Éric Pommet livre une adaptation remarquable de l'oeuvre de Steinbeck. Si le sujet reste le même, la forme et le fond divergent, s'adaptent au contexte dans lequel il s'inscrit (économique, social, écologique et même sanitaire) : notre époque.
L'auteur s'inspire du roman de Steinbeck pour faire passer un message clair sur la société moderne. Mais il ne se contente pas de dupliquer l'intrigue, il la remodèle avec l'oeil du sculpteur moderne, pour réfléchir et faire réfléchir son lecteur aux questions d'aujourd'hui.
Dans son oeuvre, la forme compte autant que le fond, l'auteur concentrant le récit non plus sur les personnages mais sur le sujet lui-même. Pour s'assurer de l'attention du lecteur sur le problème posé,
Eric Pommet semble l'économiser. Il pose le décor de son intrigue, de manière subtile, comme des petites touches de couleur. Ces sortes de didascalies forment des personnages-acteurs. le texte s'ouvre sur une scène de théâtre et, dès le premier chapitre, on ne lit plus l'intrigue : on la visualise.
Ici, il est moins question de la condition ouvrière que des dérives du capitalisme moderne. La cage à lapins laisse place à la cage de fer. Très vite, l'argent apparaît comme le nerf de la guerre. le malin n'est plus la femme, que l'auteur place au contraire comme une victime du diable (le mari obsédé par l'argent), mais le capitalisme sans limite qui emprisonne les êtres et les rend fous, telles des souris dans un labyrinthe.
Ce livre, plus optimiste que le roman de Steinbeck, est une critique constructive de la société contemporaine. Il véhicule des valeurs féministes, écologistes et sociales fortes, montrant que la liberté passe par le respect des autres, de l'environnement et surtout, de soi.
Le switch final est fin, subtil et magnifique d'humanité et d'espoir dans le genre humain. de nos jours,
Des souris blanches et des hommes de couleur est hautement valorisable.