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EAN : 9782226455888
432 pages
Albin Michel (27/04/2022)
3.27/5   39 notes
Résumé :
San Diego, 1956. Muriel, 21 ans, vient de se marier mais déchante rapidement. Eprise d’indépendance, elle trouve une échappatoire dans les jeux d’argent et les courses de chevaux. Seul Julius, son mystérieux beau-frère, comprend sa soif de liberté. Il travaille dans un casino de Las Vegas mais tombe amoureux d’un tricheur qui, démasqué, s’enfuit. Julius part à sa recherche.
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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A travers les destins croisés de deux personnages en marge, Shannon Pufahl est parvenue à capter avec élégance et subtilité la bascule de l'Amérique des années 1950 vers la modernité. 1956. La guerre de Corée a pris fin, la guerre froide s'intensifie, la contemplation des essais nucléaires dans les étendues désertiques du Grand Ouest attirent les badauds, les autoroutes achèvent leur construction, la société de consommation naît.

Muriel et son beau-frère Julius sont à l'étroit dans la société très normée des années 1950. Elle, 21ans, vient de quitter son Kansas natal pour la Californie, fraichement installée à San Diego avec son mari Lee. le désenchantement face à sa vie maritale creuse son sillon à mesure qu'elle commence à s'émanciper, misant en secret sur des paris hippiques puis explorant des aventures amoureuses inédites. Julius, renvoyé de l'armée pour homosexualité, la fascine par sa liberté, des salles de poker de Las Vegas aux bars miteux de Tijuana. Il inspire Muriel car il lui permet d'imaginer le monde plus grand et plus excitant que ce qu'elle vit avec Lee. Leurs vies se croisent, convergent, divergent mais partagent secrets et intentions voilées.

Shannon Pufahl explore avec justesse le courage d'être soi au mépris des conventions, le risque de vivre sa vie comme on l'entend, libres et ardents comme les chevaux du titre ou la jument rebelle que Julius offre à Muriel avant de fuir au Mexique, loin de l'enfermement d'une vie étriquée. La narration place le lecteur en poursuites parallèles, alternant des chapitres centrés sur l'un puis l'autre, au plus près des personnages. J'ai parfois un peu décroché, ou plutôt les émois et aspirations des personnages n'ont pas totalement imprimé ma lecture. Et c'est la qualité d'écriture de l'auteure qui m'a à chaque fois ramené dans le récit et vers l'élan vital qui pousse les personnages à s'émanciper.

En fait, Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents est avant un roman d'ambiance qui repose sur la quête de soi très contemplative plus que une intrigue dument charpentée. Shannon Dufahl déploie une prose très maitrisée, délibérément lente, nourrie de métaphores évocatrices. Elle excelle dans les descriptions impressionnistes des lieux, entre lyrisme et précision, avec un souci du détail et de la concision qui immerge totalement le lecteur : bars gays clandestins, salles de jeux illégales, hôtels crasseux, champs de courses poussiéreux et surtout, Las Vegas au début de l'empire du jeu donnent naissance à des passages absolument somptueux, parfois fiévreux, souvent ouaté d'interdits, toujours empreints de mélancolie.
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A San Diego près de la frontière mexicaine, les champs de courses remplacent les vastes plaines de l'Arkansas natal de Muriel qui est venu s'y établir pour suivre Lee, son mari.

C'est l'époque des Fiftees, la guerre de Corée terminée 3 ans plus tôt laissent encore les traces d'une ombre sur les vétérans comme Lee et son frère Julius.
Les retours en arrière sur l'enfance rugueuse De Lee et Julius renforcent leurs liens, la maison familiale de Muriel l'attache à de tendres souvenirs.

Tous les 3 rêvaient d'une petite maison commune sur les collines de Californie mais il y a trop de monde maintenant et le ciel est parasité d'avions militaires.
Alors chacun d'eux va comme il peut dans ce roman d'ambiance où les personnages peinent à se reconnaître dans une Amérique en mutation.

Il faut entrer doucement dans le roman de Shannon Pufahl sans chercher de grandes chevauchées des mots, la lenteur sert une fine observation de la société américaine d'alors que j'ai beaucoup appréciée.

J'ai aimé l'éclat des paysages, les couleurs des vergers, la poésie à certains endroits du texte comme la belle image de la robe des chevaux par exemple. Je ne suis pas une passionnée des jeux de cartes mais cela ne m'a pas gênée dans ma lecture.

