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Florence Hernandez (Collaborateur)
EAN : 9782290043097
158 pages
J'ai lu (04/01/1999)
3.67/5   41 notes
Résumé :

Vingt ans. D'aucuns vous diront que c'est le plus bel âge de la vie. Celui où tout vous sourit. Le temps des amours et des fous rires. Le temps de l'insouciance et des espérances. Pas pour tous ! Enfant ballottée au gré des crises parentales, Lydia n'a pas choisi. Depuis toujours elle subit. Violence, solitude, abandon... De l'amour elle ne connaît que le nom, de la chaleur elle ne sait que la brûlure. De la ville, elle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
l'enfance souffre-douleur, la Ddass, les petits boulots, la vie sans ressources. Puis, à 21 ans, elle écrit un livre, fait le tour des médias. Elle vit «comme dans un conte de fées». Tout en se répétant «que c'est un feu de paille».

- Elle surgit, comme un lutin en gilet brodé, s'excuse de son retard. Elle est passée chez Lattès, «son» éditeur, a vu «son» attaché de presse et s'est fait chouchouter par toute l'équipe «ils sont si gentils avec moi, ils m'adorent tous». Il y a un an et deux mois, Lydia Perréal vivait encore dans un foyer de l'Armée du Salut, porte de la Villette à Paris. C'est dans cette immense bâtisse en briques rouges, en novembre 1993, que Mireille Dumas la déniche. La productrice est à la recherche d'une jeune SDF qui témoigne dans Bas les Masques. le soir de l'émission, derrière son poste de télévision, Jacques Lanzmann sent son coeur chavirer: «Elle criait sa vie avec rage, son enfance de chien, son adolescence esquintée (...) Lydia crevait l'écran, moi je crevais de honte», se souvient l'écrivain. «Il m'a contactée au foyer et m'a demandé d'écrire un livre. C'était irréel», dit la jeune fille. Aidée d'une journaliste, Lydia raconte sa vie à un magnétophone, «ensuite j'ai écrit les chapitres et le 23 décembre 1994 je l'ai rendu à l'imprimerie». le 11 janvier J'ai 20 ans et je couche dehors est en librairie. Sur la couverture, le regard coquin de Lydia fixe les acheteurs. Dommage qu'on ne la voit pas rire et bouger, balancer ses chaussures sur le parquet de son petit deux pièces de la banlieue parisienne, se jeter sur David, son amoureux ­«je t'aime mon bébé, je t'aime»­, répondre au téléphone l'air affairé, «je suis avec une journaliste, rappelle-moi et viens dîner à la maison avec ta femme la semaine prochaine», croquer comme une perdue dans d'énormes tartines de Nutella en léchant ses longs ongles vernis de rose, ni fixer d'un oeil expert les sacs en plastique où s'entasse le linge à repasser. Elle vole d'un plateau télé à un autre, d'un quotidien à un hebdomadaire, répétant inlassablement son histoire.

