AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 285 notes

Voilà deux bonnes nouvelles. le retour de Ron Rash d'une part avec un roman plus consistant que Par le vent pleuré, paru il y a près de deux ans. La renaissance de la mythique collection La Noire d'autre part.
C'est quelque part du côté des Blue Ridge Mountains, dans les Appalaches que vit Les, shérif à trois semaines de la retraite. Ces trois semaines pourraient couler tranquillement, n'étaient quelques impondérables : une descente à faire dans un lieu de fabrication de meth, et un conflit à régler entre le vieux Gerald et les Tucker. Les seconds, entrepreneurs qui ont racheté des terres en limite du parc régional afin d'organiser des parties de pêches pour riches touristes, refusent avec force les incursions du premier sur leur propriété et l'accusent de braconnage. Les, qui entretient avec Becky, la garde du parc régional et seule véritable amie de Gerald, une relation platonique, entend régler le problème à l'amiable. Mais les événements se précipitent dans la petite communauté, et le shérif se trouve vite pris en porte-à-faux entre ce que la justice l'enjoint à faire et la manière dont sa conscience l'incline à agir.
À travers cette histoire somme toute banale du quotidien d'une petite ville des Appalaches Ron Rash porte un regard tendre, certes, mais aussi aigu sur la manière dont s'articulent les relations de cette communauté rurale à travers quelques-uns de ses habitants. le fil de l'enquête de Les met à jour les interactions, les arrangements, les vieux comptes non soldés, la façon dont tout le monde est lié d'une manière ou d'une autre et combien cela peut être à la fois rassurant et étouffant.
« Dans une zone aussi rurale que la nôtre, tout le monde est rattaché à tout le monde, si ce n'est par les liens du sang du moins de quelque autre façon. Dans les pires moments, le comté ressemblait à une toile gigantesque. L'araignée remuait et de nombreux fils reliés les uns aux autres se mettaient à vibrer. Quand j'entrai dans le café un grand silence envahit la salle, signe que les gens savaient déjà. Quelques conversations reprirent, mais à mi-voix, des paroles échangées concernant la météo ou la pêche, le genre de sujet dont on parle quand tout le reste est exclu. »
C'est du fragile équilibre entre ces deux sentiments antinomiques dont parle Rash et aussi, peut-être à rebours du discours habituel, de la difficulté de la résilience. Becky, Les, Gerald, C.J. l'employé de Tucker ou encore Barry, l'adjoint, portent chacun leur lot de douleurs, de culpabilité ou d'incompréhension face à ce que leur monde devient et doivent composer avec. Ceux qui arrivent à rebondir, à passer outre, ne s'en sortent pas forcément mieux que les autres. Derrière tout cela, il y a aussi, la façon dont la société se trouve bouleversée par une crise bien plus profonde que vient mettre en lumière la pathétique histoire de Robin et de sa déchéance après avoir plongé dans la meth.
En reprenant là des thèmes qui finissent par devenir des motifs habituels de l'actuelle littérature américaine qui raconte cette Amérique des marges, oubliée, et qu'il a aussi mis en scène dans ses belles nouvelles d'Incandescence (auxquelles font aussi échos celles de Daniel Woodrell dans Manuel du hors-la-loi, pour ne citer que lui), Ron Rash réussit néanmoins à agencer un roman cohérent et court qui ne donne pas l'impression d'un trop plein de tout – de scènes d'action, de meth, de vétérans, d'introspection, de culpabilité, d'exaltation de la nature ou de dénonciation de telle ou telle politique ou attitude. Et cela ne l'empêche nullement de dire beaucoup, de forger des personnages complexes, avec leurs qualités, leurs failles, leurs défauts et leurs contradictions. Bref, c'est une fort belle manière de rendre La Noire à la vie.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          190
Si la poésie est au rendez-vous, la nature etc... pour le reste je suis passée complètement à côté. Pour dire vrai, je n'ai pas vraiment accroché à l'histoire et encore moins aux personnages. Fort heureusement qu'il y avait ces si belles descriptions de la nature, la poésie ici et là pour le reste, je me suis paumée entre le présent, le passé, les personnages. Bref un flop pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie          170
Ce nouveau roman de Ron Rash, que j'avais acheté à l'occasion de sa venue à Nancy (et fait dédicacer bien entendu !), s'articule autour de deux personnages principaux, assez différents, mais liés : Les, le shérif, tout proche de la retraite, et Becky, poétesse obnubilée par la protection de la nature, et portant son passé tel un fardeau. Chacun d'entre eux s'exprime à tour de rôle, selon sa personnalité, son caractère. Cela donne un rythme assez particulier au récit, d'autant que les chapitres consacrés à Becky sont parfois un peu difficiles à suivre.

