Dans le domaine de la bande dessinée, nous pouvons relever pas mal d'exemples d'autofictions ou d'autobiographies basées sur le retour aux origines, sur la quête d'identité, sur le passé... La bd semble être un média très apprécié pour parler des souvenirs, pour véhiculer cette quête intérieure qui anime (et, parfois, tourmente) les auteurs. Peut-être que la force de l'image est juste adéquate au traitement du souvenir... Dans la bd, on ne décrit pas la madeleine de
Proust, on la dessine.
Récemment, Pedrosa s'est fait remarquer pour son dernier titre L'âge d'Or sur un scénario de
Roxanne Moreil. Si vous avez aimé ce titre et le travail de ce talentueux dessinateur, alors plongez sans tarder dans cette aventure familiale qu'est
Portugal.
Il s'agit sans doute de l'oeuvre la plus personnelle ( et peut-être la plus aboutie) de Pedrosa. L'auteur s'inspire librement sans jamais s'aliéner au souci de vérité à sa propre expérience, son propre ressenti. Tout commence par une émotion ressentie durant un festival de BD à Lisbonne dans lequel l'auteur vient dédicacer un précédent titre. Cette émotion, c'est tout simplement l'impression d'être de retour chez soi ! A partir de là,
Cyril Pedrosa tisse le récit d'un homme, auteur de bd également, qui décide de renouer avec ce cher pays de son enfance. Pedrosa nous plonge dans une crise identitaire grisâtre avant de faire basculer cet album dans un flot de couleurs ensoleillées tout en harmonie avec les émotions ressenties par son personnage.
Si il y a bien une grande qualité apporté à ce roman, c'est avant tout la chaleur avec laquelle est tissée cette aventure, ce retour à la source.
Pedro est un très bon coloriste !! À partir d'un dessin délicatement imprécis, sous forme de croquis , il pose une palette de couleurs et de nuances significatives qui nous entraînent vers les différents états d'esprit de son personnage.
Cet album est juste un régal pour le regard.
Nous pouvons également souligner la bonne structure narrative faite en trois temps, trois "points de vue" qui viennent animer le récit et nous font basculer dans trois unités de lieux richement mises en scène. Ce "
Portugal" est très bien construit et Pedrosa évite toute lourdeur grâce à un rythme bien soutenue, des dialogues qui font mouches, des personnages attachants.
Que dire de plus ? Si vous êtes amateur d'autofiction, je vous conseille sans hésitez
Portugal. C'est pour moi un album tout simplement apaisant qui n'est pas enfermé dans un récit trop individuel ou passéiste ou quoi que ce soit... C'est tout simple un ode au "chez soi" , peu importe l'origine et la définition de ce retour à la source...