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EAN : 9782919300594
256 pages
Atelier des nomades (05/05/2022)
3.83/5   9 notes
Résumé :
1894, la France s’apprête à envahir Madagascar. Félicien Le Guen, rempli de désirs d’aventures, quitte sa Bretagne pour rejoindre son contingent sur la Grande Île. Tavao, esclave, porteur à Ambatomanga, vit, pendant ce temps, dans la peur tenace d’une guerre imminente. La douleur taraude le peuple malgache, replié dans le silence des dieux. Lorsque la reine Razafindrahety organise, enfin, une contre-offensive pour défendre ses terres, Tavao rejoint son maître au com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Prix Orange du Livre en Afrique 2023.

Octobre 1894, la guerre menace, les Français s'apprêtent à envahir Madagascar comme dix ans plus tôt. Dans le village d'Ambatomanga, à une journée de marche d'Antananarivo, nous suivons Tavao, esclave qui travaille pour une famille de notables malgaches. Inquiet, vivant dans la peur tenace d'une guerre imminente, il va bientôt se trouver dans l'obligation d'abandonner sa femme enceinte pour suivre, en tant qu'aide de camp, Randriambao, le fils aîné de son maître, nommé médecin des armées.
Nous suivons également Félicien le Guen. Avide d'aventures, il quitte sa Bretagne, après avoir passé sept ans en Algérie, pour rejoindre son contingent sur la Grande Île.
Bien que convaincu d'apporter le progrès à un pays arriéré avec une politique éclairée, il va assez rapidement être gagné par le doute pour finalement revenir de ses illusions.
C'est donc à travers le regard de cet esclave malgache, Tavao, et celui de ce jeune lieutenant français, Félicien le Guen, à travers le destin croisé de ces deux personnages qui, on l'imagine finiront par se rencontrer, que Michèle Rakotoson nous raconte l'invasion de son île natale et l'absurdité de cette guerre coloniale.
Michèle Rakotoson sait parfaitement retranscrire l'angoisse vécue par le peuple malgache face à cet ennemi qui semble invincible. Replié dans le silence, ce peuple qui, dans les campagnes, ne sachant pas sur qui il pouvait compter est dans l'attente du malheur, s'adresse à ses dieux psalmodiant cantique sur cantique…
C'est la voix de Tavao qui exprime toute cette peur, ce silence, cette douleur, lui qui est pris en étau entre son désir de fuir ce pays qui n'est pas le sien pour être enfin libre et son devoir d'obéissance envers son maître.
Félicien le Guen, quant à lui, obéissant aux ordres de sa hiérarchie se doit de donner l'assaut en pleine saison des pluies, sous une chaleur moite et brûlante. Il va avec ses soldats traverser des forêts et des zones marécageuses infestées de moustiques. Les maladies déciment l'armée française mais avec leurs armes beaucoup plus performantes, les affrontements entre les deux camps se terminent en véritable boucherie.
C'est le cri des victimes de la guerre coloniale à Madagascar que nous donne à entendre l'auteure tout au long du roman.
Elle nous fait entrer également dans les traditions de ce peuple malgache lorsqu'elle narre, par exemple, ce conseil de famille que réunit le maître Ingahy lors de la convocation de son fils Randriambao.
Autre moment fort que j'ai trouvé particulièrement intéressant est la scène où un boa qui se prélassait à l'entrée du camp est abattu à la carabine par un brigadier. Sont mis alors en face à face les militaires qui ne voient en l'animal qu'un superbe trophée et le prix qu'ils pourront en tirer et les militaires malgaches ainsi que les autres militaires africains qui voient en l'animal un esprit qui les attendait, un ami maintenant mort…
Ce roman m'a permis de faire connaissance avec un pan de l'histoire coloniale française sur lequel, j'ose l'avouer, j'avais eu peu d'informations.
J'ai apprécié ce roman qui, tout en faisant le procès de la colonisation, s'attache à décrypter les sentiments, les peurs, les questionnements des petits et des vaincus…
Seules la trop grande lenteur du déroulement et la répétition des prières et cantiques adressés aux dieux alors que le peuple se sentait abandonné ont un peu freiné mon enthousiasme…
Ambatomanga – le silence et la douleur- de Michèle Rakotoson, écrivaine et dramaturge, s'est vu attribué le Prix Orange du Livre en Afrique 2023, prix destiné à donner de l'écho aux nouvelles voix africaines, un prix amplement mérité !
Un grand merci à Lecteurs.com et aux éditions Atelier des Nomades pour cette fort belle découverte !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Loin de l'épopée échevelée et de ses héros aux exploits prodigieux, l'écrivaine malgache Michèle Rakotoson nous ouvre les pages d'une histoire trop méconnue, celle de la conquête coloniale de l'île de Madagascar au XIXe siècle par les troupes française.

