AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782251452722
220 pages
Les Belles Lettres (18/02/2022)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Le vrai est là, dans le flou, comme en clignant les yeux.
Que lire après Les carnets de LulaVoir plus
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[Sur Jeanne Moreau]
Ce matin je viens de relire aussi celles [les lettres] de Jeanne, si charmantes, amicales. Et je pense à elle avec malaise. Combien seule avec nous elle était simple, naturelle, au meilleur d’elle-même. Et dès qu’il y avait des témoins tout changeait. Elle ne pouvait s’empêcher de s’inventer, de se donner le rôle qu’elle choisissait d’« être », ou improvisait selon ce qu’on attendait d’elle, selon l’impact qu’elle voulait donner d’elle-même. Selon le « public ».
Et elle était souvent aussi crédible que sur scène ou dans l’écran. Et beaucoup plus encore puisqu’on ne savait pas ce qu’elle « jouait ».
Il fallait la connaître assez bien comme nous et depuis si longtemps, pour détecter dans son « art de la parole » et du comportement le vrai du faux, la tricherie parfois naïve parfois délibérément mensongère.
Elle avait une insatiabilité à être tout, à croire et à faire croire que rien, ni personne ne lui résistait.
Elle avait aussi l’intelligence de savoir répéter et s’approprier ce que disent les gens intelligents dont elle sait s’entourer et qui l’apprécient.
Mais il est presque impossible de rendre compte d’un caractère comme celui de Jeanne. Tellement mobile, audacieuse, et en même temps naïve.
Malheureusement elle usait aussi de petites trahisons qui ont fait qu’à la longue nous nous sommes éloignés d’elle. Mais plus nous nous écartions plus elle tenait à nous et ne supportait pas ce qu’elle considérait comme un échec de son pouvoir. Jusqu’à ce que nous décidions de ne plus la voir du tout. Je dirais malheureusement qu’elle pouvait aussi être une amie généreuse, attentionnée, si elle n’avait été si égocentrique, si possédée et obsédée de sa réputation de « tombeuse » au point de se comporter différemment avec nous ou surtout avec Serge selon le public.
Pendant le tournage de Jules et Jim, François me dit un jour, c’était à Saint-Paul-de-Vence nous marchions tous les deux : « Danièle, Jeanne m’a dit que vous ne vous plaisiez pas dans la scène où vous êtes… » Je me récrie tellement étonnée, gênée, moi si ravie, heureuse d’être aussi « dans le film » même deux minutes. Et comme si je pouvais faire un « caprice ».
Mais Jeanne aurait préféré que je n’y sois pas, que je n’apparaisse pas, que la séquence saute, afin de laisser planer plus d’ambiguïté sur la présence de Serge. Comme elle n’a jamais pu s’empêcher de le faire.
Une autre fois Serge avait envie de faire lui-même un disque de certaines de ses chansons. En particulier les chansons d’amour. Il en parle à Canette qui lui répond : « Mais je croyais que votre femme n’y tenait pas. » Serge stupéfait. Insidieuses insinuations de Jeanne qui ne tenait pas, elle, à ce que Serge fasse ce disque préférant être l’unique interprète de ses chansons – d’autant plus ces chansons d’amour-là – que pour la plupart Serge avait gardées car elles nous concernent plus intimement.
À vrai dire Jeanne n’a jamais supporté que Serge n’ait pas eu de faiblesse pour elle – et l’ait même écrit plus tard. Elle le ressentait comme une défaite. Ce qui comptait beaucoup pour elle c’était de se prouver que personne ne lui résistait.
Commenter  J’apprécie          20
[sur le tableau « Bleu de Nîmes »]
Ensuite il y a eu les portraits en couleur qui sont dans notre chambre. Celui, debout, pour lequel je suis restée une matinée figée dans mes habits du matin qui ont l’air de vêtements de théâtre. Il pleuvait, dehors il faisait encore froid et c’était merveilleux d’être là, tous les deux complices coupés du monde, enfermés dans le champ clos de l’absurdité magique de l’art – comme sur cette grande toile brune où nous figurons ensemble tels les donateurs, de part et d’autre d’un tableau inachevé représentant les jardins de Nîmes. Sur la partie nue de la toile, l’ironie de l’ébauche d’un trait de pinceau.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : journal intimeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1711 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}