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EAN : 9782846710510
525 pages
Les Empêcheurs de penser en rond (06/05/2003)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
1
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sophie Robert est la réalisatrice du film « le mur : la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme », diffusé en 2011. Dans ce documentaire, 11 professionnels de santé d'orientation psychanalytique expliquent leur conviction des causes l'autisme et les perspectives offertes par la prise en charge psychanalytique de ce syndrome.
Ce documentaire a provoqué une libération chez les familles, reconnaissant leur parcours, et a ouvert les yeux de journalistes qui jusque là ne les croyaient pas. Sophie Robert a reçu par la suite des centaines de lettres de témoignage de familles. Deux mois après sa diffusion, le film a été attaqué en Justice par 3 des psychanalystes interviewés. Ils ont réussi à obtenir sa censure (2012), durant 2 ans. Sophie Robert a ensuite gagné en appel (2014).
J'étais à ses côtés lorsqu'elle a appris la censure de son film en 2012, alors qu'elle le présentait dans une conférence internationale sur l'autisme aux États-Unis.
Je me rappelle de cette discussion avec Richard Pollack sur Bruno Bettelheim (très apprécié des milieux psychanalytiques et certains médias), qu'elle raconte ici :
« le 26 janvier 2012, à New York, j'ai appris la censure du MUR au beau milieu d'un rendez-vous organisé par David Heurtevent avec Richard Pollak, journaliste US, auteur d'une monumentale biographie de Bruno Bettelheim, traduite en français par Agnès Fonbonne, qui est une des auteures du Livre Noir de la psychanalyse.
Le psychanalyste Bruno Bettelheim avait émis l'idée selon laquelle les enfants devenaient autistes parce que leur mère aurait désiré qu'ils ne viennent pas au monde, voeux de mort à qui était attribué le pouvoir de détruire le cerveau de l'enfant. Bettelheim faisait une analogie entre certains prisonniers des camps de concentration nazi qui se balançaient d'avant en arrière hantés par la terreur d'une mort imminente, et les postures d'enfants autistes non verbaux qui peuvent se balancer d'avant en arrière et présenter des comportements très stéréotypés, simplement parce qu'on ne leur a pas proposé une méthode de communication alternative pour s'ouvrir au monde. Bettelheim avait affublé les mères d'enfants autistes du qualificatif de « frigidaires », les assimilant aux gardiennes « kapo » des camps de concentrations nazis. (Voir son livre : La forteresse vide)
Plus tard je recevrais plusieurs messages très émouvants de mères américaines, bouleversées par la vision du MUR « Moi aussi j'ai été appelée « mère frigidaire ».
Donc ce 26 janvier 2012 je suis à Autism Speaks avec David Heurtevent, Magali Pignard et je fais la connaissance de Richard Pollak : Je suis en état de choc. Nous marchons dans les rues de New-York. Richard Pollak est lui aussi abattu par la nouvelle. Un tel événement ne serait jamais arrivé aux États-Unis. Il me raconte les circonstances de sa grande enquête sur Bruno Bettelheim qui, treize ans plus tôt, a contribué à accélérer la déconversion des États-Unis au sujet de la psychanalyse. le petit frère de Richard était autiste. Stephen a été suivi à l'école orthogénique de Chicago, dirigée par Bruno Bettelheim, jusqu'à sa mort accidentelle survenue à l'âge de onze ans. Des années plus tard, Richard Pollak s'est mis en tête d'écrire un livre sur la vie de son frère. C'est dans ce contexte qu'il a rencontré le célèbre docteur B. Mais l'entretien ne s'est pas du tout passé comme prévu. Bettelheim s'est révélé dogmatique, méprisant, cruel. Il soutenait que son frère s'était suicidé, alors que sa mort accidentelle est survenue sous les yeux de Richard. Puis il lui a tenu des propos maternophobes et antisémites…
L'entretien fut tellement discordant qu'il éveilla des signaux d'alarme dans l'esprit de Richard Pollak « Ma mère avait toujours détesté cet homme, mais jusqu'à présent je croyais que c'était une histoire d'incompatibilité entre deux personnes. Tout à coup je me suis dit « et si ma mère avait raison ? Et s'il y avait autre chose ? ». C'est ainsi qu'au lieu d'enquêter sur la vie de son frère, Richard Pollak s'est intéressé à celle de Bruno Bettelheim. La rigueur, et la ténacité lui ont permis d'entrer en contact avec des rescapés des camps qui avaient connu Bruno Bettelheim avant son arrivée aux États-Unis.
Richard Pollak a découvert que le célèbre psychanalyste pionnier de l'autisme était en réalité un grand mythomane qui avait menti sur son passé et la plupart des facettes de son existence. La réalité c'était un homme psychorigide, brutal, qui truquait les statistiques pour faire croire à l'efficacité de sa méthode, et s'est rendu coupable de harcèlement moral à l'égard des éducatrices et de mauvais traitement infligés aux patients, après avoir culpabilisé un nombre incalculable de mères d'enfants autistes. Privés de contact avec leur famille, entourés d'adultes en adoration devant Bettelheim, les jeunes internés à l'école d'Orthogénie, vivaient sous le régime de la terreur, recevant quotidiennement des gifles et des coups de poings. L'enquête de Richard Pollak a révélé que Bettelheim était un gourou sociopathe dont les pratiques étaient en totale contradiction avec les discours. Bettelheim s'est suicidé en 1990 en se mettant un sac en plastique sur la tête. Son décès libéra la parole de résidents qui dénoncèrent les mauvais traitements infligés à l'école d'orthogénie par celui qu'ils avaient rebaptisé « Brutalheim ».
Nos enquêtes ont des similarités étonnantes : elles ont débuté chacune de façon fortuite et nous ont entrainé bien au-delà de ce que nous aurions imaginé. Richard Pollak aura les mêmes mots que moi pour décrire le gouffre entre l'image que se donnent les psychanalystes vis-à-vis du public et la crudité de la réalité « A l'époque Bettelheim était une icône, un demi dieu » « Plus je tirais sur le fil, plus c'était énorme ».
En dépit de ma détresse, je suis heureuse que les circonstances m'aient permis de rencontrer un tel personnage. Ne sachant quoi faire pour me protéger, Richard Pollak serre ma main dans la sienne. Une fois de plus, j'engrange des informations qui me marqueront jusqu'à la fin de mon existence. »

BLOG de Magali Pignard
Lien : https://blogs.lexpress.fr/th..
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