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3,4

sur 130 notes
Comme l'ensemble des autres lecteurs, j'ai d'abord lu ce livre parce que j'ai beaucoup de sympathie pour l'auteure.
Femme orchestre de l'une des émissions les plus intéressantes du PAF, elle montre chaque soir beaucoup de finesse , d'humour et d'intelligence. Autant d'éléments que l'on retrouve dans ce bref livre. La maladie , et surtout les questions et angoisses qu'elle suscite, sont évoquées avec beaucoup de franchise et d'humilité.
J'ai d'abord lu avec beaucoup de plaisir... puis j'avoue m'être un peu ennuyé par moment. J'ai parfois eu le sentiment que les réflexions tournaient finalement en rond.
Sans doute parce que le malade lui-même se pose en boucle les même questions et affronte les même angoisses...
Au final, un livre sans doute pas indispensable ... mais après sa lecture E Quin m'est encore plus sympathique.
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J'aime bien Elisabeth Quin et son incisive élégance.
Comme chacun et plus encore comme chacun d'entre nous, ô lecteurs mes frères, je redoute la cécité. D'ailleurs j'ai lu ce témoignage en clignant sporadiquement des yeux et songeant que décidément mon oeil gauche méritait que je renoue des liens avec mon ophtalmologiste.
Les premières pages sont très réussies. « Tous les matins, j'ouvre les yeux, coeur battant. le réveil, de délice anticipé, est devenu un moment d'appréhension, une remontée des abysses. Je fixe un rai de lumière entre les lattes disjointes du volet de ma chambre. J'en connais les variations selon les saisons. Ce rituel me permet de détecter un changement dans l'étendue du champ visuel ; en pensant au cruel prologue qui fait bicher les petits malins, « j'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise, je commence par laquelle ? », je me ménage et commence par l'oeil droit, le moins atteint, puis je passe au gauche, celui qui est au bord de la rupture, et je termine avec les deux. Pas de journée sans cette autoévaluation silencieuse. Soulagement et exaltation de voir encore, de voir aussi bien, c'est-à-dire aussi mal, mais pas plus mal, que la veille. Mes yeux ne sont pas morts cette nuit. le rai de lumière, le mètre étalon de ma vision matinale est perceptible, à l'identique. Un jour de plus, un jour de vue supplémentaire. Gloire à l'oeil. »

Mais très vite, je me suis demandée à quoi rimait ce que je tenais entre les mains. Vague témoignage, traité peu passionnant de la cécité, miscellanées soit le nom savant de la prise de notes... Si c'est une tentative de mise à nu pour complaire à Tobie Nathan et acheter les mauvais esprits, soyez sûre, chère madame Quin, que vous ne faites pas de nous des voyeurs. Vous êtes pudique, il faut vous y faire, et deux trois confidences sur votre amoureux, votre fille et les effets secondaires de vos médicaments peuvent difficilement être considérés comme le sacrifice inouï de votre intimité. « Écrire sur la maladie est une lutte contre la honte, le déni et la peur. Ce combat me coûte, et je prétends être payée en retour. Je veux que les forces invisibles me permettent de jouir du visible. Je ne suis pas une âme supérieure, comme l'admirable John Hull. Je redoute plus que tout de devenir aveugle, je suis prête à me torcher avec ma dignité si cela me garantit des nerfs optiques et des cellules ganglionnaires de nouveau-né. Avancer, noir sur blanc, pour gagner plus de courage, écrire péniblement, et gagner, ligne après ligne, un peu de terrain sur l'adversité. Écrire, y croire. »

Je crois ce livre sinon raté du moins sans intérêt ; je n'en estime que plus son auteur.
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Un livre sincère sur la maladie qui frappe l'auteur avec quelques beaux passages, parfois des citations.
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La nuit se lève est un livre tout en sensibilité et délicatesse, à l'image de son auteur, Elisabeth Quin.
Elle y décrit son combat contre le glaucome qui risque de lui faire progressivement perdre la vue : l'aspect médical mais aussi psychologique, du choc de l'annonce au non moins impressionnant apprentissage de la vie avec cette maladie insidieuse. Une maladie difficile à admettre pour cette femme d'image, et qui a toujours eu un rapport difficile à l'image.
Face à une angoisse visiblement effrayante Elisabeth Quin oppose une énergie folle, l'humour, et convoque tous les autres sens pour voir autrement mais aussi l'art, le cinéma, et la littérature dont nombre d'auteurs ont abordé le sujet de la mal-voyance. Bravo pour le titre : un très joli clin d'oeil !
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En 2017, Elisabeth Quin apprend que son glaucome s'aggrave et qu'elle risque de devenir aveugle. C'est sans délicatesse aucune que le médecin lui annonce la terrible nouvelle . C'est le récit de sa vie après cette découverte qu'elle nous raconte dans « La nuit se lève ». Comment affronter la maladie ? Comment appréhender le monde lorsque l'on est plongé dans le noir ?

