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3,6

sur 597 notes
Que dire ?! C'est Philip Roth ! Son nom suffit. Je suis encore sous le charme et sous le choc de cette lecture que je viens de terminer.
Un moment fort, je l'ai lu d'une traite, il n'est pas long mais si riche.
Ce qui est incroyable avec cet auteur c'est que son vocabulaire et est simple, son phrasé plutôt classique, mais il y a un "je ne sais quoi" de magique qui nous transporte, qui nous frappe, nous heurte, nous émeut.
Dans un autre style il me fait penser à Hrabal qui par sa même simplicité à décrire les plus grandes émotions était d'une efficacité redoutable.
Ses personnages sont incarnés, celui là également, David Kepesh l'un de ses héros phares si je puis dire, qui ne parvient pas à quitter ce que Kierkegaard nommerait le "stade esthétique" voit d'autres personnes parvenir directement au stade "religieux" avec la difficulté que la vie peut infliger.
Peu de romanciers sont capables de tenir une narration à la deuxième personne du singulier sans user de répétitions ou du mode impératif. Il y parvient.
A quand le nobel ?
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Philip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son oeuvre couronnée de multiple prix en fait l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Aujourd'hui il vit dans le Connecticut et en octobre 2012 il a déclaré à la presse qu'il arrêtait d'écrire. Ce roman, La Bête qui meurt, est paru en 2004.
David Kepesh, l'un des multiples héros récurrents dans l'oeuvre de Roth, professeur de littérature et animateur d'émissions de radio ou de télévision confidentielles, a soixante-deux ans quand il tombe sous le charme d'une jeune étudiante de vingt-quatre ans, Consuelo Castillo, fille de bonne famille d'émigrés cubains. Fasciné par le corps de la jeune femme et ses seins en particulier, le vieux séducteur va tomber dans une addiction qui le surprend lui-même, l'entrainant vers la jalousie et la dépression. Il s'en sortira par la rupture mais quand huit ans plus tard, la belle atteinte d'un cancer du sein viendra le chercher pour trouver un réconfort moral, comment David Kepesh réagira-t-il au chant de la sirène ?
Philip Roth une fois encore creuse inlassablement son sillon, la vieillesse qui nous guette tous (« Personne ne veut la regarder en face avant d'y être obligé ») avec la mort en point de mire et le sexe, comme baromètre de notre vitalité, preuve que nous sommes toujours vivants. Comment peut-on vivre sans sexe, s'interroge sans cesse Roth ? « le sexe ne se borne pas à une friction, à un plaisir épidermique. C'est aussi une revanche sur la mort. Ne l'oublie pas, la mort. Ne l'oublie jamais. Non, le sexe n'a pas un pouvoir illimité, je connais très bien ses limites. Mais dis-moi, tu en connais, un pouvoir plus grand ? »
L'écrivain revient sur la libération sexuelle des années 60, « cette délivrance » qui mit à mal le puritanisme régnant jusqu'alors. Sa réflexion s'élargit au rôle de la pornographie et il ne manque pas de condamner le mariage, « le mariage standard est d'une nature tout aussi étouffante pour l'hétérosexuel viril (…) qu'il l'est pour la lesbienne ou l'homo. Remarque, de nos jours, même les gays veulent se marier (…) Attends un peu qu'ils comprennent ce qu'il advient du désir qui les a faits homos à la base. Ils me déçoivent, ces gars-là, ils ne sont pas plus réalistes que les hétéros. »
Ce n'est certainement pas le meilleur roman de Roth mais il reste haut placé au regard de la production des autres. J'adore cet écrivain, ce qui fausse peut-être mon jugement, mais je ne sais pas résister à son écriture si fluide, si évidente. Et ses héros, comme David Kepesh, ni bons ni mauvais, justes humains avec ce que cela induit d'héroïsme, de lâcheté ou de travers, me touchent dans leur urgence à vouloir rester vivant jusqu'au bout. Sans oublier cette ironie ou cet humour latent qui interpelle le lecteur, les propos des personnages sont-ils la pensée de Roth ou de la pure fiction ?
Quant au titre du roman, il est emprunté à un poème de Yeats « Consume mon coeur ; malade de désir, / et attaché à une bête qui meurt / Il ne sait ce qui lui arrive. »
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N°432– Juin 2010
LA BÊTE QUI MEURTPhilip Roth - Gallimard.

