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EAN : 9782366242935
120 pages
Cambourakis (04/10/2017)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Premier roman de Romain Meynier, «Revoir Marceau» est aussi le premier premier roman de la collection littérature des éditions Cambourakis.
Tout commence en Lozère, où le narrateur passe quelques semaines de vacances avec sa femme, Marceau. La veille de la date du retour prévu, le narrateur se retrouve « abandonné » dans sa maison de campagne par Marceau, partie sans donner aucune explication mais en prenant bien soin de l'enfermer à l'intérieur avec l'uniqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Romain Meynier ne fut d'abord qu'un blog, découvert sur le tard en fin de confinement phase I, par l'intermédiaire du toujours curieux Sébastien B. Ceci étant dit, j'y passais sans trop m'y attarder, mais l'esprit qui transpirait de ces entrées disparates me fit le noter pour y revenir. Un jour. Peut-être. Ou pas.

Romain Meynier fut ensuite un nom sur une invitation de visio, où un renard niçois shooté à la passion et aux jeux de mots laids entreprenait de sortir la blogosphère littéraire de sa convenance ovine, en l'entraînant sur des chemins moins fréquentés. Serial récidiviste de l'insouciance qui guide ceux qui voient la nuit…

Romain Meynier fut enfin un concentré d'énergie, à peine masquée par une distance toute apparente, religieusement écouté pendant deux heures au début de l'été. Tour à tour curieux comme Tintin, décalé comme Gaston, fantasque comme Fantasio… OK boomer, laisse tomber tes références !

Il était donc grand temps que Romain Meynier devienne un livre : c'est fait avec Revoir Marceau, premier livre de l'impétrant qui a trouvé chez Cambourakis un contenant à la hauteur de son contenu. Revoir Marceau, sa compagne qui l'a laissé en plan en Lozère un beau matin, c'est rejoindre Paris pour le narrateur, porté par son insouciance chronique et sa philosophie de l'instant, et profiter de ce « palpitant désordre » qu'elle lui a laissé.

On a les aventures que l'on mérite : celle du narrateur est épique et simple, drôle et absurde, tragique et touchante. Nul besoin de substances dopantes pour ce road-trip rural : « L'euphorie me semblant provenir de l'inattendu, je l'avais érigée en maîtresse de mes émotions ».

Lire Revoir Marceau, c'est comme relire La première gorgée de bière… mais en mieux ! C'est se remémorer ces instants fugitifs qui forgent notre passé commun : capter du réseau le bras levé ; contempler un troupeau et se surprendre à lui parler ; s'entraîner seul au badminton ; dormir en couchettes dans un Corail de nuit ; deviner une recette au tchak-tchak du couteau de découpe ; et écouter Céline sans courir pour s'en repentir auprès de l'abbé André Laubert Rieutort de Randon…

Romain Meynier est donc - j'en suis désormais sûr - bien plus qu'un blog, qu'une visio ou qu'un personnage de BD : c'est un écrivain, et un bon ! Son écriture est belle, libre, inventive et incite à l'abandon. Qui m'aime le suive !
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Tout commence par une scène tragicomique où, après avoir chanté « Pour que tu m'aimes encore » sous la douche, le dernier jour des vacances, le narrateur découvre que sa compagne Marceau est partie et l'a enfermé dans leur maison de vacances. le voilà désoeuvré dans un petit village en Lozère, confronté à une réalité brutale et forcé de prendre des décisions pour se sortir de ce mauvais pas. On comprend rapidement que l'action et la projection dans un futur relativement immédiat ne sont pas le point fort du narrateur : J'aimais les images fortes, les brutales évidences, mais de nature je m'enlisais dans la promesse éphémère, le matin, d'arriver jusqu'au soir, pas davantage (ces courts programmes par tranches de vingt-quatre heures ont quelque chose de réconfortant). (p 20)

Même poussé dans ses derniers retranchements, cet anti-héros moderne se laisse porter par le quotidien, accepte avec une certaine philosophie sa situation et se met à faire des choix à première vue incongrus pour rejoindre Paris – et Marceau.

