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EAN : 9782913039919
196 pages
Le Bélial' (25/04/2019)
3.72/5   9 notes
Résumé :
À quoi ressemblerait la science-fiction sans John W. Campbell ?
Né en 1910 dans le New Jersey, il publie ses premières nouvelles à l'âge de 20 ans. C'est en 1938 que paraît celle qui le rendra célèbre : « La Bête d'un autre monde », récit qui fera l'objet de trois adaptations cinématographiques : en 1951 par Christian Nyby sous le titre La Chose d'un autre monde, en 1982 par John Carpenter sous le titre The Thing, sans oublier la récente suite/remake du même... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une fois n'est pas coutume, le dossier de ce numéro de Bifrost est consacré à un éditeur.

Mais quel éditeur ! Celui qui a transformé ce que les récits de science-fiction avaient à proposer au lecteur en dirigeant la revue Astounding Science Fiction. le découvreur de monstres de talent tel le triumvirat Isaac Asimov, Robert Heinlein et Alfred E. van Vogt.
Bon, il était aussi auteur, mais dans ce domaine il n'a pas laissé une impression rémanente, hormis peut-être La Chose d'un autre monde, dont s'emparera John Carpenter pour son film The Thing. Malgré tout, il a apporté quelque chose au genre : cette volonté de rendre explicable toute description d'objet ou technique présentées dans ses récits. Avec lui, terminé les zap-zap à la Buck Rogers, terminé les voyages plus vite que la lumière (sauf explication vraisemblable). Il s'agit de donner un rôle constructif à la science fiction, d'en faire le fer de lance de la vulgarisation scientifique et de l'anticipation du futur. Plusieurs auteurs réguliers de la revue se casseront les dents sur cette nouvelle direction, alors que naîtra une nouvelle génération de futurs maîtres.
La dernière partie de sa vie est moins aguichante. Il s'éloigne des sciences dures pour orienter sa curiosité vers des sujets douteux comme la Dianétique de L. Ron Hubbard (à la base de la scientologie).

Le dossier comporte plusieurs articles intéressants, dont la remarquable (et longue) biographie par Francis Valery qui décrit à merveille l'ambiance du monde de l'édition américaine dans les années 1935-1950 et l'influence centrale de Campbell. Théodore Sturgeon – une autre des découvertes de Campbell – nous offre son angle de vue affectueux sur le personnage.
Puis John W. Campbell lui-même au travers d'un essai qui veut démontrer comment écrire une bonne histoire et publiable de science fiction. Cet article montre en creux que le personnage, droit dans ses bottes et ses convictions, ne devait pas être commode tous les jours.
Suivent un tour d'horizon de son oeuvre littéraire et des adaptations cinématographiques, puis quelques lettres de l'éditeur à ses auteurs (Asimov, Heinlein, Sturgeon) qui prouvent qu'il pouvait sans problème leur rendre des points dans les conversations.

Les quatre nouvelles qui accompagnent m'ont soit enthousiasmé, soit plutôt ennuyé. Les Choses à barbe de Sam J. Miller appartient à la deuxième catégorie, dans la mesure où j'apprécie peu ce genre horreur/fantastique. Elle plaira probablement à ceux qui apprécient La Chose d'un autre monde de Campbell car elle en constitue une sorte de suite. Cependant je reconnais le talent de Miller pour mêler à une histoire de suspense horrifique des thèmes sociaux d'actualité comme l'homosexualité ou la condition des Noirs aux USA.
Les Nouvelles aventures de Flip-Flop de Laurent Queyssi est géniale. Une espèce d'univers alternatif où Flip-Flop remplace Tintin dans l'histoire de la BD et où l'on croise des « tulpa » (c.f. Wikipedia : selon le Bouddhisme tibétain une entité spirituelle créée par la force de la volonté de son invocateur et forcée à se manifester dans le monde physique).
De même le Triangle de Laurentiev de Michael Rheyss. Cette nouvelle fait apparemment partie d'un cycle des Ingénieurs Cosmiques, dans lequel les auteurs de SF appartiennent à une organisation secrète chargée d'orienter l'humanité vers la conquête du cosmos. Dans « le Triangle… », Laurentiev, mathématicien soviétique, cherche à convaincre Asimov de reprendre le collier de romancier de SF (dans la réalité, je ne crois pas que relier les cycles des Robots et de Fondation était une bonne idée, vu la piètre qualité des romans de chainage).
Enfin, Campbell est lui-même à l'honneur avec « le Ciel est mort ». Voilà donc comment il écrivait dans sa meilleure période. Ben je me suis ennuyé avec sa sempiternelle volonté de décrire chaque technique avec précision. Il manque le rythme. C'est une nouvelle d'ambiance, pas si éloignée des Montagnes Hallucinées ou de la Cité sans Nom de Lovecraft dans le style descriptif, mais où la technique domine.
En revanche l'ambiance crépusculaire de fin du monde est palpable.

