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EAN : 9791090175877
192 pages
Serge Safran éditeur (14/01/2022)
3.2/5   5 notes
Résumé :
En 1953, dans une célèbre maison close de Los Angeles, Ad, un jeune scénariste disciple de Fritz Lang, rend visite à la plus belle femme de son temps : Ava Gardner.

Plus tard, dans un futur proche, au sein d’un laboratoire, une voix nous interpelle pour nous faire de troublantes confidences… sous la surveillance de deux observateurs impliqués dans ce qu’ils nomment le « projet Adrian ».

Roman d’une passion autant que d’une expérience, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Chacun cherche son Ava

Dans un vertigineux roman, Philippe Raymond-Thimonga nous entraîne dans le Hollywood des années 50 avant de plonger dans un laboratoire de recherche. Et entraîner le lecteur à jouer un rôle inédit.

Tout ce qu'Hollywood compte de vedettes semble s'être donné rendez-vous chez Lore H. B. en ce jour de 1953. Celle qui se fait encore un peu désirer est la grande Ava. Mais quand elle débarque dans son splendide fourreau vert, tous les regards convergent vers elle, à commencer par celui d'Adrian ou Adan Experinger, scénariste pour la Metro et qui essaie depuis des mois d'écrire le film que lui réclame la major. Et qu'attend le réalisateur de Metropolis, M le Maudit et Mabuse, le grand Fritz Lang. Pour l'heure cette oeuvre sublime, forcément sublime, s'intitule Adrian ou encore Adrian et les visiteurs.
Pressé d'en dire plus par Ava, Adan lui lâche qu'elle aura le rôle de la femme aimée, comme aucune femme n'a jamais été aimée. Que pour le rôle masculin, ils pensent à Cary Grant, Montgomery Clift ou Dana Andrew, que pour le scénario il pourrait être rejoint par Alfred Hayes et l'écrivain australien Alec Coppel. Quant à la photo, elle pourrait être confié à Jack Cardiff, celui de Pandora ou encore des Amants du Capricorne. (Ouvrons ici une petite parenthèse pour indiquer qu'Alfred Hayes est aussi au centre d'un autre roman qui paraît en cette rentrée et dont je vous parlerai bientôt. Il s'agit de À la recherche d'Alfred Hayes de Daphné Tamage.)
Pendant tout ce temps, dans le Désert des Mojaves au Sud du Nevada, un laboratoire analyse tous les faits et gestes d'Adrian, passé de Maître de recherches à objet d'études. Toute observation, toute idée émise, tout mouvement passe est passé au crible par deux ingénieurs soucieux de comprendre. le roman, dans lequel le lecteur est alors appelé à jouer aux côtés de l'auteur son rôle de démiurge, va alors basculer vers la science-fiction, passant de la Cité des anges à la Silicon Valley dans une étourdissante réflexion sur les rapports entre réalité et fiction, entre création et interprétation, entre découverte et réappropriation. Si Adrian et les visiteurs n'a jamais été tourné, de nombreux films ont en été directement inspirés. Et aujourd'hui chacun cherche son Ava. Vertigineux!


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Hollywood + Ava Gardner + « croiser la société de l'image d'hier fabriquée par Hollywood et l'homme aujourd'hui réinventé par ses nouvelles technologies ». Il n'en fallait pas plus pour que je coche ce livre dans le masse critique de ce mois de janvier 2002. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre.

Le récit s'articule autour de trois axes qui se parlent, se répondent tout en s'adressant au lecteur : dans un futur indéterminé une équipe de chercheurs perdu dans le désert du Nevada, travaille sur « le projet Adrien ». Ledit Adrien, soumis au regard de 2 chercheurs, tantôt nous parle de sa condition actuelle, de sa maison, de ses émotions, de ses réflexions sur la création, le réel et l'imaginaire, les technologies de communication, tantôt nous renvoie en 1953 à Hollywood et nous fait le récit de cette nuit où, dans un bordel de luxe il rencontra le sosie d'Ava Gardner (à moins que ce ne fût la vraie Ava Gardner) et lui parla d'un projet fou de scénario qui ne vit jamais le jour, et de Fritz Lang.

