Un peu échaudée suite au tome vingt-deux, j'avoue que je n'étais pas très sereine en commençant le téléphone de l'angoisse… L'histoire s'est révélée pourtant intéressante, même si elle a montré un essoufflement vers la fin et une conclusion bien trop optimiste… et pas le moins du monde crédible.
Après tous les
monstres que Christopher Pike avait pu nous faire découvrir, il en manquait encore un qui n'avait pas eu droit à son histoire : l'homme. Car oui, après tout, nous sommes parfaitement à la hauteur des plus viles créatures, et l'arrivée d'internet dans nos vies n'a pas du tout amélioré cela. L'auteur décide donc de s'attaquer à la toute nouvelle technologie qu'est le web (le roman ayant été écrit en 1998), et de nous montrer quel genre de monstre nous sommes capables de créer.
Etrangement, ou pas d'ailleurs, Christopher Pike met en avant beaucoup de problèmes de notre société actuelle : le harcèlement, la cybercriminalité, le terrorisme. le tout via le digital, et cet anonymat qui rend tout plus facile. Bien que le roman ait vingt-cinq ans maintenant, il est très facile d'y voir une résonnance avec aujourd'hui (ce qui n'a rien de réjouissant d'ailleurs). Les côtés néfastes du web sont ainsi mis en avant et le nouvel ennemi de nos héros leur donne sacrément du fil à retordre.
Il y a aussi cet effet de groupe, et surtout le fait d'utiliser la peur d'une personne pour la forcer à agir. Et on arrive à se demander comment une seule personne peut faire autant de mal à toute une population. C'est fascinant autant qu'effrayant. Mais Sally, Cindy, Adam, Brice et Tic-Tac ne voit eux que le monstre au bout du fil. Sans forme et pourtant bien réel.
Un excellent choix donc mais qui est terni par deux choses. Déjà la dissonance au sein du groupe. Elle a son utilité, mais j'ai trouvé que le jeu était poussé trop loin et surtout que le manque de confiance du groupe face à l'un des leurs n'était pas du tout crédible. Après tout ce qu'ils ont vécu ? Avoir encore des doutes ? Mouais… et on en vient au deuxième point : l'effet de répétition. de quoi tourner en rond pendant un bon moment. Les héros se répètent autant dans les dialogues que dans leurs actions, et le lecteur, lui n'a même pas un indice sur ce qu'il se passe vraiment. Pas très entraînant tout ça…
Quant à la fin… Elle est plutôt sympathique dans sa conclusion. Elle aborde même encore d'autres points intéressants comme notre déshumanisation, et c'est une vraie fin ! Mais elle a un côté guimauve qui casse vraiment tout. Pour un livre jeunesse, je trouve très bien qu'il y ait cette idée de pardon, mais avec ma vision d'adulte, je trouve ça très facile. Mais comme je ne suis pas le public cible… Je me dis juste qu'une discussion avec les jeunes lecteurs après avoir fini le téléphone de l'angoisse serait très judicieuse. du genre qu'on peut pardonner à un harceleur, car souvent ce sont aussi des victimes, mais que ce dernier doit vraiment comprendre ses erreurs, et ne pas filer libre comme l'air.