On ne va pas se mentir, ce n'est pas le meilleur roman de Ron Rash. Certes, l'écriture est belle, les personnages humains, mais l'histoire en elle-même pêche un peu par manque de rythme, de profondeur. Restent quelques pages assez éprouvantes pour évoquer les ravages de la meth dans ces coins reculés des Appalaches...
Commenter  J’apprécie          170
Un shérif bientôt en retraite, une poétesse proche de la nature, un magnat des affaires gérant d'un complexe hôtelier, une amitié d'enfance, la Caroline du Nord... Un chouette contexte pour un roman qui ne déçoit pas.
Comme d'habitude, Ron Rash aime prendre son temps, ses personnages aussi. C'est profond, beau comme les paysages que l'on imagine...
J'ai aimé l'alternance des chapitres entre le shérif (cartésien) et son amie (des passages très poétiques sur la nature), cela donne au roman un ton original. Niveau suspense, ça ne casse pas des briques, mais ce n'est pas vraiment ce qu'on en attend. Un roman noir et nature très réussi !
Commenter  J’apprécie          170
A une époque où les clivages littéraires étaient bien marqués, Patrick Reynal, alors directeur de la Série Noire, créait en 1992 La Noire, pendant de l'emblématique collection Blanche de Gallimard en empruntant la maquette, version négative, de la fameuse couverture épurée au double liseré rouge, estampillée du sigle nrf. Outre l'habillage, c'est bien évidemment dans le contenu littéraire, se situant à la lisère des genres, que réside la volonté de nous faire découvrir des textes dont l'ambition est de transgresser aussi bien les codes de l'écriture que ceux de l'intrigue qui se situe parfois bien au-delà de la résolution d'une enquête ou de la critique sociale pour nous entraîner sur des thématiques plus vastes que peuvent offrir les littératures de genre avec un rapport plus ou moins marqué avec la violence, reflet d'un monde déliquescent. Succédant à Harry Crews, James Crumley, Manchette, Larry Brown ou Jérôme Charyn, pour n'en citer que quelques uns, c'est Ron Rash qui incarne, avec son nouveau roman Un Silence Brutal, le retour de la Noire dont l'aventure éditoriale s'éteignait il y a de cela quatorze ans avec le départ de Patrick Reynal et dont la renaissance ne peut que nous réjouir.

Shérif d'un comté reculé de la caroline du Nord, dans les Appalaches, Les aspire à clôturer ses dossiers alors qu'il ne lui reste plus que trois semaines avant la retraite. Mais il lui faut encore effectuer une descente dans une de ces caravanes croulantes abritant un laboratoire de méthamphétamine et régler un conflit entre Gérald, un vieux fermier irascible et son voisin Tucker, riche propriétaire d'un relais de pêche destiné aux citadins fortunés en quête de nature. Mais la rupture est consommée lorsque l'on découvre que du kérosène a été déversé dans la rivière et que tout accuse Gérald d'avoir commis le forfait. Les n'en demeure pas moins sceptique tout comme Becky, directrice du Locart Creek Park, qui croit en l'innocence du vieillard. Imprégnée par la nature qui l'entoure, éprise de poésie et appréciant le caractère brut de Gérald, la garde-faune ne peut concevoir le geste malintentionné du vieillard qui ne peut faire de mal aux truites qu'il apprécie tant. Dans cette région perdue, la confrontation avec cette volonté du profit se heurtant à la préservation de l'héritage d'une faune qu'il faut respecter ne peut que tourner court. Une confrontation qui devient l'incarnation de deux univers que tout oppose.