Cela fait vingt ans que j'admire Elisabeth Quin, sa culture, son esprit pétillant et malicieux, son humilité face à son métier et son peu d'attrait pour le monde de la télévision. Son récit est à son image, il est plein de questionnement sur ce qui l'attend, de recul et d'humour. Que doit-on faire lorsque l'on risque de perdre la vue ? S'entraîner ? Elle le fait régulièrement, fermant les yeux à la fin d'un opéra, en marchant avec son compagnon François, en prenant sa douche au risque de tout faire dégringoler au fond de la baignoire. Elisabeth Quin fait des listes de ce qu'elle aimerait voir une dernière fois : « Mais comment dresser pareille liste d'images à accumuler avant que la maladie ne les rétrécisse ou ne les fonde au noir ? Paysages, films, tableaux, visages chéris, objets, animaux, lumières, livres ? Froisser la liste, partir sur les sentiers et laisser advenir. »

Elisabeth Quin examine ce que signifie voir, ce sens tellement évident produit par une machine extraordinaire qu'est l'oeil. Organe complexe, délicat auquel on ne fait pas assez attention. Qu'en sera-t-il de son apparence lorsqu'elle ne verra plus ? Elle, qui est à l'antenne d'Arte chaque soir, sera tributaire des autres pour être présentable, lui enlever des poils disgracieux. Et qu'en sera-t-il du désir ? le sien ne dépend-t-il que de la vue de l'autre ? Et surtout son compagnon acceptera-t-il de vivre avec une handicapée, une femme totalement dépendante pour les gestes du quotidien ?

Pour accompagner ses réflexions, elle convoque de nouveaux et d'anciens compagnons de route : Im Dong-Hyun archer sud coréen presque aveugle, Jean Hélion et Georgia O'Keeffe peintres devenus aveugles, Jacques Lusseyran jeune résistant aveugle et déporté, Jim Harrison borgne depuis l'enfance, Aldous Huxley mal-voyant après une attaque de kératite, Claude Monet atteint de cataracte ou Jorge Luis Borges aveugle à la fin de sa vie. Elle s'intéresse aussi aux mythes comme celui de Tirésias ou celui de Ste Lucie que l'on représente souvent dans la peinture avec ses yeux sur un plateau. Toutes ses lectures, ses recherches l'aident à lutter contre la maladie et le déni qui l'accompagne.

« La nuit se lève » est le récit sans fard d'une maladie mais c'est egalement le moyen de l'accepter, de l'affronter et de vaincre la peur. Elisabeth Quin le fait avec une intelligence, une élégance et un humour formidables.
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Tous les soirs je regarde 28 minutes sur Arte présenté par la rayonnante Élisabeth Quin. Elle est professionnelle, mène bien les débats et connaît bien ses sujets. Elle porte de beaux pulls et à une coiffure poivre et sel qui lui sied à merveille. Comment imaginer alors que derrière ce sourire télégénique, elle cache un drame qu'elle a décidé de dévoiler dans ce récit ?
En effet, elle souffre d'un glaucome aux deux yeux qui risque de lui faire perdre la vue si la recherche n'avance pas.
Le livre n'a pas vocation à provoquer de la pitié. Quin prend son mal à bras le corps, le met en perspective et l'illustre en expliquant comment d'autres artistes, personnalités et gens lambda atteints du même mal (ou de cécités d'autres origines) ont vécu la chose. C'est truffé de références et bien écrit.
Pas croyante, mais perdu pour perdu, elle explique aussi pourquoi et comment elle a fait appel à des médecines alternatives voire même jusqu'aller deux fois à Lys?yeux -)
On souhaite évidemment qu'Elisabeth s'en sorte. En tout cas, chapeau à elle car elle n'en laisse rien transparaître dans son émission quotidienne.

