Dans ce troisième et avant-dernier volet, les auteurs de l'excellente série « El Niño »,
Christian Perrissin et
Boro Pavlovic, livrent la suite de cette saga familiale !
Christian Perrissin (Martha Jane Cannary) continue d'alterner les différentes tranches de vie et replonge le lecteur au sein des tensions qui règnent au coeur de la famille Munroe. C'est à présent Karen Munroe, la soeur du fugitif, qui est placée sur les devants de la scène pour faire avancer cette enquête policière qui tente d'élucider le meurtre de la jeune noire Wanza et de disculper son fiancé blanc, Sean Munroe. Si la cavale haletante de ce dernier ce poursuit et que les déboires des membres de cette famille déchirée continuent d'alimenter l'intrigue, c'est à nouveau le rôle de l'inspecteur Njoya qui séduit le plus. Au milieu des nombreux mensonges, des manipulations, des quêtes vengeresses, des injustices et des liaisons extra-conjugales, le lecteur s'accroche volontiers à l'humanité de ce policier intègre et incorruptible, qui cherche à découvrir la vérité. le personnage de Sean Munroe, soupçonné du meurtre odieux, sacrifié pour apaiser les tensions entre blancs et noirs dans le bidonville de Kibera et prêt à tout pour retrouver l'assassin de sa fiancée, s'avère également très attachant. L'auteur livre donc des personnages principaux charismatiques et haut en couleurs, mais également quelques seconds rôles intéressants qui viennent influencer le récit, tels que le journaliste Pius Odinga ou le père Causcu, dont les révélations nous rapprochent encore un peu plus de la vérité. le chef de bande albinos qui apparaît en fin de tome est par contre beaucoup moins convaincant.
Intitulé « Les Larmes de Kibéra », ce tome emmène l'intrigue dans les bas-fonds de Nairobi. C'est au coeur du bidonville de Kibéra que le chemin de certains personnages clés de cette série se croisent. le fait d'ancrer la trame dans ce quartier défavorisé permet de cerner les tensions qui y règnent et de lever partiellement le voile sur le mystère qui entoure le meurtre de la jeune Wanza.
Christian Perrissin accentue ainsi l'aspect sociale et politique de cette grande saga familiale, somme toute assez classique, mais parfaitement rythmée. Ces drames familiaux, alimentés par les problèmes financiers d'une plantation de café, le mariage éminent du propriétaire et les déboires des ses enfants, sont habilement mêlés à une intrigue policière prenante et à une aventure dépaysante au coeur de l'Afrique. Abordant les relations tendues entre autochtones et anciens colons, l'auteur livre une histoire sans véritables surprises, mais parfaitement maîtrisée, d'une fluidité exemplaire et dont la toile de fond africaine ravira les amateurs de récits d'aventures.
De l'ambiance coloniale de la plantation de café et de la villa des Munroe aux somptueux décors de la savane kenyane, en passant par les dangers et la pauvreté des bidonvilles,
Boro Pavlovic livre un graphisme de toute beauté. À l'aide d'un style réaliste, le dessinateur invite au voyage en proposant une faune et une flore plus vrais que nature et des paysages urbains plus désolants, parfaitement mis en valeur par la colorisation de
Bertrand Denoulet.
Vivement la conclusion très attendue de cette saga familiale dans le prochain épisode.
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