Capter l'instant de la lumière d'un soleil couchant nimbant une prairie au pied des montagnes ou saisir les ravages de cette violence sociale incarnée par la consommation de crystal meth qui touche les membres des communautés les plus reculées, Ron Rash possède cette capacité à restituer la beauté et les douleurs d'une nation avec des textes sensibles, imprégnés d'émotions et de poésie. L'importance des mots choisis, la subtilité des phrases soignées, il faut donc saluer la rigueur du travail de traduction qu'a effectué Isabelle Reinharez en traduisant l'ensemble de l'oeuvre de Ron Rash pour restituer toute la quintessence d'une écriture au style épuré qui se concentre sur l'essentiel.

Avec Un Silence Brutal, Ron Rash décline sur le mode de l'intrigue policière les intrications entre les différents membres d'une petite communauté des Appalaches en se concentrant sur la posture de Les ce shérif ambivalent, doté d'une certaine sagesse, qui arrondit ses fins de mois en fermant les yeux sur les trafics des cultivateurs de marijuana mais qui a à coeur de préserver la quiétude des habitants en oeuvrant avec circonspection. Un portrait tout en nuance comme celui de Becky cette garde-faune qui porte en elle le souvenir d'une tuerie de masse dont son institutrice et ses camarades ont été victimes et que l'auteur évoque avec une belle retenue qui ne fait que renforcer la tension et l'horreur de la situation. Il en va de même pour cette descente dans une caravane sordide abritant un laboratoire de méthamphétamine qui aura des répercussions sur certains membres de l'équipe du shérif. Ainsi donc Ron Rash décline toute une galerie de personnages faillibles surmontant du mieux qu'ils le peuvent les épreuves auxquelles ils doivent faire face avec en ligne de mire cette soif de rédemption ou de pardon pour les uns ou plus simplement ce droit à l'oubli ou cette velléité de passer à autre chose pour les autres afin de se débarrasser de cette culpabilité qui les encombre.

Un Silence Brutal, c'est également l'occasion pour l'auteur de mettre en scène cette confrontation brutale avec cette Amérique clinquante incarnée par Tucker, propriétaire d'un lodge destiné aux pêcheurs fortunés, qui se frotte à un voisinage modeste personnifié par Gérald qui n'entend pas subir le dictat des plus riches n'aspirant qu'au profit. Ainsi, même dans la quiétude de ces grands espaces sauvages, Ron Rash met en exergue le tumulte du conflit des classes sociales qui atteignent l'ensemble de protagonistes en révélant la face sombre de certains d'entre eux prêts à tout pour obtenir une part des bénéfices. Roman noir, imprégné d'une force poétique fascinante, Un Silence Brutal évoque avec une rare intensité toute la beauté d'une région où la communauté doit subir les avanies d'une nation qui l'a reléguée à la marge de la société.

Ron Rash : Un Silence Brutal (Above The Waterfall). Editions Gallimard/La Noir 2019. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez.

A lire en écoutant : Sullen Girl de Fiona Apple. Album : Tidal. 1996 Sony Entertainment Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
Commenter  J’apprécie          170
Bien qu'aimant beaucoup l'écriture de Ron Rash, il m'a fallu dépasser les cent pages pour entrer enfin dans ce roman dont les dernières pages sont une apothéose. Alors, pourquoi?