L'histoire débute en octobre 1894, lorsque la rumeur d'une guerre inévitable se répand.
« Les français s'apprêtaient à envahir Madagascar, comme dix ans plus tôt, disait-on, et la guerre se préparait. Comment ne pas la faire ? Les lois édictées par la France étaient inacceptables. »
Oui, la France, puissance coloniale, veut prendre sa revanche après avoir perdu l'île rouge.

Tavao est un esclave au service de Randriambao, le fils du maitre. le jeune homme suit des études de médecine, ce qui aura pour conséquence de le désigner pour suivre l'armée afin de soigner les blessés. Comme c'est la coutume, Tavao devra le suivre.
Tout au long du récit, nous entendu la voix de Tavao qui exprime les peurs et les silences de la population, car on ne peut pas critiquer le gouvernement de la reine Ranavalona III et de son premier ministre Rainilaiarivony. La corruption, l'insécurité règnent dans le pays et la population souffre des pénuries à cause de mauvaises récoltes. Les rumeurs d'une guerre prochaine poussent certains à fuir dans les montagnes comme leurs ancêtres l'ont fait autrefois. Tavao, qui ne dit mot mais écoute, s'inquiète de sa destinée. Devra-t'-il mourir pour un pays qui n'est pas le sien alors qu'il sera bientôt père ?
A travers l'esclave Tavao, qui balance entre l'obéissance à son maitre et le désir de liberté, ce sont les hésitations et les émois d'un peuple que nous percevons.
Ne restent que l'église pour prier et ses cantiques pour exprimer ses craintes et ses refus.
« Je n'y irai pas, Rehaly, je ne veux pas y aller…
Je ne deviendrai pas de la viande, je ne deviendrai pas.
Je ne veux pas y mourir, je ne veux pas. »

Côté français, c'est par le truchement du lieutenant Félicien le Guen que nous découvrons les conquérants. Après 7 ans passés en Algérie, le jeune officier s'embarque pour Madagascar en quête d'aventure. Il a des doutes sur les guerres de colonisation et ne supporte plus l'hypocrisie des discours prétextant apporter la civilisation aux populations ignorantes. Mais l'opinion publique, elle, est persuadée du bien-fondé de la colonisation par la force.
« Mais pourquoi se mettre martel en tête. C'était bien clair et bien dit : Madagascar appartient aux français depuis Richelieu et, par ailleurs, tout le nord de la Grande Ile leur a été concédé par les rois de l'île. »
A son arrivée, Félicien va vite déchanter car, ce qui semblait tout tracé sur les cartes, ne l'est pas sur le terrain. Outre le manque d'infrastructures, il faut faire face à la chaleur et aux moustiques qui attaquent par milliers. La maladie va affaiblir les troupes : diarrhées, paludisme, et la nourriture qui pourrit sous le soleil.
« Les diarrhées décimaient. L'eau étant rare, les soldats se précipitaient sur n'importe quel marigot pour boire, sans rien faire bouillir. Une odeur terrible régnait sur le lieu. »

Le récit s'insère entre les voix de Tavao et de Félicien. On suit l'évolution des troupes avec eux. Tout le roman raconte les préparatifs de ces expéditions de part et d'autre avec des moyens différents et inégaux. Tandis que les troupes françaises sont surarmées, les malgaches ne peuvent compter que sur quelques vieux fusils et des canons dépassés. Ils sont confiants dans leurs généraux. Et puis il y a le pic D'andriba d'où ils pourront stopper l'avancée française. le général l'a bien dit
« Personne ne pouvait franchir les contreforts de cette chaine, même pas les français, et l'armée malgache les dominerait du sommet des montagnes pics. Les soldats pourraient se cacher dans les tranchées et, de là, tirer sur l'ennemi tout en étant invisible. »
Cette bataille meurtrière pour les malgaches marqua le début de la défaite. Quant aux soldats français, ce furent davantage les maladies que les armes ennemies qui les décimèrent.
Le 30 septembre 1895 sera signé le traité de protectorat français.

