AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 1104 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est avec un sentiment partagé que j'ai terminé cette lecture. J'avais 8 ans en 1953, ce n'était pas l'opulence mais ce n'était pas la misère. En lisant, mes souvenirs revenaient. D'abord les vécus, puis ceux appris ou glanés au fil des lectures. le totalitarisme soviétique, basé sur la peur, est le fil rouge de ce bouquin, il met mal à l'aise, d'autant que ma réalité n'était pas celle-là. Certes, depuis les choses ont évolué un peu partout, en bien ? Pas sûr, notamment dans certains pays où les populations sont encore sous le joug du pouvoir en place. Mon propos, ici, n'est pas de refaire le monde, je n'ai plus ni cette illusion, ni cet idéalisme, simplement la réflexion issue du livre ne m'amène pas a un optimisme béat.
L'intrigue est égale au suspens et l'auteur mène bien sa barque de conteur sachant où il va. C'est d'autant plus méritoire qu'il s'agit d'un premier livre. L'introduction reste dans l'esprit jusqu'au moment où la réalité explose comme un pétard à retardement, après bien des vicissitudes et des aventures difficiles et lourdes de conséquences. Léo, était-il obligé d'être ce qu'il était ? Son esprit de conservation l'a-t-il amené à être ce monstre d'indifférence vis-à-vis de lui-même et de ses états d'âme. La survie est-elle suffisante pour expliquer ses gestes et qu'aurions nous fait à sa place ? Questions fondamentales que nous n'avons pas à nous poser. Son revirement, l'absout-il ?
Plus qu'un polar bien fait, ce bouquin laisse un goût de cendres dans la bouche ! Jusqu'où va l'avilissement ? Comment expliquer cette prise de conscience collective, quitte à se condamner, pour aider deux fugitifs animés d'une volonté de vérité quelle qu'elle soit ? Autant de questions âpres et controversées dont les réponses restent, bien que définies et expliquées dans le livre, aussi floues que le régime politique soviétique.
La vérité est ailleurs disent certains, ici elle est changeante d'un jour à l'autre.
Je crois, je n'en suis, cependant, pas certain, que la création d'une brigade criminelle à Moscou, a entrainé l'établissement du GPU, autre manifestation de la répression.

Bon livre, vite lu, intéressant, dérangeant.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          171
Tom Rob Smith nous fait vivre auprès de Léo et Raïssa sa femme dans une atmosphère lourde de délations, de peurs, de soupçons, de méfiances...
Nous sommes plongés dans la Russie des années 50 et nous arrivons, à travers ce livre, à nous imaginer le climat de tensions et de terreur qui y régnait. Ce livre reste cependant un roman, un thriller qui nous tient en haleine jusqu'au bout et même plus ... puisque nous sommes inévitablement curieux mais aussi soucieux de connaître la suite.
Merci pour ce moment de lecture intense.
Commenter  J’apprécie          171
Il est des attirances qui ne s'expliquent pas… en tout cas, pas sans une sérieuse réflexion: pour les pays que l'on aimerait visiter, des cultures qu'on souhaiterait découvrir… La Russie, l'URSS, la Fédération de Russie, appelez-la comme vous voulez, m'a toujours fascinée.
Et quand une 4ème de couv' comme celle d'Enfant 44 tombe sous mes yeux, je ne résiste pas.

Nous sommes dans l'URSS d'après guerre, avec un Staline qui porte le culte de la personnalité à son comble, propulse son pays vers les sommets de la scène internationale, mais au prix d'un climat social tissé de terreur et d'oppression: il n'existe qu'une pensée unique, le reste est cruellement condamné, de manière très expéditive, à peine ébauché ou simplement suspecté.

Nous suivons Leo Stepanovitch Demidov, agent du MGB, successeur du NKVD et ancêtre du KGB et du FSB, la police d'État.
Leo a un parcours exemplaire: entre ses prouesses militaires, décoré de l'Ordre de Souvorov, sa foi inébranlable en son pays et un mariage avec la belle Raïssa.
Leo est un pur produit soviétique, dopé aux amphétamines pour un maximum d'efficacité.

Inutile donc de dire que le personnage de Leo n'est guère engageant, voire peu sympathique tant il est enfermé dans la doctrine soviétique, formaté jusqu'au fin fond de son esprit. Il est au service de la patrie, le reste n'existe pas.