Je ne vous cache pas que j'ai eu du mal à aller au bout de ces 183 pages tant le propos m'a semblé confus. Si j'ai apprécié les passages situés en 1953 je n'arrivais pas à faire le lien entre les 3 espaces d'expression. On comprend à un moment que le processus initié par Adrian a fini par se retourner contre lui, qu'il est passé de créateur à sujet d'observation. A travers lui l'auteur aborde la question de la création mais aussi l'impact des technologies de communication sur l'être humain, laissant à l'Adrian du futur proche l'analyse sociologique, et aux chercheurs le questionnement même du lecteur. Face à ces deux expressions le récit de 1953 offre un pendant sensuel et énigmatique, un espace où l'imaginaire fait contraste avec la froideur de l'expérience du futur.

Un roman qui m'a perturbée dans sa forme et dans son propos. Il nous plonge dans la fabrique des rêves tout en s'inscrivant dans l'avènement de l'intelligence artificielle. Que reste-t-il de liberté, de créativité pour l'individu ?

Ce qui me reste en refermant le livre est un certain malaise de me sentir moi-même objet d'étude en tant que lectrice. Malaise aussi de me sentir manipulée de bout en bout par l'auteur, avec la sensation désagréable de ne rien comprendre alors qu'il m'a semblé parfois approcher une certaine vérité. Roman ou étude sociologique, je ne peux trancher. Au final me reste la frustration de ne pas avoir saisi où l'auteur voulait me mener.

