Dans mon esprit,
Rainer Maria Rilke était associé à la
poésie. Sans doute à cause de son livre "
Lettres à un jeune poète"... et au fait que finalement je ne me trompais pas trop et qu'il était en effet poète !
C'est pourtant un recueil de contes-nouvelles que j'aborde ici, recueil d'histoires comme le titre permet de le deviner, et le mot est finalement sans doute le mieux choisi.
Rilke semble en effet vouloir d'abord rendre hommage à ces "histoires" qu'on raconte aux enfants pour les édifier, pour qu'ils en tirent un enseignement, des réponses à leurs questions incessantes. C'est le sens du conte cadre qui ouvre le recueil où l'auteur-narrateur promet à une de ses voisines de lui offrir par ses histoires les réponses aux questions sur Dieu que lui posent ses enfants.
Même si on peut parler de conte cadre pour ce premier texte qui entame le recueil, l'auteur ne renonce jamais à continuer le cadre tout au long des récits. L'originalité de ses histoires est qu'il introduit toujours dans un premier temps (qui peut s'avérer long) le contexte qui lui fait raconter chaque histoire: le lieu, le temps, la personne à qui il raconte l'histoire et qui sera chargé ensuite de la répéter aux enfants, car
Rilke a peur de leur parler directement, peur d'être considéré comme un menteur, mal compris, peur peut-être aussi des questions des enfants finalement.
Cette mise en abyme de l'histoire est toujours très riche, le contexte apporte toujours une richesse à l'histoire, les interlocuteurs changent le récit par leurs questions, un peu comme une méthode socratique inversée, où ce serait
Rilke qui se ferait accoucher de son conte par ceux auxquels il est destiné.
Rilke n'oublie pas la
poésie, même dans ce choix des "écoutants" puisqu'il va jusqu'à parler aux nuages et à l'obscurité dans deux des contes du recueil.
Les histoires en elles-mêmes sont diverses et, comme dans tout recueil, inégales. Mais, même quand on est un peu perdu sur le sens qu'il souhaite donner, on trouve toujours une formulation, une évocation qui nous touche plus particulièrement. La foi est plus le centre des récits que la religion en elle-même. J'ai parfois craint au début une volonté prosélyte de l'auteur mais il met régulièrement en avant une relation individuelle à Dieu qui le fait s'éloigner des institutions.
Une première rencontre avec
Rilke qui donne envie d'en connaître plus, les flamboyances de style apparues au milieu des histoires ne peuvent que mener à sa
poésie. Ou aux conseils de
poésie données à un jeune confrère, qui restent son ouvrage le plus connu.