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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce court roman de notre Ramuz national est un petit bijou! Récit paysan d'un drame que l'on peut qualifier d'ordinaire, il est construit avec une prose d'une grande poésie. le pays vaudois, si cher à Ramuz, vibre au travers des cent et quelques pages du livre.
Premier roman de Ramuz, écrit en 1905, il est à la fois désuet et brûlant d'actualité. Une réussite totale !
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‘'Aline'' ou ‘'Chronique d'un amour annoncé'' tel pourrait être le sous-titre de ce court roman de Charles-Ferdinand Ramuz, son premier roman, édité en 1905. Un des grands classiques sur le drame amoureux.
Aline est une belle jeune fille, simple et sage, vivant dans un petit village suisse, avec sa mère Henriette, une vieille femme un peu traditionnelle, s'usant au travail. Issu d'une famille d'agriculteurs plus aisée, Julien Damon vit dans le même village. Apprendre le nom du jeune homme tandis que qu'on ne connait que le prénom de la jeune fille suffit à poser le rang social des deux jeunes gens.
Lui, c'est un peu le coq du village. Et quand on a dit cela, on se dit qu'on connait la chanson… On imagine aisément que les chabada bada vont tourner au vinaigre au rythme d'un autre refrain… ‘'Les histoires d'amour finissent mal… en général''. Et on suit Ramuz dans ces débuts amoureux tout en craignant déjà la fin.

Ramuz nous décrit avec minutie l'évolution des sentiments des deux jeunes gens. Des sentiments qu'on a déjà connus, où l'autre -comme de manière inversement proportionnelle à notre attachement- déjà se détache, déjà se lasse et regarde déjà ailleurs. Commencent alors pour le jeune homme les petits mensonges, les évitements, les non-dits, sans aucun scrupule, rejetant presque les torts sur la jeune fille trop naïve et amoureuse. Aline, c'est vrai qu'elle est un peu naïve. Mais c'est la naïveté d'une adolescente de 17 ans qui découvre l'amour, qui tombe amoureuse pour la première fois, et se laisse séduire par ce Julien, ce beau parleur égoïste qui aime faire le Don Juan et aller papillonner rapidement ailleurs. [On pense également au concept de cristallisation que Stendhal a défini dans « de l'amour » en 1822, cette idéalisation de l'être aimé au début de la relation amoureuse.]

Ce roman de 144 pages est un condensé parfaitement maitrisé sur l'histoire d'amour qui, peu à peu, se transforme en tragédie. Un récit qu'on pourrait croire, de prime abord, raconté simplement, comme ce qu'il se passe dans tous les petits villages où le temps (suisse ou d'ailleurs) et les tâches quotidiennes s'écoulent au rythme du soleil et de la nature. Une simplicité pourtant bien orchestrée, avec Ramuz en fin observateur des aléas amoureux, presque pointilliste.
Ramuz expose les pensées des deux jeunes gens qui se font de plus en plus dissonantes... Il raconte aussi les corps, les sensations diverses qui se conjuguent avec les émotions. Pour dépeindre le déroulement implacable et comme pour aider le lecteur à mieux le ressentir, l'auteur intègre en parallèle la description de ce qui les entoure (le temps qui change, les animaux, les moissons…). Comme si la nature elle-même menait la même danse (ou inversement), comme si c'était dans l'ordre des choses et que cela faisait partie d'un cycle naturel. le début et la fin de toute chose. Et c'est comme si étaient posés les principes des lois de la nature, de l'amour, de la vie.
Et cette atmosphère poétiquement douloureuse nous prend au coeur. le lecteur ne peut s'empêcher d'éprouver -bien entendu- beaucoup d'empathie pour cette pauvre Aline tombée amoureuse du mauvais garçon. Par ce minimalisme, l'auteur réussit à tout intensifier.
Si j'ai trouvé certains chapitres de la dernière partie un peu moins intéressants (à moins que je n'aie souhaité inconsciemment une autre fin), ce roman n'en reste pas moins de très grande qualité et il annonce déjà ses futurs romans.

Ce récit pourrait être transposé à notre époque, presque 120 ans après sa première parution, en ajoutant les nouvelles technologies d'aujourd'hui, et il résonnerait de la même manière. Parce que Ramuz a subtilement raconté l'amour, les premiers émois et les tragédies sentimentales intemporelles. La quintessence du drame amoureux.
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ALINE de Charles-Ferdinand Ramuz

Quelle plume ! Un régal.

