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EAN : 9782246796329
352 pages
Grasset (19/02/2014)
4/5   3 notes
Résumé :
En France, près de 80.000 personnes sortent chaque année de prison. Sont-ils des étrangers ou des citoyens à part entière ? Faut-il les aider ou les surveiller ? Peuvent-ils commencer une autre vie ?

Ce livre expose les réponses que la société française apporte aujourd’hui à ces questions mais avant tout il donne la parole aux intéressés, quatorze anciens détenus qui racontent leur vie après la peine : un texte indispensable pour qui s’intéresse aux d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre a pour mérite de ne pas traiter directement et exclusivement de la prison en tant qu'institution d'enfermement, de mise à l'écart des délinquants mais s'emploie principalement à donner corps et surtout donner la parole à d'anciennes personnes détenues afin de saisir ce que la prison a provoqué chez eux.
Ainsi, il est permis de mieux cerner les problématiques de la prison, toujours prégnantes et d'actualité : citoyenneté, soins, insertion et réinsertion, lutte contre la récidive pour ne citer que les plus emblématiques.
Ecrit à quatre mains, cet ouvrage est la convergence de l'analyse et des points de vue d'un magistrat et d'une journaliste. Il se consacre à une question trop souvent ignorée : en effet, tandis que les faits de récidive tournent en boule dans les médias jusqu'à saturation, il s'attache à traiter de la désistance, cette capacité pour la personne condamnée et détenue à reprendre le cours de sa vie sans jamais reparaître devant une juridiction.
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Dans ce livre qui se lit facilement mais est très instructif et écarte les clichés et le manichéisme, les auteurs donnent la parole à quatorze anciens détenus, femmes et hommes. L'objectif : avoir leur sentiment, connaître leur expérience de la prison et de ce qu'elle a changé en eux, mais surtout de la sortie, du "retour à la société" avec ses obstacles.
Les profils sont très différents : complets anonymes et personnes bénéficiant d'une certaine notoriété, âge, type de délit ou crime, longueur de la ou des peines, milieu social, niveau de santé physique et psychique, militants de la prison/personnes qui veulent juste l'oublier...
Cette diversité est un atout incontestable du livre, et elle se reflète dans la diversité des thématiques abordées par les auteurs, qui assortissent chaque témoignage d'un court chapitre sur un sujet en rapport comme la réinsertion, la famille, les longues peines, la maladie ou le handicap en prison, etc.

Ces petits chapitres sont une bonne synthèse des thématiques pour ceux qui ne se sont pas déjà intéressés au sujet. Mais ce que j'ai préféré dans ce livre, c'est entendre la voix d'ex-détenus, car cette parole est inaudible dans la société. Personnellement, et je crois que je reflète en cela la majorité des gens, je n'avais jamais vu ou rencontré des personnes dans cette situation, et je ne pensais jamais à elles, comme si elles n'existaient pas, alors que j'en ai forcément déjà croisé.
Cela m'a conduite à remettre en question les idées que j'avais de la prison, de la délinquance et de la criminalité. Je recommande ce livre.
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critiques presse (1)
Telerama
12 mars 2014
C'est pour « faire émerger une parole » que le magistrat Serge Portelli et la journaliste Marine Chanel ont écrit La Vie après la peine. La modestie affichée du projet, assortie de bon sens et non d'angélisme – « on condamne quelqu'un à la prison pour qu'il en sorte un jour (en tout cas depuis l'abrogation de la peine de mort) » –, est à la hauteur de la qualité du document, qui rassemble quatorze témoignages de prisonniers.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'obsession de la récidive

La prison est un monde sans cesse redécouvert et sans cesse oublié. Tous les rapports qui s'accumulent depuis des dizaines d'années ressassent inlassablement les mêmes constats, comme si rien n'avait été déjà écrit, vu, acté, filmé, attesté. Comme si ce monde clos n'offrait aucune prise à la mémoire. Pourtant, cette attention intermittente est un luxe au regard du désintérêt pour l'après-prison. Car une fois la liberté retrouvée, après la rupture de la levée d'écrou, une autre existence débute.

Une vie encore moins connue que celle de la prison. A croire que les murs sont encore plus hauts après que pendant. Là, pas de compassion à éclipse, pas d'indignation éphémère. Juste un regard lointain, méfiant et inquiet.

Aujourd'hui, les rares fois où la question est posée, elle est formulée presque exclusivement de la façon suivante : celui qui sort de détention va-t-il récidiver ? Subsiste-t-il un risque de nouveau passage à l'acte ? Avons nous affaire à in individu dangereux ? quel type d'expertise pratiquer pour le deviner ? Quelles recherches lancer ? Sur le sujet nous disposons d'études de plus en plus nombreuses, souvent contradictoires, qui tentent de chiffrer plus que d'expliquer le taux de récidive, synonyme d'échec ou de réussite de la prison. Mais le regard le plus obsessionnel est celui du politique, obnubilé par cette question. Le sortant de prison est devenu un suspect en puissance, enserré dans un maillage d'institutions de surveillance. Se sont multipliées les lois qui , votées à la chaîne ces dernières années, étaient censées réduire le risque de récidive en créant de multiples institutions de fichage, de contrôle ou de soins contraints.
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Que produit la prison ?