Je remercie néanmoins Serge Safran Editeur et Babelio pour cette lecture surprenante et déroutante.
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Original, contemporain, « Adrian Æ » est une subtile analyse toute de contrastes. Deux mondes qui vont s'entrechoquer , puis se rassembler telles des poupées gigognes. Ce récit est passionnel d'un côté et absolument cartésien et expérimental de l'autre.
L'incipit donne le ton . « Adrian Experi, dit Ad, Adan, Adi ou simplement monsieur Experi n'eut pas la vie facile. Ni simple, ni désirable, ni même non désirable sa vie ne fréquenta aucune frontière connue et c'est pourquoi elle continue à nous surprendre, d'habiter nos mémoires, longtemps, très longtemps avant qu'elle n'ait commencé. »
L'histoire cinématographique est quasi chirurgicale.
En 1953, à Los Angeles, Adrian a rendez-vous avec Lore H.B. afin de dévoiler son scénario. Ava Gardner est attendue également. Nous sommes dans une ambiance feutrée entre murmures, attirances, la gestuelle douce et l'aura d'Ava Gardner sublimée.
Dans l'autre versant du roman (on passe de l'un à l'autre sans difficulté aucune), le « projet Adrian » va être élaboré par deux observateurs.
« Un jour advient, disais-je, où la machine pourra mieux s'exprimer que l'homme et finira par être reconnue comme la seule gardienne authentique de son « langage ». Enfin. »
Ce roman habile, intuitif, pragmatique démonte les diktats cinématographiques. le laboratoire expérimental est la mécanique et les rouages des fonctionnements intérieurs. Tout ceci est très mathématique et futuriste.
Philippe Raymond-Thimonga est le scrutateur. Il tire aussi les ficelles de ce récit profondément intelligent.
Entre la passion et la réalité, le corpus avant-gardiste, les entrelacs d'une histoire tirée au cordeau.
La dualité entre l'homme révélé et l'homme transmué par les nouvelles technologies.
Ce roman est éclairant, moderne. Une mise en abîme grand écran.
Publié par les majeures éditions Serge Safran éditeur.
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Adrian AE ou l'expérience Adrian et une sacrée expérience pour son lecteur. Alternant passé, moments passés avec le sosie de la star hollywoodienne Ava Gardner dans une maison qui attirent ses clients grâce à des sosies de stars du Hollywood des années 50, et futur où Adrian (est-ce toujours le même ?) explique la progression de AI (l'Intelligence Artificielle) sur le futur de l'Homme, ce roman est complexe mais diablement intéressant et je me suis pris une belle claque à la fin. de simple lecteur nous devenons acteur de ce roman.
J'ai eu envie de lire ce roman car le Hollywood des années 50 est une période qui me fascine. Tout en glamour c'était aussi une gigantesque machinerie où tout était mis en scène, jusqu'à la vie privée de ses acteurs et actrices.  
Adrian est un jeune homme, tout juste embauché pour aider le génialissime Fritz Lang, réalisateur du mythique "Métropolis", où là encore on parle d'AI et du culte que l'homme lui rend. Un visionnaire ce Fritz Lang. Il se rend donc à une soirée pour rencontrer le sosie d'Ava Gardner. Mais est-ce vraiment son sosie ou la véritable Ava Gardner, lassée de jouer le jeu d'Hollywood, elle qui vient du fin fond de l'Amérique et dont le langage sans fard, franc et parfois ordurier est loin de son image de femme fatale ?
Le roman alterne entre discussion entre Ava et Adrian, notamment sur cette superbe illusion qu'est le cinéma, et un futur où Adrian, toujours jeune, parle de la création de l'AI par l'Homme, qui n'avait même pas complètement explorer sa propre intelligence. Il parle des dérives de celle-ci et des conséquences qu'elle a eu sur l'Homme. A force de tout vouloir, jusqu'au point de 'vivre' les films qu'il voyait ou les livres qu'il lisait, l'Homme s'est enfermé dans un monde de mirages. Plus encore, voulant fuir tout sentiment trop intense, toute colère, tristesse ou frustration, bref, ce qu'on appelle les émotions négatives, il a laissé, semble t'il, l'AI prendre l'entièreté de ses émotions pour ne plus souffrir.
Mais le Adrian du futur est sous surveillance car ses pensées semblent trop subversives  pour ce monde hyper contrôlé. C'est aussi un animal de laboratoire qui reçoit des visiteurs avec lesquels il discute de son passé et de ce qu'il pense de l'Homme du futur.
J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que le roman prenne cette direction et quelle claque à la fin quand, alternant souvenirs et réflexions sur le Nouvel Homme, Adrian s'adresse, non plus seulement à ses visiteurs, mais directement au lecteur. Lecteur qui peut être passif dans une histoire, parfois complice, parfois manipulé, mais depuis des années que je lis j'avoue n'avoir jamais été ainsi apostrophée lors d'une lecture ! Cela m'a amenée à de très nombreuses interrogations, m'a complètement prise par surprise et je le redis, je ne m'attendais pas à une telle claque. J'ai eu l'impression qu'Adrian me mettait face à mes responsabilités car, pour l'instant, l'AI n'a pas encore pris tout l'ascendant sur notre vie. C'est mon interprétation du livre, peut-être que je me trompe, peut-être pas. En tout cas il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce roman pourtant court mais intense, beaucoup de questions à se poser et j'espère ne pas avoir trop détourné ou mal compris les propos de l'auteur.
Il faut effectivement 'entrer' à tête reposée dans ce roman mais il en vaut vraiment le détour et clairement vous surprendra. Je vous le conseille, de toute façon, très fortement. Il y a longtemps qu'un roman ne m'avait pas autant bouleversée !
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Livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique.
Il m'est difficile de délivrer une critique digne de ce nom pour un livre contenant à peine 184 pages et dont la moitié est consacrée à nous faire deviner quelque chose à grand renfort de métaphores et de lyrisme. Il me semble qu'à un moment Adrian (qui - en fil rouge - s'adresse au lecteur tout au long du roman d'une façon déconcertante) s'écrit "stop aux allitérations !" et je ne peux qu'être d'accord avec lui. Stop aux procédés poétiques pour essayer de nous faire comprendre le point clé de l'histoire, il me fallait plus de concret, plus de contexte dans ce roman pour pouvoir en tirer quelque chose. C'est bien dommage car au-delà des figures de style il y avait bien un message à faire passer avec une mise en abyme intéressante.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Adrian Experi, dit Ad, Adan, Adi ou simplement monsieur Experi n'eut pas une vie facile. Ni simple, ni désirable, ni même non désirable sa vie ne fréquenta aucune frontière connue et c’est pourquoi elle continue à nous surprendre, d’habiter nos mémoires, longtemps, très longtemps avant qu'elle n'ait vraiment commencé. Avant qu'elle n'ait légalement et dûment commencé. Voilà qui peut sembler curieux. Surtout à une époque comme la nôtre, je veux dire pleine d’une épaisseur de temps vénérable et cependant restreinte à son présent, aplatie entre les bornes de l'actualité. La spectaculaire époque du présent-actualité: sans fenêtres ni couloirs ouvrant sur le passé, sur un hier ou un demain habitables et vivants. À cette période ambiguë les hommes ont donné le beau nom d'Aujourd'hui.
Improbable aventure que celle d'Adrian Experi, mais dont je peux te parler à mon aise, car Adrian Experi c’est moi. Et si je le fais ainsi — semblant lever le masque sitôt posé, ce qui ne sera pas sans conséquences —, c'est parce que j'ai choisi d'en témoigner auprès de toi. Oui, d’en parler de préférence à toi.
Pourquoi?
Je m'adresse à toi car je sais que tu vas me comprendre. Chaque jour du fond dévasté de nos pratiques une lueur s’obstine à briller, brille, brillerait malade ou dérisoire même si pour toi désormais rien n’est sûr. Cependant, prenant courage, je m'adosse au vide et te parle: du coup tous les mots qui vont suivre s'enchaîneront sans garantie. Et si tu veux continuer à me lire, quoi qu'il advienne, protège-toi. Surtout protège-toi. Car en ce qui me concerne je préviens mais n'épargne pas.
Maintenant, si tu penses avoir préservé dans ta vie le fil naturel d’une respiration, écoute:

L.A. 1953
Dans le rétroviseur elle voit basculer vers la ville les lacets qui grimpent sur Roscomere Road, qui lentement traversent les pins dans les dernières lueurs du jour, Moonce, non pas vautrée, affalée ni même abandonnée juste assise à l'arrière de la berline, bien droite, tête penchée tout de même le regard fixé vers l’ailleurs ou simplement le vide qu'aspire à l'avant le rétroviseur de la Packard marine, se murmurant avec un reste de tendresse: encore un tour... un dernier tour et puis j'irai dormir..., voyant cependant de plus en plus s'éloigner le quartier des studios où elle doit tourner le lendemain à l'aube, et, à mesure que s’épaissit la végétation, se rapprocher la blanche et enfouie maison de Lore H. B.
Enveloppée d’une capeline laissant deviner le chic plus spectaculaire de sa tenue, la jeune femme se penche vers le chauffeur: «Allez, rien qu'un tour, Roy, je t'en prie, un dernier... et puis j'irai dormir.» Dans le rétroviseur du plafond le chauffeur lui décoche un sourire. Aussitôt la passagère se détourne pour masquer sa reconnaissance et, une dernière fois, les yeux baissés, révise la conformité de sa tenue: n'avoir rien trahi cette fois, pas de gaffe, la hauteur des talons, le fourreau de satin vert... noir?... vert ce soir de ce vert appelé Pandora, le moindre clip, bijoux (forcément authentiques) jusqu’à l’aura de la coiffure, bien sûr, d’une ressemblance que certains sur son passage dans la villa qualifient «d’hallucinante».
Ouvrant les yeux, d’un geste brusque Moonce Moon rabat son manteau sur le vert de sa robe, et, digne, lève la tête (peu visible sous la capuche), son regard laissant filer sur le côté un panneau où l’on peut lire en lettres à demi absorbées par la nuit (malgré le scintillement qui vient juste de s'allumer), où l’on pourrait deviner si l'on avait la curiosité des derniers arrivants sur la ville (comme un humour noir propre à cette région du monde), où l’on aurait pu déchiffrer au passage :
Bienvenue
à la Cité des anges

puis quelques minutes plus tard si on n'avait pas été trop distrait sur un panneau identique on aurait aperçu
Bienvenue à Hollywood

et enfin, sur un troisième et dernier panneau en lettres encore plus fuyantes, mal éclairées et aussi imprévisibles qu'invraisemblables,
Mais
attention
aux pseudo-mirages
du Monde des images
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Avec le projet Adrien il est clair que les lecteurs ne pouvaient pas disposer de toutes les informations avant de s'introduire dans le dispositif. Ils n'y sont entrés que parce qu'ils s'y sentaient libres. Non contraints. Que veux-tu, c'est toujours pareil avec ce type de protocole, la démarche n'est pas...clean clean....Feng shui Feng shui... mais...
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Ecoute. Ecoute-moi. Peut-être ne sais-tu plus écouter. Ecoute [Je viens de me répéter là. Non ?]. Je te l'ai dit, il faut arrêter de croire que ta vie n'est qu'une fiction voilà quelques chapitres que toi et moi avons quitté les rives inoffensives de la fiction.
p36
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- Quelle nuit ?
- Aucune idée
- Je ne sais pas pour toi, Nerio, mais mois chez lui je ne comprends pas tout.
- Je crois que tu n'es pas le seul. Cela dit "tout" à ce stade ce n'est pas possible. Il faut attendre un peu, le laisser venir...s'épanouir... le laisser prendre ses marques.
- Et qu'est-ce qu'il a voulu dire par "quitter les rives inoffensives de la fiction" ? J'ai parfois du mal à le suivre. Ce gars-là est bizarre ... Non ?
- Patience, Larry, patience.
p45
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