Avec ce roman qui colle au plus près de la réalité historique, Michèle Rakotoson a voulu lever cette chape de plomb qui pèse sur l'histoire de la colonisation de Madagascar. Elle redonne la parole à son peuple qui a vécu dans « le silence et la douleur » cette tragédie de l'histoire.
L'écriture, simple, sans fioritures, ne m'a pas enthousiasmée. J'ai regretté quelques longueurs, de nombreuses redondances et une distanciation vis-à-vis du lecteur. Néanmoins, en tant qu'historienne, Michèle Rakotoson va au plus près de la vérité historique et c'est cela qu'il faut retenir.
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Grâce au Prix Orange du Livre en Afrique, j'ai pu plonger dans un pan de notre histoire laissé dans l'ombre. Volontairement ?
L'aventure coloniale, cette conquête obsédante de nouveaux territoires, a concerné l'île de Madagascar et Michèle Rakotoson a raison de rappeler tout cela dans Ambatomanga, le silence et la douleur. En tant que citoyen français, je ne ressors pas vraiment fier de cette lecture.
Un prologue permet à l'autrice de rendre hommage à Nenny, son arrière-grand-mère, qui a vu le départ de la reine Ranavalona III vers l'exil. Ceci, pourtant, n'est qu'un symbole à côté des milliers de vies sacrifiées par des dirigeants politiques et militaires avides de gloire et de profit sans se mettre en danger eux-mêmes, bien sûr !
Tavao, esclave capturé sur le continent africain, est la propriété de la famille d'Ingahy. C'est lui que je suis, partageant ses sentiments, ses doutes, ses espoirs mais aussi les horreurs qu'il découvre au fil de ces mois de l'année 1895.
L'autre principal protagoniste de l'histoire est un Breton, militaire au grade de lieutenant : Félicien le Guen. C'est bien que Michèle Rakotoson suive aussi cet homme, dévoilant ses doutes, ses regrets sans occulter son devoir d'obéissance à des supérieurs afin de combattre pour la grandeur d'un pays qui n'hésite pas à aller massacrer les habitants de contrées lointaines en sacrifiant d'abord des hommes recrutés dans d'autres colonies d'Afrique ou d'Asie.
Cela correspond sûrement à la réalité mais l'autrice parsème son récit de prières en malgache, traduites bien sûr en français. Avec cela, elle montre bien l'absurdité de ces colonisations menées avec des pasteurs anglicans d'abord, catholiques ensuite pour tenter d'éradiquer les croyances ancestrales basées sur le respect de la nature.
Fin du XIXe siècle, l'esclavage est encore bien vivace à Madagascar. Tavao doit cultiver la terre, nourrir la famille de son maître et même porter cet homme respectable qui avait tout de suite changé son nom, lors de l'achat...
Les Anglais ayant accepté de se retirer de Madagascar au profit de la France, marché sûrement bien négocié, l'armée débarque en force. Maladies, moustiques causent des dégâts considérables mais le nombre et l'armement supérieur ne laissent guère de chance aux Malgaches qui sont, hélas, divisés. Comme souvent, les collabos existent et affaiblissent la résistance qui se berce d'illusions et rêve de belles victoires pour refouler l'envahisseur à la mer.
D'étape en étape, Michèle Rakotoson me fait bien ressentir tout le drame vécu par les Malgaches. Elle présente bien son île, me fait découvrir sa capitale, Antananarivo et une nature qui peut être généreuse ou radicalement hostile.
Avec l'inutilité des cantiques, l'autrice démontre bien l'imbécilité de ces envahisseurs qui ne respectent rien. La scène de la mise à mort du boa est à la fois révoltante et significative d'un obscurantisme qui se trouve bien du côté de ceux qui pensent apporter la civilisation…
Ambatomanga, le silence et la colère, méritait d'être mis en valeur et le Prix Orange du Livre en Afrique 2023, par Lecteurs.com l'a très justement fait.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Mémoires de la Grande Île 


Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant :


https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/lecteurscomlu-et-approuve-ambatomanga.html?m=1


Pour ma part,


J'ai lu avec un immense intérêt le roman Ambatomanga le silence et la douleur de Michèle Rakotoson, qui raconte la conquête de Madagascar par la France en 1895 à travers le regard croisé de deux personnages : un soldat français, Félicien le Guen et un esclave malgache, Tavao.


C'est un roman historique qui m'a appris beaucoup de choses sur cette période méconnue et tragique de l'histoire coloniale.


J'ai été touchée par le destin des deux protagonistes, qui sont confrontés à la violence, à la peur, à la mort, mais aussi à l'amour, à l'amitié, à la solidarité.


J'ai aimé le style de l'auteure, qui mêle poésie et réalisme, et qui fait vivre les paysages, les sons, les odeurs de Madagascar.


Le récit se déroule au XIXe siècle et pourtant certains passages font étrangement échos à nos jours: 


« La vie était de plus en plus difficile voir insupportable : pénurie de toutes sortes, augmentation des prix de la nourriture, insécurité de plus en plus grande. Dans les villes, les gens se barricadaient, et dans les campagnes, ils dormaient dans les champs pour ne pas se faire trucider chez eux dans leur maison par les bandits de grands chemins. Vers qui se tourner ? »


Mention très spéciale : le roman est basé sur des faits historiques et s'inspire de témoignages réels. Il est également enrichi de paroles et de cantiques en langue originale, suivis bien sûr de la traduction française.


J'ai trouvé le roman captivant, émouvant et critique. Il montre les conséquences désastreuses de la colonisation sur le peuple malgache, qui perd sa souveraineté, sa culture, son identité.


Il dénonce aussi l'absurdité de la colonisation : 


"Madagascar était un rêve fou : traverser les océans pour combattre des indigènes, dont certains avaient encore des moeurs barbares. Et porter un bel uniforme pour honorer la patrie."


+À lire : Je conseille ce roman historique à toutes celles et ceux qui s'intéressent à l'histoire de Madagascar et à la question coloniale. Ce livre fait réfléchir et rend hommage à la résistance du peuple malgache, d'hier et d'aujourd'hui qui demeure, je cite : "Un peuple confronté au silence de Dieu, un peuple qui avait appris à se taire et à fuir, et qui se sentait seul au monde."