L'idée d'une écriture alternée entre deux protagonistes, le shérif Les et Becky, ne m'a pas gêné, c'est plutôt le fait que trop de thèmes m'ont paru être à peine abordés alors que leur développement aurait sans doute étoffé ce texte qui donne parfois l'impression de partir dans tous les sens alors que l'ensemble du roman est assez court.

De même, les réminiscences d'événements douloureux vécus tant par Gerald que Becky et Les sont confuses ,mélangées à d'autres faits de l'histoire au point que l'on perd facilement pied.

Il reste quelques bons passages sur la nature, trop rares à mon goût, dans lesquels toutefois la plume de Ron Rash reste très forte même si mon impression finale est qu'il en avait encore sous le pied mais n'a pas appuyé à fond.

Je n'ai pas non plus entendu le chant de la rivière alors que j'avais été vraiment imprégné par celui de la Tamassee.

Il reste un sens de l'humain très fort, particulièrement à travers la personnalité magnifique du shérif Les, superbement travaillée, qui affronte avec honneur et grande classe les souffrances des autres et donne vraiment ce qu'il a de meilleur en lui, aux autres personnages et, naturellement, au lecteur.

Je resterai bien sûr fidèle à Ron Rash et souhaite lire les quelques livres que je ne connais pas encore malgré cette impression mitigée au-dessus de la cascade.
Commenter  J’apprécie          160
De Ron Rash, j'ai tout lu, j'ai tout aimé mais à des degrés divers. J'avais peur de lire ce dernier roman, qui n'est d'ailleurs pas le dernier puisqu'il est paru aux Etats-Unis en 2015.

Alors ?

Je crois sincèrement que je ne suis guère objective quand il s'agit de cet auteur. Mais pourquoi donc ? Je ne le connais pas personnellement, je ne l'ai jamais rencontré sur un salon du livre, il n'a jamais payé mes chroniques et pourtant, j'ai un petit faible pour lui… Il y a des choses qui ne s'expliquent pas.

L'intrigue ? Elle est tellement mince qu'il ne sert à rien de la raconter. Ne serait-elle pas seulement un prétexte à comprendre le mal-être des deux personnages principaux pour mieux appréhender leur rédemption ?

On peut simplement dire (sans déflorer le peu d'intrigue) qu'il y a deux narrateurs, des chapitres qui alternent l'un et l'autre. Et parfois, j'avoue que je me suis perdue, je croyais d'abord lire l'un et quelques lignes plus loin, je comprenais, au détour d'un accord, ou d'une parole que c'était l'autre. C'est le défaut de ce genre de narration quand les voix ne sont pas assez distinctes.

Pour l'instant, je ne crie pas au génie !

J'ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman, je l'avoue humblement, mais il a su me toucher… un peu.

J'ai été particulièrement émue par le personnage de Becky, qui a subi un traumatisme, enfant, et qui a bien du mal à vivre avec. Les souvenirs jaillissent à tout moment. C'est d'ailleurs son histoire qui éclaire le titre français du roman. Above the waterfull, le titre original, correspond davantage à l'intrigue. Étonnant ce parti pris de choisir juste un angle de vue au détriment de l'évidence. Cela vient-il de l'éditeur ? de la traductrice ?

Revenons à ce personnage féminin, si proche de la nature. Je connais la raison pour laquelle son histoire m'a touchée en plein coeur, et notamment ce qu'elle a vécu enfant. C'est parce qu'elle a fait écho en moi avec ce que je vis dans mon métier lorsque nous devons faire des exercices de simulation « d'intrusion-attentat », exercices qui traumatisent quelques-uns de mes élèves et qui génèrent en moi un flot d'images désagréables.

Mais tout ça est bien beau, je n'ai toujours pas dit ce que je pensais de ce roman dont je n'ai, en plus, rien raconté. Est-ce un billet pour ne rien dire ?