Elle a grandi dans une cité HLM de province. Sa mère, elle ne l'a jamais appelée maman, mais «Popeye» «parce qu'elle n'a pas de dents et ne supporte pas les dentiers». Son père c'est Paul, «un mec trop gentil, le genre qu'on mène à la baguette et qui se laisse avoir par tout le monde». D'aussi loin qu'elle se souvienne, son enfance n'était que scènes et coups. Elle excuse aujourd'hui «Popeye, c'est sa maladie, on ne peut pas lui en vouloir». Bringuebalée de placements à la Ddass en retour chez Popeye et ses amants ou chez Paul et sa nouvelle épouse, Lydia vogue du chagrin de fillette mal aimée au désespoir d'adolescente. A 17 ans, elle ne peut plus se passer d'alcool, à 18, elle veut mourir et avale des médicaments. En sortant de l'hôpital, elle se décide: «Si je ne voulais pas finir à l'asile il ne me fallait plus vivre ni avec mon père ni avec ma mère.» Fière et heureuse, elle débarque à Eurodisney où l'attend un petit rôle d'animation payé 6.000 francs par mois. Déguisée en Tic ou en Pingouin, elle amuse les enfants. Trois mois plus tard, son contrat s'achève. Commence alors la chronique d'une jeune fille sans travail, sans logement et sans personne. Son cas n'est pas unique, il est juste exemplaire. Entre 18 et 25 ans, les jeunes dans sa situation n'ont droit à aucune aide, ni RMI, ni allocations. 200 francs par-ci d'une assistante sociale, un foyer d'urgence pour deux soirs ou pour quinze jours, pas plus. «Les assistantes sociales font de la non-assistance à personne en danger. Elles nous balancent de foyers en foyers et quand les quotas d'hôtel sont dépassés, elles nous laissent dans la rue.» Des hôtels miteux, des foyers bourrés de désespoir, une nuit sur les bancs d'un commissariat, une autre avec des amies dans un guichet de cartes bancaires. Et comment chercher du travail quand la journée toute entière est consacrée à un souci: où dormir?

Mais Lydia «en veut» comme elle dit. Au foyer de l'Armée du Salut où elle échoue un jour, Thierry le directeur s'en rend compte et la garde au-delà des quinze jours réglementaires. Il l'oriente vers un atelier de réinsertion et de manutention où en septembre 1993, elle rencontre David, 23 ans, lui aussi à la rue. La suite s'enchaîne. Bas les Masques, Jacques Lanzmann. David et Lydia emménagent ensemble dans leur petit appartement, et trouvent du travail. le Smic ou moins. Six mois au parc Astérix, aide-soignante, de la téléprospection... Grâce au livre, elle frôle maintenant un monde dont elle a toujours rêvé «le show-bizz, avec Renaud et Sardou, mes idoles». Sur les plateaux de télévision, elle se passionne pour les régies, s'enquiert du fonctionnement des caméras, rêve de devenir ingénieur du son, elle qu'à 17 ans une assistante sociale jugea «trop vieille» pour se remettre à niveau et passer le BEP. «Ça m'a foutue en l'air», murmure-t-elle. Entre tournages et interviews, elle vit «comme dans un conte de fées». Puis se reprend: «Je me répète souvent qu'il ne faut pas trop y croire, que c'est un feu de paille.» D'ailleurs, malgré les efforts de son attaché de presse qui «met les points sur les i en disant que je cherche du travail», il n'y a toujours rien. Excepté deux lettres, l'une pour un poste dans une association qui n'existe pas encore et l'autre «encore dans une association, mais c'est pas clair». Lydia aime bien «réfléchir sur elle-même», lit beaucoup «Freud, Françoise Dolto...». Parfois, en écrivant son livre, elle s'est «revue pleurer, faire des rêves chelous, crier dans la nuit. Quand on en est sortie de la galère, on n'aime pas y retourner...». Alors, elle a échafaudé le plan de «son» hôtel social «et je l'ai balancé au ministre du Logement quand je l'ai rencontré. Il y aurait des appartements, des psychologues, une ANPE... On y ferait de la réhabilitation à vie...»

Un jour, David et elle auront un enfant «mais plus tard, quand on sera stable. Je n'ai pas envie d'aller à la mairie demander 100 francs pour lui acheter des couches». A la lumière de sa jeune vie, Lydia analyse «quand on tombe à la rue à 18 ans, c'est qu'il y a une vraie irresponsabilité des parents qui ont fait un bébé dans le vide, sans se rendre compte que c'est l'histoire de toute une vie». La semaine dernière, Lydia est retournée deux jours à l'atelier de manutention pour gagner quelques sous «je sais qu'en mars, à la fin de ma promo, si je n'ai toujours rien, ça ira très mal pour moi». -

Lydia Perréal en 7 dates 23 juillet 1973: Née à Tours 26 mai 1992: Arrive à Paris seule avec un contrat Eurodysney en main Août 1992: Se retrouve à la rue 15 septembre 1993: Rencontre David Novembre 1993: Interviewée dans l'émission «Bas les Masques»
Lien : https://www.liberation.fr/po..
