par exemple, d'en faire une trilogie. C'est une initiative devenue tellement rare qu'elle mérite d'être soulignée.


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Portugal de Cyril Pedrosa .
Je continue mes lectures de romans graphiques , dans ce cas précis c'est un énorme recueil de presque 300 pages , le point positif , relevé dans une autre critique , c'est qu'on ne doit pas attendre des mois pour attendre la suite , et ce récit se lit facilement d'une traite , pour moi c'est un gros avantage .
L'auteur aborde des sujets sensibles dans son récit , la difficulté de s'engager dans la vie , d'acheter une maison , de construire quelque chose comme lui dit sa compagne .
Acheter une maison , payer pendant 25 ans , avoir des enfants , s'engager dans la belle aventure mais si difficile vie de couple , tout ça fait peur à Simon .
Plus que tout Simon n'a plus envie de rien , il se sent vide , inutile , il n'arrive plus à écrire , il végète en donnant des cours dans une école , se persuadant que ça lui plait .
Bref Simon vit une crise existentielle grave , la perte d'espoir , la perte de repères , de confiance en lui qui le paralyse
Simon choisit la fuite en avant , cette voie sans issue , si peu épanouissante .
Lors du mariage d'une cousine , la famille est réunie presque contre son gré , on ne peut pas dire que le père de Simon soit fort famille , d'ailleurs son couple à éclaté , il vit maintenant avec une femme beaucoup plus jeune , ce qu'il n'assume pas vraiment comme on va s'en rendre compte .
Le père qui se réfugie dans son travail , beau prétexte pour prendre la fuite et rentrer à Paris un jour plus tôt que prévu .
Tiens donc est il possible que Simon et son père partagent l'envie de fuir .
L'auteur nous montre sans avoir l'air d'y toucher que nos comportements sont bien plus proches que ce que nous pensons , eux aussi se transmettent .
Les souvenirs reviennent , souvent embellis par le temps , ah le dialogue succulent sur le couple des grands parents de Simon , couple idéal ou pas selon le point de vue de leurs enfants adultes aujourd'hui .
C'est très justement écrit , non à l'époque , on n'avait pas vraiment le temps de réfléchir sur son couple , on passait sa vie ensemble tout simplement , mais ce n'était pas nécessairement mieux .
Et puis le hasard s'en mêle , mais y - a - t- il vraiment de hasard ? , et Simon va retourner au Portugal , pays natal de son grand père qu'il n'a pas connu , pays qu'il a visité enfant avec ses parents .
J'ai particulièrement aimé le passage où il retrouve une sensation pas très agréable qu'il avait ressenti enfant , lors d'un voyage de ce voyage justement .
Oui Simon enfant ultrasensible , aux antennes acérées devine sans pouvoir y mettre des mots le malaise de son père quand celui ci retourne au Portugal .
Moment difficile des retrouvailles en famille , où on fait surtout semblant pour sauver les apparences , où se rejouent inexorablement les conflits d'enfance non résolus , pourquoi la mère a toujours préféré un de ses fils , question qui n'aura jamais sa réponse .
Quand Simon arrive au Portugal , les émotions , les sensations sont fortes , il y a la langue chantante qui le trouble , il ne comprend pas mais a un vague souvenir de son voyage enfant, il se sent en pays connu , les odeurs , la saveur des plats , ah les fameux pasteis de natas , il est submergé de souvenirs enfouis.
Et puis sans le faire consciemment , il entreprend un travail de mémoire , il va à la recherche du passé , se demande pourquoi son grand père a quitté le Portugal avec son frère , pourquoi son frère est finalement revenu au pays .
Le temps a passé et Simon ne peut que faire des suppositions , aidé de vieilles photos .
Oui il y a des questions qui resteront sans réponse , et cela dans toutes les familles , encore plus dans les familles qui ont quitté leur pays .
Il y a dans le meilleur des cas des photos , des brides de souvenirs qui nous réchauffent un peu le coeur.
Il y a aussi ce sentiment de honte dont se souvient Simon , il était gêné par le fort accent portugais de sa grand mère exilée en France .
Il y a encore beaucoup de choses à dire mais je m'arrête là , je voulais partager cette lecture avec vous .
En résumé une BD qui aborde des thèmes sensibles avec beaucoup de pudeur .
Je dédie cette critique à un ami qui accepte mes moments de doute , ma petite crise existentielle à moi .
Et j'oublie , je ne l'ai oublié de le faire lors de ma précédente critique , je vous souhaite à tous une année remplie de découvertes livresques en tout genre , et bien sûr de partager vos lectures .
Pour ma part je réserverai une grande place aux romans graphiques , genre qui me séduit de plus en plus .