Allez, quelques points positifs : Ron Rash manie l'art de la suggestion avec brio. Au lecteur de combler ce qui n'est pas écrit ou de se faire ses propres images, l'auteur ne fait que mettre en marche l'imagination du lecteur. Et si Becky est un personnage qui a fait vibrer mon petit coeur, Gérald, avec son côté vieux bourru taiseux a su aussi me séduire. C'est un personnage récurrent chez Ron Rash mais qui me plait toujours.

Manifeste écologique ? Roman de la résilience ? Roman rural ? Roman noir ?
Lien : https://krolfranca.wordpress..
Commenter  J’apprécie          150
J'ai la chance d'avoir découvert Ron Rash il y a presque 10 ans, grâce au Divan, mon extraordinaire librairie. L'addiction a été immédiate et totale. Pour moi, il est l'un des plus grands écrivains, toutes époques et nationalités confondues. L'ensemble de ses livres est d'une beauté et d'une justesse absolues. La constance dans l'excellence pour de vrai. La parution de chaque nouveau livre est un événement que j'attends avec frénésie et délectation. Habituellement, j'achète LE livre le jour de sa parution et le contemple jusqu'à l'été, le gardant précieusement pour ma PAL estivale, un peu comme l'oncle Picsou avec son tas d'or mais avec encore plus de passion.

Cette année, cela n'a pas été le cas et je l'ai lu presque à parution car grâce à Babelio et à Gallimard, j'ai enfin pu rencontrer Ron Rash et même lui parler...J'ai néanmoins conservé son livre pour le week-end juste avant la rencontre. Attendre pour mieux savourer. Pour une impatiente comme moi, cela n'arrive jamais, c'est exceptionnel, impossible même sauf que c'est Ron Rash.

Ce long préambule pour expliquer que mon attente est extrême mais avec Ron Rash et ce livre, elle est encore dépassée. le pitch semble classique : Les, un shérif à trois semaines de la retraite, se trouve confronté à une affaire mystérieuse d'empoisonnement de truites d'un relais de chasse tourné vers le tourisme. Les soupçons se tournent immédiatement vers Gérald, le vieux voisin bougon et taciturne avec lequel le propriétaire du relais, un riche parvenu, est en conflit. Sauf que Becky, la gardienne du parc naturel voisin, une poétesse solitaire "qui n'est pas autiste mais a cherché toute sa vie à le devenir" et éperdument éprise de nature, avec laquelle notre shérif entretient une relation amoureuse tourmentée ne croit pas du tout que Gérald ait pu tuer les truites qu'il aimait tant. Déjà un peu moins classique...d'autant que cette affaire ne commence qu'à la troisième partie du livre. Pas vraiment les codes du polar n'est-ce pas ???

Ron Rash est le seul écrivain qui sait aussi parfaitement et intimement mêler le noir " le gris foncé" (nous a t-il dit lors de la rencontre) et le nature writing.

La nature, celle des Appalaches, région qu'il aime tant, est omniprésente dans son oeuvre, les arbres, les oiseaux, l'eau surtout (il y a toujours une rivière dans un Ron Rash !). Il nous a dit que pour lui, la qualité de l'eau était un indicateur de l'état d'une société. Dans ce livre, l'eau a été empoisonnée...

Les personnages sont extrêmement beaux, complexes et émouvants. Tous deux ont un point commun originel : celui de ne pas savoir su (ou pu) tenir une promesse, Les avec son ex femme atteinte par la dépression, Becky envers son institutrice lors d'une tuerie d'université. Ils sont abimés et rongés par la culpabilité, Becky surtout. Je crois qu'elle est mon personnage féminin préféré depuis que je lis (de très longues années donc). Elle trouve le courage de continuer à vivre dans sa communion avec la nature et dans sa relation avec les jeunes enfants qui visitent son parc comme Ron Rash l'a justement précisé lors de la rencontre. Elle veut transmettre sa passion à tous ceux qui l'entourent.