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Un livre indispensable à lire. Lydia Pérreal nous rappelle ce que nous ne voulons pas voir, les limites de notre société. On ne devient pas SDF faute de volonté, faute de travail, c'est l'aboutissement d'une vie chaotique qui commence dès le plus jeune âge. Difficultés sociales, familiales, la DASS, les foyers, la folie administrative.... Pourquoi n'arrivons nous pas à tendre la main, à aider, à regarder en face cette détresse.
En 2021, ce livre édité en 1995, est toujours d'actualité. Ce sujet, dont on parle très peu, a été traité en 2019 dans l'excellent film de Corinne Masiero, les Invisibles.
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Ce récit autobiographique est fort parce qu'il témoigne au plus juste de ce qu'est la débrouille d'une personne seule sans ressources. Lydia Perréal n'a pas eu une enfance heureuse et a manqué d'amour mais lorsqu'elle se retrouve dehors ses priorités vont être de trouver de quoi se nourrir et un refuge pour la nuit (pour éviter de coucher dehors justement). Elle explique le réseau des adresses transmises de bouche à oreille : les foyers plus ou moins bien réputés, les accueils caritatifs, les soupes populaires... Elle décrit le manque de respect et de dignité avec des scènes que je ne connaissais que dans les romans dystopiques (la personne qui arrive au foyer est passée au jet, on lui attribue un pyjama et des draps et elle ne peut récupérer ses effets personnels que le lendemain matin !).
Il y a quelques rencontres qui cherchent à apporter leur aide mais l'auteur explique que même avec la meilleure volonté du monde c'est un cercle vicieux : si tu n'as pas d'adresse "fixe" tu ne peux pas trouver de boulot, tu ne peux pas gagner d'argent, tu ne peux pas t'en sortir...
Son témoignage est précieux pour peut-être changer le regard sur les marginaux qui n'ont pas eu sa chance de trouver une porte de sortie.
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"J'ai vingt ans et je couche dehors" de Lydia Perréal est un ouvrage d'une profondeur exceptionnelle qui explore avec éloquence et humanité les différents aspects de la vie des sans-abri. Publié en 1996, ce livre s'impose comme une pièce maîtresse de la littérature française traitant de la précarité.
Lydia Perréal, avec une sincérité captivante, nous offre un récit qui met en lumière ses points forts :
L'un des points forts indéniables de ce livre est sa capacité à émouvoir les lecteurs. À travers des mots simples mais percutants, l'auteure partage son expérience personnelle avec une émotion brute. Elle réussit à créer une connexion immédiate entre le lecteur et sa propre réalité, faisant ainsi prendre conscience de l'humanité partagée.
Lydia Perréal aborde avec intelligence et lucidité les défis quotidiens auxquels sont confrontées les personnes sans-abri. Elle dépeint la faim, le froid, la violence et l'isolement avec une acuité qui suscite l'empathie. Ce livre permet de comprendre plus profondément les enjeux de la précarité et invite à la réflexion sur notre société.
"J'ai vingt ans et je couche dehors" se démarque par son audace à dénoncer les injustices sociales. Il constitue un cri d'alarme contre la précarité sous toutes ses formes, incitant les lecteurs à prendre conscience des problèmes qui touchent les plus vulnérables de notre société.
Cependant, il est important de noter que ce livre présente également quelques points faibles :
Le langage direct et réaliste utilisé par Lydia Perréal peut parfois choquer ou déranger certains lecteurs. Cependant, il est nécessaire pour transmettre l'authenticité de son expérience.
En raison de la nature brutale de son récit, ce livre peut être difficile à lire pour certains lecteurs sensibles aux thèmes abordés. Il demande une certaine préparation émotionnelle.
