Ouvrir un recueil de poésies comme celui-ci, c'est entrer dans un monde, fait d'éclaboussures de nature ou d'enfance, de fulgurances vives et musicales, de tempos qui se jouent des mirages du temps, et de clairières où trouver le repos dans la forêt des mots.
Le langage de
Fred Pougeard est accessible et sa mélodie se coule agréablement dans l'oreille du lecteur, ses images sentent bon l'émerveillement, l'enfance et le goût retrouvé d'une calme prairie. Ses textes touchent quelque chose d'essentiel, mais comme en batifolant gaiement. Donc les cinq sens sont comblés par cette lecture.
Par le tutoiement, il plonge le lecteur dans une aventure personnelle, agréablement intime, et cette immersion délicate apporte rapidement un sentiment de sérénité, renouvelé à chaque lecture. S'il y a parfois, rarement, un surgissement de noirceur comme au début d'Intermezzo, il est vite chassé par rituels du quotidien.
Les émotions sont là, mais imagées avec sobriété et délicatesse.
« Et si alors une pluie droite et tiède
Dépose sur les milliers de feuilles
Son contrepoint tout froissé
A la flûte affûtée du merle,
Tu pourras même danser léger
Avec l'idée de la disparition. »
La fugue parfois prend de petits airs de transcendance, mais une transcendance d'instant présent plutôt que d'éternité, de pissenlit plutôt que de grandeur.
Ici ou la quelques néologismes surgissent abscons et cassent brièvement le rythme de la petite musique comme ce « déchlorophylisé » qui joue sa petite danse.
L'humour passe dans les textes comme un petit oiseau qui se pose brièvement sur la branche. Il procure un petit bruissement agréable.
Enfin, l'auteur fournit une liste de mélodies associées à ses textes. Ça me tente bien de le relire avec les mélodies associées… comme ces restaurants qui proposent un accord mets et vins.
Une jolie découverte grâce a l'opération masse critique de Babelio.
Je pense que ce texte est accessible à tous ceux qui n'ont pas peur de leur part d'enfance, de leur côté artiste, et qui n'ont pas peur de s'égarer dans les chemins de traverse. Aux rationnels, pisse-froid et autres puritains, passez votre chemin bien vite avant que le Pissenlit ne sème en vous sa graine.