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3,68

sur 377 notes
Un petit livre pour un grand moment , pour un salut à ce frère aîné décédé, pour ce frère dont l'absence est un grand vide , un frère dont le " souvenir " se manifeste ici ou là , au gré d'un événement aussi anodin que le passage d'une voiture rouge par exemple ... on pourrait s'attendre à partager deux vies désormais séparées à travers les moments heureux , les farces d'enfant , les complicités dans les " bêtises " mais l'auteur , ne l'oublions pas , c'est Pennac et ce qu'il " doit à son frère ", c'est plus que ça et un voile de pudeur va s'installer devant nos yeux pour nous cacher la banalité d'une relation " normale " entre frères et nous " montrer " une relation plus " intellectuelle " , un legs littéraire illustré par l'hommage de Daniel à Bernard .Cet hommage solennel , c'est la "reprise " d'un texte adoré des deux frères :"Bartleby, le scribe " , une nouvelle d'Herman Melville , plus connu pour l'extraordinaire Moby Dick . A travers ce texte , intercalé entre des extraits plus " personnels " c'est toute la reconnaissance , l'amour partagé de deux frères pour la lecture , pour le partage avec un public , pour la vie qui éclate au grand jour . C'est tout simplement magnifique , pudique , fort , humain , triste...Pennac .
Vous l'aurez compris , je ne suis pas vraiment objectif mais , quand je lis un tel roman , j'ai la certitude que la littérature est un art .
Et puis , Pennac , depuis son " Comme un roman " , il a changé ou " mûri " mes réflexions , comme il a , ici , vous le verrez , " su amener " le public au...partage . Et ça , vraiment , c'est l'apothéose, la récompense au " conteur Daniel " et le " merci à Bernard " , ce frère dont on ne doute plus , à la fin , du rôle tutélaire essentiel, indispensable qu'il a pu jouer .
Un bien beau livre . Merci Messieurs .
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Mon frère est , dès le deuxième chapitre, une surprise: on attendait un recit intimiste, et, très vite, c'est un autre texte, un autre auteur qui prend le relais: on relit et on revit Bartleby, de Melville, qui a été monté, mis en scène et joué par Daniel Pennac seize mois après la mort de Bernard, son frère préféré, de 5 ans son aîné. C'est tout plein de ce vide - si j'ose dire- que Pennac a joué ce spectacle. 'Seize mois plus tard il me manquait encore quotidiennement. Mais il s'invitait souvent. Avec tact, je dois dire. Il s'installait discrètement en moi"écrit Pennac.

Certes, c'est un spectacle que Bernard aurait aimé, lui qui chérissait ce livre - Il avait même baptisé les petits gâteaux au gingengembre des "Bartleby" ...

Bernard était un frère protecteur, aimant, aimé - le préféré de ses frères et de ses parents- très taciturne, très peu disert sur lui-même, tout en tact, en ironie douce et en distance - mais aussi tout empli d'une souffrance, d'un malheur qui le dévorait peu à peu: un grand vide sentimental et conjugal.

Daniel, bouleversé par cette mort et par son incapacité à dire vraiment qui était celui qui lui manque si fort, entreprend de le retrouver à travers un texte qu'ils aimaient tous les deux.

De rechercher la clé de son mystère dans le portrait en creux du scribe Bartleby - celui qui préférerait pas..- un personnage touchant, attachant, un peu "christique" pour le pauvre notaire qui l'emploie et dont il frappe l'existence d'absurdité, de dérision et de tragique.

Nous relisons donc les pages de la nouvelle de Melville qui "entrelardent" un récit plus intime de Daniel sur Bernard - et , par le jeu de miroirs entre les deux textes, captons un peu de cette "humanité "- la parole ultime du notaire de Bartleby- de cette humanité immense du frère disparu , et beaucoup de la tendresse profonde, du désarroi, de l'impuissance de Daniel à trouver les mots pour dire ce frère chéri.