David Kepesh, 62 ans, professeur d'université, critique littéraire à la radio et à la télévision mais aussi séducteur impénitent va tomber amoureux d'une de ses étudiantes, Consuela Castillo, une jeune femme de 24 ans d'origine cubaine. D'évidence, ils n'appartiennent pas au même monde. Cette situation, sans être originale n'a rien d'exceptionnel, sauf que cet homme vieillissant va transformer, malgré lui sans doute et à cause de son âge, cette passion en véritable culte à la beauté, à la jeunesse, à la grâce féminine. Au début, leurs relations ont quelque chose de culturel et Consuela n'est pas exactement une étudiante comme les autres, ni d'ailleurs une femme puisqu'elle incarne pour lui la beauté par excellence. Lui qui a connu moult femmes et aussi la révolution sexuelle des années 60 aux USA, est en admiration béate devant ses seins. Là où cela devient du délire c'est lorsqu'il va jusqu'à se prosterner devant elle, contempler et même déguster son flux menstruel...

Bien entendu, malgré le fait qu'il ne soit jamais attaché à la moindre conquête féminine, il va connaître les affres de la jalousie et la peur de la perte, de la séparation qui pourtant va intervenir. Huit ans plus tard, après que les deux amants se furent perdus de vue, c'est à nouveau Consuela qui fait irruption dans sa vie, mais pas dans le même registre! Si elle est encore la belle jeune femme qu'il a connue et follement aimée, elle porte en elle désormais et dans ce qu'il a plus apprécié chez elle, la souffrance et la mort!

Ce bouleversement survenu dans la vie de David va provoquer la confidence, un long monologue (tout le récit se décline sur ce ton, il a alors soixante dix ans et parle avec nostalgie de cette femme à un témoin dont nous ne connaîtrons même pas le nom) où le vieil homme se livre sans fard, avec parfois des détails crus, dérangeants même (épisode des règles par exemple, mais pas seulement). Parfois aussi, il se laisse aller à des développements que son expérience lui inspire, sur l'adultère par exemple, ce qui n'est franchement pas le plus intéressant!

L'auteur qui prend volontiers et comme toujours la place de son personnage reprend ses thèmes favoris, la vieillesse, la maladie, la mort, la fuite du temps, les années qu'on ne rattrape pas, l'homme qui, parvenu à la fin de sa vie, va faire le grand saut dans le néant, inexorable, inévitable pour chacun d'entre nous. Il n'oublie cependant pas la femme, peut-être la seule consolation de l'homme dans ce monde où tout est perdu d'avance. Consuela qu'il évoque en poses érotiques et même pornographiques est pour lui, en quelque sorte une ultime conquête qu'il n'oubliera cependant pas malgré le temps, la séparation, la souffrance... Chez lui c'est un peu Éros qui danse avec Thanatos. D'ailleurs est-ce une danse ou un combat?

Je connais mal l'univers de l'auteur, mais cela pourrait passer pour quelque chose de monothématique, à tendance obsessionnelle même, mais au fond, non. Il y a le sexe qui est omniprésent dans ce livre, c'est incontestable (avoir une obsession pour la beauté des femmes me paraît être plutôt un bon signe et il me semble que l'auteur se pose ici en contradiction avec le puritanisme américain et anglo-saxon en général), mais cela me paraît surtout être une méditation de bon aloi sur la condition humaine dans tout ce qu'elle a de plus transitoire. L'auteur va analyser, disséquer même l'univers sensuel des femmes, ce que leur beauté, leur corps, leur jeunesse suscitent chez un homme vieillissant, l'émotion, l'attachement, l'attirance, le désir, les subtils rapports de domination, de soumission, de séduction et de capitulation...

Je pense que je vais continuer à explorer le monde de cet auteur qui nous donne à voir une image de cette condition humaine que nous partageons tous.