Si la société ne vit pas sans sanction, peut-elle pour autant être vraiment sûre de leur efficacité ? Qu'Est-ce que d'ailleurs l'efficacité d'une peine ? Au regard du déluge de lois pénales votées ces dernières années et du recours systématique à l'emprisonnement, on pourrait espérer que la question soit au moins à chaque fois posée. Il n'en est rien. Elle a comme un statut d'évidence. Se posait-on d'ailleurs la question de l'efficacité de la peine de mort quand elle existait ? Il semble parfois que la seule souffrance infligée épuise le maigre champ du questionnement : Est-ce que la prison fait suffisamment souffrir celui qui a entravé la loi ? Cette question de l'efficacité n'a pourtant de sens que si l'on assigne à la prison un but plus large que celui de seulement punir ou isoler un temps de la société.
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La prison est aujourd'hui la peine majeure. Mais que sait-on de ce qu'elle "produit" ? Tout dépend évidemment du but qu'on lui assigne.
Si on considère que la prison a pour mission de faire souffrir, inutile d'aller plus avant. La mission est remplie.
Si elle n'est qu'une entreprise de gardiennage utilisée le temps de l'emprisonnement pour "protéger la société " et isoler le condamné, il suffit de compter le nombre d'évadés pour évaluer le respect de sa mission.
Enfin, si le but est d'éviter la récidive, il suffit de comptabiliser les détenus libérés et de nouveau incarcérés dans les temps suivant leur libération.
Mais on condamne quelqu'un à la prison pour qu'il en sorte un jour (en tout cas depuis l'abrogation de la peine de mort) : alors, si la prison a pour ambition de faire changer le condamné, de modifier l'homme qui a été détenu, la mesure devient plus délicate. Compter ne sert plus à grand-chose. Il faut aller voir ce que deviennent concrètement les anciens détenus. Il faut les rencontrer et les écouter.
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La parole de l'ancien détenu

La désistance n'est pas uniquement un concept mais aussi une méthode. Celle-ci repose sur une analyse individuelle du parcours délinquant à travers le témoignage qu'il en porte. Dans ce livre, nous ne prétendons pas nous inscrire dans une démarche scientifique de ce type mais nous rejoignons cette méthode : donner la parole à ceux qui connaissent le mieux la prison, ceux dont elle a été le cadre permanent pendant plusieurs années, les anciens détenus.
Pour les rencontrer, nous sommes passés par l'intermédiaire d'associations d'anciens détenus, d'organismes de réinsertion, de visiteurs de prison, d'aumôniers qui ont gardé des liens privilégiés avec eux. Nous avons eu le souci de varier les âges, le sexe, les motifs d'incarcération, les situations de réinsertion actuelle. Notre objectif n'est ni d'asséner une morale, ni débusquer une vérité. Il est de faire émerger une parole aujourd'hui rare : nous l'avons volontairement reçue telle que nous était confiée, dans toute sa subjectivité, sans mener une enquête exhaustive, ni refaire un procès.
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Le discours subsidiaire sur la réinsertion

Ce discours lancinant sur la récidive s'est peu à peu substitué à celui sur la réinsertion, même si ce dernier n'a pas disparu. Depuis que la prison existe, le détenu a toujours fait l'objet d'un discours généreux et humaniste, voire philanthropique, qui a pris différents noms au XIXe siècle puis au début du XXe : l'objectif affiché de la prison était alors l'"amendement", le "relèvement", la "rééducation morale". Le sortant de prison bénéficiait de la même sollicitude paternaliste que le détenu. On parlait de "patronage post-pénal", de "parrainage" des libérés. Il fallait bien y penser, au moins depuis qu'avait été instaurée en 1885 la libération conditionnelle : une sortie anticipée de prison, mais qui n'avait pas de sens sans un soutien au moins matériel.
Jusqu'à la Libération, cette réinsertion était du domaine privé. La prison a changé après la Seconde Guerre mondiale en France. L'un des principaux facteurs d'une volonté de réforme a été que nombre d'hommes politiques ont vécu l'enfermement : la prison, l'internement, les camps...
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Vidéo de Serge Portelli
LE FESTIVAL AUQUEL VOUS AVEZ [HÉLAS] ÉCHAPPÉ !
Nous avions eu envie de réunir l'écrivain René Frégni et le magistrat et auteur Serge Portelli. Nul doute que ces deux-là auraient pu trouver des points communs dans leurs parcours humanistes, évoquant notamment le métier de juger et les prisons. Ils nous adressent quelques mots rédigés pendant leur confinement, en attendant que reviennent des jours meilleurs.
À lire : René Frégni, Carnets de prison ou l'oubli des rivières, coll. « Tracts », Gallimard, 2019. Serge Portelli, Qui suis-je pour juger l'autre ?, coll. « Ce que la vie signifie pour moi », Éditions du Sonneur, 2019.
http://www.ohlesbeauxjours.fr
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