Malgré tout Leo va s'engouffrer dans la faille du doute, avec la mort d'un enfant qui ne peut être qu'un « accident » pour la police alors que tout porte à croire que c'est un assassinat. Et que cet enfant n'est pas le seul « accident » à travers le pays.

Et l'étoile montante du MGB est tout de suite plus attirante… Leo doute et le doute est inacceptable en URSS. de vengeance en disgrâce, Leo entraîne malgré lui toute sa famille dans une spirale de rétorsions. Malgré tout, il ne lâche rien, pas à pas sur les traces d'un tueur en série. Rares sont les aides dont il peut bénéficier mais qu'importe, Leo rejette sa carapace de bon soldat soviétique aveugle et lobotomisé pour obtenir une chose toute nouvelle: la justice.

J'ai adoré Leo. du parfait petit soldat, on assiste à sa déchéance, à la déstructuration de sa pensée, de son esprit qui ose juger, critiquer et se faire sa propre opinion. C'est un parcours initiatique vers la liberté dans un État où tout est contrôlé, un éveil à la vie individuelle et à la responsabilisation de ses choix. Leo synthétise cette prise de conscience et la difficulté, presque l'impossibilité, d'évoluer dans un régime totalitaire.
Le personnage de Raïssa, épouse de Leo, est réellement attachant. Avec elle, le lecteur est au plus profond de l'intimité de la terreur et de la peur instillée au sein même des familles. Aucun répit, aucune paix possible: la délation pour la survie est partout.

Ce roman est une plongée fascinante dans une société communiste d'après-guerre. Ultra documenté, l'auteur a su retranscrire avec justesse et une efficacité diabolique le climat de peur, de suspicion, de paranoïa et de terreur qui régnait à l'époque, jusque dans l'intimité des pensées des hommes.
Inimaginable et effroyable, ce régime stalinien, dur et impitoyable, qui déshumanise totalement l'individu, qui assassine dans l'oeuf toute subversion idéologique. L'ennemi est ailleurs mais il est surtout à l'intérieur.

Le postulat de départ de l'enquête de Leo est aberrant et absurde pour tout esprit objectif: pour l'idéologie russe officielle, les tueurs en série ne peuvent exister dans la société socialiste puisque le peuple est heureux alors que la mère patrie pourvoit à tous ses besoins.
L'intrigue policière est d'autant plus passionnante qu'elle est basée sur des faits réels: Andreï Romanovitch Tchikatilo ou le monstre de Rostov, un des plus grands tueurs en série du XXème siècle, ayant pu oeuvrer en toute impunité grâce à cette fameuse idéologie communiste.

Au-delà du thriller, c'est une remarquable réflexion sur la nature humaine, sur la société et son formatage, les pouvoirs politiques et leurs bras armés, sur la cruauté et le sadisme, sur le mal intrinsèque de certains individus.
Au-delà de l'ambiance sombre et pesante, c'est aussi la certitude que l'espoir est toujours de mise malgré la chape de violence et de répression, il y a toujours un être humain pour ouvrir les yeux, affronter l'innommable et faire preuve de courage pour s'élever contre la barbarie.

Enfant 44 est une lecture intense, lourde, glaciale et violente. La détresse et la souffrance flirtent avec la terreur insufflée par l'arrogance des petits chefs et l'impunité des gens de pouvoir.
Une lecture en apnée qui se termine avec de grands soupirs de soulagement… et une envie irrépressible de connaître la suite…

Kolyma, j'arrive…
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
Commenter  J’apprécie          130
Projetons-nous dans la Russie de Staline.
Les grandes purges, l'élimination systématique des opposants, la déportation massive des populations, la bureaucratie, le centralisme, les pratiques économiques désastreuses génératrices de grandes famines et l'emploi de la terreur comme de mode de gouvernement.
Essayons d'imaginer devoir vivre sous un régime de propagande au service d'un seul, où le principe de la responsabilité collective fait que la « faute » d'un individu, réelle ou bien arrangeante, condamne sa famille entière, ses amis et même ses relations. Un régime, sous lequel la survie, au paroxysme d'un gouvernement de terreur, dépend souvent de la délation, et sous lequel, dès le plus jeune âge on vous endoctrine et on vous désapprend l'autonomie et la liberté de penser. Un régime, enfin, sous lequel, coupable par avance vous seriez jugé sans pitié, bouc émissaire d'une idéologie qui se veut sans failles.