Lecture le 10.02.2019
Grasset, Kindle Edition, 137 pages.
note : 4.5/5
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Je l'avoue, je ne sais pas qui est Elisabeth Quin. Je ne regarde pas son émission sur Arte. Je n'ai pas lu ses précédents livres. En tapant son nom sur Google, je m'aperçois que même son visage ne me dit rien.
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Pourquoi ai-je décidé de lire La nuit se lève, son dernier livre? Je me souviens d'un entrefilet dans un magazine, une vague hésitation chez le libraire, et un “au fond, pourquoi pas !”, quand je me suis approchée du comptoir pour payer. Peut-être ai-je été touchée par son histoire, intriguée par la forme fragmentaire que prend son récit.
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“La vue va de soi, jusqu'au jour où quelque chose se détraque dans ce petit cosmos conjonctif et moléculaire de sept grammes, objet parfait et miraculeux, nécessitant si peu d'entretien qu'on le néglige”
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Elisabeth Quin est en train de perdre la vue. le glaucome qui attaque son nerf optique réduit peu à peu son champ de vision, et rend son avenir incertain. Elle raconte son combat contre l'angoisse et la maladie, les traitements et leurs échecs, la brutalité du corps médical. Elle me touche quand elle révèle sa fragilité à être malade sous l'oeil des caméras, son angoisse à envisager un avenir hors télévision.
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“Combien de temps mes yeux malades tiendront-ils sous les projecteurs ? Dévoiler le secret, écrire sur le glaucome, c'est prendre le risque de faire pitié ou de déclencher une réunion en haut lieu pour me trouver une remplaçante aux yeux en béton armés. Me voilà forcée à imaginer la suite, si lire devenait impossible”.
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Enchâssée dans le récit thérapeutique, La nuit se lève est également une expérience métaphysique. A travers nombre d'associations d'idées, d'expériences lues ou vécues, de tableaux, elle essaye de cerner ce que c'est d'être aveugle, ce que cela change au rapport au monde, aux autres, à soi-même. Elle se familiarise avec la maladie, se force à s'en amuser, pour mieux la conjurer et la mettre à distance. “Il faut tenir la malédiction en respect”.
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J'ai été parfois fatiguée de l'effet de listing encyclopédique, parfois perdue dans la masse de fragments. Mais toujours admirative de la démarche de la journaliste qui touche, instruit et interroge tout à la fois. Avec brio.
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Je tourne la dernière page avec beaucoup d'admiration pour Elisabeth Quin, journaliste d'Arte, au ton incisif et percutant, et qui mène son équipe de chroniqueurs avec intelligence et à-propos.

Atteinte de glaucome, le titre de son livre parle de lui-même.
L'auteur se bat pour repousser l'échéance d'une perte inéluctable de la vision. Elle évoque son parcours personnel avec la pétillance qui la caractérise, ce sens de la formule souvent gaie et humoristique, brocardant certains médecins, certains traitements. Elle se projette dans l'inconnu, pour réfléchir et comprendre l'identité des non-voyants, leur quotidien, le décalage des codes de l'image, invisible dans le miroir, la réaction de l'entourage personnel et professionnel et son inévitable implication.

Des petits chapitres courts, comme des brèves de vie, racontent un événement, analysent une situation, évoquent d'autres parcours littéraires sur la notion de maladie.
L'obsession de « l'oeil » l'entraîne sur des chemins de traverse, évitant de parler d'elle pour évoquer ce qui s'apparente à un petit traité de cécité.

Le récit repousse le pathos avec énergie et auto dérision, et pourtant le propos en filigrane est dramatique et la souffrance tout en pudeur. Elisabeth Quin parle de combat, d'amour de soi et de la vie avec une extrême élégance de partage et de mots.

Et cette question vers la fin, tournée vers son lecteur : « Assumes tu d'être un peu voyeur? » Question à double sens sur la maladie et l'intimité dévoilée.

Pour une fois, j'adhère totalement.
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A l'annonce (brutale) d'un double glaucome, Élisabeth Quin prend la plume pour retracer son parcours médical et partager ses lectures et découvertes sur la cécité.
Un récit lumineux empreint de chaleur humaine, un style doux et vif à la fois.
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Au delà du témoignage sur la maladie et ses angoisses, Elisabeth Quint explore avec humour et culture le thème des yeux. le récit est truffé de citations, de références à des écrivains, des peintres touchés par la cécité et des films évoquant ce sujet. La dimension médicale est également explorée avec une vision très lucide du corps médical. La linguistique est également convoquée, avec beaucoup de justesse.
La journaliste crève la carapace et nous livre toutes ses élucubrations face à ce qui lui est annoncé comme inéluctable.µLe sujet s'avère philosophique et nous concerne tous.
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