Il faut dire que je me suis attachée à la côte ouest et à la forte impression d'évanescente du roman comme si tout était fondu, irréel. D'où l'intensité des désirs aux goûts de l'interdiction qui ne demandent qu'à s'échapper, être soi, aimer qui l'on veut, une envie de vivre qui surpasse les personnages eux-mêmes comme s'ils restaient en arrière-plan pour servir un plus grand dessein.

Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents, c'est pour moi la nostalgie du dernier cheval sauvage et des rêves à réaliser.

Une lecture américaine découverte grâce à Léa du groupe FB #PicaboRiverBookClub que je remercie infiniment ainsi que les éditions Albin Michel Terres d'Amérique.

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Halluciné, ce premier roman virevolte dans l'Amérique des années 1950, dans l'Ouest défloré mais encore promesse de transgressions délicieuses. Shannon Pufahl fait naître des atmosphères tourbillonnantes, enveloppantes, notamment grâce à son don pour écrire la lumière, grâce à ses métaphores éthérées. Pourtant, la silhouette de ses personnages n'apparaît pas toujours très nette, comme en contre-jour. Ses contours sont brouillés, similaires à ceux de leurs fantasmes et de leur foi, flottante et liée à des concepts qui nous échappent parfois (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/05/25/et-nous-nous-enfuirons-sur-des-chevaux-ardents-shannon-pufahl/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Habituellement, je suis une grande amatrice de la collection Terres d'Amérique aux Editions Albin Michel pour leurs parutions très dépaysantes et souvent, de grandes qualités. Il n'est pas rare que leurs livres finissent en gros coups de coeur chez moi, comme à titre d'exemple, « le fleuve des rois » de Taylor Brown (ma chronique est disponible sur le blog).

Par contre, dans le cas présent, je dois être honnête dès le départ : je me suis fortement ennuyée avec « Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents » de Shannon Pufahl. Autant la quatrième de couverture m'avait conquise, autant la globalité du livre m'a laissée de marbre.

En substance, il y a des éléments de l'histoire que j'ai appréciés avec la place de la femme, courant des années 50 aux Etats-Unis, la façon dont était jugée l'homosexualité durant ces mêmes années. La manière de traiter de ces sujets est d'une justesse appréciable et intéressante. le souci est la construction du récit par l'auteure.

En effet, les phrases sont très longues et les descriptions des lieux, d'environnement, de personnages se font sur des phrases et des phrases. Je suis bien consciente qu'il s'agit avant tout d'un roman d'ambiance mais l'intensité du descriptif a engendré de l'ennui chez moi. J'espérais à chaque fois que l'intrigue se réveille réellement et qu'il se passe enfin quelque chose. Mais, hélas pour moi, ce ne fût pas le cas.

En fin de compte, les « actions » peuvent se résumer en un nombre très très limités de pages si on y enlève les développements descriptifs. Et selon moi, trop d'ambiance tue l'ambiance. J'aurais pu l'apprécier si elle s'était accompagnée d'un brin d'événements notoires nécessaires au bon déroulement de l'histoire.

