Malik Ousekine Contrecoups est un roman graphique de 2015 que vient de rééditer Casterman.
Les auteurs Puchol et Bollée dans un roman graphique en noir et blanc retrace un évènement dramatique de fin 1986 à Paris : la mort de Malik Oussekine lors des manifestations estudiantines contre la Loi Devaquet. Une mort qui a marqué des générations .
Pour retracer cette tragédie, un certain nombre de personnages vont partager cette nuit dramatique : une jeune médecin légiste, un infirmier du Samu, un groupe d'étudiant, un Yougoslave, des hommes politiques, les voisins de Malik
Tragédie car Malik a été battu à mort par un Peloton de Voltigeurs à moto. Brigade de la mort mis en place par le Ministère de l'Intérieur pour éradiquer les manifestations étudiantes.
Cette plongée en noir et blanc dans cette nuit tragique est très réaliste. le graphisme, les dialogues , tout concourt au côté tragique de cette nuit.
Se rappeler qu'il y a moins de 40 ans, en France, la répression existait est salutaire...
Pourtant la plaque commémorative posée Rue Monsieur le Prince ne dit pas l'exacte vérité. Il est dit sur cette plaque que Malik Oussekine à été frappé à mort lors de manifestations du 6 Décembre.
Il n'est pas dit que ce sont des policiers qui l'ont frappé à mort en dehors de toute manifestation .
Frappé par cette bidule, longue matraque qui fera que rien ne sera plus jamais comme avant . A chacun de vivre avec ses contrecoups.
Merci à Babelio et aux Éditions Casterman pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une Masse Critique.
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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Casterman pour ce livre que j'ai reçu dans le cadre de la Masse Critique Graphique de décembre 2022. Je ne connaissais Malik Oussekine, "l'affaire Malik Oussekine" que de nom, vaguement, comme un écho lointain qui ressort de temps en temps dans l'actualité. Ce roman graphique m'a permit de découvrir les faits, le déroulé des évènement qui a conduit à la mort de ce jeune homme dans la nuit du 05 au 6 décembre 1986. Pour ceux qui comme moi ne connaissent pas l'histoire, un rapide résumé : Malik Oussekine, 22 ans, s'est retrouvé là où il ne fallait pas, quand il ne fallait pas. En pleines manifs étudiantes, il s'est retrouvé face à des policiers chauffés à blanc, alors qu'il passait par là. Passé à tabac sans raison autre que le pétage de plomb d'un de ces policiers à moto, dont le rôle était déjà un appel à bavure, "nettoyer les rues", il ne s'en relèvera pas. Sur le fond, ce roman graphique nous sert les faits, du point de vue de chacun des intervenants. Les témoins, les étudiants manifestants, les habitants du quartier Latin, les urgentistes du SAMU, les policiers, les politiques. Et c'est une bonne surprise de mon point de vue. J'avais peur en voyant la couverture rouge vif et noir profond, la silhouette d'un grand policier, matraque à la main, d'un ouvrage très orienté "ultra-gauche", pas forcément objectif, très "anti-flic" par principe. Il n'en est rien. Les auteurs déroulent les faits, rien que les faits, les états d'esprit de chacun, et montrent que parmi les policiers il y a aussi des hommes qui se désolidarisent, qui se rendent malades de ce qu'ils ont vu ce soir-là, un de leur collègue qui a littéralement massacré ce garçon dans le hall d'immeuble où il tentait de se réfugier. Et cette objectivité crédibilise le tout. Ce n'est pas un plaidoyer, c'est un récit implacable de cette nuit terrible. de l'incompréhension qui règne entre les différents protagonistes, étudiants, politiques, journalistes. du réflexe policier de couvrir, couvrir, pour ne pas admettre ses faiblesses, ses fautes. Côté forme, le style graphique sert le propos. L'usage du noir et blanc donne de la force au récit, de la dureté, une sorte d'implacabilité. Les pages sont découpées en grandes cases, il y a peu d'explication narrative, donnant encore un sentiment d'objectivité. On passe d'un personnage à l'autre sans forcément de transition, comme un déroulé de film, un peu sur le principe des plans-séquences. En tout début d'ouvrage, les auteurs nous donnent à voir ce que Malik aurait pu devenir s'il avait vécu. C'est une introduction très touchante. La dernière page montre la plaque apposée en sa mémoire, point final d'une vie brisée. Je conseille ce roman graphique à tous ceux qui souhaitent savoir ce qui se cache derrière l'affaire Malik Oussekine, derrière ce nom qui revient à nos oreilles régulièrement mais dont l'histoire reste vague dans les esprits les plus jeunes. Un livre très enrichissant.
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Une BD qui se lit d'une traite et qui rend très bien l'atmosphère et les incompréhensions entre les milieux étudiants et politiques. Et au milieu, une victime, Malik Oussekine, qui a eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, contre des forces policières à qui on avait donné le blanc-seing!
C'est intense et très bien écrit et illustré. L'atmosphère est là et les différents protagonistes, les politiques blasés et manipulateurs, les flics du haut prêts à tous les mensonges pour cacher la réalité, les liens entre police , médecine légale et politiques dans cette affaire et surtout l'incrédulité des intervenants involontaires, l'étudiant qui subit le coup de matraque gratuit, la légiste qui vit une autopsie hors-sol, les préjugés et autres actes ordinaires qui engendrent des conséquences importantes.
C'est intéressant de se replonger dans ce tragique assassinat et cela donne envie de relire d'autres documentaires sur cette période.
Merci aux Éditions Castermann et à Babelio pour cette découverte.
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