« Avril avait paru, poussant devant lui ses petits nuages comme des poules blanches dans un champ de bleuets. » p.105

Cette histoire, publiée en 1905, est toujours d'actualité puisque ce sont les femmes qui sont les fautives et rarement les hommes...
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Aline est le premier roman de l'écrivain suisse, publié en 1905. L'histoire est relativement simple; Aline, élevée par sa mère dans des conditions modestes tombe amoureuse de Julien Damon, fils d'un riche paysan. Elle ressent de forts sentiments pour ce garçon, alors que lui ne cherche qu'à assouvir son instinct primaire. Plus tard, délaissée par Julien alors qu'elle est enceinte, elle se transforme en meurtrière de son propre enfant et cherche à échapper à son destin en se donnant la mort après l'annonce des fiançailles de Julien. C'est une histoire simple, basique, maintes fois écrite certainement, mais avec ce style propre à l'auteur qui change tout et en fait tout l'intérêt; chaque mot vous cogne au coeur, vous empoigne, vous emporte, jusqu'au drame final. Il n'y a ni rebondissement, ni pirouette stylistique, aucun effet de manche. C'est juste la vie dans dans ce qu'elle a de plus terrible, de plus injuste, de plus cruel. Ce roman est à l'image d'un grand concert; inoubliable.
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Simple comme du bon pain, entre Flaubert et ses personnages et Giono pour ses paysages. D'ailleurs ce dernier aimait bien l'écrivain suisse je crois. Aline, c'est une pauvrette, une oie de la campagne dont on abuse en toute impunité. Une montée des coeurs mais à sens unique, l'homme n'a pas le bon rôle et finira par se débarrasser de ce corps pris qui l'embarrasse. Les rancoeurs, le qu'en dira-t-on, la petite vie auront raison de cette pauvre Aline. C'est beau, simple, jamais mièvre et me donne envie de poursuivre avec Charles-Ferdinand, dont le prénom était l'accolement des deux précédents enfants morts, ce doit être lourd à porter ! Autre anecdote : son éditeur voulait qu'il se montre à Paris alors l'auteur y passait quelques temps et comme il fallait se montrer, il marchait en face d'un café célèbre, faisait quelques pas pour être vu et reparait dare-dare dans son antre protectrice. Je préfère ces écrivains -là aux bêtes médiatiques d'aujourd'hui.
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La simplicité a du bon, à condition d'avoir le talent de faire d'une histoire banale un très beau récit.
De talent, Ramuz n'en manque pas, et il le prouve dès ce premier roman.
Quelle maîtrise, déjà, quelle belle capacité à embarquer son lecteur en promenade tandis qu'il raconte !
Oui, l'écrivain suisse nous prend par la main, nous fait découvrir les paysages, nous fait côtoyer les personnages et nous permet d'assister à toutes leurs actions. C'est terriblement vivant, et c'est pour cette raison que le lecteur ne peut qu'être touché.

Aline aime Julien, d'un amour sincère et profond, mais pour Julien, Aline n'est qu'une occasion de s'amuser et de passer du bon temps...
Changez les prénoms et vous trouvez le point de départ de tant de livres ou de films.
Du déjà vu. du déjà revu. du déjà rerevu.
Et pourtant...
De ce vieux sujet éculé, Ramuz parvient à faire du nouveau.
Grâce à une écriture terriblement efficace derrière une apparente simplicité, grâce à sa façon de donner vie aux personnages et de plonger l'histoire dans le paysage qui devient plus qu'une simple toile de fond.
L'auteur nous immerge dans le drame qui se noue. le poids des convenances, les commérages, les attitudes des uns et des autres, tout se joint pour en arriver au drame final, que l'on sent venir sans savoir précisément sous quelle forme il va se produire.
Le lecteur est emporté par le courant du récit et comprend qu'il ne sert à rien de lutter : ce qui doit arriver arrivera. Rien ni personne ne peut s'opposer à cette force que certains appelleront destin, d'autres fatalité ou bien conséquence inévitable de la nature humaine.

Publié en 1905, Aline a le charme des temps anciens, et des qualités qui rendent le roman intemporel : Aline est humain et authentique.
Ramuz "écrit vrai", comme l'on dit de certains personnes qu'elles parlent vrai.
La beauté de la nature environnante contraste avec la laideur de l'histoire et je ne peux m'empêcher de faire un parallèle tout en étant consciente de son anachronisme : l'homme mérite-t-il d'habiter cette planète ? Ne gâche-t-il pas par ses mauvaises actions la nature dans laquelle il a la chance de vivre ? J'avoue me poser de plus en plus la question.
Mais je m'égare... revenons à Ramuz !
Après m'être doublement régalée dans Si le soleil ne revenait pas et Aline, je vais continuer à explorer l'oeuvre de cet auteur suisse que je suis ravie d'avoir découvert grâce à plusieurs amis sur Babelio.

♬ Et j'ai crié, crié, "Aline" pour qu'elle revienne... ♬
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Un des tous premiers romans de Ramuz, paru en 1905.

Un récit poignant et d'une stupéfiante beauté.
Une histoire simple, mais décrite avec déjà toute la poésie de ce grand auteur, poésie qui s'épanouira dans ses oeuvres plus tardives.

