Joyeux bordel !!! (Attention, chronique à lire avec sa bande son, voir plus bas !!)
Comme Lapeyre, y en a pas deux comme Philippon pour donner le las en quelques paragraphes !
Il connaît sa gamme pour croquer illico ces mecs à la gomme à qui colle aux crampons comme d'autres un bubble-gum une mouise épaisse comme une crème normande entière Elle & Vire répandue sur un linoléum Leroy Merlin.
Ça patauge dans le cambouis en moins de deux.
Ça poisse parce que justement ils la portent, la poisse !
Qui a lu ‘cabossé' se souvient de Roy.
Ici le gugusse s'appelle Gus et a pris le bus de la mouise pour parcourir sa chienne de vie comme une puce feignasse un clebs galeux pour entreprendre le chemin semé d'embuches (pas de Noël) de sa destinée.
« Inutile de fuir ou de lutter
C'est écrit dans notre destinée
Tu ne pourras pas y échapper
C'est gravé. (1) »
Il a pas l'anus bordé de nouilles Barilla le Gus, plutôt les panards dans la super-glue Loctite, le ciment Lafarge fangeux de ceux qu'ont la pire carte truquée tirée au tarot taré de la diseuse de mauvaise aventure !
Niqué par madame Irma, le Gus.
Il a pas de bol Henriot, il a bu la tasse Ikea gladelig, ébréché qu'il est !
Va être question de se rafistoler, fiston !
« Venez avec nous risquer vos vies
Sur les autoroutes de la folie
Alors vous comprendrez
Jusqu'où on peut aller
Quand on n'a plus rien à perdre
Plus rien à perdre (2) »
Et en effet, comme il n'a plus rien à perdre notre lascar, il peut se laisser gagner par la tentation ultime de finir sur un gros coup, jouer sa finitude à file ou passe, son va-tout, entonner son chant du cygne, son appeau Théose (c'est la marque).
C'est ce qu'il tente, notre Gus parce qu'il a tout perdu le pauvre, son boulot (chiant), son peu de fric (très peu), son couple (rongé par la routine) et surtout, surtout, l'estime de sa fille en même temps que sa garde pas partagée.
Alors il veut la reconquérir sa
petiote, lui montrer que son père n'est pas qu'une loque sans avenir même si les apparences sont trompeuses puisqu'il végète, minable, dans un hôtel miteux de quatrième zone, autant dire une cour des miracles.
Va-t-y y en avoir un de miracle justement, nous braille Céline ?
« Le miracle est partout mon amour
Sauras-tu le voir
Au coeur de nos coeurs, au-delà des contours
Le miracle est partout mon amour
C'est à toi de le voir »(3)
Kalachnikov en main et, de l'autre l'aide d'une jeune prostituée aux cheveux mauves du nom de Cerise (c'est Groupama qui doit tirer la gueule), il décide de prendre en otages les pitoyables clients de son garni pourri, à savoir une triste ramassée de rebuts de la société (pas Roquefort) qui ont trouvé refuge dans cette arche de
Noé échouée là où plus personne ni ne dérive ni ne s'aventure.
« Mais d'aventure en aventure
De train en train, de port en port
Je n'ai pu fermer ma blessure
Parce que je t'aime
Je t'aime encore
Je t'aime encore » (4)
Drôle de coup d'éclat pour exprimer son amour à sa descendance (Okay!)
Surtout quand le tournage du vidéo message de revendication vire au sketch mâtiné par Audiard et fait le tour du Net et la risée générale. Vaudeville ou plutôt vaudefaubourg étant donné le chic du quartier.
D'une verve qui n'a d'égale que son imagination encore plus agitée qu'un Orangina dans sa publicité, l'auteur nous plante au milieu de ce triste tableau Velléda dont il sait tirer profit pour nous livrer au marqueur Bic marking un récit à la fois drôle et pathétique où les personnages surnagent, dépassés par une situation qui échappe à tout le monde, surtout quand déboulent une commissaire/négociatrice sortie trop brutalement de son repos heb'dromadaire (elle bosse trop) et un journaliste peu regardant sur la déontologie de sa profession comme sur son hygiène corporelle (quand ça pue, ça pue), au pied de cet hôtel décati ou cathos et catins pouvaient cohabiter en toute quiétude révolue.
