Raconte-moi la Belgique !
C'est ce que fait l'auteur sur une bonne centaine de pages en voyageant seul ou en compagnie de célèbres compatriotes ou d'illustres visiteurs du Royaume, tels le graveur
Albrecht Dürer (1471-1528) et l'écrivain
Stefan Zweig.
Grégoire Polet, né à Bruxelles (Uccle) en 1978, aborde ainsi les faits et événements qui ont marqué son enfance et adolescence, allant de Sandra Kim, née Caldarone, qui à 13 ans a gagné l'Eurosong festival en 1986 à Bergen en Norvège avec le tube "J'aime la vie", en passant par l'atelier du peintre James baron
Ensor (1860-1949) à Ostende, jusqu'aux tueurs du Brabant, une bande de bandits cagoulés, qui ont semé la terreur avec leurs braquages sanglants sur les parkings des grandes surfaces commerciales.
En souvenir à son grand-père, l'auteur remonte le temps jusqu'à 1914, la visite de
Stefan Zweig en Belgique et la Première Guerre mondiale, tout en s'arrêtant sur 2 artistes de l'époque : le peintre, architecte et décorateur
Henry van de Velde (1863-1957) et le génial guitariste et compositeur
Django Reinhardt, né Jean Reinhardt en 1910 à Liberchies près de Charleroi dans le Brabant Wallon et mort en 1953 à Fontainebleau.
Il se réfère également aux frères Oscar et
Marcel Thiry, auteurs du
"Le tour du monde en guerre des autos-canons belges, 1915-1918, suivi de Lettres inédites à leur famille pendant la Première Guerre mondiale". le récit de 2 volontaires liégeois sur le front en Russie et qui a été heureusement réédité en 2003.
Le grand guide de l'auteur n'est autre que le diplomate et écrivain belge, le prince
Charles-Joseph de Ligne, né à Bruxelles en 1735 et mort à Vienne en 1814, pendant le Congrès qui entendait redessiner la carte de l'Europe après les guerres napoléoniennes et dont la boutade "le Congrès ne marche pas, il danse" est restée célèbre.
C'est le même prince qui signait ses oeuvres par une simple ___ ligne.
Ce maréchal du Saint Empire permet à l'auteur de rencontrer la tsarine
Catherine II de Russie et son amant Grigori Potemkine.
Comme j'habite à La Panne, au bord de la mer du Nord, les belles phrases sur le littoral belge n'entraînent pour moi évidemment pas un dépaysement, bien que j'ai été touché par son évocation du tram de la côte qui lie la frontière hollandaise à la frontière française et les vers de la poétesse anversoise
Marie Gevers (1883-1975) dans son "Tourisme pour rêveurs".
J'ai trouvé ce fascicule, baroque et surréaliste dans son style et vocabulaire, agréable et instructif à lire. C'est un peu dommage que
Grégoire Polet ne souffle mot de la BD belge, un de nos plus importants produits d'exportation.
Mais ses trouvailles et tournures de phrases valent la peine de lire, comme celle à la page 109 par exemple : "... tout lieu est une occasion d'aimer".