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J'ai lu ce roman comme un témoignage, celui de deux personnes opposées. Il y a Leguen qui espère l'aventure et est persuadé du bien fondé de la guerre et de la colonisation. Tuer quelques sauvages est indispensable pour apporter le modernisme, le bien être et développer un pays comme Madagascar. En face, il y a Tavao, esclace qui ne comprend pas cette guerre qui l'effraie. Bientôt, il va devoir laisser sa femme enceinte pour seconder le fils de son maître, médecin appelé à soigner les blessés sur les terrains de bataille. La tentation de fuir et pour tant là, ce que d'autres nt déjà fait, brûlant les terres avant de partir, affamant ainsi les populations restant sur place. La misère est grande et la population s'en remet à Dieu en multipliant les prières (écrites dans la langue malgache et traduites en français). une guerre comme beaucoup d'autres inutile. les Malgaches ont voulu défendre leur reine, leur liberté et leur territoire sans s'imaginer les dégats que pouvaient engendrer les armes françaises, bien plus puissantes que les leurs. Quant aux français, ils ne sont certes pas morts sous l'effet des armes mais du paludisme qui a fait des ravages pendant la saison des pluies. J'ai trouvé ce récit trop redondant : difficultés des uns et des autres pour avancer dans des conditions déplorables et inhumaines, essayant cependant de croire à leurs idéaux et à une possible victoire. Toujours le même refrain donc lors des préparatifs de la guerre, pour en arriver à l'horreur. pas de véritable histoire, si ce n'est celles de Tadao et Leguen qui pensent à leurs familles. Mais si seulement cela pouvait éclaircir et adoucir certains esprits belliqueux...
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critiques presse (2)
RadioFranceInternationale
25 juillet 2022
Dans ces pages criantes de vérité et de fiction, Michèle Rakotoson ne fait pas que le procès de la colonisation, mais réussit aussi à faire entendre avec brio « le silence et la douleur » des hommes et femmes victimes de l’Histoire de part et d’autre de la ligne de fracture coloniale.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeMonde
07 juin 2022
Roman de la peur et de la peine, écrit dans un style ample, précis et sensible, Ambatomanga est aussi un magnifique hommage de la grande dame des lettres malgaches à un peuple dont le reste du monde connaît trop mal l’histoire. Une parole donnée aux petits et aux vaincus, même si, on le comprend avec son livre, le bilan d’une guerre ne se compose que de perdants.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tavao serrait les poings en pensant à l’avenir, si aléatoire. Il fallait qu’il tienne. Jour après jour, petite victoire après petite victoire, pour que l’enfant à venir n’ait pas la même vie que la sienne. Et peut-être prier. Et si les dieux chrétiens ne suffisaient pas, implorer les dieux traditionnels malgaches – Rahodibato, Rakelimalaza, Rafantaka – et d’autres encore. Et demander aux possédées d’intercéder auprès de ses ancêtres à lui, même s’ils étaient de l’autre côté de la mer, là-bas. Mais il avait une foi profonde en eux, ils l’avaient suivi, le protégeaient, il en était sûr, parce qu’autrement, comment aurait-il pu survivre ? Ne pas s’effondrer, garder espoir, il le fallait absolument.
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Le dieu qu’on les incitait à prier était maintenant blanc. Les divinités ancestrales étaient des idoles, enfants du Diable, qui était noir. Et eux, les Malgaches, étaient noirs, même s’ils se voulaient clairs. Le savaient-ils ? Mais comment sentir et dire son malaise quand on était touché au plus profond de soi ? Comment le faire quand il fallait prier à l’intérieur de ces temples qui ressemblaient à des caveaux mortuaires ? Ces memorial churches en pierre qui ressemblaient à des tombes, construites sur les lieux où des martyrs avaient été tués. Sur ces lieux-là, les âmes des morts résidaient peut-être encore, car ils avaient été mal enterrés, injustement tués. Fallait-il évoquer le Seigneur dans des intérieurs sombres comme des caveaux familiaux pour calmer les mânes, comme le disaient les missionnaires ? Refuser la vie et célébrer la mort ?
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Heureusement que le pays était magnifique : des arbres partout, des ravinalas, des manguiers, des maisons construites avec des feuilles de lataniers… C’était Ampasindava, celle qui abritait Mahajanga, il y avait des mines de houille plus importantes que celles du Nord de la France. Comment, dans ces conditions, ne pas coloniser Madagascar ? Félicien se mit à imaginer ce qui pourrait être fait : des usines, des hauts-fourneaux, et ceci dans un paysage bucolique, car des jardins jouxteraient les bâtiments.
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Un militaire ne parle pas, il reste sur son quant-à-soi, avec sa dignité, et surtout ne rapporte rien. Rien de ce qui pourrait être confidentiel. On l’avait très vite appris dans la famille. Que faire ? Il paraissait que tout était préparé là-bas, son régiment était attendu, celui-ci était réputé comme étant composé de soldats d’élite. Et tout le monde lui répétait : « Il est du devoir de la France d’aider les pays arriérés à sortir de l’état sauvage dans lequel ils baignent tous et d’apporter la civilisation dans les terres lointaines. »
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L’Algérie était vraiment une réussite coloniale, pensait-il, un peu nostalgique, et bientôt, le pays serait identique à une petite France, se disait-il en regardant les grands bâtiments qui se construisaient pour servir de cités aux émigrants français et européens qui arrivaient.
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