Livre recueilli devant la porte de ma médiathèque. Reconnaissante à la personne qui a peut-être souffert de l'abandonner ou s'est simplement dit « bon débarras », je l'ai aussitôt lu. Il faut dire que dans le second texte « Désordre à son comble », il est question de conservation de nos cartons et de cette « valise poussiéreuse » qui « peut attendre ». Je ne regrette pas de m'être précipitée.
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Certaines de mes journées sont si fragmentées, me font tenir des rôles si variés, peut-être incompatibles, tout comme il arrive dans ces rêves qui nous font parcourir des lieux différents, et défiler des visages et des personnages sans lien apparent pour laisser au réveil une impression pénible de dispersion.
Qu'attendent-ils, ceux-là ? La mort de leur analyste en s'épargnant d'avoir à le tuer ? À tout prendre, mieux vaut le fatiguer ou le faire mourir d'ennui. Mais le souhait non formulé est sans doute celui-ci : trouver le moyen de mourir ensemble, au même instant, l'un dans son fauteuil, l'autre sur le divan.
Non, décidément, un livre ne se fabrique pas. Il est écrit, il avance tel un aveugle qui palpe les murs et les objets invisibles autour de lui. Nous n'exigeons pas d'un écrivain qu'il soit fou, seulement déboussolé. Nous souhaitons rencontrer un aveugle qui nous fasse, pour un temps du moins, visionnaire.
Maupassant (à Gisèle d'Estoc): " Je voudrais me séparer de moi-même." Il y parviendra au delà de ce qu'il souhaitait: dédoublement, hallucinations, folie- cette folie qui hante tant de ses nouvelles.
Se séparer de soi-même sans s'effondrer, sans tomber dans un chaos où tout est confondu. C'est à quoi servent le rêve, la psychanalyse, la lecture, l'écriture, les voyages parfois, mais toujours moins qu'on ne l'espérait.
L'« à-quoi-bon » que chacun connaît un jour ou l'autre quand il se demande ce qui le fait courir, s'affairer ou écrire, n'est que peu de chose, juste un signe de lassitude, de fléchissement, par rapport aux ravages que produit la pulsion de mort quand elle se donne libre cours.
Vidéo de Jean-Bertrand Pontalis