Court mais fort.
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La littérature est l'occasion rêvée de rendre hommage à un être cher, disparu, trop tôt. C'est un exutoire parfait pour l'auteur, qui laisse glisser la plume pour dire et alléger son chagrin, et comble le manque à coups de phrases et de souvenirs. La vertu thérapeutique de l'écrit.
Mais pour le lecteur, si la compassion peut être de mise, le deuil n'est pas le sien. L'être perdu ne l'est pas. Les mots ne soulageront pas la peine. Il faut donc que l'écrivain crée la connivence par un autre biais que la douleur partagée.

Daniel Pennac se livre ainsi à un exercice de style, qui mêle les souvenirs à la lecture publique de Bartleby le scribe, nouvelle mythique d'Hermann Melville, qui a fait et fait encore coulé beaucoup d'encre, tant le personnage énigmatique interroge , étonne, agace, surprend. Et le lien se fait naturellement, l'auteur revendique une construction « Marabout-bout de ficelle », dans une sorte d'écriture intuitive. le personnage de roman rejoint le frère perdu, pour s'y retrouver . Et Daniel Pennac prendra place du juriste de melville, déconcerté par ce qu'il ne comprend pas chez le scribe.

Derrière le texte, le lecteur perçoit la voix de l'auteur, imagine les intonations, ce qui donne encore plus de consistance à ce partage. le frère restera un inconnu, plus encore qu'il ne le fut pour ses proches, mais le manque aura pris corps.

Belle évocation également de ce que crée la lecture sur scène, les interactions avec le public, qui réagit à ce que l'acteur laisse entrevoir du personnage, comme si l'histoire se déroulait devant lui. Magie des mots.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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J'ai fais en même temps la connaissance de Bartleby et de Bernard, le frère tant aimé de Daniel... Les voilà déjà partis, à la fin d'un livre bref, généreux, et tellement touchant et doux.
Daniel, soir après soir, lis et joue Bartleby pour son frère qui n'est plus là. C'est à la fois sublime et déchirant, sans larmoyer, en restant dans cette sobriété, cette politesse extrême d'une grande et lucide intelligence.
Bernard, comme Bartleby, garde un certain mystère, une certaine distance... L'un dans la vie passée et l'autre dans la fiction d'antan. Et c'est Daniel qui fait ce lien si précieux par sa voix qui entonne la musique des mots de Herman Melville.
Herman Melville à lire, donc, et les autres livres de Daniel Pennac pour longtemps.
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Voici un petit récit d'une grande beauté où Daniel Pennac----le prof-----( je me souviens de ses "Dix droits du lecteur " ...)rend hommage à celui qui lui a donné le goût de la lecture, ce frére Bernard, né cinq ans avant lui: "Pour silencieux qu'il fût, c'est ce frère qui m'apprit à parler.Et d'ailleurs à lire , plus tard, les romans qu'il aimait. Donc à écrire ."
Parmi ces lectures fondatrices, il y eut Bartleby de Melville, entremêlé d'une maniére fort originale et subtile au texte, en une série d'allers et retours avec de touchants fragments de souvenirs : l'histoire d'un homme étrange qui réussit à rendre fou un notaire par son attitude absurde à refuser toute tâche avec toujours les mêmes mots : "Je préférerais ne pas "...
Qui est donc ce jeune homme qui ne veut rien ?
Mystère auquel renvoie cette phrase de D.Pennac, : "Je ne sais rien de mon frére mort si ce n'est que je l'ai aimé ". "Il me manque comme personne mais je ne sais pas "Qui "j'ai aimé ..."

L'auteur évoque avec humour et tendresse l'attitude fort discrète de Bernard, son originalité blessée, sa présence attentive qui ne jugeait pas, sa retraite anticipée, son attirance vers le néant, sa tentation de l'effacement définitif ....
" Nous ne parlions qu'autour de ce qu'il y avait à dire."
"Souvent en commentant les livres que nous lisions. "
"La littérature nous servait de camp retranché ...."
Un livre parfaitement construit bouleversant et tendre, traversé autant par l'amour d'un frére que par l'amour des livres.,..
Un ouvrage mélancolique qui prolonge la vie d'un disparu, D.Pennac y parvient avec un naturel confondant !