Pour terminer, je ne peux pas passer sous silence les critiques littéraires de ce numéro. Elles ont fait grossir ma PAL qui n'en a pas du tout besoin. Je ne vous remercie pas, messieurs du Bélial' (ou je vous remercie, je sais plus).
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Si vous trainez parfois sur la page Facebook du Bélial, vous savez que l'équipe éditoriale aime le whisky. de là à lui consacrer un dossier, il y a un pas allègrement franchi ici. le rapport avec la SF ? Si tu ne le voies pas, c'est que tu es très jeune et que ta culture SF a encore quelques progrès à faire. En lisant ce numéro, tu apprendras que le clan Campbell ne se résume pas à cette boisson alcoolisée.

Nouvelles

Les Choses à barbe, de Sam J. Miller
Une présentation alléchante pour cette nouvelle :
"Dossier John Campbell oblige, « Les Choses à barbe » propose une suite à The Thing, le film de John Carpenter, et donc, somme toute, à la novella « La Bête d'un autre monde » (aka « Who Goes There »). Un texte assez stupéfiant où Miller réalise une prouesse inédite : lier le récit campbellien à la problématique du sida, de la « gayitude » et de la condition des Noirs outre-Atlantique. Rien que ça."

MacReady est de retour chez lui, mais il a la mémoire pleine de trous. Sur fond de lutte des Noirs et de Sida, je suis passé complètement à côté de ce texte. le style de Sam J. Miller n'est définitivement pas pour moi.

Les Nouvelles Aventures de Flip-Flop, de Laurent Queyssi
Un auteur se demande si il doit reprendre les aventures d'un célèbre personnage de BD, alors que son créateur avait clairement stipulé sa volonté que son oeuvre s'arrête à sa mort. Entre respect de l'oeuvre original, contrat mirobolant, difficile de faire son choix.
Un texte dans la veine fantastique qui ne me laissera pas un souvenir impérissable, mille milliards de mille sabords.

Le Triangle de Lavrentiev, de Michael Rheyss
Suite du cycle entamé dans le numéro 90 consacré à Edmond Hamilton que j'avais beaucoup apprécié, ce fut moins le cas ici, Michael Rheyss s'attardant sur un épisode, imaginaire, de la vie de Asimov, auteur que je ne connais pas. Ceci dit, j'aime bien l'idée sous-jacente, ce complot dont certains auteurs de science fiction sont investit.

Le ciel est mort, de John W. Campbell
Le dossier nous dira plus loin que Campbell est l'un des pères de la Hard-SF, je m'attendais donc à une certaine plausibilité scientifique, ce qui ne me semble pas être le cas ici.
Un astronaute en devenir se retrouve projeter dans un monde froid où le ciel semble mort. N'ayant pas adhérer à la spéculation, j'ai eu du mal à entrer dans son univers et cela est un peu old school.