Hervé GAUTIER – Juin 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Roman que je dirai mineur d'un auteur au contraire majeur. le ton (la forme) est adapté à des thèmes (le fond), très prégnants chez l'auteur, à savoir, le désir, le sexe et les affres du temps qui passe. Dans ce roman, ils signent la fin d'une liberté âprement gagnée.
David Kepesh, professeur universitaire de littérature, célèbre pour ses interventions à la radio et à la télévision, a soixante dix ans et évoque une passion sexuelle qu'il eut en 1992, huit ans auparavant avec une de ses étudiantes, une cubaine de vingt quatre ans, Consuela. C'est un habitué de ces relations éphémères, admises dans ce milieu, une sorte de séducteur attaché à sa liberté tout autant qu'aux facilités nées de la révolution sexuelle des années soixante.
L'auteur s'attarde sur cette période : son mariage en 1956, en pleine jeunesse, répond alors aux convenances que va rompre la libération des moeurs de la fin de la décennie suivante. Tout change alors pour cet homme déjà mûr, père de famille, qui divorce et s'adonne au sexe illimité que lui permet sa position sociale.
Avec Consuela pourtant, c'est différent : ses formes symbolisent la femme parfaite par leur opulence, leur générosité, sa personnalité a quelque chose d'exotique et d'enchanteur. de plus, soixante deux ans, c'est l'orée de la vieillesse, la fin de cette puissance sexuelle qui fondait la recherche de jeunes partenaires.
Voilà donc notre intellectuel libidineux rattrapé par son addiction que le contexte transforme en jeu amoureux puis en jalousie, situation qu'il ne connaissait pas jusque là. Au bout d'un an et demie, les amants se séparent. Les années passent, Consuela reviendra un soir de Noël annoncer une nouvelle dramatique la concernant. Elle a besoin qu'il manifeste une nouvelle fois son désir éperdu pour ses seins.
David Kepesh évoque également, comme un de ces ratés qu'on doit subir quand on est l'objet d'obsessions envahissantes, sa relation avec son fils, 42 ans, qui le déteste alors que, comme lui, il commet l'adultère mais le vit fort mal.
Tel est ce roman qui reste vif, intelligent, profond. Philip Roth sait y faire, donnant seulement l'impression qu'il tourne en rond, obsédé, traqué par ses perversions, qu'il parvient toutefois à transformer en objets littéraires. Avec sagacité et perspicacité.
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« La bête qui meurt » commence comme une histoire de sexe, une passion physique quasiment taboue, et se termine part des réflexions profondes sur la vie.

Le sexe, élément central du roman, est également considéré comme l'élément central de la vie mais sans le coté « procréation et harmonie » de la vie religieuse, plutôt comme moyen de lutte naturel, instinctif contre le dépérissement et la mort.

« La bête qui meurt » est un donc un roman puissant, cru, sans complaisance traitant de notre société avec en toile de fond l'explosion des valeurs familiales et traditionnelles, un roman dont la noirceur et la lucidité semblent le fruit de l'arrivée au crépuscule de sa vie d'un grand écrivain.