Que ferions-nous si, malgré cet endoctrinement, malgré ce climat oppressant fait de terreur et de méfiance, face à des crimes horribles, nous ne pouvions pas accepter les coupables parfaits, handicapés, asociaux ou simplement dérangeants, que l'on sert à la justice?

Child 44 est l'histoire de Leo Demidov, officier au service du Ministère de la Défense, ancien héros de guerre, efficace, charismatique et impitoyable. Il arrive à rester sain d'esprit malgré les ordres qu'il doit exécuter en acceptant le postulat selon lequel il ne peut y avoir de crime en Union Soviétique, paradis des travailleur, puisque l'État leur fournit tout ce dont ils ont besoin. Un jour, un enfant est retrouvé mort sur les rails du chemin de fer et Leo est envoyé par ses supérieurs pour persuader les parents de cet enfant que ce n'est qu'un accident. Mais Leo a des doutes et quand ses supérieurs le sentent, c'est le début de la disgrâce. Sauvé de l'exécution par la mort de Staline, il est envoyé en tant que simple policier dans une ville perdue aux fins fonds de l'Oural. Mais là, le corps d'un autre enfant est découvert. Il va alors poursuivre l'enquête contre le système et la volonté de ses supérieurs et lutter avec l'aide de sa femme Raisa pour remettre en question tout ce qui a jusqu'à présent justifié son existence et se redéfinir en tant qu'être humain.

« Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière »
Victor Hugo

Ce roman extrêmement bien documenté est inspiré de l'histoire du tueur Andreï Tchikatilo qui a sévi entre 1978 et 1990 à Rostov-sur-le-Don.

L'histoire commence pendant la grande famine de 1946-1947. Deux enfants partent dans le bois chasser un chat qui leur servira de repas s'ils arrivent à l'attraper. Mais quelque chose de terrible va arriver
Commenter  J’apprécie          130
Coup de coeur pour ce livre !
Moscou, 1953, Léo est un agent du MGB chargé d'arrêter toutes personnes aux idées contraires au parti mis en place. Il va être amené à enquêter sur le décès étrange d'un enfant d'un de ses collègues. Comme le meurtre n'existe pas en Russie, l'affaire est classée sans suite mais plus tard il découvre d'autres cas similaires. Suspecté de trahison, il décide avec sa femme Raïssa d'investiguer davantage.
Le contexte historique est vraiment intéressant à découvrir, la vie rude du temps de Staline où n'importe quel citoyen pouvait être arrêté pour espionnage sur dénonciation calomnieuse ou non. Une fois arrêtée, les chances de sortir de prison sont nulles !
Une histoire réaliste avec des protagonistes bien dépeints, forts et fragiles à la fois. Léo sans scrupule tout d'abord puis peu à peu il va ouvrir les yeux sur son couple et les manquements de son pays.
Une plume efficace, la tension est palpable tout au long du roman et je me suis demandée jusqu'où allait me mener cette aventure. Un roman dense et intense, un thriller implacable où la réflexion sur la nature et la cruauté humaine est lancée. Bref pour moi le 1er livre de cet auteur est une belle réussite !
Commenter  J’apprécie          121
Excellent bouquin...je ne regrette pas les 500 pages lues en un peu plus de 48 heures qui au départ me faisaient un peu peur, je l'avoue ! Bonne intrigue qui m'a de suite séduite malgré des températures glaciales et un régime stalinien à ne pas mettre un chat dehors (humour ?)..
Commenter  J’apprécie          120
Livre choisi pour la rencontre de novembre de mon club de lecture (Lire @ Liège), c'est une histoire qui m'a beaucoup plue et aussi beaucoup touchée.
Elle m'a plue car le style d'écriture est chouette, clair, net et précis. L'iontrigue est vraiment très prenante et les rebondissements imprévus et bien amenés.
Elle m'a touchée car ça se passe en Russie communiste et que j'ai vécu une part de mon enfance imprégnée de cette idéologie apportée par ma grand-mère de sa Slovaquie natale. Elle idéalisait le communisme et est tombée de très haut quand la guerre froide s'est terminée et que certaines actions des dictateurs communistes ont été rapportées au grand jour. Ce livre l'aurait très certainement marquée profondément.