Ballades sur l'arc
Pas grand chose à me mettre sous la dent, que ce soit en revues ou en romans, j'y ai repéré tout de même Sixième du crépuscule et autres nouvelles, de Brandon Sanderson. En outre, j'avais envie de me plonger dans Les hommes frénétiques, l'avis présent en ligne confirme mon intérêt

Paroles de... la donne à Philippe Gady, illustrateur durable, collaborateur régulier au Bélial, un artisan qui préfère le papier à Photoshop. Il nous dévoile sa manière de travailler, et aussi ses autres centres d'intérêt.


Au travers du prisme : John W. Campbell
Six articles et une bibliographie composent le menu. Francis Valéry ouvre le feu en abordant le parcours de l'homme. Aborder est bien le terme adéquat tant j'ai trouvé que l'article se contentait à être une longue liste de parutions, de résumés, plutôt qu'une analyse de la biographie et bibliographie. Qui est il dans la vie privé, comment a t'il changé le visage de la SF américaine ? Beaucoup trop survolé à mon goût.
Theodore Sturgeon, dans un texte de 1954, nous livre sa vision de son éditeur, un exercice qui tombe dans l'hagiographie, mais dont quelques passages permettent un aperçu de la SF d'alors, même si certaines choses ne changent pas :
"Lorsque quelqu'un lui demande pourquoi il s'adonne à ce genre de littérature, l'écrivain de science-fiction n'a qu'à répondre : « Il faut bien vivre. » Voilà une vérité nouvelle qui a le mérite de satisfaire beaucoup d'écrivains et la plupart de leurs interlocuteurs."
Suit le regard de Campbell sur ce qu'est un bon texte de SF. Ecrivaillons du monde entier, prenez note et vous pondrez un texte qui fleure bon les années 30-50. Blague à part, il y a pas mal de choses que je trouve toujours d'actualité et de bon sens. Mais bon, je ne suis pas éditeur. Dommage que je n'ai pas lu les textes dont parle le sieur pour me faire une véritable opinion.
Campbell est un tout de même un sacré personnage, citant abondamment des textes qu'il a écrit sous pseudo. Égo quand tu nous tient, ...

Tous lecteurs de SF adepte du genre connait Campbell, du moins de nom, mais peu de lecteurs français ont lu de ses textes, ces deniers n'ayant eu que peu l'honneur d'une traduction. La majorité se trouvent dans le recueil le ciel est mort. Philippe Boulier nous livre une analyse de ces quelques textes, parfois mis en parallèle avec des textes non traduits. Cela donne envie de sortir ce recueil des limbes digitales de ma liseuse où il se trouve.

Suit un focus The thing, à travers la nouvelle originale La Bête d'un autre monde, ainsi que sur les trois adaptations cinématographiques par Thomas Day, le digne héritier de Campbell dixit Francis Valéry :
"L'histoire de la science-fiction est jalonnée de figures d'écrivains-éditeurs, des personnalités fortes qui, menant une double carrière, ont marqué l'histoire du genre (en France, on pensera avant tout à Gérard Klein, mais on pourrait tout aussi bien citer Alain Dorémieux, Michel Demuth, voire, plus près de nous, notre collaborateur Thomas Day/Gilles Dumay…)."

Un bien bel article qui analyse finement la nouvelle et ses adaptations. Pour ma part, j'avais plutôt bien aimé l'adaptation de 2011.
Je vous invite grandement à vous organiser un voyage polaire depuis votre canapé. Et en plus j'ai appris quelques anecdotes et une chose à propos de la nouvelle La Bête d'un autre monde :
"Il en existe aussi une version longue, le court roman Frozen hell, retrouvé récemment, qui a donné lieu à l'automne 2018 à un kickstarter au terme duquel 155 366 dollars ont été réunis pour sa publication."

Le dossier se clôt par 4 extraits de lettres adressés à la team des auteurs campbelliens. Me laisse l'idée d'un homme logique, et froid, qui aime s'entendre parler.
Une bibliographie referme le tout


Scientifiction
Frédéric Landragin et Roland Lehoucq vous disent tout sur l'appareil photo, la photo et son utilisation dans la littérature (comme sujet ou procédé arratif) et le cinéma SFFF. Et ils nous dévoilent comment faire des phototrucages avec des soucoupes volantes, des ET ou encore des lutins.