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Une longue bande dessinée sur l'identité, le retour aux source. Il nous raconte le long cheminement de Simon vis à vis de ses origines portugaises, du reniement, de l'oubli, au le respect, à la curiosité. C'est raconté sous forme de tranches de vie, d'une vie très ordinaire, plein de pudeur, de silences, d'errements, de non-dits, avec un jeu de couleurs, d'ambiances, un graphisme parfois brumeux pour les moments d'isolement, plus marqué pour les ambiances de groupe. C'est beau et subtil, il faut prendre le temps de se laisser parfois endormir par l'histoire, et de se laisser envouter par ce rythme lent pour en absorber toute la richesse. Ce n'est que longtemps après la lecture qu'on en aperçoit sa véritable dimension.
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Cette bande dessinée est un pavé, un ouvrage lourd, qui contient beaucoup de pages, mais surtout beaucoup d'histoires, de sentiments, de réflexion.

Portugal est un récit sensible sur les origines et la filiation et toutes les difficultés qui entourent le passé. L'auteur nous mène à la rencontre de Simon, un trentenaire en manque de motivation que ce soit sur le plan professionnel ou personne. Peu à peu, il glisse dans la torpeur se laisse porter par le quotidien sans jamais accepter de s'engager dans quoi que ce soit.

Une invitation à un mariage, anodine de prime abord, lui servira de déclic pour partir à la découverte de son passé familial et de lui-même. Ce passé, il l'avait oublié par manque d'intérêt, parce que pour lui ce n'était pas important. Petit à petit ce voyage au Portugal, qu'il entreprend un peu à l'aveuglette, va le transformer, lui révéler bien plus que ce qu'il espérait.

L'illustration peut paraître au départ un peu brouillonne, nonchalante, elle est en fait très riches en détails oscillant entre réalisme et onirisme, nous entrainant dans l'univers de Simon, à travers la France et le Portugal. Les couleurs sont parfois vives, parfois pastelles et changent en fonction des atmosphères, pour notre plus grand plaisir.

Cyril Pedrosa est une vraie révélation, pour moi, j'avais déjà lu Trois ombres que j'avais apprécié, et je suivrai maintenant cet auteur de près !
Lien : http://calokilit.wordpress.c..
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Indispensable ! Cet ouvrage devrait avoir sa place dans toute bibliothèque parce qu'il nous parle de nous avec pudeur et émotion d'un trait fin et de splendides couleurs qui expriment la beauté des saisons, des lumières du petit matin comme celles ombrées d'un garage-cellier quand sa porte s'ouvre par un bel après midi d'été .
Il est à la mi-temps de sa vie, pas loin de la maturité (?) quand un voyage professionnel va le plonger dans le Portugal de ses origines, déjà un peu lointaines. Et les parfums et les sons de son enfance, quand il y venait en vacances, lui reviennent en bouquet. Il pourrait en rester là, sauf que quand le "destin", le "hasard" s'y met...Un mariage d'une cousine perdue de vue le précipite (presque au sens chimique du terme) dans ces histoires de famille, celles que tout un chacun a écouté d'une oreille distraite et qui tout à coup l'interpellent, le font se décider à profiter d'une opportunité pour aller rencontrer ces cousins du Portugal qu'il n'a jamais rencontrés. Et là ce n'est que du bonheur, pour lui ce héros de tous les jours et pour nous, lecteur émerveillé.
Le texte est tout en émotions et pudeurs, complètement servi par le graphisme. Ces traits légers dessinent des silhouettes presque transparentes, noyées dans la foule ou isolée sur une plage par une belle nuit d'été, juste le trait fin sur un fond de couleur. Ce sont des pages entières qui ont la même couleur de fond, si bien choisie pour évoquer un moment, une ambiance.
Et quand il se sent perdu, mal à l'aise, cette difficulté, cet ennui, cette souffrance l'auteur nous la fait palper en dessinant son personnage en train de se trouver de plus en plus immergé dans une eau froide qui monte, monte, le recouvre et lui flotte dans un monde nautique où il divague...
Rares sont les auteurs comme Cyril Pedrosa capables de maîtrise la couleur avec autant de brio, d'en faire un vecteur d'émotions, au point de faire ressentir au lecteur les odeurs, entendre les bruits environnant, sentir la chaleur ou le froid ou l'humidité ambiante.
A lire et à relire pour peut-être trouver une réponse à la question philosophique "Est-ce que je suis le pays où je suis né ...ou Est-ce que JE SUIS, peu importe le pays ?".
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Cette BD fait l'unanimité, je serai donc la voix discordante.

La forme est en effet sublime, les planches de toute beauté, une atmosphère d'une grande poésie picturale se dégage tout au long du récit, avec une recherche sur la couleur qui m'a complètement séduite.

