Pierre Riché, avec Les combats de l'Église au Moyen Âge, ajoute une pierre à son édifice en même temps qu'il situe le rôle de l'institution catholique et romaine dans les siècles qui forment cette longue période qui va de 476 à 1453.
Avec la conversion de Constantin au christianisme, on vit deux pôles se constituer dans l'Empire : Byzance ou Constantinople où résidait l'empereur (et le patriarche) et Rome où s'installèrent les papes.
L'église catholique se donna donc le pape pour chef et l'évangélisation des terres païennes et des peuples dits barbares pour mission. Il y eut un double mouvement de l'Europe continentale vers les îles britanniques puis de celle-ci et en particulier de l'Irlande vers le continent quand il s'agit d'éradiquer les croyances des envahisseurs "barbares" quand ceux-ci pénétrèrent dans l'Empire romain et quand ils le peuplèrent. Puis la lutte se fit jour entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel pour savoir qui avait la priorité sur l'autre, une lutte acharnée qui se prolongea après la fragmentation de l'Empire carolingien dans la rivalité entre la papauté et les Ottonides puis Hohenstaufen avec la création du Saint-Empire romain germanique. Les rapports ne s'équilibrèrent jamais tout à fait entre le pouvoir sacerdotal romain qui menaçait de sanctions d'excommunication les rois et les princes d'Occident quand ceux-ci montraient une volonté d'émancipation et ces derniers qui parfois passaient outre malgré les risques encourus.
La papauté eut aussi à s'investir dans la reconnaissance d'ordres religieux qui la soutenaient et appuyaient les volontés de réforme des moeurs dans l'Église, ainsi que dans l'affirmation de sa supériorité par rapport aux pouvoirs laïcs, dans le lancement du mouvement de Croisade en Terre Sainte, en Espagne et en Europe orientale contre les "incroyants", "infidèles" sarrasins, musulmans ou turcs, contre les prétendus païens combattus par les chevaliers Teutoniques, et aussi dans la définition doctrinale d'une orthodoxie catholique en même temps que dans la lutte pour éradiquer des hérésies apparues en Europe occidentale, et qui menaçaient l'unicité d'une foi seule reconnue.
La France dont l'un des rois, Saint Louis fut canonisé, tenta de mettre la papauté sous sa "protection" et plus encore sous son contrôle en la faisant s'installer pour un temps sur les bords du Rhône, en Avignon.
La fin du Moyen Âge compliqua les choses, au moment où les royaumes de France et d'Angleterre se déchirèrent dans une guerre de plus de Cent Ans : cela entraîna un schisme, la scission de l'Église catholique représentée par des papes opposés favorisant chacun l'un des protagonistes de cette guerre contre l'autre.
Parallèlement, des mouvements travaillés par la Devotio Moderna et la contestation d'une autorité écrasante en même temps que d'un enrichissement scandaleux de l'Église, prête à vendre des promesses de pardon total de toutes les fautes, des indulgences et une hypothétique entrée au paradis des fidèles les plus exposés aux foudres divines contre de l'argent. La Réforme protestante allait bientôt venir, après les contestations internes de
Jean Hus et les admonestations et fulminations d'un Savonarole.
François Sarindar, auteur de
Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)