Les derniers Bifrost numériques avaient tout de la mauvaise blague, l'équipe a réagit ici. Pas parfait, il y a encore quelques petits couacs ici et là, mais rien qui n'empêche sa lecture. Vous avez les encouragements du Chien critique.
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Un plutôt bon numéro de Bifröst cette fois-ci. Le dossier Campbell est exhaustif et l'article de Campbell sur l'écriture de la Sf est particulièrement intéressant.
Comme d'habitude les nouvelles sont toutefois médiocres ou éculées (le Ciel est mot de Campbell par exemple).
La surprise vient de la section des critiques ou de nouveaux chroniqueurs, comme Apophis, apparaissent et aident enfin à tasser les insipides papiers des beni-oui-oui habituels.
On regrettera toutefois un peu le bâclage des critiques de la section magazine.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Trantor avait toujours été son univers préféré. Il l'avait exploré dès ses tout premiers romans, avec Cailloux dans le ciel, en 1950, où il projetait un homme du vingtième siècle au cœur d'un vaste empire galactique au sein duquel la Terre n'était plus rien ou presque - un monde agricole, arriéré. A l'époque, l'idée sous-jacente avait été de préparer ses lecteurs à l'âge des étoiles en leur offrant de ne plus considérer la Terre comme l'unique planète de référence. I était revenu à Trantor, au moins à deux reprises, avec une œuvre qu'il affectionnait, Tyrann, en 1951, qui narrait les temps troublés précédant l'empire et l'échec irrévocable d'une démocratie fédérale ; puis Les Courants de l'espace, l'année d'après, qui décrivait la montée en puissance de la planète-capitale.
("Le triangle Laurentiev" - Michael Rheyss)
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N'essayez pas de soumettre des "nouvelles à idées" : on pourrait vous offrir de l'argent pour que cette idée soit proposée à un auteur compétent. A la place, prenez un mois ou deux pour réfléchit aux ramifications de l'idée, essayez mentalement une demi-douzaine de manières de l'appliquer, et soignez votre boulot. Les gens lisent des magazines ; les idées ne portent pas de costards.
("La science de l'écriture de science-fiction" - 1947 - John W. Campbell)
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"Une seule chose me chiffonne vraiment, je poursuis. L'histoire.
-- Oh, ne vous inquiétez pas pour ça. Nous avons déjà contacté plusieurs scénaristes qui planchent déjà sur des idées de récits. Certains pitchs nous paraissent prometteurs. Et nous n'avons fait appel qu'à de très grands auteurs, des orfèvres du scénario de bande dessinée."
Putain, s'il a suivi la liste des meilleures ventes, j'imagine le casting pourri.
("Les nouvelles aventures de Flip-Flop" - Laurent Queyssi)
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Lorsqu'Asimov soumet le manuscrit de l'une des ses premières histoires de robots à John Campbell, celui-ci en interrompt soudain la lecture et lui dit : "Mais non, Isaac, tu as oublié de prendre en compte les Trois Lois de la robotique qui sont... ". Et Asimov d'entendre pour la première fois l'énoncé, improvisé par son ami ! L'anecdote est rapportée par Asimov dans la préface du premier volume de The John W. Campbell Letters, publié en 1985.
("John Wood Campbell, Jr : le tutélaire" - Francis Valéry)
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La supraconductivité est en un sens aussi redoutable que le serait l'élimination du frottement, celui-ci constituant le fondement de tout mécanisme. Le frottement et la résistance sont des adversaires contre lesquels les techniciens luttent sans cesse. Mais ils n'en sont pas moins indispensables, car en l'absence de frottement, aucun écrou ne tiendrait serré, aucun frein ne pourrait fonctionner.
("Le ciel est mort" - John W. Campbell)
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