Je déplore, pour commencer, l'absence des diacritiques roumaines qui est assez agaçante pour un livre publié en 2019, d'autant plus qu'on les trouve (miraculeusement) page 20, dans la citation roumaine d'un chant patriotique.
La référence du titre au poème « Heureux qui comme Ulysse », de Joachim du Bellay est en effet très réussie, même si j'y ai décelé une pointe d'ironie, car le poète chante la liberté à laquelle aspire aussi l'autrice d'origine roumaine.
Ce documentaire-autobiographique se lit facilement, car il ne manque pas humour. C'est frais, enjoué, lucide et rigoureux. J'ai deux ans de plus que
Florentina Postaru et son histoire est pas mal la mienne aussi. Elle a ravivé chez moi des souvenirs que je croyais bien enfouis comme la couverture d'un livre qui m'a charmée aussi durant mon enfance (p. 143), l'évocation du « Magazinul Istoric », (p. 219) ou les bibelots un peu kitch mis à l'honneur page 155, notamment par l'usage de nombreuses photos personnelles, certaines d'une grande beauté, comme celle de l'intérieur de la grand-mère (p. 102) ou celle page 33.
Des souvenirs d'une enfance, heureuse malgré tout, sous la dictature de Ceaușescu. La chute de ce régime totalitaire, évoquée à partir de la page 193, apporte un vent de liberté qui profite à l'adolescente (« une nouvelle vie commençait pour nous », p. 204).
Hélas, aucune de mes deux filles, n'est pour l'instant attirée par ce livre, mais je garde espoir de le leur faire découvrir un jour.