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Avec « Mon frère », dédié à son frère ainé disparu en 2007 suite à une négligence médicale, Daniel Pennac propose un récit intime touchant. Ce n'est pas un roman, mais plutôt un livre très personnel dans lequel il rend hommage à Bernard, son frère, source d'inspiration, complice et compagnon de toute une vie. « … J'ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu ? »

Peu de temps après la mort de son frère, Daniel Pennac entreprend la lecture publique d'une célèbre nouvelle d'Herman Melville, Bartleby le Scribe. Bernard et lui partageaient la même passion pour le personnage principal Bartleby.
Dans « Mon frère », Daniel Pennac fait subtilement alterner des souvenirs ou des anecdotes sur son frère et des courtes scènes de Bartleby, dont invariablement la célèbre réplique « I would prefer not to » (je préférerais pas). Le lecteur avance ainsi régulièrement dans les deux histoires où le frère ressemble à Bartleby, avec le même flegme et la même attitude face à la vie et au vacarme du monde. La vie de Bartleby se terminera mal, comme la vie de Bernard s'est tragiquement achevée.

A la manière d'un puzzle, où chaque pièce est délicatement placée, chaque souvenir d'enfance ou de partage entre adultes réapparait. Le récit est un joli témoignage qui aborde avec une infinie tendresse la complicité entre deux frères, puis la disparition d'un être cher dont on ne guérit pas.
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" Ce geste était à lui. J'étais tout bonnement mon frère mort occupé à tourner une petite cuillère dans son café"

Voilà avec cette phrase Daniel Pennac nous jette dans le puits sans fond que représente un deuil.
Plus rien à dire, c'est le noir absolu.
Dans ce livre, Pennac nous raconte son frère, les souvenirs de celui-ci mêlé à la nouvelle de Melville: Bartleby avec sa phrase énigmatique : Je préférerais pas.
.Pennac décide de monter la nouvelle et de la jouer au théâtre .Bartleby lui est une compagnie, une allusion à l'absence de son frère.
La douleur et l'émotion affleurent à chaque page, ça fait mal de le lire.
" Nous ne parlions qu'autour de ce qu'il y avait à dire.
Souvent en commentant les livres que nous lisons. La littérature nous servait de camp retranché.
Voilà, je vais méditer sur cette ultime phrase à l'heure où le glas sonne encore
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Il aura fallu seize mois après le décès de son frère et l'adaptation du livre de Herman Melville « Bartleby » au théâtre - dont je vous recommande la lecture au passage – pour que Daniel PENNAC puisse faire le deuil de son frère et qu'il puisse enfin en parler. Ce cher frère qui lui manque tant. Qui l'a accompagné durant toute sa vie, même s'ils ne se voyaient pas autant qu'ils l'auraient voulu, et avec qui il aura partagé durant onze années la même chambre.

Daniel PENNAC parle de son frère. Des passages de Bartleby viennent se mêler aux souvenirs de Daniel. Je n'en dirai pas plus.

Beaucoup de pudeur à travers ce livre, une très belle amitié entre deux frères. Daniel PENNAC a eu de la chance de la connaître… Qu'il la chérisse à tout jamais.

Alors, « préférerez-vous » ou « préférerez-vous pas » ? A vous de voir !
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Récit poignant de la triste fin de Bernard, c'est l'humour et la dérision que Daniel Pennac va choisir pour lui parler et le faire rire une dernière fois.

Bernard dans cette nuit sans fin, perdu dans sa douceur de frère aîné a quitté la route. Daniel Pennac est vidé, exsangue, "je ne sais rien de mon frère". C'est un blanc dans son paysage intérieur, la rumeur impalpable d'un orphelin qui ne comprend pas, un orphelin ne sait pas exprimer un manque, une absence.