Le roman que je relirai peut être à plus de soixante ans passés ?
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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La bête qui meurt commence comme une histoire de cul qui pourrait être banale, ; un « vieux » professeur nous relate son ultime passion, nouée 10 ans plus tôt alors qu'il se lançait dans une relation qu'il ne voulait que sexuelle avec une de ses jeunes étudiantes de 40 ans sa cadette. Une liaison après tant d'autres, sa vie semblant s'être joyeusement développée autour de deux axes essentiels : la liberté culturelle et sexuelle.
Suivent des descriptions à la limite du pornographique et même du scatologique de leurs ébats sexuels et culturels ; Avec brio il décrit les corps et les pulsions, analyse l'évolution des moeurs au temps de la révolution sexuelle pré-sidaïque, met en évidence les paradoxes de la société américaine de la deuxième moitié du XXème siècle et aborde aussi la complexité des rapports père/fils tout cela sur fond de réflexion sur l'angoisse de la vieillesse et de la mort.
L'écriture est magnifique et le personnage central réussit à nous être sympathique ; esthète érudit cultivé, libre, il finit par se prendre dans les rets de la dépendance amoureuse lui qui a toujours voulu s'en libérer.
C'est un roman qui peut heurter au premier abord, mais c'est de fait un bijou de finesse et d'émotion.
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Voici le grand brame du mâle américain, celui qui retentit à l'automne d'une existence et emplit les pages du livre de ses résonances, chant de la mort annoncée dans la décrépitude des corps. David Kepesh, professeur d'université, critique littéraire reconnu, soixante-dix ans, apostrophe son interlocuteur : quoi, les ombres de la mort ne s'étendent-elles pas brusquement quand la vie reflue en vous et autour de vous, vous privant de la liberté dont vous aviez joui jusqu'à présent ? Que devient le désir s'il ne peut plus s'incarner dans la chair d'une femme ? Et de convoquer le poète Yeats : « Consume mon coeur ; malade de désir, / attaché à une bête qui meurt / Il ne sait ce qui lui arrive. »
le narrateur revient sur le passé. Huit ans auparavant, il avait entamé une liaison avec l'une de ses étudiantes, Consuela Castillo, une jeune beauté sculpturale de vingt-quatre ans. Pour lui, ce n'était qu'une aventure, comme il en a eu tant d'autres ; cet esthète averti entendait savourer cette chair jeune et nacrée comme un divertissement placé sous les auspices du sexe et du plaisir. Mais la personnalité banale, conformiste, peu expansive de Consuela au lieu de le détourner d'elle installa jour après jour, par contraste, sa perfection physique. À l'absence de sentiment amoureux – ô combien recherchée par Kepesh, adepte des conquêtes éphémères – s'était substituée une sorte d'addiction qu'il parvenait de moins à moins à maîtriser. La jeune Cubaine, issue d'une riche famille d'immigrés, discrète, docile, généreuse, ne semblait offrir aucune aspérité de caractère ou de comportement qui aurait permis à Kepesh de se débarrasser d'elle. le professeur, dans l'espoir de mettre fin à son obsession, provoqua l'incident amenant Consuela à la rupture.
Que cherche à faire Roth dans ce portrait acide d'homme tourmenté par le décalage grandissant entre ce qu'il voudrait être et avoir et ce dont le privent l'âge et le début de la vieillesse ? Il dresse un précis de décomposition de l'être humain  : altération de la puissance sexuelle face aux agressions du temps, impuissance du vieillard devant la jeunesse, dégénérescence de l'homme devant la maladie, désagrégation du père devant les attentes du fils. Mais le talent de l'écrivain est de le faire avec ironie et distanciation. La preuve, la façon de rendre les armes en douceur pour David Kepesh, ce qui est un paradoxe pour un héros rothien plus habile à manier le bâton de dynamite que le drapeau blanc.
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Quand je lis Philippe Roth je me dis que c'est un privilège, comme avoir l'autorisation de visiter la cour des grands. J'ai aussi cette impression avec Jim Harrison, Toni Morrison, Milan Kundera ou encore Harper Lee, par exemple. « La bête qui meurt » est un roman court, on y retrouve un personnage récurrent chez Roth, David Kepesh. Comme l'auteur, Kepesh a vieilli, et si on sait que l'on meurt un jour, il arrive un moment où cette réalité devient tangible, palpable. Et je pense que l'âge du lecteur aura une influence sur sa façon d'appréhender ce roman. Comme beaucoup d'homme, Kepesh conjure sa vieillesse entre les bras d'une jeune et jolie femme, comme pour vampiriser sa jeunesse à grands coups de rein, ce qui nous vaut des lignes d'une rare sensualité. Les hommes aiment la beauté des femmes, l'héroïne est donc très belle (le sexe et la sensualité se passent parfaitement de la beauté intérieure, vous en doutiez ?). J'ai donc, une fois de plus, gouté le style de Philippe Roth, beau, précis mais aussi très amer. le héros conjure la mort par le sexe, avec crudité parfois, avec une certaine dose de cynisme mais teintée de mélancolie. Au-delà de l'histoire du héros avec Consuela - incarnée à l'écran par Penelope Cruz, c'est dire si il est aisé de comprendre qu'il soit fout de désir - il y a comme toujours chez Roth un portrait sans concession de notre condition, de notre humanité et de la société dans laquelle nous nous débattons. Que l'on soit d'accord ou pas avec les réflexions de David Kepesh, qu'on le trouve antipathique ou touchant, on ne peut enlever à Roth sa capacité de dépeindre au laser le mariage, le vieillissement du corps, le désarroi des femmes devant le temps qui passe. Sa description du tableau Stanley Spencer m'a spécialement éprouvée, tellement je l'ai trouvée juste (Double Nude Portrait-The Artist and his Second Wife' Stanley Spencer, 1937 Oil on Canvas, facile à chercher sur Google).