Il va s'en dire que je lirai le 2ème opus pour connaître la suite bien sûr mais aussi pour me replonger dans mes souvenirs d'enfance.
Lien : http://jenta3.blogs.dhnet.be..
Commenter  J’apprécie          110
Tom Rob Smith signe un livre extrêmement oppressant. En 1953, en Union soviétique, c'est la paranoïa qui règne, entretenue par le MGB, la police politique. Un jeune et brillant officier Léo exerce son métier avec froideur : arrestations, accusations montées, tortures, exécutions et emprisonnements dans les camps.
Un jour, il confronté à un véritable meurtre d'enfant dans une société dans laquelle les criminels n'existent pas.

Ce jour-là sa vie, celle de sa femme et de sa famille basculent dans le cauchemar quand il commence à vouloir faire une véritable enquête. Ce thriller captivant nous parle d'une société où chacun vit la peur, la lâcheté, le mensonge pour éviter la déportation et la mort.

Un roman haletant !
Commenter  J’apprécie          103
J'adore les polars historiques parce qu'en plus du plaisir de l'intrigue policière, je découvre ou approfondi mes connaissances sur des périodes importantes de l'histoire.
Dans Enfant 44, l'auteur plante le décor dans la Russie de l'après-guerre, période trouble marquée par la propagande, l'endoctrinement, les camps de travail, la délation, l'injustice et l'oppression. J'ai passé un excellent moment de lecture. Je vous le recommande fortement.
Leo est un brillant officier du MGB qui enquête sur le meurtre d'un enfant. Or dans la Russie parfaite des années 50, le meurtre n'existe pas. Il faut s'en tenir à la version officielle, c'est un accident. Lorsque lui-même est confronté à la terreur et l'injustice du système, Leo ainsi que sa femme va se retrouver exilé et traqué comme une bête.
Commenter  J’apprécie          100
Enfant 44 est un thriller haletant, un excellent polar qui décrit de manière spectaculaire la très difficile traque d'un tueur en série soviétique. Mais ce livre est bien plus que cela. Parce qu'il a lu Soljenitsyne « et des récits d'un certain nombre d'auteurs », Tom Rob Smith décrit exactement la chape de plomb sous laquelle vit la société soviétique, l'horreur des arrestations arbitraires, de la torture pour arracher des aveux, car si l'État vous a arrêté, vous êtes forcément coupable…
Il y a plusieurs chemins pour arriver à la vérité sur ce qu'est vraiment le communisme, on peut lire Julius Margolin, Varlam Chalamov, Alexandre Soljenitsyne, Viktor Kravchenko, Gustaw Herling, et d'autres témoignages, des histoires vraies. Ou bien on peut passer par le roman, fiction qui se base sur le réel comme le livre de Tom Rob Smith. le tout est d'arriver à se dessiller et des livres comme « Enfant 44 » peuvent contribuer à cette prise de conscience de ce qu'est véritablement ce régime. Contrairement à ce qui s'est passé pour le nazisme, il n'y a pas eu, pas encore, de « Nuremberg du communisme ». Ou plutôt si, il y a eu une tentative effectuée par David Rousset en 1951, lors du procès en diffamation qu'il intenta contre le journal communiste « Les lettres françaises ». Procès au cours duquel des « négationnistes du communisme » comme Pierre Daix ou Virgile Barel viendront traiter Rousset de menteur, de falsificateur. Mais Rousset l'emportera, en partie grâce au témoignage de Julius Margolin venu témoigner de la réalité de l'enfer concentrationnaire soviétique. Malgré tout, cette réalité est méconnue, occultée, c'est presque un tabou. Des intellectuels se sont employés à nier les faits. Il ne pourrait pas exister aujourd'hui de parti politique ayant dans son nom le mot « nazi », comme « parti nazi français », la justice pourrait y mettre rapidement bon ordre… Je ne comprends donc pas pourquoi il existe aujourd'hui en toute légalité un « parti communiste français » !
Bref, « Enfant 44 » est non seulement un thriller-polar de haute volée, mais c'est une lecture salutaire qui peut dévoiler l'envers du décor à ceux qui ne sauraient pas encore…
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (2228) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2867 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}