Superbes traits crayonnés, superbes couleurs, sur fond de fin de franquisme
Sans Sang offre une histoire à l'ambiance captivante et noire, de meurtres et de choix, de compromission et de destins qui se croisent puis se trouvent... Une histoire à la fois un peu obscure et poétique.
Intriguée par le synopsis,
Sans Sang a dès l'entrée déjoué mes attentes, moi qui pensais que la majorité de l'histoire se concentrerait sur "l'après", sur la seconde rencontre entre Nina et le jeune homme qui est à la fois l'un des bourreaux de sa famille mais aussi son sauveur... Mais non, le récit prend le temps d'établir une ambiance et de camper les protagoniste, de dérouler l'attaque de la petite maison où sont réfugiés Nina, son père et son frère, de dépeindre les hésitations et les discussions, les révélations... Car le lecteur se rend vite compte que les bourreaux ont leur raisons, pensent être dans leurs bon droit... et depuis sa cachette derrière la trappe, Nina va entendre des secrets bien lourds... avant que la trappe ne soit ouverte.
On retrouve les protagonistes bien plus tard, une vieille femme qui aborde un vieil homme, vendeur de tickets de loterie. La vieille femme c'est Nina, l'homme Pedro, son sauveur et bourreau. Ensembles ils vont retracer le récit de la vie de Nina après le drame, mais aussi effleurer les destins des autres assassins, qui sont tous les trois morts. Dans une scène très puissante elle raconte son expérience, dépassionnée ; lui récite des rumeurs, des ouïe-dire, la trajectoire d'une femme qui n'est peut-être pas Nina, même si elle l'est surement... Sur la conversation pèse le spectre d'une vengeance potentielle,, mais peut à peu l'on comprend que ce n'est pas pour ça que Nina est là...
Une très belle bande dessinée, qui donne envie de découvrir l'oeuvre originale.