En somme, "J'ai vingt ans et je couche dehors" est un ouvrage essentiel à découvrir pour ceux qui souhaitent plonger au coeur de la réalité des sans-abri et s'engager dans une réflexion profonde sur la précarité. Il offre une perspective inestimable sur la vie de ceux qui sont marginalisés et négligés par la société, tout en appelant à une prise de conscience collective.
Lien : https://www.escapades-litter..
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Cette lecture fut très intéressante et agréable à lire malgré que le sujet ne l'est pas du tout.
Lydia, partie de chez elle, se retrouve dans la rue à l'âge de 19 ans. Ce témoignage est fort, il montre le courage qu'à su faire preuve Lydia pour s'en sortir.
Mais il dénonce aussi tout ce que peut vivre ces personnes sans abri, ces personnes que bien souvent on ignore dans la rue. Malgré que la pauvreté rythme leur vie, beaucoup essaye de s'en sortir en cherchant un travail, un logement mais lors de la recherche d'un travail, il leur faut une adresse fixe ce qui n'est pas possible car pas de logement mais pour avoir un logement, il faut des revenus. C'est donc un cercle vicieux qui se construit et dans lequel il est difficile d'en sortir. Mais parfois, des personnes leur tendent la main et c'est heureusement ce qui se passe pour Lydia mais cela je vous laisse le découvrir vous-même.
Je vous conseille vivement à lire ce témoignage qui se lit très rapidement (par son écriture fluide et sa longueur d'à peine 158 pages).
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Dans la rue, lorsqu'une personne "normale" rentre de son boulot, sa démarche est rapide, sûre, elle sait où elle va. En revanche, quelqu'un qui n'a pas d'objectif, qui peut aller aussi bien à droite qu'à gauche parce que personne ne l'attend nulle part, cet homme ou cette femme-là marche différemment. Tout dans son allure dénote sa marginalité. la fatigue la fait se déplacer lentement, bien souvent en traînant les pieds. Les problèmes quotidiens pèsent sur ses épaules qui se courbent, la silhouette se casse, le visage est hâve et souvent les yeux sont baissés. Cela se détecte, se sent, et les prédateurs sont à l'affût pour lui proposer mille et une horreurs, qui vont de la drogue à la prostitution. (p.86-87)
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Comme s'il y avait une saison pour être SDF, nous on est à la mode en hiver. Mais quand on est sans-abri, la rue, c'est toute l'année. Douze mois sur douze. L'été aussi. Et l'été, c'est presque plus dur. Comme tout ferme, il faut vraiment se débrouiller seul. On est alors obligés d'accomplir ces gestes qui nous enfoncent d'avantage dans notre dèche parce que chaque fois on y laisse un peu de notre dignité : fouiller dans les poubelles, faire la manche.
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Il ne faut pas s'imaginer qu'un cœur se remplace comme une porte. Lorsqu'on a le cœur à nu, c'est plus facile de rentrer sans y être invité, pour lui faire du mal. Si l'on ne se protège pas, n'importe qui peut s'en emparer, le briser, alors que ses plaies ne sont pas encore refermées.
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On parcourt tous le même chemin, mais on ne s'arrête pas tous au même endroit. Les clochards, eux, vont jusqu'au bout. Ils abdiquent, baissent les bras et renoncent à eux-mêmes. Les galériens, en revanche, essaient de s'en sortir. Ça n'est pas une question de longueur de séjour à la rue, c'est une question de résistance et de volonté. Il a des clochards qui le deviennent en trois mois, il y a des galériens qui tiennent dix ans.
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Quand un môme a un problème, il n'en parle pas parce qu'il a peur. La confiance ne s'accorde pas aussi facilement que cela. Et, s'il hésite à parler de ses malheurs avec l'éducateur, c'est qu'il ne voit en lui qu'un adulte, un étranger. Et une des premières choses que l'on apprend aux enfants, c'est se méfier des adultes.
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