Mais toutes les qualités graphiques de Pedrosa ne suffisent pas à sauver son récit aussi creux qu'une calebasse. S'il suffisait de mettre en scène un paumé en recherche pour faire un bon scénario, cela se saurait! le récit s'englue, la narration déficiente se veut le reflet des humeurs dépressives du personnage, un no-life personnifié. le problème est que l'on se fout de la pseudo-évolution de ce type comme de sa dernière biture. Un mec mou, passif et paumé sur 261 pages, ça fait long.
Pour ma part, je suis restée sourde au "pet de vie" qui émerge finalement dans son monde intérieur… un peu comme si la vision d'une réelle forme de vie était encore à venir…

Dommage donc que le propos ne soit de loin pas à la hauteur du dessin.
Mon verdict avant lapidation : Dessin 5/5, scénario 1/5.
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Superbe roman (autobio)graphique. Simon Muchat, auteur de bande dessinées, en plein désarroi, questionnement, se cherche. A l'occasion d'un court séjour au Portugal dans le cadre d'un salon de bande dessinée auquel il est invité, il découvre ce pays, ses ambiances, ses couleurs, ses gens et petit à petit c'est son passé qui ressurgit et qu'il va redécouvrir. Cette démarche de recherche et de souvenir lui permettra de se retrouver. Une histoire très tendre et nostalgique pleine d'espoir. Un dessin merveilleux, plein de couleur qui joue subtilement entre des dessins très oniriques, des graphismes très stylisés, des mélanges d'aplat de couleur et du trait qui fait vibrer le dessin et donne à ressentir la chaleur dans les ruelles de Lisbonne, le chant des dialogues dans une langue que ne comprend pas Simon, mais aussi le froid de l'angoisse et de la solitude ou la douceur du vent dans les branches. Un magnifique album qui demande à être déguster page à page.
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« Portugal » est un roman graphique sorti il y a bientôt dix ans mais que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire. Voilà c'est chose faite et je ne regrette nullement mon escapade lusitanienne et cette plongée mordorée qui m'a fait oublier la grisaille au dehors ! Simon Mucha(t) est un auteur de BD trentenaire en panne dans sa vie professionnelle et personnelle. Englué dans une routine, il subit et n'a plus d'envies … jusqu'au jour où, invité dans un festival à Lisbonne, dans le pays d'origine de ses ancêtres, il se sent de nouveau vivant ; puis, quand il se rend au mariage d'un cousine qu'il n'a pas vue depuis vingt ans et retrouve sa famille paternelle, ses rancoeurs et ses non-dits, il va avoir envie d'en savoir plus sur son histoire.
*
Portugal c'est un peu le journal d'une dépression (ou plutôt « saudade » !) et d'une renaissance. Pour se trouver ou se retrouver Simon va effectuer un périple introspectif et se rendre dans le village de ses ancêtres à la rencontre de cousins qu'il ne connaît pas et qui l'accueilleront avec une chaleur dont sa propre famille semble dépourvue. Il va retrouver la lumière en la faisant sur son passé, sur sa famille.
*
La colorisation, le style du dessin lui-même (plus ou moins crayonné, avec ou sans décors) évoluent selon les états d'âme du personnage principal. On oscille entre les couleurs vives du Portugal, celles sépia des souvenirs et celles plus tourmentées à dominante verdâtre du marasme. le travail sur la lumière et sur le mouvement est remarquable ainsi que le jeu de transparences et l'utilisation de l'aquarelle.
*
La structure narrative en trois temps est aussi très aboutie. Trois "points de vue" se succèdent : celui de Simon avec ses souvenirs d'enfance et ses états d'âme de trentenaire, puis le point de vue de son père, au moment de l'épisode du mariage en Bourgogne et enfin le point de vue « recréé » d'Abel son grand-père, parti tenter sa chance en France dont le souvenir avait disparu, comme ses cendres. Ces trois chapitres sont autant d'étapes dans l'acceptation de soi grâce à un voyage à la fois réel et intérieur.
*
Pedrosa nous livre dans son épais roman graphique un beau récit qui évoque trois générations d'hommes et l'histoire familiale complexe d'immigrés Portugais. le récit est porté par des personnages fort bien croqués et pittoresques et surtout par des dialogues d'une grande justesse. Ceux qui sont en portugais ne sont pas traduits pour nous permettre de nous identifier au héros et plonger avec lui dans cet univers étranger et chantant. Les silences sont aussi très parlants …
*
C'est une fiction partiellement autobiographique à laquelle Cyril Pedrosa a consacré deux ans de labeur. Mais loin d'être nombriliste et autocentré, ce roman graphique est touchant par tous les thèmes qu'il aborde.
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