« You'll be so lonely, you could die
Although it's always crowded
But you still can find some room
For broken hearted lovlovers
To cry there in their gloom » (5)
Ça devient carrément gothique !!
Dans une unique unité d'espace et de temps à la façon d'une pièce de théâtre (j'en visualise bien l'adaptation), nous suivons cet hétérogène microcosme improbable qui, côté sentiments, oscille entre compassion et détestation, compréhension et rejet sauf quand ça défouraille du canon car alors, le moment n'est plus au brainstorming tant y faut que ça bouge.
Puis, tout à coup, une seconde scène s'ouvre, là-bas, « Tout au bout de la ville vers le sud, on voit passer les lumières
Ce soir, des tas d'étoiles se trainent par terre
La brume et les rêves, les ombres et le soleil t'enchainent
Dehors, la centrale crache la déveine
Tu dis qu't'aimerais partir mais c'est plus la peine » (6)
L'effet domino domine mine de rien et si, sur la première scène on se farcit un dindon au cervelet mouxx du genouxx qui pète un plomb, sur la deuxième se présente le grand méchant pouxx qui va sévèrement nous hérisser le poil (pour qui n'a pas encore reçu son braun silk-épil lumière pulsée vendu en promo chez Amazon jusqu'à demain) et mettre à mal nos glandes sudoripares non traitées aux sels d'aluminium (Axe bodyspray en solde chez Lidl !).
- Comment se terminera cette pitoyable prise d'otage ?
- Le courant passera-t-il de nouveau entre les coeurs dénudés du père et de sa fille ?
- La guigne quittera-t-elle enfin notre Gus acculé à une extrême action ?
- Quittera-t-il le plancher des vaches maigres sans une extrême onction ?
Benoit Philippon vous le dira. Promis, juré, craché par terre (déconnez pas, c'est moi qui nettoie avec mon Viléda !)
Avec son rythme sur-dynamisé à rendre jalouses les 24h du Mans moto toutes entières,
- son langage encore plus fleuri qu'une vitrine Interflora flanquée de flasques tulipes hollandaises,
- sa mécanique plus huilée qu'
Arnold Schwarzenegger en micro moule-boules sur le podium de Mister Univers,
- ses situations plus colorées qu'un petit top Desigual vraiment trop mignon,
- et ses personnages plus distordus qu'un tonitruant larsen d'ouverture de Metallica au Hellfest 2024 (du 27 au 30 juin à Clisson),
ce ‘
Petiote' nous entraîne à fond le caisson aussi urgemment que dans le sillage d'un body bordeur poursuivi par une meute affamée de pitbulls lancés sur une piste gelée de bobsleigh creusée dans les hauteurs immaculées de l'Everest, le tout avec un sourire permanent et jouissif à se faire de facto une zygomatiquite aigüe! (Bonjour les moucherons sur les ratiches (Email diamant effacera ça !!!))
Rock-en-bollesque et Tony-truand comme il sait si bien les trousser de sa plume Mont-blanc légère et trépidante,
Benoît Philippon attrape le pompon et nous pond (dit chérie) un polar poilant d'un excellent cru gouleyant qui nous laisse pan toi et tous rôtis sur notre plateau de service ‘Guy prends en de la graine" et surtout sur le Qroupion (parce que mon Q c'est du poulet ?) par un final flamboyant digne d'un blockbuster hollywoodien où les jeunes filles pleurent sur le mot FIN !!!
De le lire, nous, on a de la chance, bien plus que n'en n'a notre pauvre Gus en pleine (morne) déshérence et lamentation!
Ode à Gus, vas-y JJ :
« Il faudra que tu apprennes
À perdre, à encaisser
Tout ce que le sort ne t'a pas donné
Tu le prendras toi-même
Oh, rien ne sera jamais facile
Il y aura des moments maudits
Oui, mais chaque victoire ne sera que la tienne
Et toi seul en sauras le prix » (7)
(1) Guy Marchand, Destinée,
(2)
France Gall et Daniel Ballavoine, Starmania,
(3)
Céline Dion, le miracle,
(4)
Serge Lama, D'aventure en aventure,
(5) Elvis Presley, Heartbrake hôtel,
(6) JP Capdevielle, Tout au bout de la ville,
(7) JJ Goldman, C'est ta chance.
PS: Combien de marques avez-vous trouvé ?