Dommage, c'est donc une déception pour moi. Ceci n'est et ne sera que mon humble avis personnel. Je ne peux que vous conseiller de le lire afin de vous forger votre propre opinion.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Je remercie chaleureusement les éditions Albin Michel et sa collection Terres d'Amérique pour ce service presse.
Il y a toujours dans un premier roman la tentation d'y infuser l'ensemble des influences d'un(e) auteur(e). On en dit parfois trop et le récit du coup semble empesé, comme noyé dans un trop plein d'idées. Shannon Pufahl signe ici son tout premier roman "Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents." Elle nous plonge dans les années 1950 aux Etats-Unis où l'on suit deux personnages principaux : Julius, le frère De Lee et son épouse Muriel. Un roman sur l'émancipation, la liberté sexuelle qui commence à affleurer face au puritanisme. Bien sûr tout cela est encore semi-clandestin. Julius a un secret, depuis l'enfance il a toujours pressenti qu'il était attiré par les garçons. Assumer son homosexualité, à cette période de l'histoire américaine, n'est pas une chose facile. Bien souvent, on quitte sa famille pour rejoindre des états, des lieux où l'homosexualité est davantage comprise et admise même si l'hypocrisie de la société y est encore présente. Julius part donc pour Las Vegas, la capitale du jeu est ainsi un endroit de liberté où les moeurs ont davantage évolué dans le cadre de l'acceptation de l'homosexualité. Julius travaille dans un casino où il est chargé de repérer les tricheries autour des jeux d'argent, sa passion. Julius va y rencontrer Henry et ils vont s'aimer avec toute la fureur de la passion. Un jour Henry s'en va sans laisser un mot. Julius va partir pour le retrouver, lui l'amour de sa vie. Pendant ce temps, Muriel ressent le besoin de s'évader avec sa passion pour les champs de courses et les paris, un jeu dans lequel elle excelle. Elle aussi, à l'image de son beau frère Julius, souhaite sortir du carcan d'un mariage sans réel passion. Lee, son mari, aime profondément son épouse. Muriel, elle, rêve d'autre chose, elle veut être libre et se sent à l'étroit dans une union où elle ne peut, elle aussi, être pleinement elle-même. C'est un récit sur l'hypocrisie d'une société américaine qui préfère fermer les yeux et repousser l'homosexualité à la marge de la société puritaine d'alors. L'écriture est agréable, l'histoire touchante avec les scories propre au premier roman. Je n'ai, malgré toutes ces qualités, pas été totalement emporté par ce roman "Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents."

Lien : https://thedude524.com/2022/..
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critiques presse (1)
Lexpress
27 juin 2022
Avant d'évoquer l'histoire, il convient de parler du style, unique. Nul artifice narratif ici, mais des phrases comme de petites mélodies lancinantes, des paragraphes comme des vagues qui prennent leur élan, gonflent et retombent sur leurs pieds, immanquablement.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Elle se met à considérer les éléments du paysage différemment, comme si c'étaient les chevaux eux-mêmes qui leur avaient donné leurs noms. Les collines et la zone de marnage sont alezanes, gris pommelé. Les troncs arrondis et nus des palmiers sont couleur bai dans la lumière du littoral, une lumière suspendue dans le ciel sans nuage au-dessus d'une mer couleur rouan, et qui passe du bai-cerise à la robe isabelle selon le temps qu'il fait.
Un sentiment poignant la saisit parfois au travail ou le matin au réveil. Un sentiment qui ressemble au bonheur, mais qui se déploie avec tant de lenteur et de gravité qu'elle pourrait aisément le confondre avec le chagrin.
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Ils avaient grimpé l’échelle pour regarder dans le trou depuis le bord, à trente mètres de hauteur. Le reflet de leurs têtes dans l’eau se découpait au centre d’un cercle de lumière, et ce cercle était devenu noir comme un négatif à la surface de l’eau, bordé d’un liseré satiné. On aurait dit qu’ils se tenaient debout à l’intérieur d’une éclipse.
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Le lendemain matin, Lee fit du bruit dans la cuisine avec les tasses et entreprit de réparer des choses dans la maison qu’elle ne savait pas réparer, et elle consentit finalement à l’épouser. Parce qu’elle était orpheline et seule, mais aussi à cause de Julius, qui lui avait fait pressentir que le monde était plus vaste qu’elle ne l’avait imaginé, et parce que Lee, qui aimait son frère, en était devenu à la fois plus intéressant et plus fort. Elle savait que sa mère n’aurait pas cautionné cette union, mais sa mère n’était plus dans les parages pour le lui dire.
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L’amour était toujours quelque part hors de soi, il était toujours improbable. Il pouvait surprendre n’importe qui et pouvait naître mille fois, une seule fois ou jamais. Il fallait le chercher et il fallait l’autoriser, se laisser mettre à nu par la force de sa clairvoyance.
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Videos de Shannon Pufahl (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shannon Pufahl
Pour retrouver tous leurs ouvrages
Nana Kwame Adjei-Brenyah : https://www.albin-michel.fr/nana-kwame-adjei-brenyah Matthew Neill Null : https://www.albin-michel.fr/matthew-neill-null Leila Mottley : https://www.albin-michel.fr/leila-mottley Shannon Pufahl : https://www.albin-michel.fr/shannon-pufahl David Treuer : https://www.albin-michel.fr/david-treuer Katherena Vermette : https://www.albin-michel.fr/katherena-vermette Michael Christie : https://www.albin-michel.fr/michael-christie Charles C. Mann : https://www.albin-michel.fr/charles-c-mann
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