À 80 ans et onze années avant son aller-simple définitif, Ph. J. Farmer a écrit un dernier livre... L'auteur qui était e.a. connu pour ses textes de science-fiction "inconvenants" (sous-entendant : érotiques) et conspué par un certain Amérique puritain des années 1960, s'est fait plaisir en composant ce polar-pulp rocambolesque, en 1998. Un peu bavard peut-être quand il parle, par tranches historiques et géographiques de sa ville Peoria dans l'Illinois (où se déroulent les histoires du roman), mais n'ayant ailleurs rien perdu de sa verve langagière qui marie allègrement ironie, jeux de mots et allusions polissonnes.
Le parangon de l'histoire s'appelle Corbo : détective privé, charmeur sympathique sachant écouter (beau, bien bâti, baiseur fidèle de sa femme...mmm...). Corbo s'est mis dans une mauvaise posture financière depuis qu'il a dépensé 14000 $ pour l'achat de quelques livres rares...à l'insu de sa femme...
Quand sa patronne de l'agence de sécurité l'oriente sur une éventuelle affaire d' "échange de fric-chantage-femme mystérieuse-fais gaffe-anguille sous roche", Corbo ne peut s'empêcher d'accepter (14000 - 1000 $...ça s'empoche sans réfléchir...). Malgré toutes les précautions prises, des appétits aussi sains que la curiosité et la cupidité font atterrir le détective dans un antre de ploucs, qui haineux de ce qui ressemble de près ou de loin à un flic, sont de surcroît imbibés de whisky...whiskeuphorie qui va sauver finalement l'imprudent enquêteur...
...qui sera employé peu de temps après par un client richissime, aimant tout autant ce "Tue-la-mort" (j'ai soupçonné l'auteur d'avoir trinqué avec tous les antagonistes de ce roman !). Ce notable plein de fric et de pouvoir (comme tout rupin qui ne respecte que soi-même) demande à Corbo d'éclaircir le passé de sa -très pimpante et pompeuse de blé- belle-fille aux surnoms plus que suggestifs...
Farmer, après avoir, mine de rien, écorché quelques couches sociales américaines, essaye de nous faire avaler qu'il y a plusieurs enquêtes que Corbo doit élucider, et le lecteur se fait entourlouper en beauté !
Avant de traverser le Styx, l'auteur a donc réalisé, avec ce pulp, un dernier clin d'oeil moqueur : on ne brûle pas en enfer : on "flambe" déjà sur terre...
Commenter  J’apprécie         400
Son dos était droit, et non courbé en forme de point d'interrogation comme tant de vieilles femmes aux os ramollis. Elle s'est arrêtée devant la porte et a attendu que je la lui ouvre.
Je me suis acquitté de cette galanterie en haussant les sourcils.
- J'ai toujours pensé que les hommes faisaient de meilleurs portiers que les femmes, a-t-elle expliqué. Et je n'ai jamais cru à l'égalité des sexes. Les femmes sont supérieures, si l'on excepte la bêtise qu'elles mettent à choisir leurs compagnons. Vous êtes d'accord ?
Notre vie sexuelle n'était pas telle que je l'aurais souhaité, en grande partie à cause des idées excentriques de Glinna. Par exemple, elle disposait des boules de cristal et des pyramides en hexagramme sous le lit pour qu'elles attirent sur nous la plus intense des énergies sexuelles. Pendant la bonne période astrologique, bien entendu.
Résultat, je me mettais à bander dès que je passais devant une boutique de cristal.
Un autre éclair à illuminé la tombe, qui portait cette inscription :
DICK NIKEUR
1863-1944
Sept épouses
Il se réjouit que le mariage
ne soit plus le jour
où les morts ressusciteront
Saint Marc 12,25