Alors il s'invente un jeu, il va jouer pour son frère une pièce de théâtre comme si son frère était au premier rang, prêt à rire, prêt à rire de lui même. Il décide de monter une nouvelle de Herman Melleville Bartleby.
Bartleby, une homme comme son frère dont il ne sait rien. Un frère qui ne dit rien car il est mort et un Bartleby qui ne dit rien, car il ne préfère pas, ou il préfère pas.


Et il va faire rire son frère Bernard, et Daniel aussi et nous avec, jusqu'à la dernière réplique jusqu'à son enfermement dans cette histoire sans fin de Bartleby, dans les couloirs de la prison aux Tombes. La prison aux tombes. La prison de Bernard qui lui cache la gratuité de son affection, ce qui lui restait de la douceur du monde.


Les souvenirs ruissellent dans sa mémoire, par d'infimes saccades, en répliques cinglantes ou par des clins d'oeil de complicité. "Soyez gentil l'année prochaine restez chez vous et envoyez nous un chèque" suggère page 41, Bernard à un estivant sans gène en colère.


L'enfant dyslexique se rappelle, de lui, de Daniel Pennac, le cancre, qui passe des heures à se corriger car il fait des fautes de grammaire, et sans un dictionnaire, rein n'est sur, rein n'est acquis. Bernard lui, il sait, il apprend, domine, maîtrise, comme on maîtrise une partition que l'on suit, dans le dédale de la vie, Bernard a le calme olympien de l'enfant, à qui tout réussi.


Mais l'autre, Daniel est perdu, dans les mots, ceux ci se dérobent prennent des sens, à contre sens, il ne voit que trouble, un mot en cache un autre, trouble, trouble comme la vie, si difficile à digérer.
Daniel Pennac est troublé quand Bernard après son suicide manqué, lui dit :
"tu es en train de me dire que tu m'as sacrifié ?
Le sacrifice suprême dans la résurrection !
Merci ! Vraiment !
Tu peux.
Vivre, ce n'est pas la moindre des choses."


Puis il y a ces paroles terribles de Daniel Pennac page 44, « mon frère "me paraissait immensément seul dans la maison du peintre. Il en habitait une pièce. Les autres étaient à l'abandon."

Et page 86 il pose ces mots : "chambre à part, pourquoi pas, après tout ?"
"Pour lui, ce ne devait être un exil, c'était une conséquence naturelle du délitement.
Lente décomposition affective avant la nuit du corps."

Un jour Bernard me proposa un gâteau sec, il y mit du gingembre. Me tendant la corbeille, il proposa.
Un Bartleby ?

Un jour pour le ressusciter Daniel montera sur scène pour jouer Bartleby.
Quand ?
Préviens nous on sera tous là pour lui, pour Bernard.

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Son frère Bernard est mort depuis seize mois et sa présence lui manque, il a perdu avec lui tout ce qui restait de la douceur du monde, toute sa vie il a été alimenté par son humour. Fils préféré d’une famille de quatre garçons, estimé par ses ouvriers, dont la fin de vie fut sans amour. Un regard qui ne jugeait pas, une présence attentive et discrète. Un frère qui lui a appris à parler, à lire et donc à écrire. Un frère dont finalement il ne sait rien, si ce n’est qu’il est mort.

Peu après la mort de Bernard, Daniel Pennac monte au théâtre « Bartleby le scribe » une nouvelle d’Herman Melville. L’histoire d’un notaire rendu fou par un de ses employés qui refuse toutes les tâches avec toujours les mêmes mots « je ne préférerais pas. »

Le livre est donc un aller-retour entre les souvenirs de ce frère tant aimé et le texte de Melville. Un récit intime plein de pudeur et de tendresse, l’auteur nous délivre, avec sa belle écriture, par petites touches le portrait de ce frère qui lui manque comme personne, un récit court et émouvant sur l’absence d’un être cher, entrecoupé par l’humour absurde de la pièce de Melville.


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