Roth écrit « La vieillesse ne fait pas les mêmes dégâts que le cancer, mais elle en fait déjà pas mal » et il nous offre des pages magnifiques et émouvantes sur la maladie et la mort de Georges O'Hearn, le meilleur ami du héros. Comme toujours avec Philippe Roth, les thèmes abordés sont multiples : l'amitié, le désir, les rapports père fils, le sexe, les seins, la maladie, l'orgasme, les seins, l'orgasme en musique, la musique, les menstruations, les femmes de plus de trente-cinq ans, les femmes de moins de vingt-cinq ans, les seins de Consuela, la libération sexuelle des années soixante, la vieillesse, la mort, l'amour, la fellation etc. L'écriture est captivante, troublante, l'écriture d'un grand écrivain. J'ai aimé ce roman, il m'a touchée. Ce n'est pas un chef d'oeuvre comme « La tâche », mais j'ai eu l'impression que l'auteur se livrait, se mettait à nu. Non, je ne peux pas le conseiller aux ménagères de moins de cinquante ans heureuses en ménage, et tellement épanouies, ce serait incongru. Et puis conseiller un livre, c'est quelque part se dévoiler, alors je le garde pour moi.
Le titre est tiré d'un poème Yeats qui finalement se suffirait à lui-même pour décrire ce roman « Consume mon coeur ; malade de désir, / et attaché à une bête qui meurt / Il ne sait ce qui lui arrive. »
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Philip Roth est probablement l'un des plus grands auteurs contemporains encore vivants. Depuis quelques temps, il sort un livre par an. de tous ceux que j'ai lus, j'aurais pu en citer cinq ou six. Celui ci est noir, bien noir, et irrévérencieux comme il faut. Avec une intrigue simple, un ancien professeur d'université s'éprend d'une de ses élèves, Philip Roth nous force à regarder en face la mort et l'injustice devant l'inéluctable. Comme il ne change pas, il le fait avec toute la crudité, la cruauté, et la véracité dont il est capable. Un livre définitivement marquant. Comme la vie ?
Lien : http://black-novel.over-blog..
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La bête qui meurt- Philip Roth (Titre : Les amours, les amis, les emmerdes..)
Je ne vais pas me livrer à un résumé de ce magnifique roman : d'autres commentateurs l'ont fait. Je dirai juste pour commencer que j'ai aimé ce livre qui aborde une multiplicité de thèmes en prenant pour prétexte les amours tourmentées d'un professeur sexagénaire avec une de ses élèves, plus jeune de quarante années.
Sur le fond, la description de la passion charnelle et de la dilection tout en même temps de David pour Consuela est une véritable oeuvre d'art littéraire même si les descriptions crues de certains passages ont pu à tort choquer certains lecteurs. C'est un authentique morceau d'anthologie que cet hymne à l'amour charnel, à la beauté du corps et à la vénusté de Consuela dont le pouvoir érotique hante les jours et les nuits de David.
Tour à tour se succèdent des phases de dépendance, de volupté, d'érotisme et de jalousie. La sensualité est omniprésente même dans les moments les plus sombres et tragiques.
La peur de vieillir qui habite l'auteur m'a rappelé un ouvrage de Romain Gary (Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable ). Addiction de David pour Consuela mais aussi lucidité en observant la déchéance des corps avec les blessures de l'âge et en découvrant la solitude. La critique récurrente du puritanisme américain, la libéralisation de la sexualité des années 60 sont autant de cantiques à la liberté. Les relations difficiles père fils, l'attitude face à la maladie des autres sont aussi des thèmes parfaitement abordés.
Quelques extraits :
En fait le ton est donné dès le début « On aura beau tout savoir, tout manigancer, tout organiser, tout manipuler, penser à tout, le sexe nous déborde. »
Puis sur la vieillesse « Figure toi la vieillesse en ces termes : tu risques ta vie au quotidien. Tu n'échappes pas à la conscience de ce qui t'attend à brève échéance, ce silence qui va t'entourer pour toujours. A part ça on est immortel , tant qu'on est vivant . »
« le sexe est une revanche sur la mort . »
Sur l'amour : « Moi je pense qu'on a une intégrité de départ et que c'est l'amour qui cause la fracture. »
Sur le ridicule : « C'est d'aliéner sa liberté de propos délibéré : la voilà la définition du ridicule. »
La fin du récit est pathétique et magnifique. La mort et la maladie des proches se réunissent en un bouleversant concert où la musique tragique de Schubert s'entend presque.
Sur la forme, le style alerte et direct ponctué d'incisives phrases couperets m'a ravi. le récit est vivant et efficace grâce à la technique de narration : en effet il s'agit d'un monologue émouvant adressé à un personnage fictif auquel l'auteur s'adresse à la deuxième personne du singulier.
Un très bon roman en conclusion.
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