Un excellent ouvrage reprenant les oeuvres majeures (les plus connues, devrais-je écrire ?) d'Edward Hopper.
Il n'y a jamais de sentimentalisme ou de pittoresque chez Hopper, son monde semble constamment figé.
Son attitude détachée envers l'être humain et l'intensité qu'il met pour exprimer ses sentiments pour l'environnement humain produisent constamment une impression de solitude. Il réfute tous les effets et le brio. Il a manifestement l'obsession de décanter et d'éliminer le superflu.
Ce naturalisme visuel a amené Hopper à peindre des aspects du monde réel que le spectateur, habitué à des artistes plus conventionnels, peut considérer comme non artistiques. Il présente une certaine appréhension instinctive du mouvement, et sans intension expressive il offre toutefois une étonnante intensité d'expression.
Les Editions Taschen proposent une excellente approche pour les personnes souhaitant découvrir l'univers de Hopper ou simplement mieux le connaitre.
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Il est difficile d'évaluer la qualité d'un livre portant sur des oeuvres. On aime l'auteur et tout de suite le livre semble bon. Celui ci ne fait pas exception à la règle.
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Excellente monographie ,bien illustrée complétée par une courte biographie.Un bon moyen de découvrir et de mieux appréhender l'oeuvre de cet artiste singulier et si révélateur de l'Amérique moderne . La partie qui me touche particulièrement est celle qui met en lumière un monde de solitude ,générateur d'angoisse et de désespérance ( le sommet pour moi : "People in the Sun.1960 " ou "Four Lane Road ,1956) ) Parfois même on frôle le fantastique (Night Shadows"1921, "Soir bleu" 1914) . Beaucoup de ces toiles érigent des décors lourds de drames latents.
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Métamorphoses du réel
Les projections picturales apparemment réalistes de Hopper ne sont pas de simples représentations d'une réalité reproduisible mais toujours des reconstructions qui dépassent la pure expérience. Tout comme les opinions et les points de vue que Hopper représente souvent comme tableaux dans le tableau, ses projections picturales ne sont dans l'ensemble pas tout d'abord des reproductions du visible mais des configurations d'espaces vides. Elles rendent compte de ruptures tant dans la réalité de la perception que dans la faculté de percevoir. C'est à juste titre qu'on les a expliquées par la métaphore du silence.(...)
Pas une seule fois (le réalisme de Hopper) ne s'épuise dans le simple rendu du réel et du visible, il ne mise rien sur la pure représentation picturale, bien plus, il devient à chaque tableau évident que reproduction et imagination, représentation et construction sont immédiatement en rapport les uns avec les autres. Seul le jeu entre des complexes picturaux reliés au réel et à la réalité des regards qui les décryptent font naître la réalité que Hopper peint sur ses toiles.
Ce que l'artiste a été il l'est toujours, avec de légères modifications. Des modes changeantes qui portent sur la méthode ou sur le thème ne le transforment que peu ou pas du tout. (Edward Hopper)
Ses toiles sont comparables à un miroir dans lequel, comme l'explique Michel Foucault, ...
...Tout tend à faire penser qu'il y a peu de relation entre un objet et ce qui le représente.
La transformation d'une constellation psychologique en une scène observée dans l'espace de la nature ,expriment le silence et le raidissement ,correspond à un raidissement de l'espace de la nature en image de carte postale .
[...] Hopper est tout simplement mauvais. Mais s'il était un meilleur peintre, il ne serait probablement pas un aussi grand artiste.
Clement Greenberg