« Les histoires d'amour finissent mal en général » comme dit la chanson.
C'est le cas ici.
Aline jeune fille de 17 ans, naïve, pauvre, vivant avec sa mère, Henriette, veuve, s'éprend follement de Julien, un garçon séducteur indifférent, égoïste, …et riche. Aline brave tous les interdits pour rejoindre son bien-aimé, pour qui cette liaison n'est qu'une passade, et qui d'ailleurs, espace progressivement leurs rencontres.
Mais voilà qu'Aline tombe enceinte, aussitôt rejetée par Julien.
Soutenue par sa mère, elle vit sa grossesse dans la solitude et la réprobation des alentours.
Et tout cela se finit en drame pour Aline et pour Henriette, tandis que Julien fait un « beau mariage ».

Cette histoire triste faite de tant d'amour déçu et de tant de méchanceté qui broie les coeurs purs, ne serait rien sans la façon puissante de la raconter, les premiers émois de cette jeune fille, la nature omniprésente, et puis cette respiration du texte, ces images.
Je suis vraiment heureux d'être revenu à Ramuz, et je crois que je ne vais pas m'arrêter là.
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Voilà une bien belle histoire tragique , très classique , sur le thème de l'amour perdu. Ramuz nous offre là , un roman court ,simple , poétique et touchant . Une histoire déjà lu , mais avec le talent de conteur de l'auteur , on ne se lasse jamais de cette belle histoire .
Un auteur Suisse à découvrir ou à relire .
Voilà une bien belle histoire tragique , très classique , sur le thème de l'amour perdu. Ramuz nous offre là , un roman court ,simple , poétique et touchant . Une histoire déjà lu , mais avec le talent de conteur de l'auteur , on ne se lasse jamais de cette belle histoire .
Un auteur Suisse à découvrir ou à relire .


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Il est des écritures simples mais puissantes qui arrivent par leur évocation à vous transporter au coeur du récit. C'est bien ce que j'ai ressenti ici. J'étais dans le livre à écouter, à regarder, à ressentir. Quel charme et quel envoûtement surgissent de cette histoire ! Pourtant ici, pas de trucage, ni d'effets spéciaux, pas de pirouette ni de rebondissement inattendu : on sait ce qu'il va advenir de l'héroïne. Mais finement ferré, le lecteur se laisse mener jusqu'au drame. L'écriture est précise, les mots arrivent par petites touches et dessinent caractères et paysages avec netteté et clairvoyance. Pas d'atermoiement, juste un constat : celui de la vie. La vie simple des petites gens qui triment toute leur vie et aperçoivent parfois quelques éclaircies dans leur quotidien, vite troublées par l'avancée du temps.

Début XXe siècle. Canton suisse. C'est l'été et l'heure des moissons a sonné. C'est aussi le moment où la jeune Aline rencontre Julien, un ami d'enfance. Un moment volé au temps rythmé du dur labeur des champs et autres travaux. Une saison entre parenthèses pour la jeune Aline dont le coeur et les sens se troublent...

« Aline était comme un oiseau qui s'est bâti un nid : le vent souffle, le nid tombe. Elle voyait qu'elle n'avait pas bien connu le monde et tous les empêchements qu'il vous fait de s'aimer. On va où le coeur vous pousse, mais le coeur n'est pas le maître ; à peine si on s'est donné un ou deux baisers que c'en est déjà fini des baisers. »

Cette lecture rafraîchissante et émouvante à la fois, je la dois à Dourvach que je remercie infiniment. Ramuz est un auteur que je découvre avec délectation et grande envie de connaître un peu plus.
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Ecrite avec une grande économie de moyens, Aline est une histoire toute simple à l'issue tragique. La jeune fille vit avec sa mère Henriette, d'un jardin cultivé avec grand soin et d'une chèvre. Elle s'éprend de Julien-Damon, fils du syndic et paysan prospère, qui se lasse bientôt d'elle. Quand elle lui apprend sa grossesse, il s'écrie deux fois "charrette" et la repousse avec brutalité. La jeune abandonnée accouchera d'un enfant maladif.

Il n'y a pas de repère temporel ou géographique dans ce roman et à peine sait-on qu'il se situe dans le canton de Vaud, ce qui fait de l'héroïne une figure archétypale. Très naïve, celle-ci ne s'aperçoit pas du fossé qui sépare la passion qu'elle voue à Julien de l'intérêt tout à fait superficiel qu'il lui porte. du reste, si elle ne scrute guère le psychisme d'autrui, elle ne s'analyse pas davantage elle-même et se laisse emporter par ses émotions et ses impulsions, voire par des forces qui la dépassent. Il n'y a pas de misérabilisme dans cette histoire. Aline est assistée lors de son accouchement par une sage-femme et un médecin qui tente, en vain, de soigner son enfant, mais le roman semple placé sous le signe de la résignation et de la fatalité. On y trouve déjà la toute-puissance de la mort qui constitue l'un des leitmotiv de Ramuz et peut-être le thème de la paternité, ici repoussée d'un coup d'épaule par Julien Damon. Aline vit le bref temps de la joie et de l'amour, puis celui du délaissement et du malheur, son destin inéluctable nous étant conté avec sobriété par l'auteur sur fond de travaux champêtres et de poétiques références à la faune et à la flore.
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