Vous avez certainement entendu parler ou lu sur l'histoire des poisons: France, XVII siècle, le roi soleil règne sa favorite était la marquise de Montespan. Cette marquise aimait beaucoup la compagnie et les élixirs “magiques” de la célèbre sorcière Catherine Monvoisin, dite La Voisin. On apprit après qu'elle fût brûlée vive que la sorcière aurait envoyé un écrit empoisonné destiné à empoisonner Louis XIV et sa nouvelle favorite Marie-Angélique de Fontanges.
Cette histoire est racontée ici par Geneviève Pasquier, personnage fictif qui fait le lien entre les personnes réelles qui ont pris part, ou non, à cette fameuse affaire des poisons.
J'ai beaucoup aimé apprendre sur toutes ces intrigues qui se tramaient à l'époque où la voyance, les élixirs, les devins, etc, étaient très en vogue . Un roman historique passionnant qui m'a tenu éveillé plusieurs nuits …
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J'avais lu ce roman il y a très longtemps ( je pense au moment de sa sortie) et j'en avais gardé un excellent souvenir aussi je l'ai racheté chez mon bouquiniste et relu.
Il y a tous les ingrédients que j'aime: roman historique, une histoire d'amour, une femme exceptionnelle.
J'apprécie particulièrement le point de vue adopté par l'auteur sur les affaires d'empoisonneurs et de sorcières à l'époque du roi Soleil: c'est un point de vue résolument féministe ce qui est très novateur. L'idée c'est que dans une société d'hommes, certaines femmes avaient trouvé le filon pour se faire une place et d'autres étaient malheureusement contraintes par la nécessité à avoir recours aux autres.
En bémol, je dirais que les 100 dernières pages se tirent lentement et que la fin est un peu bof.
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lu en 1999
J'ai déjà lu ce roman trois fois, c'est dire si je l'adore. J'ai trouvé que l'auteur y mêlait avec talent la grande Histoire (l'affaire des poisons qui a bien ébranlé la cour du Roi Soleil) et la petite histoire, celle d'une d'une jeune fille rejetée par sa famille et recueillie par une "sorcière" qui gagne sa vie dans les salons parisiens. un très bon moment de lecture.
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Les odeurs somptueux du dîner qui se préparait me rendaient folle, car nous avions commencé à jeûner en prévision de la communion de la messe minuit. Il faut savoir, en effet, qu'en ces temps de corruption, où les libertins ne se confessaient qu'au seuil de la mort, et les soldats et les libres penseurs presque jamais, les sorcières de Paris ne manquaient jamais la messe. Seuls le roi et sa cour les égalaient dans leur stricte observance. Celles-ci comme ceux-là ne connaissaient pourtant rien aux Saintes Ecritures et croyaient plus au diable qu'en Dieu. Mais dans la mesure où sans Dieu il n'y a pas de diable, les sorcières rendaient hommage à celui qui était en haut pour mieux adorer celui qui était en bas.
Une belle silhouette ou un joli profil, chez un homme ou une femme, étaient un avantage, mais un petit avantage ; la rumeur d'un héritage ou la réputation d'avoir de la chance au jeu étaient préférables. Mais rien ne valait un quelconque lien avec le roi, aussi ténu soit-il. Dans cette perpétuelle lutte pour être vu, pour être le sujet de commérages pendant au moins cinq minutes, il n'y avait pas meilleur atout que d'être une femme de cent cinquante ans qui savait lire l'avenir dans l'eau et pouvait accepter de se séparer d'un pot de sa crème de jouvence.
— Ma fille, votre présence m’est un soutien et une consolation. Reprenons, voulez-vous, au Livre X ; rappelez-moi d’abord comment Aristote définit le vrai bonheur ?
— Aristote nous dit que le vrai bonheur se trouve dans la contemplation, tandis que l’idée commune du bonheur, synonyme de plaisir ou d’amusement, est entretenue par les cours des tyrans.
— Vous apprenez vite ma fille. Continuez la lecture. Et je continuai à lui lire dans l’Ethique à Nicomaque tout ce qui se rapportait au bonheur fondé sur les activités vertueuses ; il hochait la tête quand j’arrivais à un passage qu’il goûtait tout particulièrement, et souriait de son sourire ironique quand je lisais que les esclaves pouvaient apprécier des plaisirs physiques sans être pour autant considérés comme heureux. Je ne comprenais jamais vraiment ce qu’il voulait dire à l’époque, alors que, maintenant que j’ai vieilli, je ne comprends que trop bien avec quelle clarté il voyait alors le monde.
Chapitre 5
- Grands Dieux ! Qu'est-ce que c'est que ça ?
L'ambassadeur milanais à la cour de sa majesté le roi Louis XIV porta son monocle à son œil afin de mieux examiner la curieuse personne qui venait de pénétrer dans la pièce. La femme qui se tenait là offrait, il est vrai, un spectacle surprenant, même dans le contexte extravagant de 1676, l'année des victoires. Par-dessus un vertugadin espagnol démodé, elle portait une robe de brocart noire à l'étroite collerette blanche à l'instar des femmes de l'époque du roi Henri IV. Presque aussi haute qu'elle, sa canne en ébène, dont le pommeau en argent représentait une tête de chouette, était décorée d'un flot de rubans de soie noire. Un voile de veuve dissimulait son visage. Les murmures qui avaient accueilli son arrivée à la réception de la maréchale cessèrent quand elle souleva son voile pour révéler un visage magnifique qu'une couche de poudre rendait aussi pâle que celui d'un fantôme.
Père, comme je devais l’apprendre plus tard, avait connu une rapide ascension sociale en tant que financier sous la protection de Nicolas Fouquet, le surintendant des Finances, mais il avait perdu toute sa fortune et sa liberté avec la déchéance de celui-ci. Son visage conserva à jamais la pâleur des prisonniers de la Bastille, et son cœur un dégoût profond pour la Cour et ses intrigues. Il avait été obligé de vendre ses bureaux et vivait à présent des maigres revenus que lui rapportait une petite propriété à la campagne qu’il avait héritée d’un oncle. De ses années en prison, il ne garda qu’un penchant pour la philosophie et un vif sentiment de répugnance à l’idée de retourner à la haute finance. Le bruit courait qu’il avait caché de l’argent à l’étranger, à l’abri de Colbert, le contrôleur général du roi, mais Père ne s’en ouvrait jamais.
Chapitre 2