Je m'en sortais comme ça, moi, de mes piteux états : en légers traits d'esprit. (p 19)

Face à l'inconcevable et une situation a priori dramatique, il réagit à contretemps: Nous étions lundi. Tandis que j'aurais dû être à mon poste de travail à neuf heures, à Paris, j'étais à cinq cents kilomètres de là, debout dans la cuisine, en robe de chambre vert et bleu, observant mon sachet de thé Earl Grey se diffuser paisiblement dans ma tasse d'eau chaude. (p 23)

Le ton est donné. A partir de là, entre inertie, rencontres dues au hasard, verres de vin rouge pétillant et excursions pour capter du réseau, s'amorce une lente mise en route pour se confronter à la réalité et rejoindre le quotidien parisien. Au passage, nous croisons des personnages hauts en couleur, comme André Laubert Rieutort de Randon, dit Randon, homme d'église qui a chez lui des photos de nus : de lui-même de plus ou moins près, et celle, plus ancienne, d'une soeur avec laquelle il avait travaillé.

Du début à la fin, le narrateur reste en perpétuel décalage, fait des choix surprenants. Comme celle, par exemple, d'aller errer dans un grand magasin de sport, de décider de se mettre au badminton, de courir (littéralement) après un vendeur qui l'ignore depuis sa voiturette, d'attendre plusieurs heures l'arrivée du spécialiste du badminton puis d'acheter une raquette parfaitement adaptée à son type de jeu. Avant de conclure : il ne me restait plus qu'à jouer de cette façon particulière.

Même si le style est précis et soigneusement orchestré, même si le narrateur a des considérations toutes philosophiques, il est souvent un peu ridicule. Par exemple, après une longue course en taxi. Je remerciai longuement mon chauffeur pour le trajet, et il me dit : cent-dix euros soixante.

J'ai beaucoup apprécié ce texte intelligent et plein d'humour (souvent décalé). La plume est magnifique et nous porte aisément – bien que lentement – jusqu'à Paris. Comme le narrateur, on se laisse porter au gré des évènements les plus anodins, tout en réfléchissant au passage à nos propres absurdités.
Lien : http://www.myloubook.com/202..
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Je râle souvent face à des premiers romans un peu nombrilistes, souvent bien troussés mais au propos peu original ( moi, papa, moi, maman, moi et...moi). le premier chapitre de "Revoir Marceau" laisse à penser que nous sommes dans la droite lignée du récit personnel, ici, celui d'une rupture. On croit voir la suite, la souffrance du délaissé, sa peine étalée tout au long des pages avec le lecteur comme déversoir de son mal être. Pourtant, un détail troublant, un grain de sable étrange embarque le roman vers autre chose. Quand Marceau quitte le narrateur ... Ah oui, une précision... Marceau, aussi bizarre que cela puisse paraître est bien une fille, même pas un travesti ou un transgenre, une femme, donc le petit truc décalé n'est pas celui-là...
Je reprends... Quand le narrateur ( jamais nommé) se retrouve tout seul, nu dans sa longère perdue en campagne, c'est uniquement parce que son/sa ( ex) compagne est partie en l'enfermant dans la maison alors qu'il prenait une douche. Ce point de départ assez original plonge d'emblée le lecteur dans un récit tout de suite un peu décalé et qui par la suite prendra des airs de déambulation aléatoire. le héros, sans doute un peu décontenancé, va se trouver ballotté au fil de rencontres impromptues, improbables, frisant parfois l'absurde ou l'ironique ou une certaine fausse naïveté.
Dans un style plaisant, qui ne verse jamais dans le pathos pas plus que dans l'humour ou la franche drôlerie malgré un ton farfelu et un petit air goguenard, le récit avance sans que l'on sache jamais où l'on va arriver. C'est à mettre à l'actif de ce premier roman qui se paye en plus le luxe de faire dérouler une grande partie de son intrigue à Mende (Lozère), lieu pas des plus prisé en littérature. ( Et c'est fou ce qu'il peut se passer de choses à Mende !). Nous baguenaudons donc dans le département le moins peuplé de France, un peu intrigué, mais, pour ma part, pas réellement passionné.
Pour moi, ce lâcher- prise post rupture, semble en fait être un prétexte pour nous dire des choses sur notre monde sans que l'on sache réellement lesquelles. On va y rencontrer des êtres solitaires, du grand commerce planté dans la campagne, beaucoup de mythes catholiques, des manifestants, le monde du travail, tous plus ou moins évoqués dans ce que j'ai perçu comme une sorte de collage contemporain où le lecteur doit se faire sa propre opinion... Mais rien, ni dans le style, ni surtout dans la petite subtilité finale, ne m'a incité à croire que l'auteur avait réellement un message à faire passer.
Un tout petit peu plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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« Quand Marceau partit avec la voiture et les clés de la maison, j'étais sous la douche ; l'eau inondait la cabine, m'éclaboussait les yeux ; je chantais à tue-tête Pour que tu m'aimes encore, ce qui suffisait à couvrir les chevaux du moteur ; je n'ai rien entendu. Pas la porte qui claque, ni le mécanisme de la serrure m'enfermant, ni les graviers sous les pieds de Marceau, ni, peut-être, ce qu'elle a pu hurler de définitif avant de m'abandonner seul, coincé dans une courte longère en rase campagne française, un jour avant notre retour à Paris. » Sans moyen de transport, enfermé dans sa maison de famille en Lozère, notre narrateur va devoir trouver des solutions alternatives pour regagner Paris et retrouver sa fiancée, Marceau.