Ce livre recèle tant de trésors qu'il est impossible de tous les évoquer. Il aborde une pluralité de thèmes avec sobriété et justesse - l'amour de la nature, les effets pervers de la technologie qui nous coupe du monde, le langage, l'amitié donnée et reçue, la difficulté du rapport à l'autre, les ravages de la meth qui broie les êtres, la culpabilité et la rédemption. L'écriture est sublime, en alternant les voix de Les et de Becky. Une totale maîtrise pour leur donner vie et voix. Ron Rash nous a expliqué avoir commencé le roman avec la seule voix de Les mais il lui manquait un ingrédient essentiel : la voix de Becky. Et quelle voix ! L'occasion pour nous de découvrir le Ron Rash poète par petites touches savamment distillées. À ce propos, j'aimerais adresser un coup de chapeau ébloui à Isabelle Reinharez qui a réalisé une véritable prouesse de traduction, avec un travail inouï sur le langage dont elle a repoussé les frontières pour mieux donner vie à l'écriture de Ron Rash. C'est une traductrice à la mesure de Ron Rash et pour moi c'est le plus beau des compliments.

Ron Rash nous a expliqué qu'il commençait l'écriture de chaque roman juste avec une image - celle de la truite pour Un silence brutal et que ses personnages s'imposaient à lui. C'est peut-être pour cela qu'ils sont si terriblement vrais...

Un IMMENSE merci reconnaissant encore à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette rencontre qui nous a permis d'aller vers Ron Rash comme les personnages de ses romans. C'était un moment vraiment fort.

(j'attends maintenant le prochain Ron Rash !)








Commenter  J’apprécie          150
Installez-vous confortablement et embarquez dans l'univers de Ron Rash. Vous êtes dans un univers où la nature joue le premier rôle. Les paysages dominent les hommes et leur destin mais aussi les aident à se ressourcer. Les autochtones survivent dans ce coin reculé du sud des Appalaches. Les chapitres alternent entre les voix de LES, shérif à trois semaines de son départ en retraite et de Becky, directrice du parc naturel, traumatisée dans son enfance par une fusillade dans son école.
LES, représente la partie grise du roman noir. Il s'échappe de sa vie privée en affrontant les fléaux de cette société isolée au coeur des Appalaches. Notamment, le combat des autorités contre les ravages de la meth est décrit de manière documentaire, hyper réaliste qui donne la chair de poule.
Becky, elle, représente la partie claire qui vit pleinement et se reconstruit grâce à la nature. L'écrivain nous dévoile alors ses talents de poète dans des chapitres d'une grande beauté. Sa prose devient lumineuse, la nature se transforme en source de bien-être.
L'intrigue de ce roman noir n'est qu'un prétexte pour imaginer des personnages complexes, ayant des principes et essayant de les appliquer dans cette société rurale, exclue et isolée.
C'est un vrai coup de coeur et ce fut un moment de lecture très agréable, à recommander. Moi, j'attends déjà le prochain !
Commenter  J’apprécie          150
Très beau roman, rempli de poésie, bien écrit, des personnages attachants. Une bourgade dans les Appalaches, un coin perdu de Caroline du Nord entre rivière et montagnes, qui fut certainement jadis une imitation du Paradis. Ici tout le monde se connait depuis l'enfance. Les, le shérif n'est plus qu'à quelques semaines de la retraite mais ses derniers jours vont être bien difficiles à gérer quand Tucker, propriétaire d'un relais Nature et Pêche attirant de riches touristes en quête de truites mouchetées, accuse Gerald d'avoir empoisonné la rivière pour couler son entreprise. le vieux Gerald, malade du coeur, un peu braconnier certes mais amoureux fou de ces poissons pleins de vie, aurait commis ce crime ? Becky, la poétesse, garde forestière éprise de nature, n'y croit pas et Les ne semble pas vraiment convaincu non plus… Ron Rash nous propose à nouveau un roman remarquable.
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (596) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}