Je continue à découvrir le talentueux Romain Meynier avec son premier roman « Revoir Marceau ». J'ai retrouvé ce qui m'a séduit dans « L'île blanche » : un narrateur anti-héros lunaire et en perpétuel décalage, des situations incongrues et drôles. le narrateur ne sait pas exactement pourquoi Marceau l'a quitté de manière aussi brutale mais il prend la situation avec stoïcisme et philosophie. Les péripéties de notre narrateur pour rejoindre la capitale vont l'amener à s'inquiéter pour un troupeau de mouton dont le propriétaire est décédé, à voyager dans la camionnette d'un curé de campagne aimant photographier des nus, à croiser des agriculteurs en colère bloquant les rails de la SNCF, à errer dans les rayons d'un magasin de sport pour s'acheter une raquette de badminton (sport qu'il ne pratique pas). Les situations, les personnages cocasses se multiplient, l'imprévu émaille le voyage sans que cela ne perturbe outre mesure le narrateur de cette folle escapade ! Comme dans « L'île blanche », le narrateur est incroyablement attachant en raison de sa manière décalée de réagir à chaque situation.

« Revoir Marceau » m'a permis de retrouver avec grand plaisir la fantaisie de Romain Meynier et sa plume élégante et poétique.
Lien : https://plaisirsacultiver.co..
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Une Odyssée de petits pieds, à travers la campagne française.

Notre Ulysse, le narrateur, ne rencontre pas le Cyclope, mais un agriculteur à la retraite, taciturne et taiseux. Les moutons qu'il trouvera ne lui permettront pas de se sauver, perdus et abandonnés qu'ils sont dans la forêt. Pas de sirènes non plus, mais un curé avec qui boire des coups.

Sa Pénélope s'appelle Marceau, et l'a abandonné en Lozère, en verrouillant la porte. Soit, il passera par la fenêtre. Pour la retrouver… mais pas tout de suite.

Funambule indécis, le narrateur nous confies ses péripéties qui n'en sont pas, ses actions insignifiantes. N'étant doué que pour faire avec, il se laisse totalement porter par le courant, nous entraînant dans un road trip imposé et sans grande envergure. Mais le propos n'est pas là.

l'écriture de Romain Meynier est comme son personnage, sans cesse sur le fil, vacillant entre humour et tendresse. « Revoir Marceau » est un livre d'aventure sans aventure, habité par un héros sans héroïsme, nonchalant, ballotté par ce qui l'entoure. Une raquette de Badminton deviendra son Excalibur (oui je sais j'ai changé de mythologie) point d'orgue des situations absurdes qui égrainent le retour au bercail de notre guide.

Et nous nous retrouvons, nous lecteurs, à rire en suivant ce personnage lunaire, décalé.

Un premier roman tout à fait réussi.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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critiques presse (1)
Actualitte
20 août 2018
Revoir Marceau de Romain Meynier est un premier roman à la fraîcheur préservée et qui fait preuve d’une élégante étrangeté.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Vous savez, m'assura-t-il, je crois vraiment en Dieu. Mais je n'aime pas trop le pouvoir qui le représente. J'essaye à ma manière de former un autre angle d'attaque, une lecture plus saine du message de Jésus de Nazareth.
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Quand Marceau partit avec la voiture et les clés de la maison, j’étais sous la douche ; l’eau inondait la cabine, m’éclaboussait les yeux ; je chantais à tue-tête Pour que tu m’aimes encore, ce qui suffisait à couvrir les chevaux du moteur ; je n’ai rien entendu. Pas la porte qui claque, ni le mécanisme de la serrure m’enfermant, ni les graviers sous les pieds de Marceau, ni, peut-être, ce qu’elle a pu hurler de définitif avant de m’abandonner seul, coincé dans une courte longère en rase campagne française, un jour avant notre retour à Paris.
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